Test Nintendo Switch de Bayonetta, un portage explosif !

Un peu plus de trois ans après leur sortie sur Wii U, les deux premières aventures de Bayonetta pointent le bout de leurs flingues sur Switch afin de préparer le terrain pour un troisième épisode exclusif à la console hybride de Nintendo. Une session de rattrapage plutôt bienvenue pour le second opus, dont les ventes ont sans doute été bridées par son support, et qui donne l’occasion au premier volet, sorti il y a déjà huit ans, de tenter séduire un nouveau public, après un récent portage PC salué par la critique. En 2014, nous avions émis des réserves sur l’adaptation Wii U, qui malgré sa qualité très honorable souffrait encore de petits défauts et se réservait avant tout aux puristes de la firme de Kyoto. Aujourd’hui, le débat est néanmoins relancé, car cette version Switch possède, mine de rien, quelques nouveaux arguments de poids. Mais vu qu’il s’agit fondamentalement du même jeu et que nous n’allons pas réinventer la roue, la critique qui suit sera une simple réactualisation de celle déjà publiée en 2014.

Un test rédigé par Kayle Joriin.

 

Ma sorcière bien nommée

Dans ce beat them all nerveux, dirigé de main de maître par le célèbre Hideki Kamiya, le joueur incarne Bayonetta, une sorcière amnésique à la plastique avantageuse et à la gâchette facile. Traquée par les forces du Paradis depuis son réveil des profondeurs d’un lac, il y a vingt ans de cela, la belle brune prend d’ailleurs un malin plaisir à botter des culs auréolés de la manière la plus classe et la plus suggestive qui soit. Une activité enrichissante, qu’elle partage avec la quête de ses souvenirs perdus, et notamment la recherche d’informations sur les Yeux du Monde, deux joyaux mystérieux qui pourraient lui permettre d’en apprendre plus sur son passé. Déjà en possession de l’Œil Gauche, elle apprend, par un de ses contacts, que l’autre se trouverait dans la ville reculée de Vigrid. Malgré une vilaine odeur de traquenard, elle embarque donc pour ladite citée, sans se douter que niveau révélations et sensations fortes, elle va être servie au-delà de toute espérance.

Bande-annonce officielle !

Au cours de son aventure, Bayonetta va ainsi côtoyer différents personnages hauts en couleur, qu’il s’agisse d’alliés comme Rodin, barman et forgeron démoniaque, ou d’antagonistes récurrents comme la mystérieuse Jeanne, qui possède des pouvoirs similaires aux siens. Le tout donne généralement lieu à des scènes plutôt classes, où fuse les répliques sarcastiques et les poses aguicheuses. Néanmoins, il faut reconnaître que la narration aurait gagné à être plus sobre, car derrière son maniérisme, l’histoire manque souvent de cohérence et de clarté. Cela dit, l’intérêt principal d’un beat them all ne réside pas forcément dans son script, et ces considérations sont vite balayées par une mise en scène particulièrement jouissive. Du coup, s’il n’est pas toujours évident de savoir pourquoi on défouraille de l’ange par paquet de douze, ce n’est finalement pas très important, car la démesure des situations proposées se suffit à elle-même.

Quand Dante rencontre Max

Côté gameplay, le jeu trouve tout naturellement sa place dans l’œuvre de Kamiya en empruntant notamment beaucoup à un certain Devil May Cry. La chorégraphie travaillée des combats, l’utilisation conjointe d’armes à distance et au corps à corps, ou bien la progression sous forme de chapitres sanctionnés d’une note, sont quelques exemples de la parenté entre les deux séries. Cependant, le titre de PlatinumGames va encore plus loin, et offre l’un des systèmes de combat les plus complets et les plus dynamiques qu’on ait vus dans un beat them all moderne. Évidemment, il faut aimer le genre, et ne pas être allergique aux listes de combos de vingt pieds de long ou à l’exubérance visuelle d’une œuvre volontairement outrancière. Mais si tel est le cas, difficile de trouver à redire sur le fond.

