Death Come True

En résumé

  • Sorties :
  • 26 Juin 2020
  • 24 Juin 2020
  • 25 Juin 2020

L'avis de Klaus

Le pari d'Izanagi Games et Kazutaka Kodaka d'offrir une expérience unique avec Death Come True est donc réussi, mais la durée de vie bien trop courte l'empêche d'être un titre à conseiller facilement. Néanmoins, il s'agit d'un film interactif réalisé avec beaucoup de soin, composé d'une histoire prenante où l'ennui n'existe pas que les fans de Danganronpa ou les personnes souhaitant profiter d'une expérience rare dans le domaine des jeux vidéo pourront apprécier, et que l'on recommande donc du moment où Izanagi Games proposerait une petite réduction. Dans tous les cas, et même si on peut rester sur sa faim, Death Come True donne très envie de jouer à d'autres œuvres en FMV tirées de l'esprit de Kodaka. Il a aussi le mérite de bien se démarquer des Danganronpa, ce qui prouve que le créateur de la série arrive à se renouveler avec brio. Il reste à savoir s'il y arrivera aussi avec les autres projets sur lesquels il travaille au sein de Too Kyo Games, que nous vous avons hâte de découvrir, et qui pourraient très bien sortir sur Switch.

Les plus

  • Une histoire très prenante
  • Bonne ambiance sonore
  • Les différentes traductions
  • Les médailles et les choix qui donnent envie de continuer
  • Les morts du protagoniste qui donnent accès à la suite de l'histoire
  • Le grand soin apporté à toutes les parties du jeu malgré le budget limité

Les moins

  • Beaucoup trop court
  • Certains personnages auraient mérité plus de développement
  • Nintendo-Difference

    par Klaus

    le 22 juillet 2020 22:00

En 2018, les créateurs respectifs de Danganronpa et Zero Escape, Kazutaka Kodaka et Kotaro Uchikoshi, établissaient Too Kyo Games avec d’autres développeurs pour travailler dans le domaine des jeux vidéo et des anime, en s’écartant des séries principales sur lesquelles ils étaient positionnés auparavant. Alors qu’Uchikoshi travaillait de son côté sur le jeu d’aventure AI : The Somnium Files chez Spike Chunsoft, sorti en 2019, Kodaka, lui, se détachait complètement de Danganronpa en imaginant Death Come True, un film interactif développé avec l’aide d’un autre studio japonais, Izanagi Games. 

Allant jusqu’à considérer Death Come True comme le premier contenu interactif japonais combinant à la fois film et jeu vidéo, Kodaka prenait donc le risque de s’écarter de sa série fétiche en créant cette fois-ci un titre sans énigmes ou mini-jeux, mais toujours dans un cadre fermé, puisque l’histoire se déroule dans un hôtel. Bien qu’avec Izanagi Games, Kodaka a pu faire appel à des personnalités connues dans le monde des acteurs au Japon, le budget était tout de même restreint, et la sortie a pu se faire uniquement en format dématérialisé au prix de 17,99 €, tout d’abord sur Nintendo Switch, iOS et Android. Malgré les limites imposées, Izanagi Games a pu offrir une traduction en plusieurs langues, dont le français (par Nicolas Pujol, qui avait déjà traduit Danganronpa V3 : Killing Harmony), ce qui rend Death Come True tout à fait accessible, contrairement aux Danganronpa en dehors du dernier épisode qui avaient bénéficié uniquement d’une traduction anglaise officielle.

Après environ six mois d’attente, nous avons donc pu mettre la main sur Death Come True, dont le pari avait tout l’air d’être réussi grâce aux différents talents qui ont pu travailler sur le projet. Tout en faisant attention à ne pas en dévoiler trop sur l’histoire, étant donné qu’elle est logiquement au cœur du jeu, voici enfin notre verdict.

 

Retour à la case départ

 

Comme pour un très grand nombre de jeux d’aventure, l’intrigue de Death Come True débute lors du réveil du héros, complètement amnésique, qui ne se souvient même plus de son nom. On le découvre ainsi couché sur un lit dans une chambre d’hôtel, et alors qu’il était visiblement plongé dans un sommeil profond, il est finalement réveillé par la sonnerie d’un téléphone. En tentant de retrouver ses esprits, ou plutôt de les trouver puisqu’il ne se souvient de rien, il décroche, le réceptionniste à l’autre bout de l’appareil l’informant qu’il peut aller le rencontrer à tout moment. Le protagoniste décide alors d’explorer les lieux, et c’est avec stupeur qu’il trouve, dans la salle de bain de sa chambre, une femme endormie et ligotée. Très vite, comme si tout était écrit, il entend ensuite le journal télévisé et se rend compte qu’il est lui-même recherché par la police, en apprenant au passage qu’il s’appelle Makoto Kuraki et qu’il est un meurtrier en série…

Face à l’urgence de la situation, notre héros sera déterminé à découvrir la vérité, à la fois sur lui-même et au sujet de cet hôtel particulièrement étrange dont il ne peut s’échapper. Il n’hésitera pas non plus à prendre des risques importants, au point de causer sa mort… Mais la mort, comme l’indique le titre du jeu, est très importante, puisqu’elle permettra d’avancer dans l’aventure. En effet, chaque choix aura un impact sur le déroulement de l’histoire, et mènera parfois à la mort du protagoniste. Grâce à sa capacité à remonter dans le temps, tout en conservant les souvenirs de ce qu’il s’est passé avant de mourir, sa mort aura souvent pour effet de débloquer de nouveaux choix pour progresser dans le scénario. 

