Ever Oasis

En résumé

  • Sorties :
  • 23 Juin 2017
  • 23 Juin 2017
  • 13 Juillet 2017

L'avis de Kayle Joriin

À l'heure du verdict, difficile d'avoir un avis bien tranché sur Ever Oasis. Si le jeu de Grezzo propose en effet un mélange des genres efficace et plaisant, il ne s'agit clairement pas du nouveau Seiken Densetsu, ni d'un concurrent sérieux à des simulations de vie bien installées comme Animal Crossing ou Harvest Moon/Story of Seasons. Cela étant, l'expérience qu'il propose est suffisamment qualitative pour satisfaire un public de néophytes et de jeunes joueurs, sans pour autant faire fuir les plus chevronnés, à moins qu'ils attendent un scénario de malade et une difficulté particulièrement relevée. On aura donc tendance à le recommander au grand public à qui il s'adresse en priorité, tout en émettant une petite réserve à destination des amateurs de chair fraîche qui risquent de tourner de l’œil devant tous ces fruits et légumes.

Les plus

  • Mélange des genres efficace
  • Accessible à tous
  • Ambiance exotique
  • Réalisation mignonne et colorée
  • Bande-son plaisante
  • Durée de vie très correcte
  • Certaines histoires annexes... 
  • … qui offrent un peu de challenge au passage

Les moins

  • Scénario général guère passionnant
  • Certaines tâches laborieuses et répétitives
  • Gestion de l'équipe trop rigide
  • Quelques ralentissements...
  • ...et soucis de caméra
  • Plutôt facile dans l'absolu 
  • Pas de multijoueur pour les combats
  • Petites faiblesses dans le character design
  • Nintendo-Difference

    par Kayle Joriin

    le 11 octobre 2017 22:00

Fondé en 2006 par Koichi Ishii, créateur de la série des Mana (ou Seiken Densetsu au Japon), le studio Grezzo s’est d’abord fait connaître sur WiiWare avec le sympathique Line Attack Heroes, puis s’est forgé une solide expérience de la 3DS au cours des sept dernières années. Les développeurs tokyoïtes ont ainsi participé au développement de titres comme The Legend of Legacy ou The Legend of Zelda : Tri Force Heroes, mais ont surtout gagné leurs lettres de noblesse en se chargeant des remakes d’Ocarina of Time et de Majora’s Mask. Un travail qui a manifestement donné satisfaction à Nintendo,  puisque le studio a finalement eu l’opportunité de concrétiser son premier projet d’envergure avec Ever Oasis, dont l’idée était en gestation en interne depuis plusieurs années.  Et même sur une 3DS en pré-retraite, l’enjeu restait de taille.

Des graines, de l’eau de source, du fun

Histoire de se démarquer un peu de la concurrence, Ever Oasis joue d’emblée la carte de l’exotisme en prenant place dans un monde désertique nommé Vistrada où vivent différentes races hautes en couleur. Les Granéens constituent ainsi un peuple de marchands et d’artisans capables, grâce à leur graine-cœur, de faire pousser des plantes dans lesquelles ils installent ensuite leurs échoppes (portant le nom évocateur de « boutifleurs »). Les Ouads sont, pour leur part, d’élégantes guerrières reptiles spécialisées dans le combat à la lance et fans d’articles de mode. Pas grand-chose à voir donc avec les Serks, de gros costauds au visage scorpioïde qui préfèrent se remplir la panse et casser des trucs à grands coups de marteaux. Quant aux Lycos, ils sont plutôt du genre à collectionner les babioles et autres jouets, mais ces boules de poils aux longues oreilles se montrent surtout remarquablement adroites dans le maniement des doubles lames. Enfin, vivant dans leur petite bulle consumériste, les Manchouettes jouent le rôle de mascottes du désert et sont une manne financière inépuisable pour l’économie granéenne, car ces oiseaux rondouillards n’aiment rien tant que dépenser leurs aquagemmes (la monnaie locale) dans la première boutifleur venue.

Tout ce petit monde a généralement l’habitude de se croiser au sein des oasis qui se développent à l’ombre d’arbres arc-en-ciel issus de l’union entre les génies de l’eau et certains Granéens appelés « enfants du grand arbre ». Outre la douceur du climat et la présence bienfaisante d’une source d’eau, ces petits havres de paix protègent surtout leurs habitants contre l’influence néfaste du Chaos, une entité capable de pervertir l’âme des êtres vivants et de les transformer en monstres agressifs. Leur protection n’est toutefois pas infaillible et le Chaos tente régulièrement de s’immiscer en leur sein en prenant la forme de plantes violacées et biscornues. C’est à la suite d’une de ces attaques que notre avatar (dont on aura préalablement défini le nom, le sexe et l’apparence) va assister à la destruction de son foyer, ne devant sa survie qu’à la lucidité de son frère. Désormais livré à lui-même, il fera rapidement la rencontre de la jeune Esna, dernière survivante des génies de l’eau, avec l’aide de laquelle il devra créer une ultime oasis, la faire prospérer et tenter de vaincre le Chaos.

