Code Name : S.T.E.A.M. Strike Team Eliminating the Alien Menace

En résumé

  • Sorties :
  • 15 Mai 2015
  • 13 Mars 2015
  • 14 Mai 2015

L'avis de Kayle Joriin

Si l’expérience offerte par Code Name : S.T.E.A.M. n’est clairement pas exempte de tout défaut, elle constitue cependant un bol d’air frais au sein du catalogue d’Intelligent Systems et de la ludothèque 3DS en général. Le mélange Stratégie/TPS n’est certes pas réellement nouveau, mais il reste suffisamment rare pour conserver une certaine originalité, d’autant que le feeling proposé ici est tout de même assez différent de celui d’un Valkyria Chronicles. Sans tutoyer les sommets ni arriver au niveau de finition de ses aînés, Code Name : S.T.E.A.M. est donc un bon  titre qu’on peut tout à fait recommander aux amateurs de stratégie un peu musclée.

Les plus

  • Gameplay efficace et plutôt original
  • Mise en scène bien fichue
  • Du challenge
  • Bonne durée de vie
  • Mode Versus en local et en ligne

Les moins

  • Des imprécisions
  • Histoire et personnages superficiels
  • Manque de gestion et de personnalisation
  • Nintendo-Difference

    par Kayle Joriin

    le 14 mai 2015 22:00

Sans être la plus mémorable de l’histoire de l’E3, la prestation de Nintendo lors de l’édition 2014 fut tout de même plutôt satisfaisante. Non seulement la firme de Kyoto semble avoir enfin trouvé un format qui lui correspond (et qui sera du coup reconduit cette année), mais elle nous a surtout agréablement surpris en annonçant deux nouvelles licences totalement inédites. Et si Splatoon va marquer les débuts du constructeur dans le monde très compétitif du TPS en équipe, Code Name : S.T.E.A.M. constitue aussi une certaine prise de risque de la part d’Intelligent Systems qui délaisse ici ses traditionnelles séries Nintendo Wars et Fire Emblem pour explorer une nouvelle facette du jeu de stratégie. Reste comme d’habitude à savoir si le résultat tient la route et si le petit dernier a les reins suffisamment solides pour constituer une alternative sérieuse à ses grands frères.

Abe wants you !

Qui dit nouvelle franchise, dit nouvel univers, et sur ce point, il faut reconnaître que Code Name : S.T.E.A.M. fait dans l’original puisqu’il nous plonge dans une uchronie steampunk où des personnages plus ou moins célèbres tirés de la littérature anglo-saxonne luttent contre une invasion de créatures extraterrestres sorties des récits d’H.P. Lovecraft, le tout baignant dans un patriotisme caricatural et une esthétique rappelant les comics de l’âge d’argent. Un véritable bouillon de références, qui s’avère plutôt sympathique à défaut d’être réellement cohérent. Il est d’ailleurs un peu dommage de constater que la traduction française, au demeurant de bonne qualité, brouille les pistes en modifiant sans véritable raison les noms de certains personnages, créant au passage un décalage avec les doublages anglais. Tiger Lily devient ainsi Little Lily, Queequeg se nomme désormais King Queg, quant à ce pauvre Épouvantail (Scarecrow), il se voit affublé du sobriquet assez ridicule d’Al Oween. À croire que les traducteurs se sont dit que des œuvres aussi majeures que Peter Pan, Moby-Dick ou encore le Magicien d’Oz ne devaient pas être très connues sur le vieux continent…

Quoi qu’il en soit, c’est sous la bannière du S.T.E.A.M., une unité spéciale dirigée par Abraham Lincoln lui-même, que viendra se réunir la douzaine de héros que l’on sera amené à contrôler au cours de l’aventure. Des héros typés, voire stéréotypés, dont la personnalité reste malheureusement assez superficielle, à l’image d’une histoire pas forcément déplaisante, mais qui sert plus de prétexte aux combats qu’autre chose. L’intérêt du titre ne se situe donc clairement pas dans son scénario, même si ce dernier joue efficacement son rôle de fil rouge. Et ces faiblesses narratives sont d’autant plus regrettables que la mise en scène s’avère pour sa part fort réussie grâce à une utilisation pertinente de certains codes visuels des comics, et à une direction artistique qui ne laisse pas indiffèrent. De quoi compenser une réalisation correcte, mais pas forcément très impressionnante, avec une modélisation parfois assez grossière et une 3D stéréoscopique peu convaincante.

Third Person Strategy

S’il tente des choses en matière d’univers, c’est néanmoins sur le plan du gameplay que Code Name : S.T.E.A.M. se distingue réellement des franchises historiques d’Intelligent Systems. Alors que les Nintendo Wars et autres Fire Emblem nous demandent ainsi de planifier soigneusement les mouvements de nos troupes grâce à une multitude d’informations mises à notre disposition, le nouveau titre du studio nous plonge quant à lui directement au cœur de l’action et nous laisse totalement dans le flou sur ce qui se passe autour. Pas question en effet de repérer le terrain ou la position des ennemis grâce à une carte ou une vue aérienne. Ici, tout se fait en mode “caméra à l’épaule”, et il faut aller explorer soi-même les niveaux, quitte à se faire prendre en traître par un alien au détour d’un couloir. On avance donc prudemment, silencieusement (car les ennemis sont aussi sensibles au bruit), et on n’hésite pas à tendre des embuscades aux bestioles trop curieuses ou à positionner stratégiquement les membres de sa petite escouade pour qu’ils se couvrent mutuellement.

