Test Nintendo Switch de Mutant Year Zero : Road to Eden – Deluxe Edition, le canard de l’apocalypse

Si Mutant Year Zero : Road to Eden devait se comparer à une recette de cuisine, le plat obtenu serait un mélange des restes de fond de frigo qui, pris séparément peuvent décontenancer, mais s’ils sont bien dosés, peuvent aussi renouveler les saveurs. Fruit de développeurs échappés de l’imposant Io Interactive et ayant travaillé sur la licence Hitman, ce titre sorti l’an dernier sur les autres plateformes du marché allie jeu tactique au tour par tour à la sauce Xcom, furtivité de l’agent Glatzkopf et licence de jeu de rôle papier scandinave.

Et sur Switch, c’est la bienvenue Deluxe Edition qui sort le premier août, agrémentée des dématérialisés fond d’écran/artbook/règles du jeu de rôle papier, mais aussi de l’inédit DLC Seed of Evil et du mode défi Stalker Trials, venant repositionner les unités de cartes déjà existantes. Après des premiers retours inquiets quant au rendu visuel cracra de cette itération Switch, c’est aussi un patch day one que la console accueille, venant améliorer quelques peu l’expérience… Ah oui, il y a aussi un canard col vert et un phacochère dans le jeu…


Un test rédigé par Chozo.


Copains comme cochons

Mutant Year Zero dépeint un monde post-apocalyptique miné par les changements climatiques extrêmes, une crise économique mondiale et une pandémie meurtrière. Des tensions entre anciennes et nouvelles superpuissances ont éclaté et une guerre nucléaire s’en est suivie. Rien que ça. Bien des années plus tard, le calme est revenu. Désormais, le vent balaie les rues désertes transformées en cimetières et la nature a retrouvé ses droits sur les villes en ruine. Véritable cas d’école sociologique, ce monde meurtri n’est plus que composé d’une poignée d’humains survivants, mais surtout de mutants en tous genres, d’animaux difformes et d’humanoïdes chelous, ayant trouvé refuge dans l’Arche, ce qu’ils considèrent tous comme un havre de paix, prétendument à l’abri du danger.

Comme précisé plus haut, le joueur sera dès le début au contrôle de deux des personnages principaux, Dux, un canard et Bormin, un phacochère, tous deux mutants et donc dotés de parole. L’attention apportée à l’écriture des dialogues entre ces combattants improbables témoigne d’ailleurs du gros point fort du titre, avec la cohérence des situations, la crédibilité de l’ensemble de l’univers présenté et la richesse du background général des créatures croisées. Pour découvrir le fond de chaque histoire, il faudra cependant faire l’effort de retourner régulièrement à l’Arche, qui constitue le hub du jeu, et lire avec patience les nombreuses discussions optionnelles et contextuelles, se dévoilant en fonction des actions menées dans les phases d’exploration et de bataille.

Si cette édition Switch, même post patch, pique les yeux avec un downgrade amélioré, mais au rendu toujours bien loin des autres machines, et des chutes de framerate héritées des anciennes versions, force est de constater que la direction artistique est quant à elle d’excellente facture. Au milieu d’un rendu un peu scintillant et un peu flou, l’atmosphère générale, les effets de lumière et la richesse de l’univers permettent ainsi, même sur Switch, d’inciter le joueur à découvrir ce monde, dans une mécanique essentiellement propice à l’exploration.


Duck Duck Go

En effet, il est ici avant tout question de fouiller le monde entourant l’Arche, un monde portant le nom de Zone et découpé en petites cartes dans lesquelles il faudra récolter un maximum de ressources nécessaires à l’amélioration de l’équipement, l’achat d’objets de soin, de défense et d’attaque, ou encore acquérir des compétences une fois revenu au hub. L’accent est cependant bien mis sur le fait que la Zone est un endroit très dangereux, puisque le jeu poussera rapidement à s’enfoncer dans les paysages irradiés et rencontrer de nombreux ennemis, certains croisés très tôt ayant un niveau bien trop élevé pour être directement attaqués et qu’il faudra donc contourner discrètement.

En mode infiltration, que ce soit en pleine bataille ou simplement pour éviter des ennemis, chaque groupe adverse est entouré de périmètres blanc et rouge de manière à indiquer l’étendue de ses capacités de détection. Ces sessions furtives sont au cœur du gameplay de Mutant Year Zero. En cherchant à réduire au maximum la visibilité du groupe contrôlé, notamment en éteignant toute source de lumière et en s’accroupissant par la pression d’un simple bouton, cette technique sert surtout à réduire d’emblée bon nombre d’ennemis à tuer, en s’attaquant aux éléments plus isolés avant d’entrer droit dans la bataille tactique, appelée combat classique.

Attention cependant, le bruit de certaines armes alertera à coup sûr l’adversaire, tout comme la résistance aux attaques des ennemis visés, qui pourraient riposter lors de leur tour et alerter leurs camarades, mettant automatiquement fin aux sessions d’infiltration. Bien plus intéressante et plus tendue qu’en mode combat classique, cette mécanique d’attaque discrète est également grandement encouragée pour dégrossir les troupes ennemies, vu leur force de frappe et leur résistance. Un vrai déséquilibre par rapport au groupe commandé par le joueur se ressent rapidement, le forçant à commencer par la méthode douce avant de passer au feu et au sang.