Silence, ça pousse !

On ne fera pas durer le suspense plus longtemps en révélant que le scénario d’Ever Oasis n’est pas forcément très captivant. Si la relation entre Esna et l’avatar aurait pu donner lieu à quelque chose de potentiellement intéressant, l’histoire qui nous est contée brille au final par son manichéisme, s’avérant au mieux gentillette et au pire assez niaise. De nombreux petits récits parallèles viennent certes enrichir le background et sauvent un peu l’ensemble, mais on ne joue clairement pas au titre de Grezzo pour ses prétentions scénaristiques, bien que les plus jeunes et les joueurs « bon public » sauront sans doute s’en contenter, appréciant au passage quelques retournements de situation un brin prévisibles. 

Côté gameplay, en revanche, le studio tokyoïte a fait du bon boulot en mélangeant adroitement la simulation de vie et l’action-RPG à énigmes. Le jeu se décompose ainsi en deux phases distinctes, mais intimement liées : d’une part, la gestion de l’oasis et de ses habitants ; d’autre part, l’exploration du désert et de ses donjons. À la manière du maire d’un Animal Crossing, il va donc falloir commencer par entretenir et développer son domaine en invitant de nouveaux alliés à s’y installer. Or, si les premiers visiteurs accepteront volontiers de poser leurs valises dans notre nouvelle communauté, d’autres auront des exigences plus ou moins excentriques qu’il faudra satisfaire, et certains devront même être découverts (voire secourus) dans les régions avoisinantes avant de pouvoir être recrutés. Une fois installés, tous auront néanmoins l’occasion de participer au développement de l’oasis sous notre supervision.

Les Granéens pourront par exemple gérer leur propre boutifleur ou cultiver le potager du coin, tandis que les Ouads, Serks et Lycos seront envoyés en expédition dans les régions déjà explorées pour collecter des matières premières qui viendront alimenter l’artisanat oasien. Afin d’éviter les ruptures de stock, les magasins devront en effet être régulièrement réapprovisionnés en matériaux, ce qui permettra au passage de renforcer le lien avec leurs propriétaires afin qu’ils nous confient des quêtes secondaires à l’intérêt variable. L’occasion d’en apprendre davantage sur eux, mais surtout d’améliorer les différents commerces afin qu’ils proposent davantage de produits.

Un peu fastidieuses au début de l’aventure, ces phases logistiques sont toutefois rapidement facilitées par la possibilité de grouper les livraisons. Il faudra certes continuer à faire du porte-à-porte pour récolter notre part des bénéfices et discuter avec les commerçants, mais on gagnera tout de même pas mal de temps à pouvoir gérer les stocks via un simple menu. De la même manière, si on doit dans un premier temps obtenir soi-même ses matières premières, que ce soit par la chasse, la cueillette ou l’extraction minière, il devient rapidement possible d’attribuer ces tâches à certains de nos administrés. On peut alors passer davantage de temps à personnaliser son oasis, à optimiser l’emplacement des boutifleurs et à créer divers objets grâce à l’arbre à synthèse. Sachant qu’il sera aussi parfois nécessaire de faire le tour de son domaine pour en arracher ces satanées plantes du Chaos.

Seiken Desertsu

Bien entendu, notre avatar devra aussi régulièrement s’aventurer à l’extérieur de l’oasis, afin d’explorer le désert, de rencontrer de nouveaux alliés et de combattre l’influence grandissante du Chaos. Il pourra être accompagné dans cette entreprise par deux acolytes choisis parmi les membres de la communauté, chacun possédant une combinaison spécifique de classe, d’arme et de capacités, dont certaines seront nécessaires pour progresser. En effet, outre les affrontements contre diverses créatures corrompues et la collecte de matières premières, une bonne partie de nos pérégrinations seront consacrées à la résolution de nombreuses petites énigmes « à la Zelda ». Ni très compliquées, ni très originales, ces dernières restent néanmoins assez variées et s’intègrent harmonieusement à la dimension action-RPG du titre, malgré une caméra pas toujours au point. On regrettera juste les allers-retours un peu agaçants qu’il faut parfois effectuer entre les donjons et notre QG afin de récupérer les personnages disposant de l’arme ou de la technique adéquate. Une gymnastique certes facilitée par un système de téléportation plutôt pratique, mais qui aurait pu être évitée en nous laissant un peu plus de liberté dans la gestion du groupe. Cette dernière n’étant possible qu’au sein de l’Oasis.

