On a joué à Pikmin 3 Deluxe, premier verdict avant le test final

Si elle ne fait pas forcément partie des licences les plus vendeuses de Nintendo, Pikmin conserve une aura particulière au sein du catalogue de la firme. Non seulement certains la considèrent comme l’une des dernières grandes créations du célèbre Shigeru Miyamoto, mais sa relative rareté a également contribué à faire de chaque épisode un petit événement en soi. Ce fut notamment le cas pour le troisième volet, paru sur Wii U en 2013 – soit neuf ans après son prédécesseur. D’autant qu’il constituait l’un des premiers titres majeurs de la machine au GamePad. Par la suite, les fans ont en revanche dû se contenter du sympathique spin-off Hey ! Pikmin sur 3DS, tout en guettant les signes de vie d’un véritable quatrième opus, censé être en développement depuis 2014. Nintendo étant désormais coutumier des annonces surprises, tous les espoirs restaient néanmoins permis. Or, c’est finalement Pikmin 3 Deluxe qui a été dévoilé au début du mois d’août, allongeant la liste de jeux Wii U auxquels une seconde chance a été offerte sur Switch grâce à un portage amélioré, vendu au prix fort. Un portage que nous avons pu essayer durant quelques heures et sur lequel nous vous livrons ici nos premières impressions.


Une preview rédigée par Kayle Joriin.

 

Sans surprise, cette version Deluxe de Pikmin 3 s’avère très largement similaire au jeu original et l’expérience demeure toujours aussi efficace, même sept ans après. On y retrouve ce charmant mélange d’aventure et de stratégie temps réel, au sein d’un univers délicieusement bucolique, mais loin d’être exempt de dangers. Car lorsqu’on ne mesure qu’une poignée de centimètres, une simple flaque d’eau, un emballage négligemment abandonné dans l’herbe ou un banal insecte constituent des obstacles plutôt problématiques. Pour progresser, il est donc nécessaire de faire appel à la bonne volonté des Pikmin – de serviables petites créatures autochtones, à mi-chemin entre la fourmi et le Télétubby, dont l’adorable petite bouille cache une réelle férocité et un instinct martial fort développé.

Un simple coup de sifflet suffit ainsi à les rassembler avant de les balancer sur diverses cibles afin qu’ils effectuent des actions contextuelles, ramassent des objets ou tabassent de vilaines bestioles ; les cadavres de ces dernières servant à nourrir une nouvelle génération de Pikmin. Naturellement, différents types d’unités sont proposées, disposant chacune de ses aptitudes propres. Les Pikmin rouges, jaunes et bleus possèdent respectivement une résistance au feu, à l’électricité et à l’eau. Les Pikmin roc peuvent briser des matériaux fragiles. Quant aux Pikmin ailés, ils compensent leur fragilité par la faculté de voler. Enfin, les Pikmin violets et blancs, issus du second épisode, viennent compléter la liste, bien qu’ils ne soient jouables que lors des missions annexes. Les premiers, massifs et lents, sont sensiblement plus puissants que leurs autres congénères, tandis que les seconds, très rapides, empoisonnent les créatures ayant la mauvaise idée de les gober.

Dans tous les cas, apprendre à jongler entre chaque espèce demeure essentiel, et étant donné que le nombre de Pikmin sur le terrain ne peut dépasser la centaine, il faut aussi penser à gérer la composition du groupe. Ou plutôt des groupes, puisqu’à l’instar de son prédécesseur, Pikmin 3 nous met aux commandes de plusieurs héros, ce qui permet de subdiviser ses troupes et de les faire agir en parallèle. Cette fois-ci, les stars ne sont toutefois pas le célèbre capitaine Olimar et son assistant Louie, mais un trio composé du capitaine Charlie, de la botaniste Brittany et de l’ingénieur Alf. Envoyés sur la planète PNF-404 pour y récolter de la nourriture, ils se retrouvent malheureusement séparés dès l’introduction et les premières heures sont donc dédiées à la réunion de l’équipage, même si le jeu nous laisse une liberté d’action appréciable.

Le mode Histoire se structure en effet en journées d’environ treize minutes, à la fin desquelles tout le monde doit avoir quitté la surface de la planète sous peine de se faire boulotter par les créatures nocturnes. En outre, chaque jour écoulé nécessite de consommer une unité de nourriture sans quoi la partie se termine purement et simplement. Il s’agit cependant là des deux seules véritables contraintes à respecter, et une fois intégrées, on peut organiser son temps comme on le souhaite. Explorer les alentours pour débloquer des raccourcis facilitant l’exploration, occire un maximum de bestioles afin générer de nouveaux Pikmin, regarnir les réserves alimentaires en ramassant des fruits bien juteux ou faire avancer le scénario en suivant les objectifs affichés. Au final, peu de choses nous sont réellement imposées et il est possible de progresser à son rythme.

