Test Nintendo Switch d’Octopath Traveler, une attente longue, mais récompensée

Voilà plus d’un an qu’un certain J-RPG nommé provisoirement « Project Octopath Traveler », développé par Acquire (la saga Tenchu, Way of the Samurai, Shinobido, What Did I Do to Deserve This, My Lord?, Class of Heroes, Wizardry : Labyrinth of Lost Souls, Clan of Champions, Mind Zero, Akiba’s Trip, Rain, Divine Gate, Aegis of Earth : Protonovus Assault…) et produit par Tomoya Asano (versions DS de Final Fantasy III et IV, Final Fantasy : The 4 Heroes of Light, Bravely Default, Bravely Default : Praying Brage et Bravely Second : End Layer), a été annoncé par Square Enix durant la présentation de la Nintendo Switch (début 2017). Après quelques longs mois d’attente, le titre a d’abord été brièvement montré lors du Nintendo Direct de septembre 2017, et détaillé quelques jours plus tard avec une vidéo de gameplay commentée, appelée « Project Octopath Traveler ~First Impression~ », pendant une conférence de Square Enix à l’occasion du Tokyo Game Show 2017. Ayant ainsi suscité l’appétit d’une partie des fans de J-RPG « à l’ancienne », grâce à moult informations diffusées telles que des publicités, des bandes-annonces, du gameplay et deux démos jouables, le jeu sobrement baptisé Octopath Traveler est enfin arrivé sur Nintendo Switch. Pour rappel, le titre est disponible depuis ce 13 juillet et est un jeu de rôles japonais en HD-2D (2.5D de haute qualité), au tour par tour et en monde ouvert où le joueur pourra incarner jusqu’à huit personnages différents.


Un test rédigé par Lordseth.

Les préparatifs

Avant de commencer son voyage sur le continent d’Orsterra, le joueur doit choisir entre les huit personnages qui lui sont proposés : Cyrus l’érudit, Ophilia la prêtresse, H’aanit la chasseuse, Thérion le voleur, Alfyn l’apothicaire, Primrose la danseuse, Olberic le guerrier, et Tressa la marchande. En plus de tous les jobs proposés de base, une classe secondaire par héros est déblocable plus tard afin de les rendre plus polyvalents. Ils disposent tous d’un rôle particulier, d’aptitudes, d’armes spécifiques, ainsi que d’une capacité unique en combat et hors combat, comme Olberic qui peut défier n’importe qui afin de démasquer un bandit, ou encore Thérion qui peut détrousser les pauvres PNJ pour leur subtiliser des objets.

Chaque personnage possède aussi un talent passif, comme Cyrus qui révélera automatiquement une des faiblesses de l’ennemi en début de bataille. Enfin, certaines capacités sont utiles aussi bien en combat qu’hors combat. Par exemple, Ophilia peut guider un PNJ sur la carte (il la suivra jusqu’à ce que le joueur indique l’arrêt de la compétence), mais il pourra ensuite être invoqué pendant une bataille pour lui prêter main-forte. À l’issue de chaque combat, les héros gagnent trois devises différentes : de l’expérience (Exp), de l’argent, et des points de compétences (PC). Il paraît important de s’arrêter plus attentivement sur les PC, ces derniers servant à débloquer des compétences comme dans la plupart des RPG ; Octopath Traveler laisse le choix au joueur de les apprendre dans l’ordre qu’il souhaite, seul le prix augmentera au fur et à mesure. 

Un voyage, une histoire

Dans Octopath Traveler, le héros va visiter beaucoup de villages totalement différents, mais disposant (quasiment tout le temps) d’un vendeur d’armes, d’un vendeur d’objets de soins, d’un point de sauvegarde, ainsi que d’une auberge pour y dormir et une taverne pour réorganiser son équipe. D’ailleurs, que ce soit en ville ou dans les zones d’exploration, le joueur doit impérativement passer par un point spécifique pour sauvegarder ; heureusement la sauvegarde automatique existe. Aussi, certaines actions comme le vol (Thérion) peuvent échouer et entacheront votre réputation dans une ville, ce qui aura pour effet de vous rendre moins populaire auprès des villageois, lesquels ne voudront ainsi plus interagir avec vous. Le seul moyen d’y remédier est d’aller dans la taverne et de payer pour effacer la mémoire des péons.

