Test Nintendo Switch de Baldur’s Gate I & 2 : Enhanced Edition, retour aux sources compliqué

Ah, 1998… la génération Z nous la regrettera longtemps cette année… Outre l’évidente victoire en Coupe du Monde, envoyant les « génies » du ballon rond Stéphane Guivarc’h ou Christophe Dugarry dans la stratosphère, c’était également la période d’adoption de la semaine des 35 heures, mais aussi de moments plus sombres où Richard Virenque consommait des seringues à l’insu de son plein gré et où la mode des comédies musicales, Notre Dame de Paris en tête, battait son plein. 1998, c’est enfin l’année de publication d’un hit en puissance, maître étalon du RPG à l’occidentale, le bien nommé Baldur’s Gate de Bioware. Avec l’expérience prolongée grâce à la suite Baldur’s Gate II : Shadow of Amn deux ans plus tard, il n’y a plus de doute. Il s’agit bien d’un monument du jeu PC, spécifiquement destiné à la jouabilité au combo clavier/souris. Beamdog avait déjà tenté le coup en 2012 en proposant un dépoussiérage des deux titres, un travail d’Enhanced Edition ici repris en mode copié/collé pour en transposer le gameplay sur manettes, et surtout sur une Switch aux capacités nomades amenant la série vers d’autres utilisations. Et même si cela peut paraître enthousiasmant, le résultat s’avère plutôt paresseux.


Un test rédigé par Chozo.


Muscle ton jeu, Baldur

Tout, vous saurez tout sur Baldur’s Gate et son second épisode, puisque ces Enhanced Editions consistent à proposer l’intégralité des contenus produits en vingt ans sur ces deux jeux. Tout cela en réactualisant la définition générale, notamment les parties cinématiques, mais en conservant le charme désuet de ces fameux décors dessinés à la main via le moteur Infinity Engine. Nous ne reviendrons pas ici en détails sur les caractéristiques de chaque jeu, mais rappelons cependant que l’on se retrouve dans deux jeux de rôle à la sauce Ultima en 3D isométrique, appliquant fidèlement les principes d’Advanced Dungeons & Dragons, en s’éloignant par contre du hack’n slash orienté action, popularisé par Diablo à la même époque.

 

Ici, il s’agit de contrôler un maximum de six personnages à déplacer sur une carte dont le brouillard dévoile de nouvelles zones à explorer. En mode combat, la pérégrination se met en pause, histoire d’attribuer une action propre à chaque unité, entre lancer un sort, attaquer au corps à corps, utiliser un objet, ou encore une capacité spéciale, comme la détection de pièges.

Et cette exploration, tout comme ces combats, se contrôlent via une interface représentant un pilier du genre en 1998, mais qui accuse le coup en 2019, surtout lorsqu’il s’agit de s’y frotter au Joy-Con. Après avoir créé son personnage dans la plus pure tradition des jeux de rôle avec de nombreuses races et classes, l’ensemble se dévoile. Un écran de jeu au centre avec les personnages, leurs figures en portrait à droite et les actions à réaliser en bas. Seuls les menus, autrefois à gauche (carte, inventaire, ou encore options), sont désormais sélectionnables en appuyant sur Zr au travers d’un système de roue, bien pratique, plus fluide et permettant une étendue d’affichage du jeu bien plus grande.

Malgré un tutoriel bienvenu, il va tout de même falloir se farcir un gameplay jusque-là idéalement adapté souris, avec un stick. Malgré des déplacements plutôt bien gérés et une vitesse d’exécution accélérée depuis les œuvres d’origine, il semble rapidement lourd de devoir faire défiler les personnages du groupe pour sélectionner l’unité ou l’ensemble d’unités auxquelles affecter un rôle, ou alors utiliser le (très) lent curseur affiché à l’écran. Dur, en prenant conscience qu’il ne suffisait que de cliquer sur PC…

My heart will go on

L’expérience est d’autant plus frustrante que les deux titres conservent également leurs défauts originaux, certes pardonnables à l’air préhistorique de leur création, mais bien moins acceptables de nos jours. En effet, le pathfinding des personnages est reproduit tel quel, avec des unités préférant bizarrement emprunter des détours de malade mental sans raison particulière. Et tout cela se vit avec un inventaire fouillis et désorganisé à la lisibilité souvent difficile, où les textes, dont la police légèrement petite mais surtout pixelisée (sur téléviseur uniquement, cet effet disparait pratiquement en mode portable), pique les yeux au bout de plusieurs dizaines/centaines d’heures de jeu sur deux titres à la durée de vie absolument gargantuesque.

Oui, l’auteur de ce test a payé de sa personne et va encore devoir se coltiner le même rendu sur le diptyque Icewind Dale/Planescape Torment. C’est la vie qu’on a choisie. Heureusement qu’un patch, publié à la date de la sortie des deux jeux, est venu ajouter la localisation française (celle d’époque hein, rien de fou), sans quoi le découragement aurait eu raison de l’abnégation (en fait, la quasi-totalité de ce test s’est faite en portable, on n’est pas fou quand même).

