Test Nintendo Switch de The Messenger, entre tradition et modernité

Faute de temps et de main d’œuvre, il arrive que certains titres passent sous notre radar. Dans cette session rattrapage, nous nous attaquons au cas de The Messenger. Signé Sabotage Studio et publié par Devolver Digital il y a désormais un peu plus d’un an, l’action-platformer québécois s’est vu agrémenté d’un DLC gratuit le 11 juillet dernier ; une excuse amplement suffisante pour se plonger, enfin, dans l’aventure. Disponible sur le Nintendo eShop au prix de 19,99 €, mais également sur PC, Xbox One et PlayStation 4, le titre place le joueur dans la peau d’un jeune ninja prêt à tout pour sauver son village d’une horde de démons. L’avenir de son peuple, mais aussi de la Terre tout entière, dépend entièrement de lui !


Un test rédigé par Kalimari.


Mène le parchemin par ce chemin

Chez les indépendants qui tentent le néo-rétro, on a souvent tendance à souligner la présence d’un scénario anecdotique, pour ne pas dire inexistant. C’est que, chez ceux-là, la narration n’a qu’une place très secondaire ; vous, le héros, devez sauver le monde ou l’élu(e) de votre cœur. C’est simple, basique. L’intérêt de ces jeux est ailleurs, notamment dans leurs mécaniques de gameplay ou leur level design millimétré. Difficile de leur en vouloir, donc : on aurait même tendance à les remercier de ne pas nous imposer leurs longues et futiles palabres. Trompeur de prime abord avec son apparence toute en 8 bits, The Messenger fait pourtant exception à la règle. Dès son arrivée, le joueur est assailli de dialogues qui, entre deux tutoriels, établissent le contexte du monde exploré. Une narration imposée et assez longuette qui s’étend au-delà de l’introduction, notamment avant et après chaque combat de boss ou l’obtention inévitable d’un nouvel objet. Ces derniers peuvent par ailleurs être récupérés dans les nombreuses échoppes qui parsèment le level design ; les plus curieux pourront taper la discussion avec le boutiquier, qu’il s’agisse d’en apprendre plus sur la région traversée, le boss à venir, ou tout simplement pour écouter des petites histoires à morale.

Une narration facultative s’ajoute donc à celle imposée, de quoi surprendre le public habitué. The Messenger peut se montrer bavard, il est vrai, mais l’est toujours avec justesse et qualité. À cette occasion, on ne peut que vous recommander de vous montrer curieux et attentif chez le boutiquier, tant les boîtes de textes recèlent d’informations liées au lore du titre, mais aussi de traits d’humour savamment dosés. The Messenger étonne encore plus que quiconque à ce petit jeu, puisqu’il enchaîne comique de situation, de mots, de caractère, de répétition et même de geste – un jeu 8 bits, pour rappel – avec un rythme soigné. Outre quelques références bien placées, peu nombreuses et jamais trop insistantes, le titre surprend en brisant le quatrième mur. Vous pensiez être proche de la fin du jeu ? C’est que vous n’avez pas regardé la bande-annonce de The Messenger, vous répondra certainement le boutiquier. Des exemples comme ça, il y en a des tas. Au final, si elle peut paraître intrusive, la narration se révèle essentielle au fil des heures. Et si on peut sauter tous les dialogues pour profiter pleinement de l’action, ce serait passer à côté de tout ce qui fait le charme du jeu.

Retour vers le passé

Car, accrochez-vous bien, l’histoire elle-même joue un rôle important pour le jeu tout entier. Difficile d’en dévoiler trop sans divulgacher le plaisir de la découverte, mais il faut savoir qu’au bout d’un certain temps, alors que la fin de The Messenger semble pointer le bout de son nez, le scénario offre un twist inattendu et absolument génial. Ce twist, s’il change la perception du joueur vis à vis du scénario, de ses personnages et de ses enjeux, modifie également toute la structure du titre de Sabotage Studio ! Le héros, désormais capable de voyager dans le futur, voit son monde complètement métamorphosé : les graphismes en 8 bits dignes de la NES laissent place à de la glorieuse 16 bits d’une production Mega Drive, tout comme les sonorités passent de la machine de Nintendo à celle de SEGA. Le level design, jusqu’alors très dirigiste, présente des différences en libérant la voie de certains passages, tout en entravant d’autres. Le simple action-platformer se rapproche ainsi du Metroidvania, intégrant la notion de backtracking (retourner sur ses pas), de pouvoirs essentiels pour passer divers types d’obstacles et de collectibles disséminés ici et là.