Côté combat, on retrouve là encore un système assez simple, mais efficace, avec la possibilité de verrouiller un ennemi et de changer de cible via la croix directionnelle, d’alterner à la volée entre les membres de l’équipe, d’effectuer une roulade pour esquiver, d’utiliser des pouvoirs spéciaux grâce à une jauge dédiée et plus prosaïquement de balancer des mandales dans la trogne des montres rencontrés. Subdivisées en coups faibles et forts, les attaques peuvent d’ailleurs changer assez radicalement en fonction de l’arme utilisée. Les lances, sabres, marteaux et autres doubles lames permettent par exemple de réaliser de petits combos qui s’améliorent avec la montée en niveau des personnages, alors que les bâtons magiques proposent une attaque de base au corps à corps (coup faible) et un sort magique (coup fort) dont la nature varie en fonction du bâton. Quant aux arbalètes, elles offrent des tirs rapides ou puissants, ainsi que la possibilité de viser librement grâce au mode verrouillage.

Dans l’ensemble, les affrontements s’avèrent donc plutôt agréables, même s’ils manquent parfois d’un peu de peps. Et bien qu’ils semblent très faciles à première vue, il ne faut pas forcément jouer les bourrins, car la barre de vie peut descendre assez rapidement face à des ennemis un peu costauds, notamment lorsque la nuit tombe ou durant certaines quêtes annexes à la difficulté plus élevée que la moyenne. Il est alors de bon ton de piocher dans son stock d’objets de soin (accessible via l’écran tactile), d’exploiter au mieux la vulnérabilité des différentes catégories de créatures face à tel ou tel type d’armes, et d’utiliser les altérations d’état pour affaiblir ses ennemis. On comprend aussi tout l’intérêt de bien gérer son oasis et de satisfaire la population, puisque le bonheur de nos administrés renforce un pouvoir nommé « Égide de l’arc-en-ciel » qui augmente de manière assez significative les points de vie des combattants.

Mirage ou réalité ?

Au moment de faire les comptes, force est de reconnaître qu’Ever Oasis n’est pas toujours d’une grande originalité et qu’il ne rivalise ni avec les meilleurs action-RPG, ni avec les simulations de vie les plus populaires de la 3DS. Néanmoins, le mélange des genres fonctionne bien et on se prend facilement au jeu, malgré quelques soupirs ici ou là devant un dialogue un peu niais, une énigme trop évidente ou une tâche un peu répétitive. D’ailleurs, ce sentiment de satisfaction mesurée se retrouve également au niveau de la réalisation, très honorable pour la petite 3DS, mais qui n’impressionne pas non plus outre mesure. La direction artistique, mignonne et colorée, offre certes à l’aventure un côté exotique pas déplaisant, renforcé par une bande-son de bonne facture. Toutefois, elle n’évite pas quelques facilités et choix discutables, comme le look « Nendoroid »  des Granéens ou le design très bizarre des Serks. En outre, si le jeu reste assez solide d’un point de vue technique, on note tout de même quelques ralentissements ici ou là, certains apparaissant lorsqu’on active la 3D stéréoscopique et d’autres lorsqu’on la désactive. Une bizarrerie déjà constatée sur d’autres jeux 3DS (Dragon Quest VII pour ne citer que lui).

Quoi qu’il en soit, le titre de Grezzo propose une expérience somme toute convaincante, suffisamment accessible pour plaire à un large public, tout en proposant un contenu bien calibré. En effet, si les différentes régions de Vistrada ne sont pas aussi vastes qu’on aurait pu l’espérer, elles regorgent tout de même de nombreuses choses à faire, entre les donjons à explorer, les trésors à dénicher et les alliés à recruter. De quoi s’occuper au moins une bonne vingtaine d’heures avant de voir défiler le générique de fin, sachant que dans le cadre de ce test, le temps de jeu s’approchait plutôt des quarante heures sans avoir pourtant amélioré l’oasis à son maximum ni rempli tous les objectifs annexes. Alors pour être honnête, on n’aurait pas dit non à un petit mode coopératif en local, mais contrairement à Tri Force Heroes, Grezzo a joué ici la carte du pur jeu solo, sans doute à cause de la dimension gestion qui se prêtait moins au multijoueur. On attendra donc une éventuelle suite pour remédier à cette petite lacune, ainsi qu’aux défauts de jeunesse d’une production qui reste fort sympathique à défaut d’être réellement indispensable.

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