L’appellation Enhanced Edition peut également poser question. Il s’agit bien des deux mêmes jeux au pixel près, agrémentés des extensions (Tales of the Sword Coast, The Black Pits, Siege of Dragonspear et Throne of Bhaal,) et de personnages supplémentaires dotés chacun de spécificités propres. Il s’agit aussi de ces designs frappant la nostalgie de rétro gamer en plein cœur, fluide de bout en bout. Mais c’est aussi aujourd’hui davantage une sacrée mixture pixelisée peu adaptée aux jeunes utilisateurs, surtout en mode TV. En configuration portable d’ailleurs, l’ensemble s’avère bien plus agréable, mais, bien entendu, il ne faut pas s’attendre à un mode tactile. Mais non voyons, pourquoi ? Quelle idée. Vendu 50 euros tout de même sur l’eShop, ces deux jeux vieux de vingt ans méritent-ils de dépenser autant ?

Il reste néanmoins une expérience de jeu à la richesse d’écriture et de contenu énormissime d’un RPG à l’ancienne, nécessitant de la réflexion dans chaque action, tout comme dans la composition du groupe de personnages, en fonction des personnalités de chacun, dont les lignes comportementales se développent via différents grades complexes (loyal, bon, neutre, chaotique ou deux comportements à la fois). Car si ces choix semblent difficiles à faire, c’est aussi parce que les comportements influeront sur les réactions des acolytes, qui pourront quitter le groupe en cas de choix trop discutables. Et, bien sûr, saluons les compositions musicales de Michael Hoenig, du miel pour les oreilles, tout au long des deux aventures.

 

Conclusion : PEUT-ÊTRE !

C’était une évidence, la saga Baldur’s Gate ne sera jamais mieux que sur PC. Bien que quelques retouches aient été apportées, l’interface globale manquant de lisibilité et de peps rebute dès le début dans ces adaptations sur consoles. Joli mais sacrément old school, riche à en pleurer mais décourageant dans son inventaire, ce duo interroge, jusqu’à ce que l’utilisateur découvre l’expérience en portable. Bien plus agréable à l’œil et malgré des soucis d’ergonomie, l’aventure se dévore bien plus aisément et permet de découvrir une pierre angulaire du RPG, qui conserve néanmoins certains archaïsmes, rendant l’ensemble difficile d’accès. Ces portages, une bonne idée ? Oui, mais aurait pu mieux faire, surtout à 50 euros les deux titres, un prix tout de même élevé.

LES PLUS : 

+ Deux monstres sacrés sur Switch
+ Le jeu sur portable, la meilleure configuration
+ Les retouches d’interface qui font le café
+ D’une richesse hallucinante
+ Ce côté nostalgique qui fonctionne malgré tout

 

LES MOINS :

– C’est pixélisé de partout sur téléviseur
– La maniabilité et l’utilisation de l’interface trop lourdes
– Peu adapté aux néophytes
– Des copiés/collés des versions sorties il y a sept ans sur PC
– 50 euros, ça fait mal, même pour deux cents heures minimum

_______________________________________________________________

Le système de verdict de Nintendo-Difference repose sur trois niveaux :

– OUI ! (nous recommandons l’achat de ce titre, peu importe quel joueur vous êtes : vous l’apprécierez, à condition de ne pas être hermétique au genre)

– “Peut-être” (nous recommandons de bien lire le test avant d’acheter le jeu, car il peut ne pas correspondre à tout le monde, et ce pour des raisons qui peuvent largement être différentes d’un jeu à un autre). Par exemple, un titre peut être tout à fait exceptionnel et obtenir un “Peut-être” parce qu’il se classe dans un genre de niche qui ne correspondra pas à tout le monde alors qu’un autre pourra s’avérer vraiment moyen et à ne réserver qu’aux puristes du genre ou aux fans inconditionnels (comme dans le cas d’une adaptation par exemple).

– NON (nous ne recommandons pas l’achat de ce jeu). Trop mauvais ou trop cher pour ce qui est proposé.

Nous avons abandonné l’idée des notes, car celles-ci n’aident en rien à faire un choix, avec ce système vous savez si vous pouvez acheter les yeux fermés, s’il faut bien lire le test pour savoir si le jeu peut vous convenir ou s’il faut tout simplement s’enfuir.

  • Nintendo-Difference

    par Draco

    le 2 décembre 2019 à 15:00

Partager sur

  • Sorties :
  • 15 Octobre 2019
  • 15 Octobre 2019
  • Non prévue
  • Sorties :
  • 15 Octobre 2019
  • 15 Octobre 2019
  • Non prévue
LES COMMENTAIRES
Les commentaires sont désactivés.
Les prochaines sorties