On a joué à Hyrule Warriors : L’Ère du Fléau, après une poignée d’heures passées sur les deux premiers chapitres de cette « préquelle », on en pense quoi ?

Depuis déjà un certain temps, Nintendo a tendance à ne plus communiquer sur ses jeux des années à l’avance. Il y a évidemment des exceptions, mais souvent, la firme se concentre sur les productions arrivant dans les douze ou dix-huit prochains mois, parfois même moins. Une bonne manière de surprendre son public, a fortiori lorsque la découverte se fait par le biais d’une bande-annonce mise en ligne sans prévenir. À l’instar de celle de Paper Mario : The Origami King en mai dernier, l’annonce d’Hyrule Warriors : L’Ère du Fléau, au début du mois de septembre, a donc été plutôt inattendue. D’autant que contrairement aux aventures du plombier en papier, l’existence du titre développé par Omega Force et Koei Tecmo n’avait pas encore fuité. En outre, l’idée d’incarner Link, Zelda et les Prodiges dans un nouveau Hyrule Warriors prenant place cent ans avant les événements de Breath of the Wild avait de quoi enthousiasmer les fans, sans compter que l’attente n’allait pas être longue, la sortie étant calée au 20 novembre 2020. Or, après une poignée d’heures passées sur les deux premiers chapitres de cette « préquelle », force est de constater que la formule fonctionne mieux que jamais.

Le Gardien du Temps

Bien entendu, nous éviterons ici de donner trop de détails sur le scénario. Ne serait-ce que parce que nous n’en avons simplement pas encore assez vu pour avoir un avis définitif. Néanmoins, toute personne ayant joué à la démo disponible sur l’eShop sait que les auteurs ont pris quelques petites libertés avec le script original, notamment via l’intégration d’un protagoniste totalement inédit. Le jeu s’ouvre en effet sur la destruction du royaume d’Hyrule, à la suite de la résurrection tant redoutée du Fléau Ganon. Tentant de sauver un Link manifestement épuisé par les combats, Zelda libère le pouvoir de la Triforce, réveillant au passage un petit Gardien entreposé dans l’une des pièces du château. En réponse aux prières de la Princesse, celui-ci ouvre alors un portail et décide de remonter le temps afin de lui prêter main forte.

À ce stade, difficile de savoir comment tout ceci va s’imbriquer dans l’histoire que nous connaissons. Le petit Gardien est-il un élément perturbateur du récit, conduisant vers une nouvelle ligne temporelle ? Ou a-t-il, en réalité, contribué à la mise en place des événements de Breath of the Wild ? Le reste de l’aventure nous le dira. Cependant, sa présence aux côtés de Zelda et de Link, à l’instar de celle de la jeune Impa, n’était pas montrée dans les souvenirs du titre original. Simple incohérence assumée ou indice sur la nature réelle de cette préquelle ? La confirmation devra attendre un peu, mais il faut reconnaître que cela ne change pas grand-chose à la joie de découvrir le royaume d’Hyrule du temps de sa splendeur et d’y incarner d’autres combattants que le célèbre blondinet taciturne.

Retour en Hyrule

Une des forces d’Hyrule Warriors résidait clairement dans l’intégration réussie de l’univers de la franchise de Nintendo, que ce soit par le biais des personnages, de la direction artistique ou de l’utilisation d’objets emblématiques. Néanmoins, l’expérience restait celle d’un beat them all de masse, façon Omega Force, et nous étions donc bien loin du feeling habituel d’un Zelda. Fondamentalement, c’est toujours le cas, sauf que la formule a quand même significativement évolué, en termes de level design. Là où les cartes du premier volet s’inspiraient en effet de lieux iconiques de la saga en conservant une structure adaptée au gameplay des Warriors, celles de L’Ère du Fléau recherchent d’abord à être fidèles au matériau d’origine. Et le souci du détail fait vraiment plaisir à voir.

En pratique, on continue certes à dézinguer des milliers d’ennemis un peu décérébrés et à tenter de prendre le contrôle de divers avant-postes, toutefois, on a désormais l’impression d’explorer un monde crédible, celui de Breath of the Wild, et mine de rien, cela change pas mal la donne. Les environnements sont plus vastes, plus détaillés et jouent davantage sur les reliefs, ce qui renforce paradoxalement la linéarité de certains passages, puisqu’il n’est pas question ici d’escalader tout et n’importe quoi. Ce n’est cependant pas un défaut, car la progression a été adaptée et le rythme des missions joue souvent habilement avec les contraintes géographiques. Le côté interactif a aussi été conservé dans une certaine mesure et les éléments destructibles ne se limitent pas à quelques pots et rochers, mais permettent d’exploiter les pouvoirs des baguettes élémentaires ou de la tablette Sheikah – ces derniers demeurant surtout utiles durant les affrontements.

Des guerriers prodigieux…

Le système de combat a quant à lui peu changé. On retrouve le bon vieil enchaînement d’attaques standard que l’on peut conclure par une attaque forte et le coup fatal dont l’utilisation dépend d’une jauge dédiée. Néanmoins, chaque personnage dispose plus que jamais d’aptitudes propres, intégrées directement aux enchaînements ou accessibles via la gâchette d’action spécifique (ZR). Sachant que ces facultés varient également en fonction du type d’arme équipée (pour les protagonistes ayant le choix). Équipé d’une épée à une main, Link est par exemple capable de réaliser une attaque supplémentaire après un combo en maintenant le bouton d’attaque forte enfoncé, et la gâchette lui sert à tirer à l’arc. En revanche, lorsqu’il manie une épée à deux mains, son action spécifique consiste à réaliser de puissantes attaques « désespérées » lui infligeant des dégâts temporaires qu’il soigne ensuite en mangeant un morceau.

