Test de la Nintendo Switch Lite : une console plus petite qui a tout d’une grande !

La rumeur enflait depuis octobre 2018 et un premier signal de la part du Wall Street Journal, puis une demi-confirmation de Nikkei en janvier dernier. Avec une Nintendo 3DS clairement en fin de vie et aux projets se comptant désormais sur les doigts d’une main, Nintendo, comme cela aurait pu être le cas avec une Switch hybride rassemblant joyeusement joueurs portable et inconditionnels du confort sur téléviseur, tient pourtant à contenter davantage la première catégorie. Ils ont ainsi finalement levé le voile sur leur nouvelle machine peu après l’E3, le 10 juillet. Cette console, c’est la Nintendo Switch Lite. La question se pose pourtant sur la pertinence de lui donner le même nom que sa grande sœur, tant les fonctionnalités adaptées à l’appellation Switch ont ici disparu, pour la faire plutôt ressembler à une certaine console nomade de Sony. Exit le branchement sur la station d’accueil (dock), les Joy-Con détachables et même la petite béquille permettant le jeu sur table. La Lite sera portable, ou ne sera pas. Pourtant, elle a tout d’une grande.

Un test réalisé par Chozo.

 

To Switch or not to Switch

La Nintendo Switch Lite restreint donc les possibilités d’utilisation, et c’est une des raisons de son prix, 200 euros, plus attractif. Console pour enfants ? Les aprioris vont bon train, surtout avec ses designs plus rondouillards et ses déclinaisons en trois couleurs, grise, jaune et turquoise. Pourtant, la communication derrière l’annonce de la console, notamment la première vidéo de présentation, ne montrait que des post-ados, voire des jeunes adultes, s’enjailler à emporter partout leur machine, même… sur un bowl de skate. Allez trouver la proportion de joueurs qui usent de la planche à roulette, leur console dans le sac à dos ou la poche arrière du pantalon, risquant de se viander à chaque back flip loupé… Les jeunes de nos jours…

Le complément « Lite » ajouté à l’appellation de cette nouvelle plateforme semble dans un sens tout à fait approprié. 275 grammes, soit 30 % plus légère que la grosse hybride, c’est bien la première chose qui interpelle dès la prise en main. Et le feeling, que ce soit dans les mains d’enfants ou d’adultes, est étonnamment agréable, quel que soit son utilisateur. Aucune fatigue ne se manifeste en la portant, même allongé sur un canapé. L’impression ressentie à la manipulation de la boîte renfermant la console se confirme, c’est un poids plume, simplement accompagné d’un adaptateur secteur. Cette différence de masse se remarque évidemment en outre par ses dimensions réduites, environ de 20 % (21 cm de long pour 9 cm de large). En termes de longueur, celle de la Lite correspond presque exactement à une Switch classique ponctionnée d’un des deux Joy-Con.

Cette impression plus que positive, elle la doit également au rendu très qualitatif d’un plastique plutôt épais, semblant très robuste et presque soyeux au toucher, au contraire d’une Switch classique. Avec son découpage en trois parties, cette dernière inquiète en effet parfois le joueur, notamment en raison de ce léger jeu entre les Joy-Con et la tablette. Pourtant, cette constitution d’un seul bloque engendre la suppression de plusieurs fonctionnalités, ici jetées sans scrupule à la poubelle. Outre la béquille, ce sont aussi les deux capteurs, celui à infrarouge de la manette de droite servant essentiellement à utiliser le Nintendo Labo, et celui permettant de déterminer la luminosité automatiquement, qui ont fait les frais de la simplification de fabrication.

