Test Nintendo Switch de Yet Another Zombie Defense HD : je ne suis pas une légende

Quand on est développeur de jeu vidéo, surtout indépendant, il est souvent nécessaire de savoir prendre du recul sur son métier. Dans un marché aussi concurrentiel, les vrais succès sont en effet plutôt rares et bon nombre de productions passent largement inaperçues. Alors autant faire preuve d’un minimum d’autodérision lorsqu’on nomme son jeu, n’est-ce pas ? C’est du moins ce qu’ont dû se dire les polonais d’Awesome Games Studio avec Yet Another Zombie Defense, un mélange de twin stick shooter, tower defense et survie, sorti en 2010 sur le Xbox Live Indie Games de la Xbox 360. Or, il se trouve qu’après le flop de leur première production, Duel : The Art of Combat, cette seconde tentative fut la bonne et générera suffisamment de profits pour permettre à l’entreprise de fonctionner pendant quelques années. Il était donc naturel de lui d’offrir une cure de jouvence en 2017 grâce à une version HD d’abord disponible sur Steam, puis sur Xbox One (en 2018), et désormais sur Nintendo Switch, depuis le 5 avril dernier. Reste néanmoins à déterminer si l’expérience vaut les 4,99 € demandés. Et ça, c’est un autre problème…


Un test rédigé par Kayle Joriin.


Tiens, ils ont mis un nouveau lampadaire !?

Avant de commencer, on peut noter que la petite équipe, basée à Cracovie, n’en est pas à son premier coup d’essai sur Switch, puisqu’elle nous a déjà proposé, l’an passé, un certain I, Zombie – autre transfuge de sa période verte (chez Microsoft). Une expérience certes sympathique, mais loin d’être inoubliable, tel que nous l’évoquions à l’époque dans nos colonnes. Pas de quoi freiner cependant les ambitions du studio dont le prochain titre, Fury Unleashed, est prévu pour début 2020 sur la console hybride de Nintendo, ainsi que sur PlayStation 4, Xbox One et PC. Sachant que cela fait déjà deux ans qu’il est en accès anticipé sur Steam et que les retours ont l’air assez positifs.

C’est toutefois de Yet Another Zombie Defense dont il est question aujourd’hui, ou plutôt de sa mouture HD – l’original étant, au passage, téléchargeable gratuitement sur Steam. Le gameplay ne change d’ailleurs pas entre les deux versions, celle de 2017 offrant simplement un lifting graphique bienvenu et de nouveaux monstres à dézinguer. Or, c’est sans doute l’essentiel dans un jeu dont la seule finalité est de buter des morts-vivants par paquets de douze afin de réaliser le meilleur score possible. Quant à savoir ce qu’on fait là, au beau milieu d’une morne esplanade de bitume flanquée d’un pauvre réverbère, cela reste un mystère. Et il ne faudra pas compter sur une quelconque histoire pour nous « éclairer » sur la question. Les scénaristes ayant manifestement été zombifiés depuis longtemps.

What’re ya buyin?

Concrètement, trois variantes de gameplay sont ici proposées, chacune pouvant être jouée en solo ou jusqu’à quatre joueurs, que ce soit en ligne ou en local. Le mode Défense, tout d’abord, est certainement le plus intéressant et le plus complet. Initialement armé d’un banal flingue, doté heureusement d’un chargeur illimité, il va falloir survivre nuit après nuit à des hordes de bestioles cherchant à nous bouffer. Pour ce faire, on pourra récolter des trousses de soin, des caisses de ravitaillement et des bonus temporaires lâchés par nos victimes. Cependant, le nerf de la guerre restera (comme souvent) le pognon, là encore gentiment distribué par nos ennemis. Car il est bien connu que les zombies sont des créatures économes qui se baladent toujours avec des liasses de billets dans les poches.

