Test Nintendo Switch de Bayonetta 2, l’apothéose du beat them all !

Bien que l’un de nos fidèles lecteurs l’eût prophétisé, l’annonce surprise de Bayonetta 2 en exclusivité sur Wii U, le 13 septembre 2012, fit l’effet d’une bombe. Elle suscita même un véritable psychodrame sur les réseaux sociaux, PlatinumGames et SEGA se faisant copieusement insulter par des fans qui ne comprenaient pas cette « trahison ». Depuis, le jeu est sorti, a été accueilli de manière très enthousiaste par la critique et s’est vendu plutôt correctement étant donné le manque de popularité de son support. Sans atteindre les chiffres de son prédécesseur ni dépasser la barre symbolique du million d’exemplaires, il a ainsi généré suffisamment de satisfaction pour permettre la mise en chantier d’un troisième épisode exclusif à la Switch. Et si certains continuent d’espérer en vain un portage sur les consoles Sony ou Microsoft, c’est au tour de la petite dernière de Nintendo, actuellement en pleine bourre, d’offrir à cet excellent beat them all une nouvelle chance de toucher son public. L’occasion pour nous mettre à jour le test initial avec les spécificités de cette nouvelle version.

Un test rédigé par Kayle Joriin.


Vers l’enfer et au-delà !

Autant le dire tout de suite, ce second volet ne brille guère par son script ou sa narration, et ce n’est pas vraiment un souci. Faisant directement suite aux événements du premier épisode, Bayonetta 2 remet le joueur dans la peau de la célèbre sorcière, toujours occupée à tabasser de l’ange par paquet de douze. Désormais, elle bénéficie cependant de l’aide de Jeanne, son amie d’enfance, qui possède comme elle les pouvoirs de l’Umbra. Malheureusement, à la suite d’un impressionnant combat d’introduction, Bayonetta va perdre le contrôle d’une de ses invocations démoniaques et sera sauvée in extremis par Jeanne dont l’âme finira en enfer (un truc désagréable qui arrive à une sorcière quand elle meurt). Après avoir corrigé le démon récalcitrant, notre héroïne se fera donc un devoir d’aller sauver son amie, quitte à ouvrir les portes du royaume démoniaque à grands coups de pompes. Elle croisera en route de nouveaux personnages hauts en couleur, avec leurs propres objectifs, et usera de ses talents pour sauver le monde des humains. La routine, quoi…

Bande-annonce officielle !

Gros prétexte aux moments de bravoure et aux répliques bien senties, le scénario est à nouveau conté de manière relativement décousue. Il reste certes moins brouillon que celui du premier épisode, mais les situations s’enchaînent à nouveau de manière un peu artificielle, privilégiant souvent la forme au fond. Tandis que certains personnages séduisent par leur classe et affichent davantage de nuances dans leur personnalité, d’autres s’avèrent en outre assez décevants, comme le sale gosse qui accompagne Bayonetta durant une bonne partie de l’aventure, ou le grand méchant qui ne ressemble pas à grand-chose. Et il faut reconnaître que si le jeu offre un spectacle ébouriffant, avec des affrontements totalement démesurés qui font passer ceux de son prédécesseur pour des querelles de bac à sable, une pointe de déception se fait sentir à l’issue du dernier chapitre. Certaines révélations trouveront un écho particulier chez les fans de la série, mais l’ultime affrontement est expédié beaucoup trop vite et ne vaut clairement pas celui du premier volet.


The shadow remains fast 

Fort heureusement, le dernier bébé de PlatinumGames se rattrape sur sa réalisation, qui sert à merveille une mise en scène particulièrement explosive. Graphiquement plus poussée que son prédécesseur, cette suite bénéficie notamment d’une palette de couleurs plus chaleureuse et d’environnements encore plus impressionnants. Depuis 2014, les graphismes semblent également s’être affinés, les temps de chargement ont été sensiblement réduits et le framerate a été revu à la hausse. Bien que suffisamment fluide pour garantir une bonne expérience de jeu, Bayonetta 2 avait en effet plutôt tendance à tourner aux alentours des 45 ou 50 images par seconde sur Wii U, avec des chutes ponctuelles en dessous des 40. D’après les mesures réalisées par les spécialistes de Digital Foundry, cette version Switch se rapproche désormais des 60 images par seconde et descend rarement en dessous des 50, du moins en mode téléviseur. En revanche, lorsque la console est sortie de son dock, l’amélioration n’est pas aussi significative et nous avons régulièrement noté de petites saccades dans le défilement de certains décors qui n’étaient pas forcément présentes dans la version originale. Rien qui empêche réellement d’apprécier l’aventure, mais après avoir goûté au gain de fluidité sur grand écran (avec toujours la limite du 720p à prendre en compte), cela reste un poil frustrant.

