Test Nintendo Switch de Fire Emblem : Three Houses – Pass d’extension, lorsque les ombres s’embrasent, les joueurs toussent

Première franchise du catalogue Nintendo à avoir inauguré la pratique des DLC payants – du moins sous leur forme moderne –, Fire Emblem n’est pas forcément celle qui en a toujours montré le meilleur visage. Notamment en raison de la multiplication de contenus, à l’intérêt parfois inégal et jouant sur la nostalgie des fans, dont le tarif cumulé finissait par valoir plus cher que le jeu de base. Si l’annonce d’un pass d’extension pour Fire Emblem : Three Houses avant même la sortie du titre n’a donc surpris personne, sa forme avait néanmoins de quoi attirer un peu l’attention. En effet, contrairement aux épisodes 3DS qui proposaient des DLC à l’unité ou en packs, Nintendo a fait ici le choix d’un tarif unique pour l’intégralité du contenu téléchargeable, ce dernier se dévoilant en plusieurs vagues successives à l’instar de celui d’un Xenoblade Chronicles 2. Avec la sortie, le 13 février 2020, d’Ombres embrasées, l’histoire additionnelle inédite clôturant le pass, le temps est désormais venu de faire le bilan et de tenter de répondre à l’éternelle question. Est-ce que les ajouts concoctés par Intelligent Systems valent bien les 24,99 € demandés ?


Un test rédigé par Kayle Joriin.
 

La brigade des loups

Et pour entrer dans le vif du sujet, autant aborder d’emblée le nouveau scénario qui constitue sans doute l’un des attraits majeurs du pass d’extension depuis son annonce. Se déroulant de manière totalement parallèle à l’intrigue principale et disposant d’ailleurs de ses propres sauvegardes, il va nous permettre de découvrir la face cachée du monastère de Garreg Mach en s’aventurant au sein de l’Abysse, une sorte de ville souterraine où vivent les parias et les indésirables. Accompagné(e) d’un petit groupe de représentants des trois maisons de l’Académie des officiers – à savoir Claude, Dimitri, Edelgard, Linhardt, Ashe et Hilda –, l’avatar va rapidement y faire la connaissance des Loups de cendre, une quatrième maison « fantôme » créée par le très respecté Aelfric, membre de l’Église de Seiros en charge de l’Abysse.

Ce sera l’occasion de découvrir quatre personnages inédits et plutôt charismatiques possédant chacun leur propre classe. Balthus von Albrecht, l’auto-proclamé « Roi de la Castagne », est un bagarreur insouciant dont la tête a été mise à prix. En tant que moine guerrier, il possède à la fois des talents de pugiliste et de guérisseur. Constance von Nuvelle, chevalier pégase noir légèrement bipolaire, est l’héritière d’une famille noble déchue de l’Empire d’Adrestia. Quant à Hapi, il s’agit d’une Walkyrie au passé tragique dont les dangereux pouvoirs lui ont valu d’être cloîtrée au sein de l’Abysse. L’une comme l’autre maîtrisent de puissants sortilèges et bénéficient d’une excellente mobilité. Enfin, Yuri Leclerc est un ancien membre de l’académie renvoyé pour insubordination et dirige désormais les Loups de cendre. C’est un baladin. Autrement dit, un voleur capable d’utiliser la magie.

Changement de rythme

Bien entendu, les fans se seront rendu compte que les classes précitées ne sont pas vraiment nouvelles puisqu’elles sont en fait issues de Fire Emblem : Awakening. Néanmoins, elles constituent un ajout appréciable au catalogue de carrières déjà disponibles et leur utilisation sera en outre indispensable à la progression dans Ombres embrasées, la difficulté étant un cran au-dessus de celle du jeu de base. Tout du moins en mode Difficile, car le mode Expert n’est malheureusement pas (encore) sélectionnable pour l’histoire additionnelle. Pas de quoi bouder son plaisir cependant, et on peut clairement saluer ce petit regain de challenge qui s’explique non seulement par les règles spéciales régissant les différentes cartes traversées, mais aussi par le fait que l’équipe soit prédéfinie et qu’on ne puisse la faire évoluer qu’à la marge.

