Test Nintendo Switch de X-Morph : Defense, le mélange de tower defense et de shmup original et générique à la fois

Imaginons Independance Day sans happy end, sans Will Smith et son acte de bravoure contractuel, avec une armée d’aliens parvenant à envahir et à dominer notre planète. Cette image, c’est celle dépeinte par l’hybride mi-tower defense, mi-shoot them up X-Morph : Defense, qui donne en plus au joueur l’occasion sadique d’incarner cette fois les méchants envahisseurs. Venant apporter un peu de singularité dans un style largement surexploité, le titre d’EXOR Studio au nom digne d’un Megazord des Power Rangers et déjà sorti sur l’ensemble des plateformes concurrentes en 2017, débarque sur Switch dans une version étrangement adaptée à la console semi-portable de Nintendo.


Un test rédigé par Chozo.


Premier Contact

Sans prévenir, les extraterrestres, les X-Morph, font rentrer dans l’atmosphère des architectures étranges venant s’écraser sur différents sites partout dans le monde, extrayant les ressources naturelles de la planète. Charge aux armées autochtones de contrecarrer cette initiative, et charge au joueur, membre des entités agressant la Terre, de protéger le cœur de la structure alien, et ce en épousant trois stratégies différentes : monter des tourelles de défense pour détruire les hordes de machines de guerre envoyées par les humains, barrer leur route en faisant en sorte que le chemin emprunté pour attaquer ce cœur soit le plus long et périlleux possible, et aller directement au charbon avec son propre vaisseau pour détruire les véhicules parvenant tout de même à s’extirper des pièges placés stratégiquement sur la carte. Voilà le scénario qui ne gonflera pas de toute l’aventure, mais l’impact d’une telle approche se ressent très vite. Dès les premières missions, il est en effet surprenant de voir comment ce renversement de rôle, certes déjà vécu sur d’autres titres, devient rapidement jouissif en étant responsable de la domination du monde tout en entendant les humains vociférer et manifester leur panique et leur peur. Chaque explosion de char ennemi se traduit par un sentiment de satisfaction, prouvant l’empathie du joueur pour ces monstres aliens.

Les cartes sont généralement composées de plusieurs vagues d’ennemis déclenchées en appuyant sur +, signalant aux humains que les aliens sont prêts à les accueillir. Bien qu’il soit expliqué au début du jeu que les pays concernés par les attaques ont nommé un général spécifique pour diriger la contre-offensive dans le monde entier, il est décevant qu’EXOR Studios ait décidé de ne s’en tenir qu’à un seul protagoniste, plutôt que de voir chaque pays de se battre dans la langue locale. Entendre le même homme évoquer sa stratégie sur tous les champs de guerre réduit un peu l’impact d’une sensation de destruction mondiale.

E.T défoncer maison

X-Morph : Defense est donc un mélange de genres plutôt réussi, consistant à organiser la protection du noyau d’extraction contre de multiples vagues de chars, d’avions de chasse et de nombreux autres véhicules ennemis, ce en deux phases. La première consiste à construire les tourelles attaquant automatiquement les assaillants qui entreront dans leur champ de tir, tout en les plaçant de manière à créer des barrages constitués de lasers, engendrant l’allongement maximum du chemin menant l’ennemi à son objectif. Le nombre de tourelles disponibles dépend des ressources cumulées en cours de combat, grâce à la destruction des machines ennemies, ou à l’exploitation des richesses du sous-sol de la zone envahie. En consommant ces ressources, des tours améliorées pourront être installées, telles que les missiles anti-aériens, des dispositifs de tirs lointains ou des lance-flammes. Libre au joueur de placer ses bâtiments de guerre où bon lui semble, mais le nombre limité de tours disponibles fera appel à son observation et à sa logique, heureusement non dépendantes du temps, puisque cette phase bénéficie d’une durée illimitée, permettant d’envisager toutes les options.

Les chemins empruntés par les ennemis étant clairement affichés sur la carte pendant cette phase, déterminer les itinéraires les plus longs s’avère aisé, d’autant plus qu’après avoir placé les barrages, les chemins modifiés sont également indiqués. Bien entendu, il n’est pas possible d’empêcher totalement l’ennemi de passer, mais cette limite est cependant maladroitement gérée par le jeu, puisque la clôture sera immédiatement supprimée si elle bloque définitivement la progression des humains, sans attendre que le joueur puisse organiser leur itinéraire d’une autre manière. Le contrôle n’est donc pas total.