Parmi les autres défauts notables, on citera des décors et textures parfois un peu vieillots, ainsi qu’un aliasing omniprésent, particulièrement prononcé lors de certaines cinématiques. Des lacunes qui passent toutefois rapidement au second plan dans la mesure où le titre les noie littéralement sous un déluge d’effets visuels assez hallucinants, quitte à perdre parfois un peu en lisibilité. Et s’il ne s’agit pas d’une tuerie technique absolue, la Switch accueille sans doute ici le jeu d’action le plus abouti de sa courte carrière, en attendant Bayonetta 3. Pour ne rien gâcher, la bande-son s’avère encore meilleure que celle du premier épisode avec des pistes comme Tomorrow is Mine ou l’excellente reprise de Moon River qui donnent une patate d’enfer à des scènes d’action réellement spectaculaires. Sans compter qu’il est possible, tout comme dans le premier épisode, d’opter pour les doublages anglais ou japonais, ce qui ravira les puristes.

Surenchère dans la continuité

Côté action, justement, Bayonetta 2 ne cherche pas vraiment à faire dans l’original et reprend absolument toutes les bases de son prédécesseur. On retrouve donc le système de combos pieds/poings, le bouton dédié au tir, de même que les nombreuses techniques, armes et accessoires à débloquer. Aussi féline que l’une de ses transformations animales, l’héroïne privilégie toujours l’esquive à toute forme de garde, sachant qu’éviter une attaque avec le bon timing permet de déclencher un Envoûtement afin de ralentir le temps. On peut alors remplir tranquillement ses adversaires et faire montrer sa jauge de magie afin de les achever d’une attaque sadique. Outre un arsenal presque entièrement renouvelé qui donne accès à de nouvelles listes de combos, ce nouveau volet se caractérise surtout par l’ajout d’une nouvelle manière d’utiliser la magie avec le mode Apothéose de l’Umbra qui décuple la puissance des coups.

En temps normal, la plupart des combos se terminent en effet par une attaque puissante capable de sonner légèrement un ennemi. Or, lorsque l’Apothéose de l’Umbra est activée, les coups de base sont remplacés par ces fameuses attaques puissantes, et les combos s’achèvent par des invocations de démons qui balayent tout sur leur passage. Un déchaînement de puissance assez jouissif à regarder, mais qui facilite sans doute un peu trop la tâche du joueur. D’autant que les développeurs semblent également avoir aménagé le timing des Envoûtements, ce qui permet d’enchaîner aisément les adversaires et de faire monter la jauge de magie très rapidement. Sachant que cette dernière ne se vide plus en cas de dégâts reçus, comme c’était le cas auparavant.

Killing me softly with this sword

Globalement, Bayonetta 2 s’avère ainsi moins dur que son prédécesseur et affiche clairement son souhait de s’adresser à un public plus large. En soi, ce n’est pas une mauvaise chose, a fortiori lorsque cela permet de corriger certains points agaçants du précédent épisode, comme ces QTE, très punitives, qui pénalisent inutilement le score de fin de niveau. Néanmoins, le sentiment d’accomplissement est forcément moindre quand le joueur réussit à obtenir une médaille d’or ou de platine lors de sa première tentative. En outre, il est dommage de constater qu’il faille attendre de débloquer le quatrième niveau de difficulté pour rencontrer une réelle résistance. Le titre offre certes aux masochistes d’autres moyens de se faire plaisir, et de manière générale la difficulté reste largement suffisante pour convenir à la majorité. Toutefois, les fans du premier volet et les amateurs de challenge pourront être un tantinet déçus, même si cette version Switch semble légèrement plus corsée que son homologue Wii U (à moins que nous ayons un peu perdu la main).