 

Nintendo Vita

Du côté de l’écran, lui aussi forcément aux proportions revues à la baisse (en passant à 5,5 pouces au lieu de 6,2 pouces), rien ne réduit l’expérience de jeu. Mais rien ne l’améliore non plus. Prétendument optimisée pas un affichage mois étendu, la résolution, qui demeure en 720p, reste dans les créneaux de la Switch classique. Par ailleurs, et cela avait déjà été évoqué dans les vidéos comparatives entre la console d’origine et la version récemment sortie au processeur amélioré, on remarquera plutôt aisément un rendu jauni également présent sur cette Lite. Sans aucune conséquence sur le plaisir de jeu, cette différence choque surtout auprès des utilisateurs chevronnés de la console classique, ou en superposant les deux générations. Le nouveau venu, au contraire, n’y verra que du feu.

Dépecée de ses fonctions de vibration HD, une des promesses les plus mal tenues par Nintendo de ces dernières années, mais aussi évidemment de la reconnaissance de mouvements, la machine, comme évoqué plus haut, ne sera malheureusement plus jouable avec les jouets en cartons du Labo, mais surtout avec ce chef-d’œuvre intemporel qu’est 1,2, Switch ! Qu’à cela ne tienne, même si certains jeux resteront incompatibles avec cette pure portable (le logo de compatibilité apparaissant sur chaque boîte de jeu et sur l’eShop), il sera toujours possible de synchroniser des Joy-Con pour le jeu en multi, ce qui questionne sur l’absence de la fameuse béquille. En mode DiY, il faudra user de stratagèmes en cas de velléités à jouer à quatre à Mario Kart 8.

Au niveau des boutons, deux différences plus que notables sont à évoquer. D’un part, et cela saute aux yeux, Nintendo a eu la bonne idée de remplacer les quatre vilains boutons de direction du Joy-Con gauche par une véritable croix directionnelle, bien plus pratique lorsqu’il s’agit de s’attaquer à Tetris 99, les Puyo Puyo, ou même la quasi-totalité des jeux de combats présents sur la console. D’autre part, et c’est une des modifications uniquement perceptibles en jouant, l’ensemble des boutons, croix directionnelle comprise, ne sont plus des dispositifs à clic, mais bien des boutons old-school en silicone, à la course moins immédiate, mais plus résistants et définitivement plus agréables au toucher. Cependant, quid du fameux Joy-Con Drift ? Ce problème de sticks endommagés provoquant le blocage vers une direction peut-il encore survenir ici ? C’est visiblement une possibilité, puisque les pièces utilisées sur la Lite pour ces sticks semblent être exactement les mêmes que sur l’ancienne machine, contrairement aux boutons. C’est en tout cas ce que découvre Spawn Wave, un Youtubeur américain qui s’est amusé à démonter la console. Et, seulement quelques jours après sa sortie, des vidéos pullulent sur le net, montrant déjà l’apparition de ce problème… Wait and see…

 

Elle (ne) dure (pas) vraiment plus longtemps

Avec son autonomie discutable, la Switch classique arborait à sa sortie un processeur Nvidia Tegra X1 modifié. La nouvelle version de l’hybride, soit le modèle commençant par HAD (et non plus HAC), intègre désormais le processeur Mariko, nouvelle génération conçue pour optimiser la durée de vie des batteries. Les annonces présentaient une autonomie de 5 h 30 avec Zelda : Breath of the Wild contre trois heures pour l’ancienne console. La Lite, quant à elle, ne peut pas se targuer d’une telle longévité…

Même si les performances de processeur sont les mêmes que pour la nouvelle édition de la Switch classique, sa batterie est cependant évidemment plus petite au vu de ses dimensions réduites. Dans les faits, en fonction du jeu et des fonctionnalités sollicitées (online, niveau de luminosité), la Lite gagne ainsi entre 45 minutes et une bonne heure par rapport à sa grande sœur HAC, soit 3 h 30 sur Splatoon 2 et un peu plus de quatre heures pour Zelda : Breath of the Wild. Pas de quoi sauter au plafond pour une console uniquement destinée à l’utilisation portable et nomade.