Malgré l’ajout, sur Switch, de plusieurs niveaux de difficultés, le challenge est d’ailleurs loin d’être insurmontable et l’expérience demeure globalement assez zen. Cela dit, le titre offre également des alternatives sympathiques et un poil plus corsées. D’un côté, le mode Missions propose des défis en temps limité (chasse aux trésors, extermination des créatures ou combats de boss) avec un système de scoring et de classements en ligne. De l’autre, le Duel Bingo voit s’affronter deux joueurs en local, chacun tentant de récupérer différents objets figurant sur une grille afin de former une ligne horizontale, verticale ou diagonale. L’occasion de varier les plaisirs, a fortiori grâce l’intégration par défaut du contenu téléchargeable payant présent sur Wii U. La moindre des choses vu la différence significative de prix entre les deux.

Car, concrètement, tous les éléments (ou presque) évoqués jusqu’à présent étaient déjà présents en 2013, et au-delà de la possibilité appréciable de pouvoir y goûter sur une machine moderne, on pourrait se demander ce qui justifie de débourser une soixantaine d’euros pour un énième portage. Habituellement, on regarde déjà du côté des améliorations techniques, toujours bienvenues. Or, difficile ici de les remarquer, tellement les deux versions sont proches. La définition d’image et le framerate ne semblent ainsi pas avoir été rehaussés. Quant aux textures, bien qu’on puisse noter quelques changements ici ou là, Il ne s’agit pas à proprement parler d’une embellie et certaines se retrouvent même légèrement simplifiées, comme le fond de la flaque d’eau où atterrit Alf au début de l’aventure. Pas de quoi hurler à l’arnaque, surtout dans le cadre d’une preview. Néanmoins, Pikmin 3 Deluxe n’apparaît pas franchement supérieur à son aîné sur le plan visuel et un petit rafraîchissement n’aurait pas été de refus sur un jeu vieux de sept ans.

L’autre point important quand on passe de la Wii U à la Switch est évidemment de gérer l’absence de double écran. Heureusement, aucun problème de ce côté-là, vu qu’il était déjà possible d’y jouer en « Off-TV » à l’époque. En revanche, on peut regretter que les commandes tactiles se soient perdues en cours de route. D’autant qu’elles auraient été parfaitement adaptées au mode portable. Au lieu de cela, il faut donc se contenter de contrôles analogiques classiques avec la possibilité d’activer le gyroscope pour faciliter la sélection des cibles. Une option efficace lorsqu’on utilise la manette Pro ou les Joy-Con à la verticale (façon Wiimote), mais largement moins ergonomique pour une pratique nomade.

Reste alors à savoir ce que Pikmin 3 Deluxe propose en termes de contenu inédit. Et s’il nous faudra passer davantage de temps dessus pour en avoir une vision exhaustive, force est de constater que, pour le moment, les ajouts s’avèrent très positifs. Les petits ajustements de gameplay, comme le verrouillage amélioré ou la réorganisation de certaines actions, rendent ainsi le jeu bien plus agréable à manier. En outre, il est désormais possible de vivre l’aventure principale et les défis annexes en coopération, grâce à un écran splitté. De nouvelles possibilités multijoueurs qui complètent à merveille le Duel Bingo, même si on aurait apprécié que l’ensemble soit également jouable online. Il s’agit néanmoins d’une bonne manière de redécouvrir le titre et de profiter des missions exclusives de cette version Switch, notamment celles, scénarisées, mettant en scène Olimar et Louie.


Verdict préliminaire :

Sept ans après sa sortie sur Wii U, Pikmin 3 demeure toujours aussi mignon et plaisant à jouer. La recette de Shigeru Miyamoto n’a pas pris une ride et s’avère plus agréable que jamais grâce à quelques ajouts pertinents. Malheureusement, si l’introduction d’un mode deux joueurs et de missions supplémentaires vont clairement dans le bon sens, cette version Deluxe semble se contenter du minimum syndical côté technique, tout en faisant l’impasse sur le tactile et le jeu en ligne. Rien de vraiment rédhibitoire en l’état, surtout vu les qualités intrinsèques du titre, mais davantage d’ambition n’aurait pas été de refus vu le tarif pratiqué. Du coup, il faut reconnaitre que ces premières heures ont été partagées entre la joie de regoûter à l’expérience Pikmin et la sensation d’un portage un peu trop facile. Des impressions qui seront évidemment à confirmer dans le test.

  • Nintendo-Difference

    par Draco

    le 8 octobre 2020 à 16:04

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