Test de Darksiders Genesis sur Nintendo Switch

En résumé

  • Sorties :
  • 14 Février 2020
  • 14 Février 2020
  • 14 Février 2020

L'avis de Chozo

Limité techniquement et peu adapté aux configurations de jeu proposées par la Switch, Darksiders Genesis apporte une alternative certes riche et collant parfaitement à l'univers installé par la trilogie originale, mais frustre parfois plus qu'il n'enthousiasme. La direction artistique est au rendez-vous, le gameplay respectueux de la franchise aussi, mais cette version hybride représente malheureusement l'expérience la moins réussie de toutes les plateformes. Outre les soucis déjà connus ailleurs avec une caméra fixe d'un autre âge et une visibilité parfois difficile, l'itération Switch souffre d'une version portable gâchée, d'une maniabilité aux Joy-Con moins satisfaisante ou encore d'un downgrade graphique inévitable. Ce jeu est à faire, notamment pour les fans qui désirent en apprendre un peu plus sur le background des Cavaliers, mais si une autre console est disponible dans le meuble TV, il est conseillé de l'acquérir sur celle-ci plutôt que sur la machine de Nintendo.

Les plus

  • Une direction artistique fidèle à l'univers Darksiders
  • Un gameplay fort intéressant, très accessible
  • L'alternance entre les Cavaliers, apportant du dynamisme
  • Un bon équilibre entre exploration, énigmes et combats

Les moins

  • Des soucis techniques frustrants
  • Une version portable indigne
  • Un vrai problème de lisibilité
  • Cette caméra fixe...
  • Manette Pro fortement conseillée
  • Nintendo-Difference

    par Chozo

    le 24 mars 2020 23:00

Dans ce contexte de confinement face à un virus inconnu engendrant une pandémie qui enrichit marques de pâtes, de cassoulet en boîte et de papier toilette, quoi de mieux qu’un jeu mettant en scène les Cavaliers de l’Apocalypse ? Après le triptyque avec Guerre, Mort et Furie, le dernier épisode marquant la renaissance de l’équipe de développement grâce au rachat de THQ Nordic, voici le quatrième volet qui débarque sur Switch comme sur les autres plateformes du marché. Un, deux, trois, il manquait bien le dernier membre de cette joyeuse équipe d’équitation acrobatique des Enfers, Discorde, équipé de ses deux gros flingues et doté d’un stock de vannes venant désamorcer toute situation des plus tendues. Accompagné de son frangin beaucoup plus terre à terre Guerre, le Cavalier se retrouve cependant dans un titre s’affranchissant de la trilogie originale, tâtant du côté du hack ‘n’ slash nerveux en mode Diablo, mais en bien plus accessible. En adéquation avec les mesures gouvernementales actuelles, jouez-y sur votre téléviseur à la maison, la version nomade est… à éviter, comme le Covid-19.


Artwork de Darksiders Genesis


L’Enfer, c’est les autres


Plutôt spin-off que véritable nouvel épisode de la saga, Darksiders Genesis narre des événements ayant eu lieu avant le premier volet, présentant des Cavaliers, Nephilims métissés anges et démons, assurant le maintien de l’Équilibre du monde sous l’égide du Conseil. Après avoir été à contre-cœur missionnés pour massacrer leur peuple de Nephilims corrompus du monde d’Éden, les deux frères doivent maintenant s’attaquer au roi des Démons en personne, le si populaire Lucifer, qui complote discrètement pour la destruction de L’Équilibre et convertit progressivement d’anciens alliés des Cavaliers.

Ils vont pour cela devoir répondre aux sollicitations de démons ennemis ayant également des velléités à voir Lucifer disparaître, et remplir une multitude de missions divisées en dix-sept chapitres accessibles via le Néant, un hub abritant également les marchands d’objets améliorant les compétences des deux protagonistes. Bien que l’avancée dans les niveaux se fasse désormais en mode hack ‘n’ slash avec sa traditionnelle caméra en vue isométrique fixe, le joueur remarquera rapidement que les mécaniques de gameplay, l’impression de toute puissance dans les combats et l’exploration sortent du même moule que les trois épisodes « canoniques ».

Graphiquement aussi, le style cher à Joe Madueira, architecte des directions artistiques de Darksiders I et II, se ressent fortement dans Genesis. Pour autant, même si la patte est là, on ne peut s’empêcher de pester face à une colorimétrie générale rendant l’action difficilement lisible, surtout en cas de grosse baston invitant une foule de démons à dégommer. Trop de ton sur ton, surtout dans les passages volcaniques nombreux, Enfers obligent.