Space Invaders

Dans la seconde phase, c’est l’action qui prévaut, même s’il est toujours possible de se mettre en mode « fantôme » en pleine bataille, un mode où le joueur devient invulnérable et peut déplacer ou créer de nouvelles défenses grâce aux ressources accumulées. La spécificité de X-Morph Defense se trouve en fait dans cette deuxième partie de la session, puisqu’au contraire des tower defense habituels, il ne sera pas question de simplement observer les installations militaires faire leur boulot et détruire les vagues ennemies. Le vaisseau de l’utilisateur permet ici de survoler librement la carte pour tirer manuellement et en temps réel sur les véhicules dans les lieux nécessitant une protection supplémentaire.

Le jeu se transforme ainsi en twin stick shooter plutôt hardcore, un joystick permettant de se déplacer, l’autre de tirer en orientant l’attaque dans la direction voulue. Le vaisseau peut aussi lancer une attaque spéciale en restant appuyer quelques secondes sur Zr et ainsi détruire d’un coup plusieurs entités du camp adverse. La courbe de difficulté augmente rapidement au fur et à mesure que les missions avancent, entraînant des sessions stressantes et bordéliques à un tel point qu’il est souvent très compliqué de passer en mode fantôme pour déplacer, modifier ou construire de nouveaux dispositifs de défense. La préparation en première phase est donc primordiale, notamment lors des dernières vagues de chaque territoire attaqué, souvent ponctuées par un boss destructeur prenant la forme d’un mecha géant.

Le vaisseau bénéficie en outre de mises à niveau progressives, offrant une puissance de feu supplémentaire. C’est en combat que le joueur accumule des points pour débloquer les améliorations et les nouvelles armes de son vaisseau, mais également les nouveaux types de tourelles. Avec environ dix à douze mises à niveau par catégorie, les améliorations demeurent régulières et suffisamment impactantes pour varier le jeu et proposer différentes stratégies d’attaque frontale. Ce gameplay combiné produit finalement des combats exaltants et chaotiques, obligeant à équilibrer à la fois tirs et gestion de développement. Le tout se déroule dans un rythme ultra soutenu, d’autant plus que le portage sur Switch ne souffre d’aucun ralentissement, même en cas d’affichage de multiples véhicules. Différents niveaux de difficulté rendent cependant le jeu accessible à un grand nombre, même les moins habitués au genre, avec un niveau tout de même déjà plutôt corsé en mode normal.


X(eno)Morph

Avec la multiplication des chemins empruntés par les vagues successives de véhicules humains, les armes spécifiques obtenues via l’amélioration du vaisseau et des tours s’avèrent rapidement indispensables, puisqu’il faudra dans certains cas plutôt privilégier le ralentissement des machines terrestres avec des tirs rapides adaptés, qui ne le seront pas forcément contre les avions et bombardiers. Le jeu, ou plutôt le général alien, indiquera ponctuellement quel dispositif convient le mieux à chaque situation. Mais ces indications peuvent très difficilement se suivre en cours de combat, la faute des sous-titres français (oui, le jeu n’est doublé qu’en anglais) aux caractères bien trop petits. Cela engendre de franches tranches de frustration, amenant le joueur à recommencer une partie plusieurs fois, chaque défaite faisant perdre souvent plus d’une demi-heure de jeu. En outre, si le titre est bien adapté à la portabilité de la Switch, difficile de ne pas avouer qu’un combo clavier/souris reste une configuration idéale pour ce type de jeu, d’autant plus que le tactile n’est ici pas exploité, une hérésie, notamment en ce qui concerne les phases de préparation aux attaques. Par ailleurs, même si graphiquement parlant X-Morph : Defense s’avère magnifique sur Switch, notamment dans le visuel des gros boss et des bâtiments destructibles, force est de constater que les cartes, prétendument basées sur des pays différents, ne se distinguent aucunement les unes des autres et comportent peu de points de repère. Les configurations et les agencements des cartes en labyrinthe à chemins multiples sont évidemment bien conçus du point de vue stratégique en temps réel, mais restent horriblement génériques.