Concrètement, Bayonetta dispose d’une palette de mouvements plutôt équilibrée, mettant l’accent sur la vitesse et la mobilité. Le système d’enchaînements se base sur deux touches qui correspondent aux armes respectivement équipées aux pieds et aux mains de l’héroïne. Par défaut, il s’agit de quatre pistolets, mais d’autres armes et combinaisons seront accessibles au fil de l’aventure, influant directement sur les enchaînements disponibles, la portée des attaques ou les effets associés aux coups chargés. Réalisables lors d’une attaque en maintenant appuyé le bouton correspondant, ces derniers peuvent être utilisés sans briser un combo et permettent en général d’augmenter les dégâts infligés. Cette charge prend en revanche un peu plus de temps et laisse potentiellement vulnérable, d’où l’intérêt de parfaitement maîtriser l’esquive afin de déclencher des Envoûtements (équivalent local du fameux Bullet Time de Max Payne) pour remplir tranquillement les adversaires récalcitrants.

Les subtilités du système de combat ne s’arrêtent pas là et s’avèrent même particulièrement nombreuses. Entre les attaques à distance, les incantations qui concluent certains combos, les possibilités d’enchaînements aériens, les armes temporaires récupérées sur les ennemis et les différentes techniques annexes à débloquer, il faudrait en réalité des pages entières afin de tout aborder en détail. Pour finir ce petit tour d’horizon, on se contentera donc d’évoquer l’une des grandes spécialités de la sorcière à lunettes, à savoir les attaques sadiques dont elle use pour punir ses vilains adversaires. Des techniques puissantes et délicieusement gores, rappelant les exécutions d’un MadWorld, le côté sado-maso en plus. Pour les réaliser, il faudra néanmoins remplir préalablement sa jauge de magie en effectuant des combos ou des Envoûtements, et éviter accessoirement de prendre des gnons qui feront baisser ladite jauge de manière drastique.

 

La face cachée de la lune

Bien qu’il soit essentiellement basé sur les combats, Bayonetta réserve également quelques passages de plate-forme et d’exploration dans lesquels il est possible d’exploiter des transformations bestiales (panthère ou corbeau) afin de gagner en mobilité. Assez limités du fait de la linéarité globale des niveaux, ces passages restent l’occasion de récupérer divers objets et améliorations, ainsi que des ingrédients à utiliser dans un système d’alchimie très basique. De plus, les développeurs ont intégré des phases alternatives s’inspirant de légendes de l’Arcade comme Super Hang-On ou Space Harrier, mais qui ne sont malheureusement pas toujours captivantes et traînent parfois en longueur. D’autant qu’elles font l’objet de chapitres spécifiques au lieu d’être réparties de façon équilibrée le long de l’aventure, comme c’est le cas pour le mini-jeu Angel Attack, qui rappelle les fameux stages bonus des années 90.

Tant que nous sommes dans les choses qui fâchent, il est temps d’aborder les autres petits défauts du titre, encore d’actualité en 2018. Sur un plan esthétique, tout d’abord, il est clair que le design des monstres, voire celui des personnages humains, ne plaira pas à tout le monde. Le jeu ayant régulièrement divisé sur ce point, il en sera sans doute de même sur Switch. Côté gameplay, si le système de combat n’est pas à remettre en cause, la caméra pose souvent problème à cause d’un positionnement loin d’être optimal. Enfin, on pourra pester contre l’abondance de QTE qui gonfle parfois artificiellement la difficulté. Le bourrinage de touche a beau contribuer à la sauvagerie des combats contre les boss, notamment lorsqu’on invoque un démon géant qui vient leur porter le coup de grâce, le côté Die & Retry de certains passages peut avoir tendance à frustrer. Surtout qu’avec un voyage qui dure entre dix et quinze heures en mode normal, une rejouabilité assurée par un habile système de scoring, et un contenu annexe consistant (succès, défis cachés, costumes à débloquer, etc.), Bayonetta n’avait guère besoin de ce genre d’artifices pour prolonger sa durée de vie.