Avec la lave rouge, les terres brûlées rouges, les démons rouges et soit un Guerre à l’armure rouge, soit un Discorde certes plutôt bleu, mais à la corpulence plus fine et surtout une caméra plutôt éloignée de l’action, il n’est pas rare de se demander où se trouve le personnage contrôlé. Pire, la caméra se retrouve souvent dans une situation où les éléments du décor cachent l’action, n’affichant que de hasardeuses silhouettes pour le protagoniste comme pour les ennemis. Une frustration certaine, notamment parce qu’il est impossible de déplacer l’angle de vue.

Artwork de Darksiders Genesis

En outre, des problèmes de collision avec l’environnement se remarquent aisément, voyant le personnage totalement coincé entre deux éléments, en plein combat comme en session d’exploration dans tous les recoins des plutôt vastes niveaux proposés. Il arrive parfois également de se perdre, cela en raison du manque de précision d’une carte aux indications très pauvres et ne montrant uniquement que la zone dans laquelle on se trouve, sans repère quant au personnage en dehors des bonus, coffres et portails à atteindre.


From Genesis to Revelation


Tout fait de Darksiders Genesis un titre à l’ambiance générale réussie, grâce également à une bande-son très inspirée et à une mise en scène plutôt impressionnante, mais aux soucis techniques enquiquinants, qui plus est sur Switch. Car outre les problèmes présents sur les autres plateformes, cette version Switch souffre elle de joyeuses nouveautés, avec un downgrade graphique, des sous-titres en décalage avec les cinématiques, des temps de chargement parfois vraiment longs et des chutes de framerate aléatoirement nombreuses en fonction du niveau exploré. Mais le plus rédhibitoire reste la version portable, pixelisée au possible, plus saccadée et définitivement illisible, une déception au vu de la relative timidité graphique de l’ensemble, certes artistiquement travaillé, mais demandant a priori peu d’efforts techniques.

Image de Darksiders Genesis

Le titre reste cependant très agréable quant aux sensations de combats, bénéficiant d’un gameplay varié et plutôt précis. Enfin, la précision dépendra du type de périphérique utilisé. Il sera fortement conseillé d’opter pour une manette Pro aux sticks plus larges, ceux des Joy-Con n’étant pas adaptés de manière optimale pour cette jouabilité alternant combats rapprochés à coup de martèlement de boutons et twin stick shooter, nouvelle configuration de jeu apportée par le personnage de Discorde et ses tirs lointains, sollicitant grandement ces sticks.

Avec ce nouveau Cavalier arrive également un titre orienté coopération à deux en ligne ou en local en écran splitté. Ce mode coop se sélectionne soit dans le hub du Néant, soit en plein niveau via des totems d’invocation. Le jeu s’ajuste alors dans sa difficulté et ses énigmes pour les rendre plus adaptées à un gameplay à deux. D’un rendu plutôt agréable, ce mode a le chic de ne pas empirer les soucis techniques déjà remarqués sur des parties à un joueur.

Image de Darksiders Genesis

En solo justement, l’utilisateur passe d’un personnage à l’autre pour profiter des capacités de chacun, que ce soit dans les situations nécessitant du gros bon corps à corps des familles avec Guerre et ses capacités spéciales permettant de mettre à profit sa grosse épée, comme pour les sessions favorisant l’attaque à distance avec Discorde, plus rapide, plus agile que son frère, mais bien moins efficace en attaque rapprochée avec sa dague, en témoignent les attaques spéciales du plus cow-boy de tous les Cavaliers, totalement orientés vers la puissance de tir de ses pistolets.

La maniabilité de Discorde est d’ailleurs bien plus agréable et surtout plus efficace contre les gros boss, plus faciles à terrasser à distance qu’avec Guerre, obligé de dasher en permanence pour éviter les attaques ennemies, le faisant ressembler à un dark Philippe Candeloro. Mon dieu quel cauchemar… Les améliorations d’armes permettent à Discorde de profiter de nouvelles munitions pour ses pistolets jouant des puissances élémentaires, avec notamment une munition très pratique permettant de transformer le sang des ennemis touchés en orbes redonnant des points de vie. Une barre de rage se remplie aussi pour Discorde, qui, une fois pleine, débloque automatiquement une phase de furie multipliant l’impact des attaques à distance, une phase salvatrice en cas de démons récalcitrants.

