On a joué à Bravely Default II, premières impressions avant le verdict final

On l’oublie souvent, mais les origines de Bravely Default remontent en réalité à la DS, avec le RPG Final Fantasy : The 4 Heroes of Light, le premier véritable bébé de Tomoya Asano qui avait produit juste avant les remakes de Final Fantasy III et IV sur DS. On peut presque le considérer comme une sorte de prototype de Bravely Default premier du nom, puisque c’est avec ce jeu que le thème des quatre héros de la lumière a été introduit. Si The 4 Heroes of Light a cette allure de petit bijou oublié, ce n’est pas le cas de Bravely Default premier du nom, qui a beaucoup fait parler de lui à l’époque, avec son image de premier grand RPG de la 3DS au Japon et de jeu old-school, mais aussi à travers sa bande originale composée par Revo, compositeur renommé et créateur du grand groupe Sound Horizon. Il a ensuite donné naissance à Linked Horizon, pour son travail touchant à Bravely, puis plus tard à L’Attaque des Titans.

Après un second épisode, Bravely Second : End Layer, qui n’a pas mis tous les fans d’accord, et plusieurs spin-offs, dont le dernier en date Bravely Default : Fairy’s Effect sur iOS et Android sorti uniquement au Japon et son service qui s’est finalement arrêté au bout d’environ trois ans, l’avenir de la série Bravely semblait plutôt incertain. Toutefois, face aux nombreuses demandes des fans et au succès d’Octopath Traveler sur Switch, Team Asano, l’équipe dirigée par Tomoya Asano qui est d’ailleurs devenue l’une des grandes divisions de Square Enix, a finalement décidé de créer un nouveau jeu Bravely. Annoncé par surprise lors de la cérémonie des Game Awards 2019, Bravely Default II arrive enfin le 26 février prochain sur Switch mondialement, une première pour la saga. Après les deux démos sorties il y a quelques mois, voici nos premières impressions sur le jeu final.

Illustration de Naoki Ikushima

 

Au revoir Luxendarc, place à Excillant

 

Contrairement à ce que l’on pouvait attendre avant l’annonce, ce nouvel épisode n’est pas un Bravely Third et ne se déroule pas après la fin de Bravely Second. Il s’agit d’un tout nouveau jeu reprenant les codes de la série, avec une histoire et des personnages qui ne sont pas liés aux deux premiers jeux principaux, ni aux spin-offs. Un choix à la fois intéressant et déroutant, puisque le jeu pourra toucher un maximum de personnes. Mais en voyant ce « II », on pourrait penser qu’il faudrait jouer au premier Bravely Default et, étant donné qu’il est maintenant difficile à trouver, et qu’il n’est pas disponible sur Switch, cela créé forcément une certaine confusion. Néanmoins, Square Enix et Team Asano ont bien été clairs à ce sujet : il est tout à fait possible de profiter de l’aventure de Bravely Default II sans avoir joué aux anciens jeux, le monde, l’histoire et les personnages étant totalement différents.

L’aventure se place sur le continent d’Excillant, qui est composé de cinq royaumes aux environnements variés, dont les premiers pouvaient être explorés dans les deux démos. On incarne un jeune marin dont il faut choisir le nom (Seth par défaut), qui serait mort noyé s’il ne s’était pas retrouvé échoué sur une plage et sauvé comme par hasard par la princesse Gloria de Musa et messire Sloan, venant du royaume de Musa, aujourd’hui disparu. À la suite de quelques petites péripéties, et après l’arrivée dans la toute première ville du jeu, Halcyonia, Seth va être rapidement rejoint par les deux autres protagonistes du jeu : Adèle et Elvis. Pendant un long moment au cours de l’aventure, le joueur saura peu de choses sur eux, chaque protagoniste se cachant des choses mutuellement. Les héros des deux premiers Bravely pouvaient sembler proches, mais ceux de Bravely Default II sont plus distants, ce qui est peut-être dû à leur maturité et à l’intrigue qui a un ton plus adulte. Néanmoins, les relations entre eux vont heureusement finir par se développer, mais tout comme l’histoire, elles mettent du temps avant de se mettre en place.

 

 

En découvrant les paysages d’Excillant, premier constat : les développeurs ont soigné chaque recoin de ce monde, mais il y a un aspect étrange qui donne l’impression que Bravely Default II oscille entre jeu mobile et jeu sur console de salon. Cela vient très certainement du fait que Silicon Studio, la société qui travaillait avec Team Asano sur les deux premiers Bravely, n’est plus impliquée. Après Acquire qui avait développé Octopath Traveler, Team Asano s’est associé pour Bravely Default II à Claytechworks, un petit studio spécialisé dans les jeux mobile, qui avait déjà participé au développement de Bravely Default : Fairy’s Effect. Un choix que l’on connaissait déjà, et qui n’était donc pas très rassurant pour un jeu aussi important que Bravely Default II. Et pour cause, le jeu ne brille pas toujours par ses graphismes, et bien que les environnements soient forcément plus grands et plus détaillés que dans les premiers Bravely, il y a cette sensation bizarre que tout est trop petit, même dans les dialogues en dehors des scénettes doublées avec les personnages. L’aliasing est aussi plutôt prononcé, surtout en mode portable, et cela peut se voir particulièrement sur les modèles des personnages au cours de leurs dialogues.