Enfin, et malgré le concept astucieux du titre, le joueur constatera que ses prémisses s’essoufflent au fil de l’aventure. Avec ses quatorze cartes (dont seulement neuf sont nécessaires à boucler pour finir le jeu en ligne droite), chacune composée de cinq à sept vagues, totalisant environ 30 à 45 minutes de combat par localisation, le jeu demeure finalement assez court avec une dizaine d’heures au total pour l’ensemble des lieux à envahir. Il y a bien un mode Survie dans lequel il s’agit de résister le plus longtemps possible aux vagues successives, mais celui-ci ne fait qu’augmenter ce sentiment de redondance. Il y a aussi ces trois DLC, mais reste à savoir si le joueur souhaite prolonger l’expérience en sachant pertinemment ce qui l’attend. Mais, surtout, il n’y a pas ce mode coopération locale, étrangement absent sur la console hybride, alors qu’il est proposé sur les autres plateformes. Incompréhensible pour une machine justement pensée pour inciter à partager les Joy-Con. Cette version Switch, sortie 18 mois après sa disponibilité ailleurs, est-elle une superior version ? Manifestement non.


CONCLUSION : PEUT-ÊTRE !

X-Morph : Defense associe efficacement le gameplay stratégique du tower defense au twin stick shooter exaltant, c’est une évidence. Le rendu visuel de qualité, les possibilités d’amélioration multiples et le fait de se satisfaire de la destruction du monde en incarnant les méchants envahisseurs, donnent un côté jouissif à l’ensemble, assurant des combats dynamiques et joyeusement bourrins. Mais trahi par son genre, le jeu ne parvient pas à intéresser sur la durée, notamment dans son côté ultra générique des cartes, des missions répétitives et dans le manque d’effort quant à l’adaptation de ses fonctionnalités à la Switch, pourtant dotée de tout ce qu’il faut pour en faire une expérience satisfaisante. Pas de tactile, des consignes aux textes souvent illisibles, pas de mode coopération, non c’est trop. Décidément, l’humanité mériterait parfois une petite attaque alien pour se remettre en question.

LES PLUS : 

+ Une combinaison de genres audacieuse
+ Graphiquement au top
+ Une adaptation techniquement irréprochable sur Switch
+ Des combats grisants
+ Cette satisfaction d’être dans le camp des méchants..

 

LES MOINS :

– L’archétype de la redondance
– Court dans son mode campagne
– Les textes trop petits en pleine action
– Les cartes génériques
– Pas de mode coop ?

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Le système de verdict de Nintendo-Difference repose sur trois niveaux :

– OUI ! (nous recommandons l’achat de ce titre, peu importe quel joueur vous êtes : vous l’apprécierez, à condition de ne pas être hermétique au genre ou à l’univers). Le Oui accompagné du ND Award récompense les titres soit exceptionnels que vous devez acheter quoiqu’il arrive, soit ceux nous ayant provoqué de gros coups de coeur !

– “Peut-être” (nous recommandons de bien lire le test avant d’acheter le jeu, car il peut ne pas correspondre à tout le monde, et ce pour des raisons qui peuvent largement être différentes d’un jeu à un autre). Par exemple, un titre peut être tout à fait exceptionnel et obtenir un “Peut-être” parce qu’il se classe dans un genre de niche qui ne correspondra pas à tout le monde alors qu’un autre pourra s’avérer vraiment moyen et à ne réserver qu’aux puristes du genre ou aux fans inconditionnels (comme dans le cas d’une adaptation par exemple).

– NON (nous ne recommandons pas l’achat de ce jeu). Trop mauvais ou trop cher pour ce qui est proposé.

Nous avons abandonné l’idée des notes, car celles-ci n’aident en rien à faire un choix, avec ce système vous savez si vous pouvez acheter les yeux fermés, s’il faut bien lire le test pour savoir si le jeu peut vous convenir ou s’il faut tout simplement s’enfuir.

  • Nintendo-Difference

    par Draco

    le 28 février 2019 à 15:33

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