Pendant la journée, le pécule amassé servira à se payer diverses armes et munitions, tout en fortifiant sa position autour du fameux réverbère, dont on finit par supposer qu’il doit s’agir d’un marchand déguisé, vu qu’il faut quand même que quelqu’un nous fournisse le matos. Il sera notamment possible d’installer des barricades, voire de placer des mines, des citernes explosives ou des tourelles automatiques afin de couvrir les angles morts. Ces dernières devront toutefois être équipées d’armes dédiées – à acheter séparément –, sans quoi elles seront évidemment inutiles. Mais il conviendra alors de prévoir un bon stock de cartouches pour ne pas se retrouver à sec trop rapidement.

Toutes les deux nuits, on pourra en outre gagner un niveau supplémentaire et acquérir un point de compétence à investir dans différentes améliorations. Qu’il s’agisse d’augmenter la barre de vie, la régénération de santé, la portée de ramassage du butin, la rapidité de recharge ou la vitesse de déplacement, chaque bonus offrira une petite chance supplémentaire de voir un nouveau jour se lever. « Un matin pour rien » serait-on tenté de dire en citant ce bon vieux Jean-Jacques, puisqu’au bout du compte notre défaite sera inéluctable face aux forces des ténèbres, toujours plus nombreuses à nous assaillir. D’autant que si ces dernières gagnent peu à peu en résistance, en force et en vitesse, elles accueillent aussi régulièrement de nouvelles recrues – de la goule baraquée au démon des enfers, en passant par le barghest ou le vampire.


Débile Dead

Comme évoqué précédemment, l’objectif sera donc simplement d’obtenir le meilleur score (avec un classement mondial à la clé) et de débloquer au passage quelques succès. Un principe également applicable au mode Sans Fin – la seconde variante de gameplay disponible. Abandonnant toute notion de tower defense, d’expérience ou de gestion financière, il consistera là encore à survivre le plus longtemps possible face à une masse grouillante et ininterrompue de zombies. La différence, c’est que les armes seront désormais lâchées par les bestioles éliminées, qui sont sans doute allées dépenser leurs tunes auprès de ce traître de réverbère avant de se rendre compte qu’elles étaient trop stupides pour utiliser leur nouvel arsenal. Car à part nous foncer dessus, histoire de nous bouffer la couenne, l’IA ennemie n’est pas bonne à grand-chose.

Telle une horde de groupies cherchant désespérément à agripper l’objet de leur excitation hormonale, les créatures de la nuit se contenteront ainsi de nous suivre de manière bête et méchante, transformant un peu trop souvent les affrontements en de simples courses à reculons où on se contentera d’arroser copieusement ses poursuivants en tentant de chopper quelques bonus. À moins de récupérer une tronçonneuse et de foncer dans le tas en espérant choper des trousses de soins pour ne pas crever en route. Une méthode plutôt efficace en début de partie, mais qui trouve rapidement ses limites lorsque l’opposition commence à se durcir.

Pour finir, la troisième variante de jeu, sobrement intitulé Deathmatch, consistera cette fois-ci à dézinguer d’autres joueurs, en essayant de ne pas se faire choper par nos fans en décomposition – le vainqueur étant celui qui aura fait le plus de victimes (humaines) en cinq minutes. Pour s’y adonner, il sera toutefois préférable de disposer de potes motivés ou peu bourrés, car si on trouve très facilement des parties à rejoindre en ligne, elles concernent systématiquement le mode Défense. Et ce n’est clairement pas un hasard. En effet, avec sa dimension tower defense, ce dernier n’est pas déplaisant à jouer et on peut donc potentiellement s’y adonner quelques heures en se laissant happer par l’addiction au score.

28 bâillements plus tard

Le souci, c’est que malgré les stratégies à mettre en place dans la gestion de ses brouzoufs et la construction d’une planque résistant aux assauts des morts-vivants, l’expérience s’avère très rapidement répétitive. Autant d’un point de vue visuel, qu’en termes de sensations. Un seul décor grisâtre, deux musiques tournant en boucle et quatre personnages sans charisme, cela n’aide guère à renouveler l’intérêt sur la durée. Et ce, malgré un arsenal de taille raisonnable. Quant à l’aspect technique, on a sans doute vu plus moche sur Switch et cette version HD a au moins le mérite d’offrir de meilleurs effets de lumière que son aînée. Cependant, il n’y a rien qui attire ici particulièrement la rétine et on peut noter quelques gels d’écran pour le moins étonnants vu la sobriété des graphismes.