Heureusement, le jeu n’a pas spécialement de ralentissements, mais fait face à d’autres petits problèmes comme les temps de chargement, pas très longs mais un peu trop nombreux, qui surviennent même ne serait-ce qu’en montant et en descendant un étage dans un donjon. Les développeurs ayant tenté de proposer une sorte de petit monde ouvert avec la carte que l’on peut toujours explorer, il est dommage de devoir attendre souvent avec ces temps de chargement qui se comptent par centaines.

 

 

Folie passagère

 

Outre tous ces petits éléments perfectibles, Bravely Default II a un atout de taille : ses superbes villes, dessinées à la main par un seul artiste : Kiyoshi Arai. Un nom qui n’est pas inconnu pour les fans de Final Fantasy, puisqu’il s’est occupé du design des machines de plusieurs épisodes comme le remake de Final Fantasy III, Final Fantasy XII et Final Fantasy XIV. Il a longtemps travaillé pour Square Enix, avant de quitter le studio il y a bientôt dix ans, mais continue donc d’être impliqué dans certaines productions. Si les décors de la carte du monde et des donjons peuvent manquer de personnalité, cela n’est donc pas le cas des villes, qui sont peut-être l’attrait principal du jeu avec un autre aspect sur lequel on reviendra plus tard : les musiques.

Si les villes ont autant de personnalité, on l’oubliera malheureusement assez vite en explorant les donjons, les premiers étant peu inspirés. Cela n’a jamais été le point fort des Bravely, bien que les développeurs eussent tenté quelque chose de différent avec ceux de Bravely Second. Claytechworks et Team Asano n’ont pas pris beaucoup de risques et pour conserver cette approche old-school, ils ont visiblement décidé de faire des donjons simples, avec des séries de couloirs et de nombreux ennemis à affronter, pour finalement arriver jusqu’aux boss. Malgré ce manque d’inspiration, certains des premiers donjons ont heureusement des détails assez sympathiques, comme les fleurs et les champignons magiques poussant dans certains, et d’autres petits éléments qui nous font oublier pendant de courts moments les quelques défauts du jeu.

 

 

Les ennemis et les combats, justement parlons-en. Bravely Default II reprend évidemment le système de Brave et Default, avec quelques modifications et nouveautés, mais aussi un côté plus punitif. Pour les fans de la série qui jouaient plutôt en facile, cela peut d’ailleurs sembler assez vite déroutant. Alors que les premiers Bravely étaient connus pour leur accessibilité, avec différentes options permettant de profiter de l’aventure sans encombre, Bravely Default II est plus exigeant dans ses combats et les développeurs ont l’air d’avoir oublié volontairement certaines fonctionnalités pour que l’on prenne le temps de bien se familiariser avec le système de combat. Si le jeu manque de prise de risque dans son histoire ou ses environnements, ce choix au niveau des batailles est donc plutôt cavalier, et l’était d’ailleurs encore plus dans la première démo, qui était très difficile.

Il est d’ailleurs important de rappeler que les développeurs ont changé et amélioré beaucoup d’éléments entre la première démo et le jeu principal grâce aux retours des joueurs, au point qu’ils avaient l’impression que la liste des choses à modifier était interminable. Bien sûr, il est très appréciable de voir que Claytechworks et Team Asano ont pris soin d’écouter les fans, le jeu étant bien plus agréable que la première démo désormais. Plusieurs fonctions utiles sont présentes, comme les différents modes de difficulté que l’on peut changer librement, la possibilité d’accélérer les combats et de recommencer des actions, l’objet permettant d’éviter que les ennemis remarquent le groupe dans les donjons et sur la carte du monde… Cependant, les deux premiers Bravely avaient plus d’options pour personnaliser l’aventure, et certains choix dans Bravely Default II peuvent être assez difficiles à comprendre, prouvant un peu plus qu’entre les deux premiers jeux et Bravely Default II, les équipes de développement ont changé.