Tous les personnages ont leur propre histoire sous forme de chapitres, mais il est possible de tous les recruter afin d’œuvrer à plusieurs. Le scénario de chaque compagnon est réalisable sur une même partie (même si ce n’est pas celui du personnage choisi au départ), à condition qu’il fasse partie de l’équipe, laquelle n’accepte que quatre individus au maximum. D’ailleurs, le fait de toujours devoir garder le personnage principal est à double tranchant, car ce dernier aura rapidement une avance considérable sur les autres, même si certaines zones semblent s’adapter plus ou moins au niveau général de l’équipe. Le principe d’Octopath Traveler est simple : dès que le joueur découvre une ville où le chapitre d’un héros doit s’y dérouler (elles sont indiquées sur la carte, même si la région n’est pas découverte), un menu apparaît avec la liste des morceaux d’histoire disponibles et il doit alors en sélectionner un pour l’amorcer. Les huit scénarios sont tous indépendants les uns des autres et sont très bien écrits, en plus d’être admirablement traduits dans la langue de Molière. Cependant, au-delà de l’écriture, le déroulement de chacun d’eux reste très similaire, voire trop. Par exemple, les prologues se déroulent tous de la même manière : ils demanderont au joueur d’utiliser la capacité spéciale du personnage afin de faire progresser l’aventure, puis le héros visitera un donjon (caverne, manoir, etc.) et finira par tomber sur un boss qu’il faudra vaincre.

Scénaristiquement parlant, Octopath Traveler est très varié. Par exemple, l’histoire de la danseuse Primrose est touchante, triste et mature, alors que celle d’Olberic est plutôt épique et chevaleresque. Tout au long de l’aventure, les personnages échangent entre eux via des petites scènes, ce qui rend l’univers encore un peu plus crédible. Les histoires proposées tiendront en haleine les fans de J-RPG, mais n’émerveilleront pas forcément tout le monde. Même si discuter avec tous les PNJ croisés n’est pas toujours intéressant, l’immersion est bonne et le monde est bien vivant. De plus, les quêtes annexes sont toutes scénarisées et proposent des aventures un minimum captivantes, à l’inverse de nombreux autres titres où ces dernières se résument à vaincre des monstres pour récupérer des composants. D’ailleurs, les ennemis sont variés et Octopath Traveler ne semble pas tomber dans la facilité en recyclant ses mobs à la chaîne.

Connais ton ennemi

Le gros point fort d’Octopath Traveler (et de beaucoup de J-RPG), c’est bien sûr ses combats au tour par tour. Ils se révéleront stratégiques et fortement inspirés de Bravely Default, surtout pour son système Brave. Dans Octopath Traveler, tous les personnages génèrent, à chaque tour, des points d’exaltation (maximum cinq). Ce système permet d’augmenter le niveau d’une capacité afin de faire plus de dégâts (exemple : boule de feu niveau 3), ou alors d’asséner jusqu’à quatre attaques de base successivement. Cependant, seuls trois points d’exaltation sont utilisables par tour et le personnage n’en gagnera pas au suivant. Ce système, qui devient rapidement indispensable, donne énormément de profondeur aux combats et les rend dynamiques et agréables. De plus, les batailles prennent une dimension tactique grâce à une barre indiquant l’ordre de passage des personnages et des monstres.

Pour être réellement efficace, il faut connaître et étudier les ennemis, car ils disposent tous de points de protection qu’il faut réduire à zéro pour les faire passer en mode « Faille », les rendant vulnérables pendant un tour. En effet, certains monstres sont faibles face à l’épée, et d’autres contre le feu ou la glace. Pour découvrir les fameux points faibles, il faut expérimenter sur le terrain (attaquer et voir ce que ça donne), ou alors utiliser une des capacités de Cyrus. Bien entendu, une fois un talon d’Achille découvert, il le reste pour les prochains combats. Ne pouvant emmener que quatre héros dans une équipe, quelques complications désagréables peuvent subvenir, comme tomber contre quatre ennemis ayant des faiblesses qu’aucun de vos personnages ne pourra exploiter. Le combat devient alors beaucoup plus dur et extrêmement long. Heureusement, grâce à des pierres élémentaires (feu, vent, ombre, etc.) qui peuvent être récupérées à l’issue d’une bataille ou encore en les volant grâce à Therion, ces lacunes peuvent être comblées. Les boss sont les plus intéressants à combattre, car ils ont beaucoup de points de vie et il faut suivre des patterns pour les vaincre. Cependant, certains se ressemblent étrangement. Par exemple, le boss du chapitre deux de Thérion invoque des sbires qui le protègent, obligeant alors à les tuer pour ensuite l’atteindre ; le joueur retrouvera la même situation dans la seconde partie de l’histoire de Cyrus, installant donc une certaine redondance. Malgré ces quelques bémols, le joueur prendra un malin plaisir dans ces combats endiablés, et parfois plus difficiles qu’il n’y paraît.