En ajoutant un semblant de système de progression entre les parties, avec par exemple de nouveaux personnages ou décors à débloquer, Awesome Games Studio aurait sans doute pu apporter un peu de fraîcheur à l’expérience. Et plutôt que nous demander de nous entretuer en mode Deathmatch, avec un décompte des morts ne prenant pas compte l’aspect survie, on aurait également pu se tirer la bourre sur le nombre d’ennemis abattus, pondérés, le cas échéant, par ses propres décès.

Difficile alors de recommander l’achat d’un titre potentiellement sympathique à petites doses, mais beaucoup trop lassant sur la longueur et finalement assez creux dans sa proposition vidéoludique. Quand bien même il ne coûte que 4,99 €. On notera toutefois que les développeurs n’ont jamais essayé de nous tromper sur la marchandise, puisque nous sommes effectivement devant un énième jeu de défense contre des zombies. Cela dit, il sera toujours possible pour les curieux d’aller jeter un coup d’œil à l’original sur Steam – qui tourne sur à peu près n’importe quelle machine –, histoire de voir s’ils ont vraiment envie d’y mettre quelques piécettes.


Conclusion : NON !

Bien que Yet Another Zombie Defense HD ne soit pas fondamentalement mauvais, et qu’il puisse sans doute s’apprécier à petites doses (notamment en multijoueur), on aura plutôt tendance à déconseiller son achat. Investir quelques euros dans ce type d’expérience pop-corn n’est certes pas un énorme risque et peut toujours se rentabiliser, mais concrètement, le titre développé par Awesome Games Studio n’offre rien de particulier par rapport à la masse de petits jeux pas chers qui pullulent désormais l’eShop. Quitte à tenter l’aventure, autant donc se pencher sur la version originale, disponible gratuitement sur Steam. En cas d’adhésion au concept, il sera alors toujours temps de sortir la carte bleue, voire de profiter d’une promotion, relativement fréquente pour ce type de productions.

LES PLUS : 

+ Mode Défense sympathique
+ Multijoueur en local et en ligne jusqu’à quatre
+ Classement en ligne et succès
+ Pas trop cher (4,99 €)

 

LES MOINS :

– Rapidement répétitif
– Aucune progression globale
– Mode Sans Fin et Deathmatch moins intéressants…
– … et personne n’y joue d’ailleurs en ligne
– IA assez ridicule
– Quelques freezes inexplicables

_______________________________________________________________

Le système de verdict de Nintendo-Difference repose sur trois niveaux :

– OUI ! (nous recommandons l’achat de ce titre, peu importe quel joueur vous êtes : vous l’apprécierez, à condition de ne pas être hermétique au genre)

– “Peut-être” (nous recommandons de bien lire le test avant d’acheter le jeu, car il peut ne pas correspondre à tout le monde, et ce pour des raisons qui peuvent largement être différentes d’un jeu à un autre). Par exemple, un titre peut être tout à fait exceptionnel et obtenir un “Peut-être” parce qu’il se classe dans un genre de niche qui ne correspondra pas à tout le monde alors qu’un autre pourra s’avérer vraiment moyen et à ne réserver qu’aux puristes du genre ou aux fans inconditionnels (comme dans le cas d’une adaptation par exemple).

– NON (nous ne recommandons pas l’achat de ce jeu). Trop mauvais ou trop cher pour ce qui est proposé.

Nous avons abandonné l’idée des notes, car celles-ci n’aident en rien à faire un choix, avec ce système vous savez si vous pouvez acheter les yeux fermés, s’il faut bien lire le test pour savoir si le jeu peut vous convenir ou s’il faut tout simplement s’enfuir.

  • Nintendo-Difference

    par Draco

    le 2 octobre 2019 à 12:51

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  • Sorties :
  • 5 Avril 2019
  • 5 Avril 2019
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