Bayonetta

En résumé

  • Support : Wii U
  • Nombre de joueurs : 1
  • Sorties :
  • 24 Octobre 2014
  • 24 Octobre 2014
  • 20 Septembre 2014

L'avis de Kayle Joriin

Difficile au final d’émettre un avis tranché sur cette version Wii U de Bayonetta. Le jeu n’a en effet rien perdu de ses qualités et reste une valeur sûre du beat them all moderne. Malheureusement, les défauts originels répondent toujours présent, et les ajouts de cette version sont assez anecdotiques. En outre, si la réalisation s'avère très honorable, la version Xbox 360 nous semble toujours être la plus jolie visuellement, grâce à ses graphismes plus contrastés. Du coup, ce portage s’adresse avant tout aux néophytes de la série qui n’y auraient pas déjà jouer sur la console de Microsoft. Ceux là pourront craquer sans problème sur cette version Wii U, tandis que les autres se concentreront sur le prometteur Bayonetta 2.

Les plus

  • Une héroïne qui ne laisse pas indifférent
  • Système de combat riche, varié et profond
  • Mise en scène spectaculaire
  • La puissance de certains affrontements
  • Bonne rejouabilité
  • Pas mal de choses à débloquer
  • Excellente bande-son

Les moins

  • Un bestiaire qui ne plaira pas à tout le monde
  • Quelques problèmes de caméra
  • Des QTE inutiles
  • Nouvelles fonctionnalités anecdotiques
  • La réalisation a pris un coup de vieux
  • Graphismes plus ternes que sur Xbox 360
  • Nintendo-Difference

    par Kayle Joriin

    le 18 septembre 2014 22:00

Cinq ans après sa sortie initiale sur Xbox 360 et PS3, le premier volet des aventures de la sublime Bayonetta débarque enfin sur console Nintendo grâce à une version Wii U assez inattendue. Clairement destiné aux puristes de la firme de Kyoto qui n’avaient jusqu’alors pas pu goûter à la franchise, ce portage sert ainsi à la fois d’introduction et d’argument marketing fort pour un Bayonetta 2 dont le potentiel commercial reste incertain. Quoi de mieux en effet lorsqu’on veut vendre une suite que de proposer l’épisode original pour seulement quelques euros de plus ? Toutefois, si l’affaire semble plutôt intéressante pour le porte-monnaie, on peut se demander ce que vaut réellement cette adaptation, attendue par certains comme la version ultime du titre de PlatinumGames.

Ma sorcière bien nommée

Dans ce beat them all nerveux, dirigé de main de maître par le célèbre Hideki Kamiya, nous incarnons donc Bayonetta, une sorcière amnésique à la plastique avantageuse et à la gâchette facile. Traquée par les forces du Paradis depuis son réveil des profondeurs d’un lac, il y a vingt ans de cela, la belle brune prend désormais un malin plaisir à botter des culs auréolés de la manière la plus classe et la plus sexy qui soit. Une activité enrichissante, qu’elle partage avec la quête de ses souvenirs perdus, et notamment la recherche des « Yeux du Monde », deux joyaux mystérieux qui pourraient lui permettre d’en apprendre plus sur son passé. Déjà en possession de l’un d’entre eux, elle apprend que le second se trouverait dans la ville reculée de Vigrid. Elle embarque alors pour ladite citée, sans se douter que niveau révélations et sensations fortes, elle sera servie au-delà de toute espérance.

Au cours de son aventure, notre héroïne va rencontrer différents personnages haut en couleurs, qu’il s’agisse d’alliés comme Rodin, barman et forgeron démoniaque, ou d’antagonistes récurrents comme la mystérieuse Jeanne, qui possède les mêmes pouvoirs qu’elle. Le tout donne généralement lieu à des scènes plutôt classes, où fuse les répliques ravageuses et les poses suggestives. Néanmoins, il faut reconnaître que la narration aurait parfois gagné à être plus sobre, car derrière le côté poseur du titre, l’ensemble manque tout de même sérieusement de cohérence et de clarté. Cela dit, le scénario n’est pas non plus l’intérêt principal d’un beat them all, et ces considérations sont vite balayées par une mise en scène particulièrement jouissive. Du coup, si on ne sait pas toujours pourquoi on défouraille des anges par paquet de douze, on s’en fiche un peu, car la démesure des situations proposées se suffit à elle-même.

