Dead Synchronicity : Tomorrow Comes Today

En résumé

  • Sorties :
  • 21 Novembre 2017
  • 21 Novembre 2017
  • Non prévue

L'avis de Chozo

Point'n click solide dans sa structure à défaut de renverser le genre, Dead Synchronicity : Tomorrow Comes Today bénéficie avant tout d'un travail artistique et d'une ambiance à l’identité très forte, faisant presque oublier son grand classicisme. Pour autant, on ne peut que rester sur sa faim, la faute au caractère de ce jeu, identifié comme l’introduction d'une saga dont on ne connait pas les délais de publication des suites. Dans une aventure tout à fait recommandable et étonnamment dérangeante pour ce que cela peut dégager de positif, les 20 euros à dépenser pour se lancer dans cette œuvre limitée ne sont pas réellement justifiés. Il sera plutôt conseillé d'attendre les suites au nombre inconnu à ce jour, afin de voir si l’univers de Dead Synchronicity : Tomorrow Comes Today mérite toute notre attention.

Les plus

  • Une aventure classique mais profonde
  • Un travail artistique de premier plan
  • Une ambiance pesante très réussie
  • Une approche inédite et intelligente

Les moins

  • On attend l'éventuelle suite
  • Déplacements du curseur pas assez précis
  • Une linéarité frustrante
  • Des doublages discutables
  • Pas de tactile ?!
  • Nintendo-Difference

    par Chozo

    le 28 novembre 2017 23:00

Genre déjà relativement bien représenté sur l’eShop de la Nintendo Switch, le point’n click, dans ses racines, se compose principalement d’œuvres ne se prenant pas particulièrement au sérieux. Certaines exceptions plus matures ont bien sûr déjà été publiées, mais lorsque Fictiorama vient nous proposer une expérience post-apocalyptique dérangeante et glauque, on ne peut que se sentir intrigué. Première partie de la saga Dead Synchronicity, ce chapitre baptisé « Tomorrow Comes Today », déjà sorti en 2015 sur PC et sur les consoles concurrentes, se présente donc sur la plate-forme de Nintendo en reprenant le rendu esthétique de la version Steam et l’interface des versions salon. Un digne héritier de Monkey Island et consorts ?

Apocalypse Now

L’histoire débute avec le réveil difficile de Michael dans une caravane délabrée située dans un camp gardé par une puissance militaire. Manifestement amnésique, il ne se souvient que de son prénom, qui lui a été rappelé lors d’étranges visions survenues pendant son long sommeil. Surnommé « tête vierge » par Rod, son sauveur qui l’a recueilli au bord de la mort, Michael réalise que le monde qui l’entoure a récemment été ravagé par « la Grande Vague », une suite de catastrophes apocalyptiques ravageant population, villes et moyens de communication, provoquées par une sorte de déchirure survenue dans le ciel dont personne ne connaît les origines. Pour couronner le tout, les survivants de ces catastrophes se voient menacés par une épidémie inconnue, les transformant en « Déliquescents » et provoquant états de transe, flash forwards, et mort par liquéfaction. Parqués comme des rats dans des camps de réfugiés devenus par la force des choses de véritables camps de concentration, les survivants subissent dénonciations de taupes en cas de contamination, violences militaires et meurtres commis par une brigade de nettoyage sans pitié. Vous le sentez là, le malaise ?

Oui, parce que c’est bien de malaise dont on peut parler ici, tant le rendu visuel suggère grande violence, mort, génocide et souffrance, sans pour autant que cela ne se voie clairement à l’écran. L’atmosphère qui règne ici se résume d’ailleurs simplement par certains termes utilisés, comme le site intitulé « Suicide Park » dans la ville voisine du camp. Sans voyeurisme racoleur, le gros point fort de Dead Synchronicity : Tomorrow Comes Today est ce ton particulier qui témoigne d’un monde dévasté, avec une direction artistique rappelant les meilleurs classiques littéraires et cinématographiques du genre, comme The Last Man, After London, Soleil Vert, Les Fils de l’Homme ou La Route. Très influencé par l’expressionnisme allemand, ce titre se compose de scènes sous forme de tableaux dessinés à la main, avec une animation volontairement entrecoupée aux visuels franchement réussis. L’histoire se dévoile peu à peu au travers des déplacements de Michael dans le camp et de ses rencontres avec les personnages, allant du peu recommandable à la victime des violences militaires, ayant perdu toute dignité.

