Test Nintendo Switch de Holy Potatoes! A Weapon Shop?!, une main de velours dans une paume de terre

Nourrissante, facile à cultiver et pouvant être cuisinée de mille et une façons, la pomme de terre est assurément la star des tubercules, loin devant la carotte, le panais ou le topinambour. Conscients du caractère quasi divin de la belle solanacée, et aimant manifestement bien déconner, les développeurs de Daylight Studios, basés à Singapour, en ont donc fait l’héroïne de sa série Holy Potatoes ! qui compte déjà quatre épisodes, dont les deux premiers ont été portés sur Switch. Initialement paru en 2015 sur PC et mobiles, Holy Potatoes ! A Weapon Shop ?! est en effet disponible sur l’eShop depuis le 12 juillet 2018 au prix de 14,99 €, ce qui peut paraître un poil onéreux pour un titre fleurant bon le petit jeu de gestion lambda comme on en trouve des dizaines sur l’App Store et Google Play. Il ne faut toutefois pas juger une patate à sa pelure et il est possible que celle-ci ait quelques arguments à faire valoir pour satisfaire les papilles des joueurs doryphores.

 

Un test rédigé par Kayle Joriin.

 


Lundi, des patates

Tout commence lorsque le jeune Patatalata Kartoffel P. Aardappel Papa, alias Patata (ou n’importe quel autre nom qu’on souhaitera lui donner), se voit sollicité par le mystérieux Agent 46 pour reprendre l’atelier de son célèbre grand-père Batata, un légendaire forgeron-patate, aujourd’hui disparu, dont il était l’associé. Enthousiaste à défaut d’être compétent, l’apprenti marchand d’armes va se lancer dans cette nouvelle carrière, même s’il ne dispose apparemment que de 0,01 % du commerce, le reste appartenant à son rusé collaborateur. Il lui faudra dès lors faire preuve d’un minimum de bon sens commercial afin d’éviter la banqueroute et de payer les dividendes régulièrement exigés par l’actionnaire majoritaire de la boutique. Un challenge cependant tout à fait surmontable, car loin de focaliser sur la difficulté, le jeu de Daylight Studios tire d’abord son intérêt de mécaniques simples et addictives, ainsi que d’un univers potache plutôt plaisant. La campagne principale sera notamment l’occasion de croiser une quinzaine de héros légendaires, parodiant des stars du jeu vidéo et de la pop culture comme Luke Skywalker, Kratos ou un surprenant Wolverine façon Rule 63. Mais on pourra également recruter une trentaine de forgerons aux noms tout aussi fleuris, de Laura Craft à Nikola Patatesla, en passant par Batpatate, la patate chauve-souris. L’écriture n’est certes pas un modèle de finesse et de profondeur, néanmoins, les références restent suffisamment amusantes pour nous divertir et casser des routines de gameplay forcément un brin répétitives (c’est le genre qui veut ça).

De manière assez évidente, le business model de la petite affaire va avant tout consister à fabriquer des armes et à les revendre, tout en gérant les nombreux à-côtés. Pour ce faire, on commence par sélectionner un schéma dans le catalogue disponible, qui s’enrichit évidemment au fil de la partie. Différentes catégories sont proposées (dague, arc, épée, hache, etc.) avec une liste des clients potentiels, ainsi que leurs attentes. Chacune de nos créations est en effet caractérisée par des statistiques d’attaque, de vitesse, de précision et de magie. Or, les aventuriers susceptibles de les acheter ont tous leurs petites préférences et les satisfaire permet d’obtenir de meilleurs prix, tout en leur faisant gagner des niveaux plus rapidement. Il faut donc définir ses objectifs, prendre en compte les coefficients modificateurs spécifiques à chaque modèle, puis attribuer les forgerons adéquats aux postes de travail qui correspondent aux attributs que l’on souhaite privilégier. Sachant qu’en fonction de sa classe un forgeron sera plus ou moins compétent sur tel ou tel poste. Il est en outre possible d’enchanter les armes pour leur offrir un bonus ou bien d’améliorer spécifiquement une statistique, quitte à dépenser ses $upramidons (la monnaie locale) afin d’embaucher temporairement un forgeron freelance particulièrement doué.


Mercredi, des patates

Une fois forgées, les marchandises rejoignent le coffre de la boutique avant de pouvoir être acheminées, si nécessaire, vers différents points de vente. Il suffit ensuite de sélectionner les clients auxquels on souhaite vendre nos produits et d’attendre qu’ils reviennent de leurs aventures pour savoir s’ils les ont appréciés. On encaisse alors le paiement, avec d’éventuels bonus de satisfaction, et on recommence la manœuvre. À moins qu’un héros ne vienne directement nous passer une commande spéciale ou qu’on préfère travailler sur des contrats, qui consistent à créer, en un temps limité, une arme disposant de statistiques minimales, pas toujours simples à obtenir. Surtout lorsque notre petite start-up est encore en phase de croissance. Dans tous les cas, il ne faut pas négliger les tâches annexes, comme la collecte de matières premières ou des matériaux nécessaires pour les enchantements. Si les plus basiques peuvent en effet s’acheter au magasin du coin, il sera souvent préférable d’envoyer ses recrues explorer les régions voisines, préalablement débloquées, afin de récupérer des ressources rares. Ces voyages étant également l’occasion de dénicher d’anciennes reliques qui serviront de base à la conception de nouveaux modèles d’armes.