S’il est possible de terminer The Messenger en moins de dix heures en ligne droite, mieux vaut en compter deux de plus pour le compléter à 100 %. Une durée de vie honorable, laquelle peut être prolongée par des New Game Plus cumulatifs. Les monstres y ont plus de vie, les morts se révèlent plus punitives, mais le joueur dispose de – presque – toutes ses améliorations acquises ; des griffes pour escalader les parois, des tabis pour courir sur l’eau ou la lave, un kunaï à corde pour s’agripper et se propulser en avant ou encore la cape voilée pour planer. En plus de cette panoplie d’équipements, le joueur pourra user de son entraînement passé pour effectuer le « saut du nuage », à savoir la mécanique de jeu principale : lorsqu’il donne un coup de ninjat? à une lanterne, un ennemi ou un projectile, le héros peut effectuer un nouveau saut. Le nombre de sauts possibles est ainsi potentiellement infini, pour peu que le joueur dispose d’un corps à trancher. Enfin, le joueur devra collecter moult cristaux pour acheter des améliorations chez le boutiquier, comme augmenter sa défense, ses points de vie, son nombre de shurikens ou encore la possibilité d’afficher les collectibles sur la carte et de réduire la taxe de Kazimodo.

Opération « Ninja »

Kazimodo ? C’est le petit démon-gardien qui prend soin du Messager, lui évitant de mourir à chaque échec. Comme il aime à le rappeler, il ne fait pas ça par altruisme, mais bien pour se remplir les poches ! Lors de chaque « mort », le joueur revient au dernier point de sauvegarde, comme si rien ne s’était passé. Malheureusement pour lui, chaque cristal engrangé part directement dans la panse de Kazimodo, jusqu’à ce qu’il soit repu ou qu’il en ait marre. Ainsi, chaque échec ralentira le joueur dans la progression de ses améliorations. The Messenger n’hésite pas à afficher son nombre de « morts » ou de cristaux perdus tout en lui adressant une petite pique ; une expérience à contre-pied de la sympathie dégagée d’un Celeste. Pourtant, contrairement à ce dernier, la difficulté générale de The Messenger se montre bien plus abordable. S’il propose un repop de ses monstres à chaque fois qu’ils quittent l’écran de jeu actif ou encore des épreuves demandant une certaine dextérité, il est tout à fait possible d’y venir à bout sans pour autant être un dieu de la manette. À ce titre, les boss se révèlent finalement bien trop faciles, malgré leurs chouettes patterns ; un ou deux essais suffiront sur la majorité d’entre eux.

Le joueur pourra également regretter le manque de variété du bestiaire, lequel se limite souvent à trois ou quatre ennemis par zone, certains d’entre eux répondant à l’appel sur l’ensemble des régions parcourues. Avec la difficulté des boss, il ne s’agit là que du seul défaut qu’on peut réellement pointer, tant le reste de la production est brillant. Qu’il soit en 8 ou 16 bits, le pixel-art de The Messenger est magnifique ; la direction artistique, riche en variété, aussi. En portable ou sur télévision, le voyage est un petit plaisir, notamment grâce à une maniabilité quasi sans faille, à l’exception près du kunaï à corde et de sa hitbox parfois discutable. Finalement, outre son scénario audacieux, The Messenger restera dans les mémoires de beaucoup grâce à son level design et sa bande-son. Si les premières heures ne sont pas les plus exaltantes, une fois le twist scénaristique passé, alterner continuellement entre présent et futur se révèle tout bonnement bluffant. Quant à la musique, fantastique, on la doit à Rainbowdragoneyes ; toutes ses pistes sont énergiques et incroyablement entraînantes. Les bruitages, comme la bande-son, sont en version 8 et 16 bits et respectent les sonorités propres à la NES et la Mega Drive, notamment le son métallique si particulier de la machine de SEGA.


