Test Nintendo Switch de La-Mulana 1 & 2, la liberté au prix de l’effort

Si l’on devait définir les grandes tendances que prend le jeu vidéo en ce moment, celle des jeux au look retro, en hommage aux 8 et 16 bits, et celle des remasters ou portages seront sans aucun doute situées dans le haut du tableau. La-Mulana 1 et 2 Hidden Treasures Edition se place justement à cheval sur ces deux créneaux, d’autant plus que le premier épisode était déjà ressorti sur le Wii Ware en 2012. Nigoro nous propose désormais de découvrir ou redécouvrir ce Metroidvania « néo rétro » accompagné de sa suite sur Nintendo Switch. Comme dirait Indiana Jones, c’est le saut de la foi !


Un test rédigé par Goonpay.


Quand faut y aller, faut y aller…

La-Mulana, c’est l’histoire de Lemeza Kosugi, un explorateur armé d’un fouet très semblable à l’aventurier de George Lucas, qui part à la recherche des secrets de la Création. Mais La-Mulana, c’est surtout la reprise d’un concept, d’un hommage aux jeux MSX, à une période où rien n’est vraiment dit, une aventure dans laquelle le joueur est laissé là, à l’abandon, avec une liberté encore plus déconcertante que celle d’un Breath of the Wild.

Le brave homme commence par discuter, avec Xelpud l’Ancien, un vieux sage qui lui explique rapidement qu’il doit se lancer dans l’exploration des mystérieuses ruines de La-Mulana. Pour le reste, on a envie de dire : « démerdez-vous ! » Et c’est exactement ça.

Toute la particularité et le charme de ce Metroidvania est qu’on ne sait jamais vraiment quoi faire, ni comment, ce qui, soyons honnête, en refroidira plus d’un. Mais une fois passé ce cap de l’incompréhension, à la limite de la saturation et du rage quit, il y a aussi ce moment appréciable où l’on parvient, par inadvertance ou par réelle déduction, à débloquer une énigme et à progresser. Progresser oui, mais vers quoi… aucune idée… vers un autre chose qui est encore moins clair.

La-Mulana propose en fait une succession d’énigmes où chaque salle ou presque, détient un petit quelque chose à dénicher ou à activer pour aller plus loin dans l’aventure. Pour s’aider, de petites tablettes, semblables à des pierres tombales sont disposées çà et là, et sont des indications ou des marches à suivre, là encore, pas toujours très explicites. Ces mêmes stèles ne sont d’ailleurs pas toutes lisibles, ou pas immédiatement. Pour les déchiffrer, Lemeza doit d’abord trouver le logiciel à installer sur son ordinateur. Autant dire que vous pouvez déjà passer plusieurs heures à tourner bêtement en rond si, dès le départ, vous n’avez pas acheté le bon objet chez le marchand. Qui plus est, certains objets coûtent cher et n’ont pas une utilisation illimitée ; il faut donc acheter les accessoires en connaissance de cause ou glaner un maximum de pièces sur les ennemis.

L’ordinateur est en fait l’inventaire de notre héros dans lequel on retrouve tout un tas de choses plus ou moins utiles, comme l’équipement, les roms à installer ou encore les mails envoyés par le cher Xelpud qui donnent des indications sur les différentes zones ou actions à effectuer. En effet, les ruines sont découpées en grandes sections que l’on peut visiter librement, car il n’y a pas de chemin tout tracé pour arriver au but dans La-Mulana.

En vérité, seuls deux éléments peuvent contraindre le joueur à faire demi-tour : la mort ou l’absence de l’objet nécessaire pour débloquer le chemin (le bon objet pour vaincre un boss est aussi valable). Toute la difficulté réside donc dans le dénichage des secrets qui permettront d’aller à chaque fois un peu plus loin, certains étant d’ailleurs plus indispensables que d’autres, particulièrement le très utile calice qui offre la possibilité de se téléporter directement sur les points de sauvegarde et gagner un temps précieux, sinon, gare aux allers-retours incessants (surtout pour la fontaine de Jouvence) !


Du père à la fille

Le premier épisode est en fait un portage de celui sorti sur Wii Ware en 2011 (qui était lui-même un remake de l’original datant de 2005). Il n’y a donc pas de changements notables entre cette version et la précédente. Les graphismes en pixel art n’ont pas changé, conservant l’esprit des ruines aux multiples ambiances (eau, feu, plus hi-tech, etc.) et le gameplay rigide n’a pas changé d’un iota.

Les déplacements sont en effet régis par les lois de l’ancienne génération : impossible de contrôler la direction durant un saut, impossible de sauter d’une échelle, un impact avec l’ennemi fera reculer notre héros de quelques blocs, nous projetant régulièrement dans le vide sous un tas de pieux qui n’attendaient que notre corps pour se transformer en brochette pour chauves-souris, tout plein de pièges impossibles à anticiper, équivalant à une mort directe… Les ennemis ont tout de même la délicatesse de ne pas réapparaître tout de suite.

