DOOM

En résumé

  • Sorties :
  • 10 Novembre 2017
  • 10 Novembre 2017
  • 1 Mars 2017

L'avis de Mr Godjira

Le studio Panic Button a réalisé un travail incroyable qui mettra de nombreux autres studios face à leurs responsabilités sur les portages un peu moisis comme on l’a vu récemment sur des jeux nettement moins ambitieux. Le fait qu’il soit moins beau que sur PC n’est pas une surprise, mais le fait que le jeu reste fun dans une résolution moindre est la marque d’un jeu avec un gameplay de haute qualité. DOOM sur Switch est un peu l’équivalent du livre de poche dans la littérature : il existe des œuvres éditées chez La Pléaide qui répondront à certaines exigences, mais il existe aussi le format de poche. Le contenu est identique, seul l’habillage change.

Les plus

  • Un jeu immature et décomplexé,
  • ... qui aide à passer ses humeurs.
  • Jouable à tout moment, grâce à la Switch
  • Un portage ambitieux et réussi

Les moins

  • Le mode multi un peu trop mou 
  • Des bugs de son
  • Quelques chutes de framerate 
  • Pas de gyroscope
  • Nintendo-Difference

    par Mr Godjira

    le 27 novembre 2017 23:00

La formule des Nintendo Direct qui ronronne depuis un moment a l’avantage de pouvoir créer la surprise. Ainsi, le 14 septembre 2017, intercalé entre un Kirby et un Rocket League, nous avons entrevu l’enfer. Un enfer que chacun interprétera à sa manière, mais il faut reconnaître que Bethesda et Nintendo ont su créer la surprise en révélant DOOM et Wolfenstein 2, en plus de Skyrim, deux licences historiquement reines du genre FPS, connues également pour y exposer la violence de manière décomplexée et nanardesque.

Alors que les consoles Nintendo n’accueillaient plus réellement de FPS (si ce n’est quelques portages vite vus d’un Call of), voir surgir sans crier gare une horde de démons sur la petite console hybride a de quoi surprendre un public désormais habitué aux jeux entachés de couleurs vives. Alors, cris d’effroi ? De joie ? De rage ? Mais à qui diable ce jeu s’adresse-t-il ?

Temple of Boom

Cela faisait un moment qu’une console Nintendo n’avait accueilli un jeu id Software. Le dernier en date était DOOM sur GBA, il y a plus de 16 ans. Un portage plutôt tardif lorsque l’on regarde attentivement le nombre de supports qui auront accueilli ce jeu rapidement devenu culte. Porter DOOM sur GBA c’était s’adresser au consommateur en lui disant directement « Tu vois cette petite console de poche ? Eh bien elle fait tourner sans mal ce jeu qui jusque-là était réservé aux machines les plus puissantes, et tu vas pouvoir t’éclater ! »

Il est bon de rappeler à quel point DOOM fut en 1993 un jeu marquant. Il affina les mécaniques des jeux vus à la première personne (initiés avec Wolfenstein 3D), il introduisit le Death Match et surtout avait un moteur 3D révolutionnaire qui permettait l’élaboration de niveaux plus complexes et plus vastes que ceux de Wolfenstein. Tous ces éléments servant une réalisation solide, un gameplay nerveux et une nouvelle façon de jouer totalement immersive, n’auraient pas suffi à donner à DOOM ses lettres de noblesse sans son genre ultra gore quasiment jamais vu jusque-là dans un jeu vidéo. Totalement inspiré des slashers des années 70/80, DOOM invitait le joueur à massacrer à coup de tronçonneuse et autres armes à feu des hordes de démons.

Cette violence surexposée et gratuite semblait quasi infinie, les giclures jaillissaient au même rythme que les ennemis apparaissaient. Incroyablement fun, le jeu est devenu rapidement populaire et joué massivement grâce à une distribution en shareware. La popularité du jeu s’attira de concert les regards des médias, dont les moins complaisants envers le jeu vidéo, et fut très critiqué pour cette débauche d’hémoglobine, renforçant automatiquement sa popularité. Le mot DOOM était devenu si populaire qu’il aurait fort à parier que Greg Araki s’en serait inspiré pour son film sorti en 1995, DOOM Generation, un road trip survolté narrant l’histoire d’une bande d’ados déconnectés sous psychotropes. Véritable pierre angulaire de l’histoire du jeu vidéo, DOOM et ses nombreux coups de roquettes prêtèrent pendant un moment son nom au genre FPS, jusque-là nommé DOOM-like.