Dans cette volonté d’aller chercher un nouveau public, il n’a d’ailleurs échappé à personne, et surtout pas aux trolls, que la série avait glissé d’un émoustillant 18+ à un 16+ jugé suspect par certains. Que les pervers se rassurent : la belle sorcière nous gratifie toujours de poses aguicheuses habilement mises en valeur par la mise en scène. Simplement, il est vrai que certains détails un peu trop suggestifs sont passés à la trappe, comme cet ange censé pouvoir prendre n’importe quelle forme, mais qui apparaissait à l’écran sous les traits d’une plantureuse donzelle aux jambes écartées. De plus, le jeu a beau être suffisamment violent pour satisfaire les instincts primaires du joueur lambda, avec ce qu’il faut de giclées d’hémoglobine et de démembrements, le traitement de cette violence se fait d’une manière subtilement différente. Notamment lors des attaques sadiques, qui font souvent appel à des invocations de démons plutôt qu’à des engins de tortures. Cela dit, bien qu’il soit un poil moins dévergondé que son aîné, Bayonetta 2 n’est sans doute pas à mettre entre toutes les mains.


Aussi bon seul…

Entre ses petites faiblesses techniques (désormais en partie corrigées), son gameplay largement repris du premier volet, sa difficulté revue à la baisse et son univers prétendument moins « mature », les excuses étaient nombreuses pour ceux qui ne souhaitaient pas jouer à Bayonetta 2 en 2014. Mais depuis, la Switch est arrivée, avec le succès commercial qu’on lui connait et une dimension hybride qui offre la possibilité de redécouvrir des titres de la génération précédente sous un jour nouveau. De quoi recentrer un peu le débat sur les qualités intrinsèques du jeu, indépendamment de la popularité de son support. Et s’il est vrai qu’à l’époque, PlatinumGames n’avait pas cherché à exploiter les fonctionnalités de la Wii U de manière très poussée, hormis pour introduire des contrôles tactiles et gyroscopiques à l’intérêt discutable, cette relative timidité permet aujourd’hui de proposer un portage Switch très fidèle dont l’intérêt principal reste évidemment de pouvoir y jouer en toute circonstance. L’occasion de profiter d’une suite certes un peu facile, mais qui demeure d’excellente qualité et corrige la plupart les défauts de son aîné tout en proposant un contenu massif.

Outre la disparition des QTE particulièrement frustrantes du premier volet, déjà évoquées précédemment, certains soucis de caméra ont par exemple été réglés, rendant l’action un peu moins confuse. Le résultat n’est pas encore parfait, mais il y a clairement du mieux et la prise en main s’en trouve facilitée. Cela s’avère notamment utile lors des phases d’exploration qui tirent parti d’environnements plus ouverts que par le passé, malgré la présence de murs invisibles un brin agaçants. Moins linéaires et proposant davantage de choses à découvrir, la plupart des niveaux nécessitent ainsi un minimum de recherche pour dénicher les différents objets ou défis annexes planqués par les développeurs. De quoi offrir variété supplémentaire à une aventure qui n’en manque déjà pas, car au-delà du retour des passages typés Arcade sous un format plus court et plus efficace, les affrontements se déroulent désormais aussi bien sur terre, que dans les airs ou sous l’eau. Une bonne occasion pour Bayonetta d’utiliser des transformations inédites, en se faisant pousser des ailes ou en se muant en serpent aquatique. La variété des phases de gameplay n’égale pas celle d’une The Wonderful 101, mais l’ensemble est nettement mieux maîtrisé.


… qu’à deux !

Varié, percutant et spectaculaire, Bayonetta 2 offre également une durée vie tout à fait convaincante. Car s’il faut compter entre dix et quinze heures pour finir tranquillement l’aventure, débloquer l’intégralité du contenu disponible demandera beaucoup plus de temps. Entre les succès à obtenir, les différentes encyclopédies à compléter, les armes et objets secrets à dénicher dans les niveaux, ou les techniques, accessoires et costumes à acheter auprès de l’ami Rodin, les “complétionnistes” pourront facilement passer dizaines d’heures sur le titre. Et c’est sans compter sur l’aspect scoring toujours omniprésent, ni sur le mode deux joueurs, désormais aussi bien jouable en ligne qu’en local. Répondant au nom évocateur de Double Apothéose, ce dernier est en effet un bouffe-temps absolument redoutable qui constitue une nouvelle fois l’un des ajouts majeurs de ce second épisode.

Concrètement, il s’agit de participer à des séries de six combats en coopération, soit avec un autre joueur, soit avec l’ordinateur. Accessibles via des cartes de verset déblocables dans le mode Scénario, ces combats sont nombreux et plutôt variés, donnant la possibilité de se frotter aussi bien à des groupes d’ennemis lambda, qu’à des boss gigantesques. Toutefois, s’il faut coopérer pour espérer survivre, en allant par exemple réanimer son collègue lorsqu’il se trouve à terre, chaque affrontement est également prétexte à se tirer la bourre par le biais d’un système de score qui évalue la performance de chacun. En misant de l’argent avant un combat, il est ainsi possible d’augmenter sa difficulté et les gains potentiels, mais seul le joueur réalisant le meilleur score remportera le pactole. Il faut donc bien réfléchir avant de parier, car de nombreux facteurs peuvent influer sur l’issue d’un combat, et on peut perdre gros en étant trop gourmand.