Un focus particulier a en outre été mis sur les affrontements contre les officiers ennemis et certaines créatures puissantes. Comme dans le premier Hyrule Warriors, il est toujours possible de les verrouiller afin de leur tourner facilement autour et on peut leur infliger une attaque spéciale en réduisant à zéro leur jauge de point faible. En revanche, pas la peine d’essayer de se la jouer trop bourrin, surtout dans les niveaux de difficulté supérieurs. L’observation et l’apprentissage des patterns seront ainsi nécessaires de manière à savoir quand attaquer, se protéger, esquiver, utiliser les pouvoirs de la tablette ou prendre de la hauteur grâce au paravoile après avoir réalisé un petit saut mural. Dans le cas contraire, la jauge de cœurs aura tendance à descendre assez vite et il faudra avoir suffisamment de pommes en réserve pour se requinquer, ou bien obtenir une recharge de santé gratuite en gagnant un niveau supplémentaire.

L’ensemble s’avère en tout cas extrêmement plaisant à prendre en main et on enchaîne avec gourmandise les Batailles du scénario principal, les Missions de combat nous faisant revisiter certaines zones, et les Missions en Hyrule, qui permettent d’obtenir divers avantages en échange de matériaux récoltés sur le terrain. C’est d’ailleurs par ce biais qu’on améliore les combos des personnages, leur santé ou le nombre d’utilisations du coup fatal, mais aussi que l’on débloque différentes installations (forgeron, magasins) ou que l’on apprend de nouvelles recettes, histoire de se faire de bons petits plats avant de partir au combat. En outre, l’ensemble du contenu est désormais accessible directement depuis une carte générale et n’est donc plus subdivisé entre divers modes. Une intégration pertinente renforçant l’impression d’être devant une grande aventure cohérente. Reste évidemment à savoir quelle sera son étendue réelle.

… mais pas infaillibles

Même dans le cadre de cette preview, seulement consacrée aux deux premiers chapitres, les qualités de d’Hyrule Warriors : L’Ère du Fléau sautent déjà aux yeux et donnent clairement envie de reprendre la manette sans attendre. Nous sommes pourtant loin d’avoir évoqué toutes les subtilités du titre, comme le système d’amélioration d’armes, ni toutes ses nouveautés, comme les missions nous mettant aux commandes des créatures divines pour des scènes de massacre à grande échelle. Malheureusement, il faut également avouer que tout n’est pas parfait et que l’expérience a quelques lacunes gênantes. Côté maniabilité, tout d’abord, si le jeu se contrôle globalement bien, on constate souvent des soucis de caméra dans les environnements un peu exigus, a fortiori lorsqu’on verrouille un ennemi imposant ou qu’on choisit un combattant aux mouvements un peu trop exubérants. On note également de petits soucis avec le saut mural, réalisable en appuyant deux fois sur le bouton d’esquive à proximité d’un obstacle et qu’on active donc souvent par erreur.

Néanmoins, la plus grosse déception à ce stade est sans doute d’ordre technique. Visuellement, ce nouveau Hyrule Warriors est beaucoup plus riche que son prédécesseur, les développeurs ayant fait un excellent travail pour reproduire l’ambiance et l’esthétique de Breath of the Wild. Sauf que ces améliorations graphiques coûtent cher. La définition d’image est ainsi loin d’être optimale, notamment en mode portable où un vilain flou se fait régulièrement ressentir. Le framerate oscille en permanence entre 20 et 30 images par seconde, que ce soit en solo ou à deux joueurs en écran partagé, ce qui donne un peu l’impression de jouer en accéléré quand on repasse sur la Definitive Edition du premier volet. Quant au clipping, il s’avère très marqué et ne concerne pas uniquement l’affichage des troupes ennemies (un classique des Warriors), mais aussi de nombreux éléments de décor apparaissant à la dernière minute. Or, bien qu’on finisse par ne plus trop faire attention à ces défauts une fois dans le feu de l’action, ils risquent tout de même d’être rédhibitoires pour les plus sensibles. Dommage.


Verdict Préliminaire (Par Kayle Joriin) :

Après une démo qui avait déjà conquis l’auteur de ces lignes, la présente preview a été l’occasion de confirmer tout le bien qu’il pouvait penser d’Hyrule Warriors : L’Ère du Fléau. Le mélange entre les franchises de Nintendo et d’Omega Force fonctionne ainsi toujours étonnamment bien et s’enrichit de nombreux éléments issus de Breath of the Wild, que ce soit en termes d’univers, de level design ou de gameplay. Le résultat est donc plus que jamais une expérience hybride, penchant certes davantage du côté des Warriors, mais respirant le Zelda à pleins poumons. Extrêmement addictif, le titre n’est malheureusement pas exempt de défauts, et outre quelques soucis de maniabilité, il paye ses ambitions esthétiques sur le plan technique. Reste à savoir si le scénario et le contenu seront à la hauteur.

  • Nintendo-Difference

    par Kayle Joriin

    le 9 novembre 2020 à 15:00

Partager sur

  • Sorties :
  • 20 Novembre 2020
  • 20 Novembre 2020
  • 20 Novembre 2020
  • Sorties :
  • 20 Novembre 2020
  • 20 Novembre 2020
  • 20 Novembre 2020
LES COMMENTAIRES
Les prochaines sorties

9

AVR.

Botany Manor

Nintendo Switch - Aventure Puzzle - Whitethorn Digital - Balloon Studios

16

AVR.

Grounded

Nintendo Switch - Action Aventure Stratégie - Xbox Game Studios - Obsidian Entertainment