 

D’aucuns pourront même pester devant l’absence de certaines mécaniques qui faisaient la spécificité et la richesse de Fire Emblem : Three Houses. Il n’est notamment plus question de jouer au professeur, de gérer son calendrier ou de s’adonner à diverses activités au sein de Garreg Mach. Bien qu’on puisse toujours visiter l’Abysse entre deux affrontements, afin d’obtenir des informations auprès des résidents ou de faire ses emplettes, l’expérience s’avère ainsi très dirigiste et ses sept chapitres se parcourent en une petite dizaine d’heures. Ce n’est toutefois pas un mal et le changement d’orientation s’explique parfaitement d’un point de vue scénaristique. En effet, après une première rencontre tendue, notre petit groupe va rapidement se lancer à la recherche du Calice des Origines, antique artefact ayant apparemment le pouvoir de ressusciter les morts. Une quête menée tambour battant dont le rythme n’aurait pas sans doute guère été compatible avec la structure initiale de l’aventure. Du coup, en faire une mini-campagne indépendante était finalement logique.

DLC seul… faible !

Dans l’absolu, si la formule proposée ici s’offre quelques libertés par rapport à son modèle, l’extension reste plaisante à suivre, aussi bien en termes de gameplay que de narration. Et pour ne rien gâcher, diverses fonctionnalités seront progressivement débloquées dans la partie principale, comme la possibilité de recruter les quatre membres des Loups de cendre, d’accéder à leurs classes spéciales (nécessitant un sceau spécifique) ou de bénéficier de services supplémentaires au sein de l’Abysse. Pourtant, il faut également reconnaître que l’histoire demeure assez dispensable à la compréhension globale de l’univers. À tel point d’ailleurs qu’elle n’est pas du tout intégrée dans la trame générale. Les événements du DLC ne s’y étant tout simplement pas déroulés et restant donc confinés à une sorte de réalité alternative, ce qui est plutôt étrange.

Sans en faire un épilogue ou une « vraie route » à la manière de Fire Emblem Fates : Révélation – chose que les développeurs ont de toute manière avoué ne pas vouloir réaliser dans cet épisode –, on se dit ainsi qu’Intelligent Systems aurait pu proposer un peu plus qu’une simple « grosse quête annexe ». Peut-être en prenant exemple sur Monolith Software et sur son « DLC scénaristique » de Xenoblade Chronicles 2 transformé en véritable spin-off méritant largement son prix. Malheureusement, Ombres embrasées n’est pas Torna – The Golden Country, et ne justifie donc pas à elle seule les quelques 24,99 € demandés. Il est donc nécessaire de mettre dans la balance le reste des contenus additionnels, notamment ceux des précédentes vagues, afin de savoir si le compte y est.

DLC ensemble… forts !

On commence tout d’abord avec les ajouts purement cosmétiques que sont les costumes supplémentaires pour l’avatar et son groupe. De quoi compenser quelques rares fautes de goût, même si fondamentalement, on ne peut pas dire que les nouveaux accoutrements soient particulièrement recherchés, ni toujours à propos. D’ailleurs, si une option introduite par la mise à jour gratuite 1.1.0 offre la possibilité à nos unités d’avoir une apparence en combat identique à celle au monastère, l’inverse aurait sans doute été appréciable. En outre, dans la catégorie des bonus assez dispensables, on peut également inclure un lot de cinq objets consommables augmentant certaines statistiques. Pratique, certes, mais de là à monnayer ce genre de choses, il ne faut peut-être pas pousser Solon dans les orties.

Viennent alors des éléments plus intéressants, qui enrichissent le gameplay sans spécialement allonger la durée de vie, car ils ne font guère qu’apporter un brin de variété à des choses déjà existantes. Parmi les quêtes additionnelles disponibles au sein de Garreg Mach, certaines débloquent ainsi des activités inédites. Le sauna permet, par exemple, de se détendre tout en renforçant les liens avec ses alliés. Quant aux nombreux chats et chiens se baladant au sein du monastère, on pourra désormais les nourrir histoire qu’ils nous rapportent des babioles en récompense. Et puis, il y a aussi les fameux services de l’Abysse, avec notamment un magasin proposant divers objets en échange de points de renommée, un mystérieux enseignant nous donnant des appréciations sur l’évolution de nos unités et surtout une voyante pouvant améliorer l’affinité entre deux personnages contre rémunération.