Alors bien entendu, les possesseurs de la version Wii U auraient sans doute aimé encore plus de contenu et de fonctionnalités additionnelles, histoire de justifier un nouveau passage en caisse. En l’état, cette mouture Switch se présente en effet davantage comme un portage optimisé, que comme un véritable Remaster. Outre les améliorations techniques déjà évoquées, les différentes configurations de jeu disponibles et le mode Double Apothéose en local, le seul ajout significatif vient ainsi de l’intégration des amiibo qui permettent de débloquer directement les costumes estampillés Nintendo ou d’obtenir quotidiennement de l’argent et des objets. Une option sympathique, mais qui sent un peu le remplissage facile. Surtout qu’aucune nouvelle tenue n’est proposée ici. Il n’en reste pas moins qu’en attendant la sortie d’un troisième épisode encore très mystérieux, la Switch s’impose sans problème comme le support idéal pour découvrir Bayonetta 2 dans les meilleures conditions et profiter au passage d’un portage très convaincant du premier volet.

 

Conclusion : OUI (ND AWARD)

Reprenant très largement les bases de son prédécesseur, Bayonetta 2 en corrige toutefois la plupart des défauts et le surpasse sur quasiment tous les points, tout en faisant de réels efforts en termes d’accessibilité. Plus beau, plus spectaculaire, plus vaste et plus varié, le jeu de PlatinumGames profite également de sa réédition sur Switch pour affiner sa technique et proposer du jeu en local pour l’excellent mode Double Apothéose. S’il souffre toujours de quelques défauts, il s’impose néanmoins comme l’un des meilleurs beat them all de ces dernières années et prend même une dimension supplémentaire sur la console hybride de Nintendo en devenant la nouvelle référence du genre sur portable. On conseillera donc cette version Switch à tous les amateurs du genre, pour peu qu’ils ne soient pas réfractaires à l’univers assez particulier de la série. Quant aux possesseurs de la version Wii U, ils pourront là encore tenter le coup si le jeu nomade les attire. 

LES PLUS : 

+ Bayonetta, toujours aussi provocante
+ Visuellement, ça déchire !
+ Gameplay encore plus riche et varié
+ Démesure de tous les instants
+ Le Mode Double Apothéose, en local ou en ligne
+ Excellente bande-son
+ Plus accessible que son aîné
+ Contenu annexe et rejouabilité
+ Plus fluide que sur Wii U en mode téléviseur
+ Jouable en toute circonstance
+ Temps de chargement réduits
+ Le premier volet en bundle

 

LES MOINS :

– Encore quelques faiblesses techniques
– Pas aussi fluide en mode portable
– Tactile et gyroscope anecdotique
– Univers qui ne plaira toujours pas à certains
– Dernier affrontement décevant
– Un certain déficit d’originalité
– Trop facile pour les puristes du premier volet ?


_______________________________________________________________

Le système de verdict de Nintendo-Difference repose sur trois niveaux :

– OUI ! (nous recommandons l’achat de ce titre, peu importe quel joueur vous êtes : vous l’apprécierez, à condition de ne pas être hermétique au genre)

– “Peut-être” (nous recommandons de bien lire le test avant d’acheter le jeu, car il peut ne pas correspondre à tout le monde, et ce pour des raisons qui peuvent largement être différentes d’un jeu à un autre). Par exemple, un titre peut être tout à fait exceptionnel et obtenir un “Peut-être” parce qu’il se classe dans un genre de niche qui ne correspondra pas à tout le monde alors qu’un autre pourra s’avérer vraiment moyen et à ne réserver qu’aux puristes du genre ou aux fans inconditionnels (comme dans le cas d’une adaptation par exemple).

– NON (nous ne recommandons pas l’achat de ce jeu). Trop mauvais ou trop cher pour ce qui est proposé.

Nous avons abandonné l’idée des notes, car celles-ci n’aident en rien à faire un choix, avec ce système vous savez si vous pouvez acheter les yeux fermés, s’il faut bien lire le test pour savoir si le jeu peut vous convenir ou s’il faut tout simplement s’enfuir.

  • Nintendo-Difference

    par Draco

    le 14 février 2018 à 16:43

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