C’est pas ma guerre

Malheureusement, ce qui devrait être le climax de chaque session de jeu est finalement ce qui est le moins réussi dans Mutant Year Zero. Bien trop classique et très proche d’un X-Com, bien moins fun et rythmé qu’un Mario vs Lapins Crétins, le jeu propose les habituelles possibilités quant aux armes à courte, moyenne et longue portées, mais aussi les éléments destructibles permettant de se mettre momentanément à couvert. Manquant cruellement de patate et de prise de risque, mal équilibrés en termes de difficulté, ces sessions accusent même une gestion étrange des expositions des combattants. En effet, un simple panneau, un arbre, n’importe quel élément protégera très souvent l’adversaire qui ne subira qu’une partie des dégâts, tandis que celui-ci fera moucha à coup sûr sur ce pauvre canard.

En outre, c’est la lisibilité qui pose également problème, avec quelques fois bien trop d’informations à l’écran pour ne pas se tromper, effectuer un déplacement non désiré ou oublier un objet protégeant la cible. Tout cela vient ternir un peu une aventure qui, de plus, semble relativement courte, l’histoire principale se terminant en une douzaine d’heures (mis à part les nombreuses morts dues à la négligence dans la furtivité ou aux problèmes évoqués ici). Avec ses batailles frustrantes, Mutant Year Zero se rattrape un peu dans les améliorations de niveau et l’arbre de compétences.

Parce qu’il s’agit tout de même de contrôler des mutants, il parait naturel de les faire évoluer. En utilisant les points de compétence déverrouillés à chaque gain de niveau, chaque personnage pourra voir son rôle transformé. Attributs, gain de niveau de santé, capacités nouvelles, de nombreux éléments sont déblocables, comme des ailes Moth (utiles pour atteindre des zones en hauteur) ou un nuage de spores qui balance la sauce à chaque dégât subi. Il faudra par ailleurs rapidement sélectionner un troisième acolyte en plus de Dux et de Bormin. Parmi les trois autres personnages, chacun possède ses propres capacités de mutation et de compétences passives, comme Farrow le renard, capable de franchir de plus grandes distances. Pourtant, ces mutations semblent également déséquilibrées au bout d’un certain temps, puisque la progression s’améliore très facilement au bout de plusieurs compétences acquises, rendant le groupe de personnages bien plus puissants d’un seul coup.

 

Conclusion : PEUT-ÊTRE !

Profitant d’une écriture et d’une cohérence d’univers de grande qualité, Mutant Year Zero : Road to Eden – Deluxe Edition se parcoure avec plaisir et intérêt, malgré une version Switch aux rendus techniques revus à la baisse, même après un patch qui fait éviter la catastrophe. Cependant, l’aventure s’avère aussi bien scénarisée que ses phases de bataille sont génériques. Peu de prises de risque, court en ligne droite et mal calibré, ce qui devrait incarner l’essence même du titre est finalement le moins réussi, surtout que l’ensemble manque clairement de moments forts et de dynamisme. Dommage, d’autant plus que les phases de discrétion sont quant à elles très bien maîtrisées, et procurent paradoxalement les meilleurs moments de tension. La guerre, c’est plus c’que c’était.

LES PLUS : 

+ Un univers riche et prenant
+ Des personnages bien écrits et attachants
+ Les phases d’infiltration maîtrisées
+ Une direction artistique qui fait le café
+ Le DLC inclus qui prolonge l’expérience

 

LES MOINS :

– Pas joli joli sur Switch
– Le framerate un peu sautillant
– Le côté tactical vu et revu
– Manque de patate général
– Finalement assez court


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Le système de verdict de Nintendo-Difference repose sur trois niveaux :

– OUI ! (nous recommandons l’achat de ce titre, peu importe quel joueur vous êtes : vous l’apprécierez, à condition de ne pas être hermétique au genre)

– “Peut-être” (nous recommandons de bien lire le test avant d’acheter le jeu, car il peut ne pas correspondre à tout le monde, et ce pour des raisons qui peuvent largement être différentes d’un jeu à un autre). Par exemple, un titre peut être tout à fait exceptionnel et obtenir un “Peut-être” parce qu’il se classe dans un genre de niche qui ne correspondra pas à tout le monde alors qu’un autre pourra s’avérer vraiment moyen et à ne réserver qu’aux puristes du genre ou aux fans inconditionnels (comme dans le cas d’une adaptation par exemple).

– NON (nous ne recommandons pas l’achat de ce jeu). Trop mauvais ou trop cher pour ce qui est proposé.

Nous avons abandonné l’idée des notes, car celles-ci n’aident en rien à faire un choix, avec ce système vous savez si vous pouvez acheter les yeux fermés, s’il faut bien lire le test pour savoir si le jeu peut vous convenir ou s’il faut tout simplement s’enfuir.

  • Nintendo-Difference

    par Draco

    le 29 août 2019 à 11:10

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  • Sorties :
  • 30 Juillet 2019
  • 30 Juillet 2019
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  • 30 Juillet 2019
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