Mais peut-être pas assez…

Enfin, on trouve des choses un minimum consistantes comme de nouvelles armes et escouades, une poignée d’escarmouches supplémentaires, et bien entendu plusieurs personnages jouables dotés de leur propres batailles annexes et de dialogues de soutien afin d’en apprendre davantage sur eux. Outre les quatre membres des Loups de cendre déjà évoqués, disposant donc de leur propre classe, il est notamment possible de s’arroger les services de la célèbre Anna – cette dernière ne possédant en revanche pas de dialogues de soutien. Des ajouts qui, même après avoir terminé la mini-campagne d’Ombres embrasées, sont susceptibles de prolonger l’aventure principale de quelques heures, tout en lui offrant encore davantage de richesse et de variété. À condition évidemment de ne pas avoir déjà écumé le jeu en parcourant l’intégralité des routes disponibles. Auquel cas y revenir pour goûter aux nouveautés aura forcément un peu moins d’attrait.

Difficile pourtant d’être catégorique sur le fait que tout cela vaut bien les 24,99 € demandés. En effet, si le contenu du pass est loin d’être ridicule d’un point de vue purement numérique, l’expérience initiale offerte par le titre d’Intelligent Systems était tellement énorme et variée qu’on se dit que l’apport n’est pas forcément significatif comparé à tout ce que propose déjà le jeu de base. D’autant qu’en parallèle, il a également bénéficié de mises à jour gratuites ayant apporté des fonctionnalités parfois aussi importantes que certaines options payantes. On peut ainsi noter le nouveau niveau difficulté Expert, qui a apparemment demandé pas mal d’équilibrage, mais aussi l’ajout de Jeritza en tant que personnage jouable (dans une seule route, cependant) avec son lot d’éléments scénaristiques associés.

Fire Emblem : Three Houses

Verdict : Peut-être

Sans être au niveau des meilleurs pass d’extension proposés sur Switch, celui de Fire Emblem : Three Houses n’est pas une arnaque et offre une petite campagne annexe sympathique, ainsi que des ajouts intéressants pour l’aventure principale, comme de nouveaux personnages et de nouvelles classes. De là à le recommander sans réserve, il y a toutefois un pas qu’on ne franchira pas. Surtout vu le prix pratiqué. Si l’histoire additionnelle avait été plus longue ou plus ambitieuse, nous aurions sans doute eu moins de scrupules, mais en l’état, on préférera attirer l’attention sur un rapport contenu/prix qui ne satisfera pas tout le monde. Pour les hésitants, on conseillera donc d’attendre une petite promo, même si elles ne sont pas forcément très fréquentes sur les DLC.

LES PLUS : 

+ Une campagne annexe plaisante…
+ Nouvelles cartes plus relevées…
+ Quatre classes additionnelles…
+ Pas mal de petits ajouts…
+ Cinq personnages jouables supplémentaires
+ Quelques fonctionnalités sympathiques

 

LES MOINS :

– … qui n’apporte pas grand-chose scénaristiquement
– … mais pas (encore) disponibles en mode Expert
– … issues de Fire Emblem : Awakening
– … dont certains ne servent à rien
– On aurait aimé que la campagne dure plus longtemps
– Prix un peu élevé

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Le système de verdict de Nintendo-Difference repose sur trois niveaux :

– OUI ! (nous recommandons l’achat de ce titre, peu importe quel joueur vous êtes : vous l’apprécierez, à condition de ne pas être hermétique au genre)

– “Peut-être” (nous recommandons de bien lire le test avant d’acheter le jeu, car il peut ne pas correspondre à tout le monde, et ce pour des raisons qui peuvent largement être différentes d’un jeu à un autre). Par exemple, un titre peut être tout à fait exceptionnel et obtenir un “Peut-être” parce qu’il se classe dans un genre de niche qui ne correspondra pas à tout le monde alors qu’un autre pourra s’avérer vraiment moyen et à ne réserver qu’aux puristes du genre ou aux fans inconditionnels (comme dans le cas d’une adaptation par exemple).

– NON (nous ne recommandons pas l’achat de ce jeu). Trop mauvais ou trop cher pour ce qui est proposé.

Nous avons abandonné l’idée des notes, car celles-ci n’aident en rien à faire un choix, avec ce système vous savez si vous pouvez acheter les yeux fermés, s’il faut bien lire le test pour savoir si le jeu peut vous convenir ou s’il faut tout simplement s’enfuir.

  • Nintendo-Difference

    par Draco

    le 24 février 2020 à 12:06

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