Nomad Spell

Reste maintenant à aborder la question du portage Switch et de son positionnement par rapport à la version Wii U, sortie en 2014. En termes de contenu, tout d’abord, les deux moutures sont strictement identiques et ne proposent, par rapport à leurs consœurs, qu’un lot de quatre tenues exclusives inspirées de franchises comme Mario, Zelda ou Metroid. Ceux qui attendaient de nouveaux ajouts en seront donc pour leurs frais et devront attendre Bayonetta 3 pour voir la sorcière se déguiser d’autres personnages de la firme de Kyoto. Côté fonctionnalités, en revanche, les choses ont un peu évolué. Les commandes tactiles et gyroscopiques répondent certes toujours présent, mais l’option Miiverse a logiquement disparu, libérant l’écran de son envahissante icône. Et bien entendu, l’intérêt principal de cette édition 2018 reste la possibilité de casser de l’ange en toute situation grâce aux différentes configurations de jeu offertes par la console hybride de Nintendo. Un véritable plaisir qui peut à lui seul justifier l’achat du titre, même pour ceux qui le posséderaient déjà. À condition bien sûr d’apprécier le dématérialisé puisqu’il n’est disponible qu’en téléchargement.

Vu le confort non négligeable apporté par la manette Pro, de nombreux puristes du beat them all privilégieront certainement les modes téléviseur et sur table. Néanmoins, l’ensemble reste parfaitement jouable via les sticks et boutons des Joy-con. Quant aux adeptes du tactile, ils profiteront de contrôles plus réactifs grâce à l’écran capacitif de la Switch, mais dont l’intérêt n’est pas franchement évident. Tout comme celui des contrôles gyroscopiques, assez peu précis, proposés en option lors des passages Arcade. D’aucuns argueront qu’avoir le choix est une bonne chose et ils n’auront pas tort dans l’absolu. Seulement, Bayonetta n’a pas vraiment été créé pour ce genre de maniabilité et ce n’est pas de cette manière qu’il est le plus efficace. D’autant que les néophytes, intimidés par la richesse du gameplay, pourront se rabattre sur le mode de difficulté Débutant afin de réaliser des combos et esquives automatiques, sans se prendre la tête.

Ultime apothéose ?

Dernier point, mais non des moindres, la réalisation de cette mouture Switch, directement chapeautée par PlatinumGames, est plutôt une bonne surprise. Là encore très proche de sa grande sœur, elle apparaît logiquement un peu plus terne que son homologue sur Xbox 360, mais conserve les améliorations techniques proposées en 2014 tout en offrant une fluidité accrue en mode téléviseur. Les ralentissements ponctuels que l’on pouvait croiser lors de scènes un peu chargées semblent ainsi être de l’histoire ancienne et s’il faudra attendre des analyses plus poussées pour confirmer le respect plus ou moins constant du sacro-saint 60fps, le progrès est notable. Même une fois la console sortie de sa station d’accueil, le résultat est tout à fait satisfaisant et le framerate semble au moins au niveau de celui de la Wii U. En outre, quel que soit le mode concerné, certains détails graphiques ont été affinés, bien que ce ne soit pas toujours flagrant dans le feu de l’action. Les possesseurs de grands écrans pourront regretter la limite du 720p et les esprits narquois trouveront sans doute qu’il est inexcusable que la Switch ne puisse pas produire du « 1080p60 » sur une production de 2009. Mais force est de reconnaître que nous sommes ici devant l’une des versions les plus abouties à l’heure actuelle sur console ; le PC étant évidemment hors concours. Et pour ne rien gâcher, les temps de chargement ont été largement réduits, ce qui n’est jamais négligeable.