Pour réaliser tout cela, le jeu utilise un système assez classique de points d’action (ou en l’occurrence de “vapeur”) qui se rechargent à chaque tour, et qu’on peut si besoin économiser afin d’agir durant le tour adverse. La manière de dépenser ces points reste toutefois assez libre, et lors d’un déplacement, il est par exemple possible de récupérer les points consommés en revenant sur ses pas, sans pour autant annuler le déplacement en question. Concrètement, cela signifie qu’on peut réaliser “gratuitement” certaines actions, comme reconnaître les alentours, repérer les ennemis et même de ramasser certains objets. Et si à première vue, cela semble faciliter un peu trop les choses, cette liberté s’avère souvent nécessaire pour collecter des informations et établir une stratégie viable. D’autant que le jeu, sans être insurmontable, propose tout de même un minimum de challenge et punit assez sévèrement les imprudents.

Bien entendu, si la connaissance du terrain et des forces en présence est essentielle pour positionner ses troupes, il vient un moment où s’agit quand même de dégommer de l’alien à coup de fusil à pompe, voire de détruire certains éléments de décor afin de frayer un chemin dans les niveaux. Et pour ce faire, il ne suffit pas de sélectionner une cible et de mater une petite cinématique : il faut viser soigneusement, que ce soit en déplaçant un réticule ou en gérant la trajectoire d’un projectile, et tirer. On rentre alors dans cette dimension Third Person Shooter que les développeurs nous avaient présenté avec enthousiasme lors de l’annonce du jeu. Une dimension qui n’est certes pas totalement nouvelle dans un jeu de stratégie, vu que Sega a déjà exploité le filon avec sa série Valkyria Chronicles, mais qui n’empêche pas le résultat d’être plutôt plaisant, et ce, malgré quelques problèmes de précision. S’il est ainsi agréable de profiter de la localisation des dégâts pour viser le point faible d’un ennemi et le dégommer en un coup, on peste parfois contre le système de verrouillage qui a du mal à détecter certains ennemis pourtant à portée. Un petit défaut de jeunesse, parmi d’autres, qui montre que malgré de bonnes idées, la formule de Code Name : S.T.E.A.M. aura sans doute besoin d’un second volet pour atteindre sa maturité.

Le tour le plus long

Un de ces défauts aura d’ailleurs été corrigé avant même la sortie du jeu en Europe, puisqu’un patch est d’ores et déjà disponible pour accélérer le déroulement des tours adverses. Dans la version 1.0 du titre, ces derniers pouvaient effectivement s’avérer très pénibles de par leur longueur et l’impossibilité de les écourter. Et si ce choix s’expliquait par la nécessité d’observer les mouvements aliens pour mieux planifier ceux de son équipe, en pratique, cela cassait méchamment le rythme du jeu. Un problème en partie résolu, puisqu’il est désormais possible de laisser le tour s’écouler normalement ou de passer en “lecture rapide”.

Malgré ses inconsistances scénaristiques et les quelques problèmes de conception précédemment cités, le petit dernier d’Intelligent Systems offre toutefois une expérience plutôt solide et qui change agréablement des productions habituelles du studio. Il est alors un peu dommage de constater qu’à la manière du très sympathique Ghost Recon : Shadow Wars, sorti au lancement de la 3DS, Code Name : S.T.E.A.M. s’oriente presque exclusivement sur les combats. La dimension RPG d’un Vakyria Chronicles est par exemple totalement absente, avec des personnages qui n’évoluent pas et dont la personnalisation reste limitée au choix d’une arme secondaire et d’un “vap-pack” (dont dépend le nombre de points d’action disponibles). Il n’y a donc malheureusement pas grand-chose à faire entre chaque mission, mis à part aller consulter quelques notes sur l’univers du jeu, ou préparer soigneusement son équipe pour le prochain déploiement. Cette phase est cela dit loin d’être anodine puisque chacun des douze membres du S.T.E.A.M. dispose d’une arme principale, d’une compétence passive et d’une super attaque qui lui sont propres, et qui peuvent faire toute la différence en combat. Surtout lorsqu’elles sont associées à une arme secondaire et un vap-pack adapté. Pas de quoi sauter au plafond en matière de gestion, mais cela reste mieux que rien…

Bien que cette prépondérance des combats puisse décevoir certains habitués du genre, la durée de vie du titre n’en est cependant pas impactée. À la quarantaine d’heures nécessaires pour terminer les 32 cartes du mode histoire, s’ajoutent en effet divers objectifs secondaires et autres règles alternatives qui permettent d’offrir une certaine rejouabilité en plus de booster considérablement le challenge. Et c’est sans compter sur le mode versus, jouable en local ou en ligne, qui s’avère plutôt réussi et sur lequel il est vraiment possible de passer pas mal de temps. Se confronter à un autre joueur humain est ainsi autrement plus stimulant, et certains défauts du jeu solo disparaissent même ici dans la mesure où chaque camp ne dispose que d’un temps limité pour agir, ce qui accélère le rythme des affrontements. Espérons donc que les serveurs se rempliront rapidement afin de pouvoir profiter des différents types de matchs disponibles et d’exploiter au mieux un système de tournois assez prometteur sur le papier.

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