 

 

Revo à la rescousse

 

Pour quelqu’un n’ayant jamais joué à la série auparavant, petite présentation du système de combat. Brave est une technique qui permet d’accumuler jusqu’à quatre Points Brave pour augmenter les actions à effectuer au cours d’un combat. Les actions peuvent être une simple attaque, l’utilisation d’un objet, ou bien une compétence. Les compétences utilisent, en fonction des classes, des Points de Magie ou les Points de Vie du personnage. Default est l’autre technique principale de la série, qui permet de se protéger et d’accumuler des Points Brave pour mettre de côté plusieurs actions à effectuer et les dépenser ainsi au moment opportun. Bravely Default II est un jeu plus exigeant que les autres, notamment avec l’ordre des tours des combats, qui est matérialisé sous la forme d’une jauge qui se remplie pour chaque personnage plus ou moins rapidement en fonction de sa vitesse, du poids de son équipement, de ses actions et des altérations d’état. Il y a aussi l’exploitation des faiblesses des ennemis, plus importante qu’avant, certains objets et aptitudes permettant heureusement d’afficher les vulnérabilités des adversaires pour savoir quelles armes et quelles attaques élémentaires sont les plus efficaces contre eux.

Les amateurs de challenge seront donc servis avec Bravely Default II, mais cette difficulté n’est pas toujours bien gérée, du moins durant les premières heures. Par exemple, en jouant en facile, affronter les ennemis que l’on rencontre directement sur la carte du monde et les donjons peut être une petite promenade de santé, mais les affrontements contre les boss, c’est une autre histoire. Parfois, il sera nécessaire de s’entraîner pour augmenter le niveau des personnages, ainsi que celui de leur classe, et de prendre le temps de bien choisir leurs compétences.

 

 

En parlant des classes, le système ne change pas vraiment et permet de choisir une classe principale ainsi qu’une classe secondaire, et de garder toujours les compétences passives qui ont un effet sur les combats, mais aussi sur le terrain. Par exemple, certaines permettent de savoir combien il y a de coffres dans la zone à explorer, d’autres ont un impact sur le soin ou les effets des aptitudes… Pour obtenir de nouvelles classes, il suffit d’affronter les porteurs d’astérisques, comme dans les jeux précédents. La plupart sont des antagonistes, et pour le moment, ceux que l’on a pu affronter avaient chacun leur propre personnalité bien trempée, certains d’entre eux continuant à apparaître au fil de l’aventure et des quêtes.

Bravely Default II permet de découvrir un peu plus les facettes du monde d’Excillant grâce à des quêtes secondaires, certaines étant plus importantes que d’autres. Il y a aussi un mini-jeu que l’on peut essayer assez vite dans l’aventure, et que l’on trouvait déjà en finissant la démo finale : le B & D, un jeu de cartes plutôt addictif (mais pas autant que le mini-jeu du masticart de Bravely Second) auquel on peut jouer avec certains personnages. Excillant est donc un monde plutôt soigné malgré ses défauts, sublimé par ses musiques composées par Revo,  et même si elles sont moins surprenantes pour un fan de la série ou du compositeur, on trouve déjà plusieurs surprises au niveau des thèmes de boss et de certaines musiques évolutives. En effet, si certains morceaux reviennent, par exemple dans des donjons, Revo a eu la formidable idée de les changer pratiquement à chaque fois en ajoutant des sons supplémentaires pour éviter d’être lassé. Cela permet donc un peu d’oublier certains aspects un peu trop old-school du jeu et le manque de fonctionnalités qui auraient pu rendre l’aventure plus agréable.

 

 

Il est encore trop tôt pour donner un avis clair, précis et définitif sur Bravely Default II, mais les quelques heures passées dans les premières zones d’Excillant restent tout de même plutôt convaincantes, avec cependant un arrière-goût plutôt amer à cause des défauts cités. Le monde de ce nouvel épisode a beaucoup de choses à offrir et a clairement été soigné par les équipes de Claytechworks et Team Asano, mais il y a ce côté étrange, qui donne l’impression que certains éléments auraient pu être améliorés, comme les donjons peu inspirés, les temps de chargement un peu trop nombreux, l’aliasing assez prononcé en mode portable et les modèles des personnages qui risquent de ne pas plaire à tout le monde. Avec Bravely Default II, les développeurs ont l’air de tenter quelque chose de différent des autres jeux, mais sans prendre trop de risques, toujours avec cette volonté de proposer un RPG old-school avec une atmosphère nostalgique. Il n’y a plus qu’à espérer que les quelques défauts aperçus au cours du début de l’aventure finissent par être moins gênants, et que l’histoire parvienne à sérieusement décoller. Les premiers Bravely avaient beaucoup de clichés dans leurs personnages et leurs intrigues, mais jouaient justement avec eux jusqu’à la fin, et on attend donc la suite de Bravely Default II au tournant, avec des rebondissements dont Team Asano a le secret.

Illustration de Naoki Ikushima

  • Nintendo-Difference

    par Klaus

    le 9 février 2021 à 15:00

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