 

Despair & Live Action

 

Qui dit remonter dans le temps, dit aussi revenir au tout début du jeu plusieurs fois. Heureusement, l’interface relativement simple, que ce soit en mode téléviseur ou en mode portable grâce à l’écran tactile, permet de passer rapidement les passages déjà vus. Il est tout de même recommandé de revoir la plupart des scènes, car certains détails ne se remarquent pas dès le départ, tandis que d’autres sont glissés discrètement après les morts de Makoto et à la suite de choix qui ont pu être effectués auparavant.

Death Come True devient rapidement de plus en plus intéressant grâce à son histoire prenante, au rythme maîtrisé, ce qui n’était pas gagné d’avance compte tenu des choix et des morts du protagoniste qui auraient pu freiner l’expérience. On passe ainsi de thriller à thriller de science-fiction, et le fait de prendre des décisions à la place de Makoto devient très vite intéressant. On est bien sûr ici face à un jeu minimaliste assumé, mais qui parvient à se démarquer d’autres titres que l’on peut trouver surtout en Occident, principalement chez Wales Interactive ou Rhinotales récemment avec She Sees Red.

Pour Death Come True, l’équipe de Kodaka a préféré se concentrer uniquement sur l’intrigue, sans passer du temps à créer des énigmes à résoudre et à explorer différents lieux pour trouver des indices et parler à des personnages, contrairement aux Danganronpa. En excluant le fait de réfléchir à ce qu’il pourrait bien se passer dans la suite de l’aventure et à imaginer comment Makoto est tombé dans son hôtel, pourquoi il ne se souvient de rien et à d’autres mystères, il n’y a donc aucune prise de tête. Le jeu peut alors se faire très tranquillement, et donne rapidement envie de continuer à avancer pour connaître le dénouement. Il est aussi plutôt gratifiant, car en effectuant des choix et en faisant mourir le héros, on obtiendra différentes médailles appelées Death Medal. Les récupérer permet d’accéder à des vidéos dans la section DeathTube du mode Extra, correspondant au JT de Minoken que l’on aperçoit dans la chambre de Makoto, mais aussi aux scènes de tournage et hors-tournage. Ces vidéos sont particulièrement intéressantes et permettent de bien voir à quel point l’équipe a apporté beaucoup de soin au jeu malgré le budget limité. Au lancement, il n’y avait pas de traduction dans cette section du jeu, mais heureusement, Izanagi Games a sorti une mise à jour il y a peu de temps, ajoutant des sous-titres dans toutes les langues, y compris pour les vidéos de scènes de tournage et hors-tournage. 

 

Life Come False

 

Death Come True va donc plus loin que regarder simplement un film en faisant des choix de temps à autre. Le système et l’interface, ajoutés à l’ambiance sonore offerte par Masafumi Takada (Danganronpa, The Silver Case, Flower, Sun, and Rain, killer7, No More Heroes, Zero : Tsukihami no Kamen, Super Smash Bros. Brawl, for Wii U & 3DS et Ultimate, Kid Icarus : Uprising, Digimon Story Cyber Sleuth, Zangeki no Reginleiv, Infinite Space, Vanquish, The Evil Within, Earth Defense Force 5…), renforcent l’immersion. De plus, niveau tournage et montage, Izanagi Games a pu faire appel à des professionnels particulièrement talentueux avec des techniques très intéressantes. On a par exemple souvent l’impression d’être dans la peau de Makoto avec les vues à la première personne, le tout couplé au jeu d’acteur réussi et aux effets spéciaux soignés. 

Le casting de Death Come True, lui aussi limité, était tout de même composé d’acteurs appréciés qui ont su faire leurs preuves, que ce soit récemment ou il y a quelques années. Le héros, Makoto, est joué par Kanata Hongo, qui avait joué le rôle de Makoto Naegi dans la pièce de théâtre adaptant le premier Danganronpa et qui avait doublé Ryota Mitarai dans l’anime Danganronpa 3 : The End of Hope’s Peak High School. L’équipe de Kodaka a également réussi à appeler Chiaki Kuriyama pour le rôle de l’enquêteuse Akane Sachimura. Elle n’a pas non plus été choisie au hasard, puisque Kodaka affectionne particulièrement les films Kill Bill et Battle Royale, dans lesquels elle est apparue. L’autre bonne surprise est l’apparition de Yuki Kaji, seiyuu très célèbre, qui joue le réceptionniste de l’hôtel, ou encore Win Morisaki, qui incarne l’enquêteur de police Nozomu Kuji, que l’on retrouvait dans le rôle de Toshiro Yoshiaki dans Ready Player One. On apprécie aussi la chanson du générique de fin, Inner Circle, interprétée par Kami-sama, I have noticed (qui avait interprété la chanson du générique de fin de l’anime Keep Your Hands Off Eizouken! de Science Saru, Namae no Nai Ao, ou encore la chanson thème de Star Ocean : Anamnesis ainsi que la chanson du générique d’ouverture de l’anime Chiruran 1/2).

Malheureusement, malgré toutes ses qualités, il est difficile de recommander Death Come True, du moins à son prix actuel qui s’élève à presque 20 €. En effet, pour terminer le jeu à 100 %, il faut seulement entre trois et cinq heures, et il est donc tout à fait possible de finir l’aventure en une simple soirée sans se prendre la tête. Il n’y a pas non plus de replay value, ce qui pousse à se dire à la fin de l’histoire « c’est tout ? ». Mais le fait que Death Come True aille directement à l’essentiel, sans temps mort, est aussi une de ses qualités. On ne s’ennuie jamais, l’intrigue est toujours prenante et les protagonistes attachants. C’est aussi, malheureusement, en voyant que certains personnages manquent cruellement de développement, sans ajouter beaucoup à l’intrigue, que l’on se rend compte à quel point le budget de Death Come True était restreint. À moins d’être un immense fan du travail de Kodaka ou de films interactifs, se procurer Death Come True au prix fort reste difficilement recommandable. 

 

 

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