Quand Dante rencontre Max

Côté gameplay, le jeu trouve tout naturellement sa place dans l’œuvre de Kamiya en empruntant notamment beaucoup à un certain Devil May Cry. La chorégraphie travaillée des combats, l’utilisation conjointe d’armes à distance et au corps à corps, ou bien la progression sous forme de chapitres sanctionnés d’une note sont ainsi quelques exemples de la parenté entre les deux séries. Cependant, le titre de PlatinumGames va encore plus loin, et offre peut-être le système de combat le plus complet et le plus dynamique qu’on ait vu dans un beat them all moderne. Bien sûr, il faut aimer le genre, et ne pas être allergique aux listes de combos de vingt pieds de long ou à l’exubérance visuelle d’une œuvre volontairement outrancière. Mais si tel est le cas, difficile de trouver quelque chose à redire. Du moins sur le fond…

Concrètement, notre héroïne dispose d’une palette de mouvements plutôt équilibrée, mettant l’accent sur la mobilité et la vivacité. Le système d’enchaînements se base sur deux touches qui correspondent aux armes respectivement équipées aux pieds et aux mains de Bayonetta. Par défaut, il s’agit de quatre pistolets, mais différentes combinaisons seront accessibles au fil de l’aventure, influant directement sur les enchaînements disponibles, la portée des attaques ou les effets associés aux coups chargés. Réalisables lors d’une attaque en maintenant appuyé le bouton correspondant, ces derniers peuvent être utilisés sans briser un combo, et permettent en générale d’augmenter les dégâts infligés, même si certaines armes offrent des variations intéressantes. Cette charge prend en revanche un peu plus de temps et nous laisse potentiellement vulnérable, d’où l’intérêt de parfaitement maîtriser l’esquive afin de déclencher des Envoûtements (équivalent local du fameux Bullet Time) pour remplir tranquillement un adversaire récalcitrant.

Les subtilités du système de combat ne s’arrêtent pas là et s’avèrent même particulièrement nombreuses. Entre les attaques à distance, les incantations qui concluent certains combos, les possibilités d’enchaînements aériens, les armes temporaires récupérées sur les ennemis, ou bien les différentes techniques annexes à débloquer, il faudrait ainsi des pages entières pour les aborder en détails. Du coup, pour finir ce petit tour d’horizon, nous évoquerons simplement l’une des grandes spécialités de la sorcière à lunettes, à savoir les attaques sadiques dont elle use pour « punir » ses vilains adversaires. Des techniques puissantes et bien gores, qui rappellent les exécutions d’un MadWorld, le côté sado-maso en plus. Pour les réaliser, il faudra par contre remplir préalablement sa jauge de magie en effectuant des combos ou des Envoûtements. Et accessoirement, il faudra aussi éviter de prendre des gnons, car ils feront baisser ladite jauge de manière drastique.

La face cachée de la lune

Si le titre de PlatinumGames est essentiellement basé sur les combats, il réserve néanmoins quelques passages de plate-forme et d’exploration dans lesquels il est possible d’exploiter des transformations bestiales (panthère ou corbeau) afin de gagner en mobilité. Assez limités du fait de la linéarité globale des niveaux, ces passages restent l’occasion de récupérer différents objets et améliorations, voire des ingrédients à utiliser dans un système d’alchimie très basique. De plus, toujours dans un souci de variété, les développeurs ont intégré des phases s’inspirant de légendes de l’Arcade comme Super Hang-On ou Space Harrier. Des phases qui ne sont malheureusement pas toujours captivantes (c’est du 50/50) et qui traînent un peu trop en longueur. D’autant qu’elles font l’objet de chapitres spécifiques au lieu d’être réparties de manière équilibrée le long de l’aventure, comme c’est le cas pour le mini-jeu Angel Attack, qui rappelle les fameux « bonus stages » des années 90.