La balade sauvage

D’un classicisme marqué, ce jeu ne prétend par révolutionner le point’n click dans son gameplay. Bouton A pour se déplacer et interagir avec les éléments, bouton Y pour observer certains objets ou personnages et bouton X pour ouvrir l’inventaire, voilà tout ce qu’il faut pour résoudre les différentes énigmes parfois bien tordues. La jouabilité se complète par les boutons Zr ou Zl, qui permettent d’afficher à l’écran les différents points d’interaction possibles. Gros coup de pouce accordé au joueur, cette assistance compense la lourdeur du défilement du curseur commandé depuis le stick gauche, qui aurait fait perdre un temps inutile au joueur si elle n’existait pas. Cette aide est surtout bienvenue en mode portable, puisque fort malheureusement, le titre ne prend pas en charge les capacités tactiles de la Switch, alors que cette configuration semblait naturelle au vu de la nature du jeu.

Autre élément marquant le respect de la recette originale, Dead Synchronicity : Tomorrow Comes Today témoigne également d’une certaine linéarité classique, certes propre au genre, dans la résolution de ses énigmes. Même si la liberté de mouvement semble assez importante, les défis lancés par les différents personnages, les quêtes et puzzles doivent se faire dans un ordre prédéterminé pour pouvoir avancer dans l’histoire. Chacune bien liée au tableau affiché à l’écran, les énigmes imposent assez rarement au protagoniste de traverser plusieurs zones. Ces puzzles se cantonnent à leur environnement proche, une impression d’ailleurs gonflée par le peu d’objets disponibles dans l’inventaire qu’il faudra combiner soit entre eux, soit avec des éléments ou personnages présents dans la scène. Cette linéarité peut cependant s’avérer frustrante, puisque le joueur peut se retrouver bloqué pendant qu’il cherche en vain à résoudre un puzzle qu’il n’est pas opportun de résoudre à ce moment-là. La temporalité des énigmes s’impose au gameplay, le joueur se retrouvant obligé d’attendre pour s’attaquer à certaines parties du jeu, uniquement lorsque le jeu lui-même l’aura décidé, même s’il existe plusieurs façons de résoudre les puzzles les plus importants à l’avancée de l’histoire. Ce côté artificiel des obstacles à la progression est certes assez habituel, mais ici, le ton appliqué au jeu aurait pu engendrer un travail plus subtil avec des éléments de scénarisation plus réfléchis. En outre, on n’échappe évidemment pas au pifomètre dans les choix des combinaisons entre les objets et l’environnement, certaines résolutions restant parfois bien incompréhensibles, prolongeant artificiellement la durée de vie du jeu qui peut osciller entre 5 et 6 heures selon les connaissances du joueur pour le genre point’n click.

Et c’est pas fini !

D’une difficulté aléatoire, la plupart des énigmes sont assez simples, tout en participant très efficacement à la narration et sa structure. Même si certains dialogues demeurent rébarbatifs et longs, plusieurs scènes sont vraiment marquantes et contribuent à l’ambiance pesante parsemée de moments de tension très bien écrits. Cette tension est d’ailleurs accentuée par une bande-son aléatoirement calme puis stressante, passant des notes de synthé nébuleuses aux riffs de guitare pour les moments de révélations les plus importantes et les passages les plus violents. Exception faite des doublages des personnages aux qualités diverses, qui peuvent sortir le joueur de l’ambiance installée par l’histoire, la faute à un jeu décalé, trop forcé et parfois vraiment ridicule pour certains intervenants.

Comme cela a été évoqué plus haut, il s’agit ici du premier chapitre de ce qui se veut être une série, et cela se ressent bien dans la narration et surtout dans le dénouement de cette histoire. Avec une révélation finale tout à fait prévisible, ce jeu peut se voir comme une sorte d’introduction dans l’univers de Dead Synchronicity, avec une fin très peu subtilement tranchée. Laissant Michael avec un inventaire encore bien chargé et un fort sentiment d’inachevé, le jeu nous quitte lorsque l’histoire décolle réellement. Ce sentiment s’exacerbe d’autant plus puisque le second épisode n’a toujours pas montré le bout de son nez, plus de deux ans après la sortie de Tomorrow Comes Today.

LES COMMENTAIRES
Les commentaires sont désactivés.
Les prochaines sorties