Techniquement au poil

Si Octopath Traveler est particulier, ce n’est pas tant dans son nombre impressionnant de scénarios, mais plutôt par les graphismes surprenants qu’offre la HD-2D, un savant mélange de 2D et de 3D saupoudré d’effets de lumière magnifiques. Les environnements sont très détaillés et disposent tous d’une ambiance particulière, comme les villages (qui sont tous différents malgré leur nombre), les grottes et les zones d’exploration. Le monde d’Orsterra est très riche, et durant son aventure, le joueur passera par des monts enneigés, des forêts, des déserts et bien d’autres régions. Techniquement très fluide, le titre tourne aussi bien en mode télévision qu’en portable, et on ne regrette pas d’avoir attendu impatiemment un an et demi quand on voit le degré d’affinage de la bête. Un des points les plus importants d’un bon J-RPG est bien entendu la musique, et là encore Octopath Traveler fait mouche. La bande-son symphonique est très riche, elle peut être reposante en ce qui concerne les villes et l’exploration, tandis qu’elle peut devenir très entraînante et épique pour les phases de combat. Pour ses créations, le compositeur Yasunori Nishiki s’est très largement inspiré de titres cultes tels que Final Fantasy, cela est très réussi et l’immersion n’en est que plus forte.

En outre, Octopath Traveler promet facilement cinquante heures de durée de vie pour les scénarios principaux, et bien plus encore pour terminer les quêtes secondaires et trouver les multiples secrets bien gardés de cet univers fantaisiste. Au-delà de la technique, l’ergonomie des menus est plutôt agréable et le classement des histoires de chaque personnage permet une excellente visibilité. De plus, l’usage de la mini-carte se révèle fort utile pour trouver l’objectif, ou mettre la main sur des quêtes annexes. La difficulté du titre s’avère très bien dosée avec des phases d’entraînement obligatoires si on veut maintenir tous les personnages à un niveau correct. Sans être trop difficile, certaines surprises peuvent subsister de la part de certains ennemis et boss. En conclusion, Acquire a très bien su réunir la nostalgie des temps anciens, des scénarios qui tiennent sur la durée et un gameplay vraiment profond et intéressant, afin de faire d’Octopath Traveler une sorte de J-RPG ultime. Les quelques lacunes présentes sont rapidement comblées et éclipsées par toutes les brillantes idées que les développeurs ont mises en place dans ce titre.


Conclusion : OUI (ND AWARD)

Tout en rappelant des titres mythiques comme Final Fantasy VI, Dragon Quest et bien d’autres, Acquire a su trouver le bon équilibre entre nostalgie, scénario béton et profondeur de gameplay. La trame narrative d’Octopath Traveler est très bien écrite, très bien traduite et le doublage anglais est presque aussi bon que le japonais. Seules quelques lacunes dans la construction des huit scénarios et de certaines batailles pourront donner un côté redondant au titre. Cependant, ces bémols sont très vite oubliés grâce à des combats au tour par tour jouissifs et notamment grâce au système d’exaltation. Le monde ouvert et enchanteur d’Orsterra, tout en HD-2D, accompagné par une bande-son symphonique exquise, fera rêver n’importe quel joueur. Avec minimum cinquante heures de jeu pour finir les scénarios principaux et une difficulté très bien proportionnée, les 45 € demandés sont largement justifiés. L’attente en valait la peine !

LES PLUS : 

+ Scénarios principaux ET secondaires intéressants
+ Le système de réputation
+ Combat au tour par tour revisité et stratégique
+ Difficulté très bien dosée
+ Graphismes très beaux et détaillés
+ Bande-son symphonique
+ Monde ouvert qui semble vivant
+ Nombre de classes
+ Système de classe secondaire
+ Durée de vie énorme
+ Combats de boss intéressants 

 

LES MOINS :

– Construction des scénarios trop similaire sur certains points
– Certains combats de boss très similaires
– Quelques inégalités dans les scénarios

_______________________________________________________________

Le système de verdict de Nintendo-Difference repose sur trois niveaux :

– OUI ! (nous recommandons l’achat de ce titre, peu importe quel joueur vous êtes : vous l’apprécierez, à condition de ne pas être hermétique au genre ou à l’univers). Le Oui accompagné du ND Award récompense les titres soit exceptionnels que vous devez acheter quoiqu’il arrive, soit ceux nous ayant provoqué de gros coups de coeur !

– “Peut-être” (nous recommandons de bien lire le test avant d’acheter le jeu, car il peut ne pas correspondre à tout le monde, et ce pour des raisons qui peuvent largement être différentes d’un jeu à un autre). Par exemple, un titre peut être tout à fait exceptionnel et obtenir un “Peut-être” parce qu’il se classe dans un genre de niche qui ne correspondra pas à tout le monde alors qu’un autre pourra s’avérer vraiment moyen et à ne réserver qu’aux puristes du genre ou aux fans inconditionnels (comme dans le cas d’une adaptation par exemple).

– NON (nous ne recommandons pas l’achat de ce jeu). Trop mauvais ou trop cher pour ce qui est proposé.

Nous avons abandonné l’idée des notes, car celles-ci n’aident en rien à faire un choix, avec ce système vous savez si vous pouvez acheter les yeux fermés, s’il faut bien lire le test pour savoir si le jeu peut vous convenir ou s’il faut tout simplement s’enfuir.

  • Nintendo-Difference

    par Draco

    le 13 juillet 2018 à 8:45

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