Pour le reste, les standards restent la norme. Outre un bruit de ventilation légèrement réduit, il s’agit de la même capacité de stockage (32 Go, enfin 25 en réalité), un slot pour une micro SD, un connecteur USB-C impossible cependant à brancher sur le dock même uniquement pour recharger la console, des haut-parleurs identiques, le Bluetooth 4.1, les possibilités NFC et une compatibilité Wi-FI (802.11 a/b/g/n/ac) sur le papier, en tout cas, identique. Sur le papier uniquement, puisque des téléchargements plus lents ont cependant été constatés, tout comme un chargement de l’eShop sensiblement plus long. Petit inconvénient, lors du chargement via l’adaptateur secteur fourni (non, Nintendo n’a pas osé la même entourloupe qu’avec les diverses déclinaisons de la 3DS/2DS en ne les accompagnant pas de dispositifs de chargement), on remarque que la console chauffe beaucoup, au contraire d’une version classique restant dans des températures acceptables.

 

Crédit images : Reddit

Les enfants l’adorent

Finalement, à qui est réellement destinée cette nouvelle Switch ? Plus facile à prendre en main, plus légère, moins énergivore, moins chère et clairement plus orientée vers le jeu solo, les enfants en seront ravis, mais aussi les adultes pétés de thunes désireux d’avoir deux consoles, de manière à en laisser une constamment dockée et l’autre facilement transportable, ou évidemment les intégristes du jeu portable. Avec sa compatibilité presque totale au catalogue Switch, la console est, comme évoqué plus haut, adaptée à toutes tailles de mimines. Le test est ici pratiqué en compagnie de deux enfants de cinq et huit ans, plus enclins, avec son côté compact, à y jouer en cachette une partie de la nuit, la veille de l’école, et à la planquer vite fait sous l’oreiller quand le paternel se fait griller à vouloir s’approcher maladroitement de la porte de la chambre. Ne niez pas, nous l’avons tous fait avec notre Game Boy, sauf qu’aujourd’hui, nul besoin de lumière d’appoint pour en profiter. Les temps modernes sont formidables.

D’abord surpris pas la taille de la console, ayant l’impression de toucher à une version techniquement en retrait tant cette machine jaune s’approche plus de la tablette V-Tech que d’une plateforme faisant tourner Breath of the Wild, les enfants sont trahis par leurs yeux, étonnés de la qualité de l’ensemble, à tel point que la Switch classique n’est finalement plus qu’un lointain souvenir. Le parent est rassuré, plus de risque d’endommager les Joy-Con fragiles de sa propre console, les rejetons pourront se chamailler sur la nouvelle venue dans la famille. Les automatismes reviennent rapidement avec une proximité des boutons avec les sticks et les gachettes bien entendu plus importante, facilitant l’accès aux commandes pour les plus petits.

Déception cependant pour eux, l’incompatibilité avec les Toy-Con du Labo va faire un grand vide. Petite bizarrerie, même si la machine ne peut s’insérer dans l’accessoire, celle-ci bénéficie bien des fonctionnalités VR… De nouveaux Toy-Con VR en approche ? Cela semblerait facilement réalisable, puisqu’il suffirait d’adapter légèrement le casque/lunette pour que l’expérience soit assurée avec les blaster, appareil photo et autre oiseau en carton, afin de pérenniser l’intérêt pour ces constructions avant tout destinées à être partagées en famille.

Sauve qui peut

Mais si famille il y a, ses membres ne seront pas tous égaux quant au partage de sauvegardes et à l’utilisation des jeux déjà achetés sur la console classique. S’il est en effet tout à fait possible de transférer ses comptes Nintendo, sauvegardes et jeux téléchargés sur l’eShop, il faudra néanmoins se plier à l’inévitable loi du diptyque console principale/console secondaire. Après avoir enregistré un premier compte et avoir configuré le Wi-Fi, la Switch Lite permettra d’importer l’ensemble des éléments souhaités, sans pour autant en perdre l’usage sur la machine source, à condition de ne jouer aux jeux que sur une console à la fois. L’autre limite, c’est qu’évidemment, les jeux achetés sur l’eShop restent propriété du compte qui les aura payés.

