Test Nintendo Switch de Ministry of Broadcast, la nouvelle téléréalité made in Staline

Les contre-utopies ont récemment acquis une nouvelle popularité avec le succès de séries comme Black Mirror ou The Handmaid’s Tale. Le jeu Ministry of Broadcast, développé par les Tchèques du Ministry of Broadcast Studio aborde le genre sous un angle particulier. Que se passerait-il si un régime ultra-totalitaire du style Corée du Nord décidait d’organiser une émission de téléréalité qui pourrait être décrite comme une fusion entre Ninja Warrior et les jeux du cirque romains ? Le résultat est un platformer narratif relativement exigeant traitant de thématiques philosophiques sérieuses avec un ton acerbe et cruel et à grands coups de pixels. Est-ce un jeu qui peut aisément trouver un public ? Est-ce un concept intéressant ou les thématiques du jeu sont-elles abordées de manière redondante par rapport à la grande quantité de ressources qui existent dans le genre aujourd’hui ?


Un test rédigé par Skyward.


Goulag Story

Dans l’univers de Ministry of Broadcast, le monde a été séparé en deux par un mur, similaire à celui de Berlin qui a d’ailleurs inspiré les développeurs. De l’un des côtés de cette barrière infranchissable, un régime totalitaire joue sur la volonté de liberté de ses habitants pour produire une émission de téléréalité gargantuesque (du niveau Hunger Games), diffusée au-delà du mur. On propose aux personnes qui le souhaitent de s’inscrire au show de leur plein gré afin de pouvoir passer en cas de victoire de l’autre côté du mur et revoir leurs proches. On incarne donc un jeune homme roux (et sans nom) qui souhaite retrouver la femme de sa vie ainsi que sa famille, et s’inscrit donc à l’émission pour tenter sa chance.

Il est très vite surpris par ce qu’il découvre sur les plateaux, et ce qu’on lui fait faire. Normalement, les participants se voient attribuer le rôle de citoyen rebelle ou de policier du régime, mais pas notre jeune roux. Aucune instruction ne lui est donnée à part celle de traverser tous les jours des plateaux dignes de Takeshi’s Castle, en utilisant les autres gens pour arriver à ses fins si nécessaire.

Un Marx, et ça repart !

Là où le héros pense avoir une liberté, il est de plus en plus conditionné pour agir de manière cruelle et égoïste. Il est également accompagné d’un curieux et bavard corbeau tout au long de l’aventure, qui se moque de lui à chaque décès et le guide dans certaines phases du jeu. Ministry of Broadcast propose des réflexions très intéressantes sur la conscience, la liberté et l’illusion de liberté, le conditionnement, la trahison, les régimes totalitaires, et le ton et l’humour utilisés sont acides, sadiques, et souvent fort efficaces.

Visuellement et musicalement, le jeu est… soviétique, donc très sobre, avec un usage combiné des pixels et de couleurs grisâtres et ternes. Les musiques sont globalement anxiogènes et peuvent se faire extrêmement stressantes dans certaines phases du jeu qui se jouent contre la montre.

Prince of Czechia

Ministry of Broadcast est un platformer 2D en vue de côté assez difficile (rappelant le premier Prince of Persia) qui peut parfois mener à la limite de la folie tant la précision des manœuvres exigée est élevée et tant le héros est humain et pataud. La plupart du jeu est construite sur du pur die & retry où il est impossible de savoir ce qui va tuer le héros avant qu’il se prenne une stalactite de glace dans le crâne ou se fasse dévorer par un chien enragé sorti de nulle part. Heureusement les sauvegardes automatiques régulières avant chaque phase de challenge rendent le défi bien moins pénible. Le joueur doit traverser des secteurs immenses et blindés d’énigmes souvent très ingénieuses. Fuir un alligator affamé, duper des piranhas enragés, sacrifier un ami pour s’en servir comme escabeau ou passerelle, rien ne sera épargné à notre anti-héros.


Exigences sadiques

Certains sauts sont exigeants au pixel près, et quelques phases (heureusement peu nombreuses) de contre-la-montre se jouent à la seconde, les rendant extrêmement stressantes et parfois agaçantes. Le problème étant que le héros, loin d’être souple et agile, a au contraire plutôt tendance à être lent et lourd. Son panel de mouvements est au final relativement limité étant donné qu’il peut juste marcher, courir, sauter et pousser des caisses. Il faut apprendre à bien maîtriser cette maladresse pour éviter de se retrouver la cervelle éclatée sur le béton 100 mètres plus bas. Cependant, la difficulté n’atteint jamais un niveau d’injustice et de frustration où l’on aurait envie d’abandonner, et c’est tout de même une expérience très agréable sur le long terme. De plus, les développeurs ne vont pas tarder à sortir un patch du jeu avec un mode « histoire » rendant les niveaux les plus difficiles beaucoup plus accessibles.

Par ailleurs, il est intéressant de noter qu’il est possible de rejouer tous les niveaux à l’infini, et que le jeu a plusieurs fins possibles (quatre au total), les plus complétionistes pourront en débloquer une secrète en collectant des éléments subtilement disséminés dans tous les niveaux.

 

Conclusion : OUI !

Ministry of Broadcast est un platformer narratif en 2D présentant un niveau d’exigence relativement élevé. Esthétiquement sobre, il est extrêmement riche d’un point de vue philosophique, avec des thématiques très sérieuses abordées à l’aide d’un humour cruel et impitoyable. D’un point de vue gameplay, les énigmes conçues au sein du jeu sont très malines et originales, même si le côté die & retry peut parfois rendre l’ensemble assez frustrant, ce qui sera de toutes façons bientôt corrigé via patch par l’introduction d’un mode histoire plus simple. On reprochera également un anglais obligatoire et une durée de vie un peu courte (de cinq à six heures), même si le prix de 14,99 euros sur l’eShop n’est pas excessif.

LES PLUS : 

+ La narration
+ Les énigmes originales
+ Le concept rafraîchissant
+ L’humour

 

LES MOINS :

– Certains passages de plateforme trop frustrants
– La durée de vie un peu courte
– L’anglais obligatoire

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Le système de verdict de Nintendo-Difference repose sur trois niveaux :

– “OUI !”

Nous recommandons l’achat de ce titre. Peu importe quel joueur vous êtes : vous l’apprécierez, à condition de ne pas être hermétique au genre.

– “PEUT-ÊTRE…”

Nous recommandons de bien lire le test avant d’acheter le jeu, car il peut ne pas correspondre à tout le monde, et ce pour des raisons qui peuvent largement être différentes d’un jeu à un autre. Par exemple, un titre peut être tout à fait exceptionnel et obtenir un “PEUT-ÊTRE…” parce qu’il se classe dans un genre de niche qui ne correspondra pas à tout le monde alors qu’un autre pourra s’avérer vraiment moyen et à ne réserver qu’aux puristes du genre ou aux fans inconditionnels (comme dans le cas d’une adaptation par exemple).

– “NON !!!”

Nous ne recommandons pas l’achat de ce jeu. Trop mauvais ou trop cher pour ce qui est proposé.

Nous avons abandonné l’idée des notes, car celles-ci n’aident en rien à faire un choix. Avec ce système vous savez si vous pouvez acheter les yeux fermés, s’il faut bien lire le test pour savoir si le jeu peut vous convenir, ou s’il faut tout simplement s’enfuir.

  • Nintendo-Difference

    par Draco

    le 16 mai 2020 à 8:47

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