Pour accompagner cette atmosphère mystérieuse et dangereuse, les petites musiques « chiptune » viendront se fondre dans le décor avec une discrétion suffisante pour ne pas agacer et joliment emballer l’ensemble.

La-Mulana 2 reprend exactement les mêmes bases, sauf que cette fois, Nigoro nous place aux commandes de Lumisa Kosugi, la fille de Lemeza, qui part une nouvelle fois dans les ruines de La-Mulana, maintenant transformées en destination touristique, et y rencontre quelques problèmes à cause de « monstres venus des profondeurs ». Si graphiquement le jeu s’étoffe encore un peu plus avec davantage de détails et de variété, des patterns moins répétitifs, l’interface de l’ordinateur qui a pas mal évolué permettant notamment de configurer des sets d’équipement, une fluidité et un contrôle du personnage un peu plus agréables (surtout sur les échelles), la nature même du jeu n’a pas réellement changé et on retrouve exactement les mêmes ingrédients : une aventure non linéaire avec un tas d’énigmes à résoudre, des objets à découvrir, des tablettes à lire, l’utilisation de l’ordinateur, etc. On apprécie tout particulièrement retrouver les différentes zones du 1 et voir les modifications et évolutions dans ce second volet.

La notion de barre de vie n’a pas non plus changé : il n’y a pas d’items pour recouvrer la vie mais il y a ces petites boules vertes qui permettent de charger une barre annexe, qui une fois au maximum, remplit intégralement la barre de vie. Frustrant lorsque celle-ci prend effet alors que l’on est quasiment déjà à fond, bien que cela fasse partie du charme du jeu.

Au final, hormis les améliorations techniques, on ne notera pas de grosses différences entre La-Mulana 1 et 2, et les 20 à 30 heures promises par les développeurs pour chaque titre seront allègrement dépassés, en particulier si vous ne vous intéressez pas à la communauté qui entoure le jeu. La-Mulana est le genre de jeu assez fédérateur où l’on a besoin de l’autre pour se débloquer d’une situation ou pour trouver tel ou tel objet, le genre de jeu où la personne qui dira l’avoir fini à 100 % sans aide pourra être traité de gros mytho !

À noter qu’en plus, le jeu est intégralement en anglais, ce qui ne facilite pas toujours la réflexion car les indices restent toujours flous (le 2 est un peu plus fourni en indications).


Conclusion : OUI !

Détailler plus en profondeur un jeu comme La-Mulana 1 et 2 Hidden Treasures Edition serait se rendre coupable de spoil, car tout l’esprit du titre de Nigoro est clairement là : laisser aux joueurs un sentiment de liberté incroyable avec une progression non linéaire qui est aussi synonyme de forte difficulté et de persévérance. Cette compilation de deux titres néo rétro en a sous la pédale, pour peu qu’on accroche au style old school évidemment ! La-Mulana 1 et 2 Hidden Treasures Edition n’est clairement pas à mettre entre toutes les mains, surtout pas des plus jeunes qui demanderont certainement plus de souplesse dans le gameplay et plus d’indications. C’est un hommage pour les vieux de la vieille, ceux qui aiment fouiner et se creuser la tête, les vrais aventuriers qui ont du temps devant eux pour se lancer dans une quête voguant entre satisfaction et frustration, une petite pépite pour les fans du genre ! Alors même s’il est difficile de le recommander les yeux fermés compte tenu de son caractère « élitiste », ce serait tout de même dommage de s’en priver.

LES PLUS : 

+ Une grande aventure pleine de liberté
+ Un joli équilibre entre sentiment de force et d’impuissance
+ Du néo rétro maîtrisé
+ Deux jeux d’au moins 30 heures chacun

 

LES MOINS :

– La liberté qui peut se transformer en abandon
– Des contrôles « vieille école »
– Version anglaise uniquement

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Le système de verdict de Nintendo-Difference repose sur trois niveaux :

– “OUI !”

Nous recommandons l’achat de ce titre. Peu importe quel joueur vous êtes : vous l’apprécierez, à condition de ne pas être hermétique au genre.

– “PEUT-ÊTRE…”

Nous recommandons de bien lire le test avant d’acheter le jeu, car il peut ne pas correspondre à tout le monde, et ce pour des raisons qui peuvent largement être différentes d’un jeu à un autre. Par exemple, un titre peut être tout à fait exceptionnel et obtenir un “PEUT-ÊTRE…” parce qu’il se classe dans un genre de niche qui ne correspondra pas à tout le monde alors qu’un autre pourra s’avérer vraiment moyen et à ne réserver qu’aux puristes du genre ou aux fans inconditionnels (comme dans le cas d’une adaptation par exemple).

– “NON !!!”

Nous ne recommandons pas l’achat de ce jeu. Trop mauvais ou trop cher pour ce qui est proposé.

Nous avons abandonné l’idée des notes, car celles-ci n’aident en rien à faire un choix. Avec ce système vous savez si vous pouvez acheter les yeux fermés, s’il faut bien lire le test pour savoir si le jeu peut vous convenir, ou s’il faut tout simplement s’enfuir.

  • Nintendo-Difference

    par Draco

    le 17 août 2020 à 10:29

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