Tant que nous sommes dans les choses qui fâchent, il est d’ailleurs temps d’aborder les quelques défauts du titre, qui ne sont pas si anecdotiques que ça. Sur un plan esthétique, tout d’abord, il est certain que le design des monstres, voire même des personnages humains, ne plaira pas à tout le monde. Le jeu avait divisé sur ce point en 2010 et il y a fort à parier qu’il en sera de même sur Wii U. Côté gameplay, si le système de combat n’est pas à remettre en cause, la caméra pose en revanche de petits problèmes avec un positionnement qui est loin d’être optimal. Enfin, on pourra pester contre l’abondance de QTE qui gonfle parfois artificiellement la difficulté. Si le bourrinage de touche contribue ainsi à la sauvagerie des affrontements contre les boss, notamment lorsqu’on invoque un démon géant pour leur porter le coup de grâce, c’est plutôt le côté “Die and Retry” de certaines cinématiques qui à tendance à frustrer. Surtout qu’avec une aventure qui dure entre dix et quinze heures en mode normal, une rejouabilité assurée par le système de scoring, et un contenu annexe consistant (succès, défis cachés, costumes à débloquer, etc), Bayonetta n’avait guère besoin de ce genre d’artifice pour prolonger sa durée de vie.

Ultime apothéose ?

Reste maintenant à traiter la question du portage Wii U, que ce soit d’un point de vue technique ou en termes d’utilisation des fonctionnalités de la machine. Au-delà des costumes bonus et des contrôles tactiles, également présents dans Bayonetta 2, l’un des arguments principaux de cette adaptation concernait en effet sa fidélité à la version Xbox 360, considérée à juste titre comme la plus aboutie. Or, si nous n’avons pas pu faire de comparaison directe entre les versions commerciales, un rapide parallèle avec la démo Xbox Live Arcade semble tout de même indiquer que la version Wii U est un peu plus terne que son aînée. Quant à la question du frame rate, difficile d’être catégorique, mais il semble globalement tenir la route, notamment lors de certains passages très rapides. On peut toutefois noter des ralentissements ponctuels, qui impactent de manière assez sensible les déplacements de Bayonetta, et dont on se demande s’ils sont uniquement à mettre sur le compte de la mise en scène.

Outre ces considérations propres au travail réalisé par le studio Bee Tribe, il faut aussi reconnaître que le jeu a pris un bon coup de vieux en cinq ans. Certaines cinématiques sont ainsi bien moches, et les décors alternent régulièrement entre le médiocre et le plutôt joli. Heureusement, le titre a d’autres atouts, comme la modélisation poussée des personnages et des créatures, la grandiloquence de certaines scènes, ou les nombreux effets qui accompagnent les attaques les plus impressionnantes. Et bien entendu, le tout est appuyé par une excellente bande-son, avec la participation remarquée d’Helena Noguerra qui interprète le thème principal et sur la reprise du célèbre Fly Me To The Moon. Deux chansons qui collent incroyablement bien à l’ambiance de Bayonetta et lui donnent une réelle identité sonore.

Pour finir, on émettra un avis mitigé sur l’intégration des fonctionnalités de la Wii U et du GamePad. Dans la preview de Bayonetta 2, nous avions déjà eu l’occasion d’évoquer l’intérêt très relatif des contrôles tactiles qui simplifient à outrance le gameplay. Or, ce portage offre le même genre d’option, avec le même résulat. Le système fonctionne correctement, mais on ne voit toujours pas à qui il s’adresse réellement. Quant aux contrôles gyroscopiques, proposés en option lors des passages « Arcade », ils s’avèrent assez anecdotiques et pas toujours très précis. En fait, même le fameux mode Off TV, s’il répond évidemment présent, souffre d’un choix d’interface discutable avec la présence d’une grosse icône Miiverse en haut à droite de l’écran qui jure méchamment avec le reste. Surtout qu’elle est affichée en quasi permanence et ne disparaît que lorsqu’on navigue dans les menus. Dommage, car le jeu est par ailleurs très jouable sur le petit écran du GamePad.

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