Retour en enfer

Au fil du temps, les démons furent remplacés petit à petit par des cosmo-GI, des Russes et des terroristes, il devenait de moins en moins certain que les monstres d’antan puissent faire un retour au grand dam des joueurs qui se sentaient une âme d’un Steven Seagal dans le rôle jamais joué d’un grand inquisiteur. Pourtant, en mai 2016, DOOM revenait sur PC, Xbox One et PS4 dans un reboot techniquement flambant neuf. On y suivait les aventures d’un malheureux qui se réveille attaché avec l’équivalent d’une grosse gueule de bois dans une pièce aussi crasseuse qu’un lendemain de soirée arrosée par des ados un tantinet gothiques. Un peu à la John McClane, le joueur n’avait pas encore mis un pied à terre que les ennuis affluaient en masse.

Pour faire la lumière sur cette situation que beaucoup qualifieraient de foireuse, le joueur n’aura pas d’autres choix que de parcourir les couloirs qui s’ouvriront devant lui et survivre en massacrant tout obstacle récalcitrant. Le poussant de Mars (rappelons que, dans n’importe quelle œuvre de SF, lorsque ça se passe sur Mars, ça se passe toujours mal) jusqu’aux enfers.

Bref, en dépit d’un gameplay finement réactualisé et d’un level design remis au goût du jour, le balisage scénaristique enfermait DOOM dans son propre hommage et ne réinventait pas le genre que la licence avait elle-même contribué à créer. Pire encore, le multi se montrait décevant. Était-ce pour autant un rendez-vous manqué ? Pas si sûr, car sans se complaire dans des mises en scène grandiloquentes à la Call of Duty, DOOM servait l’essentiel : du fun. Cela faisait un moment que l’on n’avait pu balancer des roquettes sans se poser de questions morales ou encore démembrer à tout va sans prendre la fuite à la Lucas Magnotta. Grâce à DOOM on pouvait de nouveau plonger dans l’ultra violence, au rythme des musiques métal / industrielles, sans complexe et de façon assumée.

L’exutoire ultime du jeu est dans son mode Arcade qui reprend simplement les niveaux du jeu, mais dans lequel l’enchaînement des exécutions, la précision des tirs et autres multiplications des Glory Kills affichent des multiplicateurs de score qui nous poussent à faire toujours mieux. Cela peut paraître idiot, mais pour beaucoup un tableau des scores est beaucoup plus gratifiant qu’un système d’achèvements. Ainsi à chaque tir, on prend connaissance de sa réussite au fur et à mesure que les scores s’affichent.

Où jouez-vous avec le vôtre ?

Le portage de DOOM sur Switch, comme énoncé dans l’intro, en a fait hurler plus d’un. Beaucoup de ces hurlements étaient liés à la qualité du portage déjà estimée comme inférieure. En même temps faut-il être mathématicien pour comprendre que la Switch ne pourrait pas s’aligner sur une configuration de PC gamer bourgeois ? Et le jeu est-il un jeu ou simplement une démo technique ? En 1993, DOOM était un exploit technique, mais c’était surtout un gameplay immersif. En 2016, DOOM n’était pas spécialement un exploit technique, mais restait surtout sur un gameplay nerveux. Pour aborder cette version Switch, il conviendra donc d’arrêter de compter le nombre de particules et la qualité des bumps et se concentrer sur le flow, autrement dit, voir si le gameplay de DOOM reste intact sur le support. Et c’est là que la magie opère, déambuler à tout va et dézinguer successivement les créatures infernales qui entravent notre chemin reste totalement jouissif. C’était déjà ce qui différenciait DOOM sur PC de ses contemporains en 2016 : sous son habillage cosmétique le jeu se concentrait sur l’essentiel avec une courbe de difficulté bien ficelée.

De fait, son passage en 30 images sur l’écran de la Switch, ne trahit pas l’expérience, le jeu reste bon là où il était bon et reste moyen là où il était l’était déjà. Cette comparaison technique un peu malheureuse que l’on doit faire n’a même presque plus aucun sens si l’on se contente de jouer au jeu en mode portable. DOOM sur Switch devient un FPS totalement convaincant comme l’on n’en aura rarement vu sur console portable. Jouer au mode arcade un peu partout donne au portage toute sa raison d’être. On notera quelques petits bémols, comme le fait que le jeu est un portage qui ne prend pas en compte réellement les spécificités du support. Du coup, les textes de l’interface sont difficilement lisibles et la visée au gyroscope aurait pu être un atout pour cette version. Et surtout, les quelques ralentissements lors de la présence de nombreux ennemis peuvent couper l’expérience. Mais globalement, avoir DOOM sur Switch reste totalement convaincant.

LES COMMENTAIRES
Les commentaires sont désactivés.
Les prochaines sorties