Il faut certes avouer que le jeu accuse un peu son âge par moment, avec certaines cinématiques assez moches, des textures parfois grossières et des décors un poil vieillots. Néanmoins, la possibilité d’y jouer sur le petit écran de la Switch atténue en partie les outrages du temps et il s’agit d’ailleurs certainement d’un des beat them all les plus impressionnants jamais sorti sur portable (avec Bayonetta 2). De plus, le titre dispose d’autres atouts, comme la modélisation poussée des personnages et des créatures, la grandiloquence de certaines scènes, ou les nombreux effets qui accompagnent les attaques les plus impressionnantes. Sans oublier une excellente bande-son marquée par la participation d’Helena Noguerra qui interprète le thème principal, Mysterious Destiny, et la désormais célèbre reprise de Fly Me To The Moon. Deux chansons géniales qui contribuent à l’ambiance si particulière d’une aventure aussi agréable à jouer en 2018 qu’à l’époque de sa sortie.

 

 

Conclusion : OUI !

Si en 2014, nous étions un peu hésitants concernant le portage Wii U de Bayonetta, force est de reconnaître que cette version Switch a réussi à balayer nos réserves. Les défauts intrinsèques du titre sont certes toujours là et tout le monde ne sera donc pas sensible aux charmes de la provocante sorcière. Néanmoins, que ce soit en termes de contenu, de réalisation ou de fonctionnalités, PlatinumGames propose ici le compromis idéal pour découvrir ou redécouvrir l’un des grands noms de sa ludothèque. Et même les habitués pourront se laisser tenter histoire de castagner de l’ange au format portable. Évidemment, le jeu demeure plus beau et plus fluide sur PC. Quant au prix unitaire eShop, il est sans doute un peu trop élevé. Mais dans la mesure où le portage de Bayonetta 2 est tout aussi réussi, vous savez ce qui vous reste à faire si vous êtes intéressés.

 

LES PLUS : 

+ Une héroïne qui ne laisse pas indifférent
+ Système de combat riche, varié et profond
+ Mise en scène spectaculaire
+ La puissance de certains affrontements
+ Bonne rejouabilité
+ Pas mal de choses à débloquer
+ Excellente bande-son
+ Encore plus fluide que sur Wii U
+ La possibilité d’y jouer partout
+ Temps de chargement réduits
+ Offert avec le second volet

LES MOINS :

– Un univers qui ne plaira pas à tout le monde
– Narration assez confuse
– Quelques problèmes de caméra
– Des QTE parfois agaçantes
– Certaines fonctionnalités anecdotiques ou peu convaincantes
– La réalisation a pris un coup de vieux
– Aucun nouveau contenu sur Switch
– Un peu trop cher à l’unité et uniquement en dématérialisé


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Le système de verdict de Nintendo-Difference repose sur trois niveaux :

– OUI ! (nous recommandons l’achat de ce titre, peu importe quel joueur vous êtes : vous l’apprécierez, à condition de ne pas être hermétique au genre)

– “Peut-être” (nous recommandons de bien lire le test avant d’acheter le jeu, car il peut ne pas correspondre à tout le monde, et ce pour des raisons qui peuvent largement être différentes d’un jeu à un autre). Par exemple, un titre peut être tout à fait exceptionnel et obtenir un “Peut-être” parce qu’il se classe dans un genre de niche qui ne correspondra pas à tout le monde alors qu’un autre pourra s’avérer vraiment moyen et à ne réserver qu’aux puristes du genre ou aux fans inconditionnels (comme dans le cas d’une adaptation par exemple).

– NON (nous ne recommandons pas l’achat de ce jeu). Trop mauvais ou trop cher pour ce qui est proposé.

Nous avons abandonné l’idée des notes, car celles-ci n’aident en rien à faire un choix, avec ce système vous savez si vous pouvez acheter les yeux fermés, s’il faut bien lire le test pour savoir si le jeu peut vous convenir ou s’il faut tout simplement s’enfuir.

  • Nintendo-Difference

    par Draco

    le 14 février 2018 à 16:27

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