Toutes ces activités permettront à nos subalternes de gagner de l’expérience en tant que forgerons, marchands ou explorateurs, les rendant de plus en plus efficaces dans ces domaines. Il faudra toutefois ménager leur moral en les envoyant régulièrement prendre du repos dans différents lieux de villégiature, car un employé heureux est un employé productif. Et dans la mesure où chacune des actions précitées prend un certain temps, tout l’enjeu du titre consistera donc à gérer les attributions de chacun avec doigté afin d’optimiser le rendement de la forge et de remplir les différents objectifs proposés. Sous réserve de garder suffisamment de trésorerie pour payer ses employés à la fin du mois, on pourra même enrichir petit à petit l’espace de travail, en ajoutant des décorations qui amélioreront l’efficacité du personnel, ou bien en débloquant de nouveaux emplacements sur chaque poste afin d’y affecter davantage de monde. Quant à Patata, il lui sera possible d’encourager ses troupes, seul ou avec l’aide de son chien-patate, qu’il faudra bien entendu nourrir régulièrement.


Vendredi, des patates aussi

Bien qu’assez classiques dans l’absolu, il faut reconnaître que ces différentes mécaniques fonctionnent en pratique plutôt bien. Les tâches s’enchaînent, se répètent, et on ne voit pas vraiment le temps passer, notamment grâce aux petites facéties du scénario. La lassitude finit certes par s’installer au bout d’un moment, lorsqu’une stratégie bien huilée nous fait littéralement rouler sur le jeu et que les nouveaux événements se raréfient. Cependant, il faut une bonne vingtaine d’heures pour en arriver là, ce qui n’est pas honteux pour un titre vendu 15 €. Le DLC « Voyage vers l’Olympe », inclus d’office dans cette version Switch, offrant d’ailleurs quelques heures supplémentaires en compagnie de Tub-Hercule, le héros demi-dieu, demi-patate. Même en matière de réalisation, le résultat s’avère globalement correct, avec des graphismes passe-partout et une bande-son agréable dont les sonorités rappellent la série Suikoden, sur laquelle le compositeur Masahiko Kimura a déjà travaillé.

Au-delà de la répétitivité typique des jeux de gestion, il n’y a donc guère que l’interface un peu trop chargée et pas toujours très ergonomique, qui pourra déranger. Certaines actions s’avérant assez rébarbatives en raison d’étapes intermédiaires inutiles. D’autant que malheureusement, le tactile n’est pas d’une précision folle, à moins de zoomer suffisamment, ce qui fait perdre au passage en visibilité. Cela dit, avec un peu d’entraînement, on finit par s’y faire et on peut alors s’adonner aux joies du commerce sans trop de problèmes. Du coup, bien que l’expérience proposée ne soit pas franchement mémorable, elle reste suffisamment sympathique pour envisager un achat éventuel et regarder le reste la série avec un peu plus de curiosité. Le second volet, Holy Potatoes ! We’re in Space ?!, étant sorti récemment sur Switch.


Conclusion : PEUT-ÊTRE !

Pas franchement révolutionnaire, ni extrêmement profond, Holy Potatoes ! A Weapon Shot ?! reste un jeu de gestion efficace, doté d’une ambiance loufoque multipliant les références et les parodies. Malgré une répétitivité inhérente au genre et une ergonomie clairement perfectible, il est ainsi possible d’y passer quelques heures plutôt agréables à manager consciencieusement sa forge pour satisfaire les clients et gagner un max de $upramidons. Difficile toutefois d’y voir davantage qu’un petit plaisir coupable assez vite oublié, qu’on ne recommandera donc qu’aux plus curieux et aux chasseurs de promotions.

LES PLUS :

+ Mécaniques simples et addictives…
+ Univers amusant
+ Bonne durée de vie
+ Bande-son agréable

 

LES MOINS :

– … mais forcément répétitives
– Interface chargée avec quelques soucis d’ergonomie
– Tactile assez imprécis
– Cela reste de la simulation assez « light » dans l’absolu

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Le système de verdict de Nintendo-Difference repose sur trois niveaux :

– OUI ! (nous recommandons l’achat de ce titre, peu importe quel joueur vous êtes : vous l’apprécierez, à condition de ne pas être hermétique au genre ou à l’univers). Le Oui accompagné du ND Award récompense les titres soit exceptionnels que vous devez acheter quoiqu’il arrive, soit ceux nous ayant provoqué de gros coups de coeur !

– “Peut-être” (nous recommandons de bien lire le test avant d’acheter le jeu, car il peut ne pas correspondre à tout le monde, et ce pour des raisons qui peuvent largement être différentes d’un jeu à un autre). Par exemple, un titre peut être tout à fait exceptionnel et obtenir un “Peut-être” parce qu’il se classe dans un genre de niche qui ne correspondra pas à tout le monde alors qu’un autre pourra s’avérer vraiment moyen et à ne réserver qu’aux puristes du genre ou aux fans inconditionnels (comme dans le cas d’une adaptation par exemple).

– NON (nous ne recommandons pas l’achat de ce jeu). Trop mauvais ou trop cher pour ce qui est proposé.

Nous avons abandonné l’idée des notes, car celles-ci n’aident en rien à faire un choix, avec ce système vous savez si vous pouvez acheter les yeux fermés, s’il faut bien lire le test pour savoir si le jeu peut vous convenir ou s’il faut tout simplement s’enfuir.

  • Nintendo-Difference

    par Draco

    le 17 mars 2019 à 14:05

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  • Sorties :
  • 12 Juillet 2018
  • 12 Juillet 2018
  • Non prévue
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  • 12 Juillet 2018
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  • Non prévue
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