Ainsi, s’il était possible de « prêter » ses jeux en local aux autres comptes existants sur la console de base, ce ne sera plus le cas sur la nouvelle console, qui, au démarrage d’un tel jeu, invitera l’utilisateur non-propriétaire de gentiment se rendre sur l’eShop pour racheter le titre. Si cela ne pose pas de problème pour les jeux gratuits comme Tetris 99, Pokémon Quest ou Fortnite (bien qu’il soit nécessaire de virtuellement retélécharger ces jeux pour chaque compte de la nouvelle machine pour que tout utilisateur puisse en profiter), cela se complexifie forcément pour les titres dématérialisés payants, obligeant les joueurs à trancher quant à la console principale désignée. Chacun déterminera la machine à laquelle il donnera le statut de secondaire, obligeant les autres comptes, pour ne pas repasser à la caisse, à multiplier les sauvegardes sur l’ID d’un seul utilisateur, lorsque cela est proposé in-game.

Autre mini galère, le téléchargement des sauvegardes présentes dans le cloud, qu’il faudra exécuter une par une pour chaque jeu importé. Via l’abonnement Nintendo Switch Online, la société a voulu faciliter la manipulation en permettant de synchroniser les sauvegardes en plaçant simplement les consoles l’une à proximité de l’autre. Étrangement, cette méthode s’avère plus longue que le téléchargement depuis le serveur, avec certaines synchronisations prenant plusieurs minutes pour quelques dizaines de Mo… Enfin, précisons que forcément, les 32 Go de la Lite seront très rapidement comblés en transférant plusieurs jeux un peu lourds et que, de ce fait, la micro SD deviendra rapidement indispensable.

 

Conclusion

Bien qu’elle soit réduite à sa dimension portable, la Nintendo Switch Lite n’a finalement que peu de choses à envier à la désormais « vieille » hybride de 2017, bien que certains manquements interrogent. Beaucoup plus robuste avec sa conception monobloc, la machine possède néanmoins des sticks ne semblant pas avoir bénéficié d’une quelconque amélioration. Autorisant la synchronisation avec des Joy-Con, la plateforme accuse l’absence d’une béquille pour un mode sur table confortable. Le nouveau processeur moins énergivore est bien de la partie, mais les capacités augmentées de la batterie ne cassent pas trois pattes à un canard, tout comme le Wi-Fi, semblant un tantinet plus lent. Malgré ces étrangetés, il s’agit d’une itération nomade bien plus adaptée aux déplacements que sa grande sœur, compatible avec presque tous les jeux et définitivement plus agréable à manipuler. Parents souhaitant partager leur expérience avec leur progéniture, joueurs débarqués de la 3DS et désireux de retrouver une expérience portable satisfaisante, utilisateurs d’une seconde console d’appoint, la liste des cibles potentiellement intéressées par la Lite concentre finalement une bonne palette de consommateurs. Un pari réussi, il faut reconnaître que c’était plutôt inattendu.

 

Les + :

+ Des dimensions et un poids enfin dignes d’une vraie portable

+ Un écran réduit et une colorimétrie modifiée n’entravant en rien l’expérience de jeu

+ Un meilleur processeur, des boutons revus et une batterie un peu plus résistante

+ Un vrai sentiment de solidité

+ Un objet plutôt mignon, même en jaune

+ Une prise en main optimale, pour toutes les types de joueurs

+ Un prix plutôt juste

+ Oui, l’adaptateur secteur est fourni

 

Les – :

– Des fonctionnalités en moins, forcément

– Mais pourquoi pas de béquille ?

– Le transfert des données, fastidieux

– Gare au Nintendo Switch Lite Stick Drift

– Une batterie à la longévité un peu décevante

– La vitesse du Wi-Fi, légèrement réduite

– Au revoir les Toy Con

– Une console qui chauffe en chargement

  • Nintendo-Difference

    par Draco

    le 26 septembre 2019 à 11:56

Partager sur

LES COMMENTAIRES
Les commentaires sont désactivés.
Les prochaines sorties