Sur la plage abandonnée, Barma’thäzel et coups d’épée

À cette aventure fantastique s’ajoute donc « Picnic Panic », un DLC gratuit uniquement jouable si vous avez fini l’histoire du jeu de base. Dans celui-ci, le Messager est invité par le boutiquier à sauver un univers parallèle, sur l’île de Voodkin. Plages de sable fin, volcan ardent et jungle tropicale sont donc à prévoir au programme de cette excursion estivale. Dès son introduction, le DLC ne lésine pas sur la variété de situations et de gameplay à explorer, comme dans le jeu de base. Là où The Messenger apportait un vent de fraîcheur avec des phases de shoot’em up, Picnic Panic lui, n’hésite pas y incorporer du surf à obstacles (à la manière du niveau Turbo Tunnel de Battletoads), ou encore du jeu de boxe façon Punch-Out!!. On appréciera l’humour qui, lui aussi, continue d’être toujours aussi présent, notamment grâce au boutiquier. Toutefois, impossible de ne pas trouver la narration en deçà, laquelle parvient même à recycler un boss et sa cinématique de victoire. Au fond, qu’importe, puisqu’il est bon de rappeler que Picnic Panic est entièrement gratuit. Une gratuité qui demande près de trois heures pour être bouclée à 100 %, de quoi relativiser quand on voit certaines pratiques commerciales se faisant ailleurs. Dans un cas comme dans l’autre, s’il n’est pas indispensable, ce DLC reste le bienvenu et laisse espérer un potentiel The Messenger 2 pour le futur.


Conclusion : OUI !

The Messenger est un excellent jeu. Peut-être pas le meilleur, ni même le plus marquant de sa génération, il est vrai. Toutefois, le titre de Sabotage Studio est tellement soigné qu’on ne peut que vous le recommander, ne serait-ce que pour son scénario. Drôle, beau, étonnant et disposant d’une bonne durée de vie avec son DLC gratuit, le jeu peut également se targuer de posséder une bande-son incroyable. En un mot comme en cent, entre deux gros morceaux ou même en guise de titre principal, The Messenger est à faire, aujourd’hui même ou dans dix ans. Le temps n’est qu’une donnée, mais le plaisir procuré lui, est inquantifiable.

LES PLUS : 

+ Le scénario et son twist, tout bonnement géniaux
+ Une bande son de haute volée
+ C’est beau en 16 bits ET en 8 bits
+ Un level design terriblement bien pensé
+ Une difficulté abordable, mais pas gratuite
+ Agréable à contrôler
+ Mode portable au top
+ Aucun soucis technique

 

LES MOINS :

– Un bestiaire peu fourni
– Des boss trop faciles

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Le système de verdict de Nintendo-Difference repose sur trois niveaux :

– OUI ! (nous recommandons l’achat de ce titre, peu importe quel joueur vous êtes : vous l’apprécierez, à condition de ne pas être hermétique au genre)

– “Peut-être” (nous recommandons de bien lire le test avant d’acheter le jeu, car il peut ne pas correspondre à tout le monde, et ce pour des raisons qui peuvent largement être différentes d’un jeu à un autre). Par exemple, un titre peut être tout à fait exceptionnel et obtenir un “Peut-être” parce qu’il se classe dans un genre de niche qui ne correspondra pas à tout le monde alors qu’un autre pourra s’avérer vraiment moyen et à ne réserver qu’aux puristes du genre ou aux fans inconditionnels (comme dans le cas d’une adaptation par exemple).

– NON (nous ne recommandons pas l’achat de ce jeu). Trop mauvais ou trop cher pour ce qui est proposé.

Nous avons abandonné l’idée des notes, car celles-ci n’aident en rien à faire un choix, avec ce système vous savez si vous pouvez acheter les yeux fermés, s’il faut bien lire le test pour savoir si le jeu peut vous convenir ou s’il faut tout simplement s’enfuir.

  • Nintendo-Difference

    par Draco

    le 6 octobre 2019 à 8:33

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  • 30 Aout 2018
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