Artwork de Darksiders Genesis


Guerre et Discorde sont dans un bateau


Si Guerre se joue plutôt avec les boutons et quelques attaques spéciales via les gâchettes, Discorde sollicite ces dernières avec le stick droit de la manette, qu’il faudra parfois manier plusieurs minutes durant, notamment pour les combats les plus dantesques contre les hordes de monstres. N’oublions pas les phases à cheval, limitées en fonction des lieux visités, où les attaques proches et lointaines sont moins variées et où le moindre coup asséné par l’ennemi désarçonne le protagoniste, qui devra attendre plusieurs secondes avant de pouvoir se relancer sur son fidèle destrier. Ici aussi, la différence de maniabilité entre les deux frères se fait ressentir, avec un Guerre exclusivement réduit aux coups circulaires d’épée et un Discorde aux pistolets toujours aussi létaux.

L’alternance entre les deux Cavaliers s’active de manière très fluide, comme l’équipement de capacités, se sélectionnant, pour certaines, via la croix directionnelle, pour d’autres via un menu circulaire en appuyant sur L, puis en maniant le stick droit, notamment pour hiérarchiser les attaques primaires et secondaires. Enfin, au fur et à mesure du jeu, les deux Nephilims débloqueront une capacité de transformation en libérant leur colère ultime, prenant la forme d’un personnage démonique über cheaté démontant tout sur son passage, très (trop) efficace sur les gros boss jusque-là plutôt arrogants et bavards. Les dialogues totalement doublés en français sont d’ailleurs de qualité et décrochent un sourire de temps en temps, surtout avec le ton très léger des répliques de Discorde. L’ensemble de ces fonctionnalités témoigne d’un dynamisme et d’une patate générale bien marqués, à l’impact exponentiel en fonction du niveau de difficulté (de facile à difficile) sélectionné avant chaque chapitre.

Image de Darksiders Genesis

Comme évoqué plus haut, ce hack ‘n’ slash a priori classique demeure finalement bien plus proche d’un Darksiders canon que d’un véritable RPG à la Diablo. Il n’existe pas vraiment de gain d’expérience dans Genesis, ni d’amélioration des armes via un système de loot. Certaines capacités sont améliorées, comme l’efficacité des orbes de soins, ou les puissances d’attaque, mais en dehors de cela seul le niveau général des Cavaliers augmente via des fragments de Courroux, à acheter ou à récupérer dans les niveaux.

D’autres pierres, appelées Cœurs de Créatures, sont à placer dans une sorte d’arbre de compétences très simpliste, améliorant le niveau du personnage. Il suffira de voir dans les statistiques quelles pierres sont plus avantageuses que d’autres, en veillant à trouver un enchaînement de pierres compatibles octroyant certains bonus supplémentaires. Ces Cœurs de Créatures sont volés aux ennemis battus ou achetés dans le hub, et bénéficient de trois niveaux qui augmentent en cas d’accumulation de pierres identiques. Améliorant santé, pouvoir de colère et attaque générale, ces pierres sont dominées par les Cœurs de boss, plus puissantes encore et permettant de délivrer un véritable boost aux Cavaliers s’ils sont correctement raccordés entre eux dans l’arbre de compétences. Le tout est de gagner un maximum de pierres, et cela engendre forcément le retour répété dans les niveaux déjà parcourus.

Artwork de Darksiders Genesis

Comme la baston peut paraître par moment répétitive, Genesis multiplie son gameplay via des phases d’énigmes grâce à un level design malgré tout très inspiré. Outre des phases de plateforme peu aidées par des angles de caméra écrasant certaines perspectives, les niveaux sont truffés de mécanismes à activer via des leviers, des interrupteurs ou des téléporteurs sollicitant les capacités progressivement gagnées par les Cavaliers. L’ensemble incite fortement à l’exploration de l’ensemble des niveaux plusieurs fois après avoir acquis un pouvoir utile à débloquer une porte jusque-là inaccessible. Le tout rallonge une durée de vie oscillant entre vingt et vingt-cinq heures de jeu, en fonction de l’envie de chaque joueur de traverser les contrés d’Éden et des Enfers. En sus, le titre propose un mode Arène permettant de gagner plus de bonus encore, prenant la forme de seize niveaux, chacun composé de dix vagues d’ennemis à massacrer, allant évidemment crescendo dans la difficulté. Arrivé environ au dixième niveau, l’expérience s’avère relativement ardue, puisque la multitude de monstres à l’écran fait sévèrement tousser le framerate et rend l’ensemble à la limite de l’injouable.

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