Heroes of the Monkey Tavern

En résumé

  • Sorties :
  • 7 Novembre 2017
  • 7 Novembre 2017
  • 18 Janvier 2018

L'avis de Kayle Joriin

Avec son gameplay classique et plutôt accessible, Heroes of the Monkey Tavern est un dungeon crawler modeste, mais addictif, qui souffre malheureusement de quelques soucis de maniabilité et d’ergonomie. Si on ne le conseillera donc pas forcément à tout le monde, les nostalgiques de Dungeon Master prêts à faire quelques concessions pourront profiter d’une sympathique madeleine de Proust à un prix somme toute raisonnable. Un premier jeu séduisant, à défaut d’être irréprochable, pour un jeune développeur français auquel on souhaite bon courage pour la suite.

Les plus

  • Le feeling Dungeon Master
  • Classes et bestiaire assez variés
  • Propre techniquement
  • Bande-son agréable
  • Plutôt accessible
  • On ne voit pas le temps passer

Les moins

  • Tout de même très classique
  • Maniabilité et ergonomie perfectible
  • Impossible de réattribuer les commandes
  • Combats parfois un peu trop mécaniques
  • Assez court, malgré une certaine rejouabilité
  • Manque d’informations in game
  • Nintendo-Difference

    par Kayle Joriin

    le 9 novembre 2017 23:00

Dungeon Master. Un nom qui résonne avec nostalgie aux oreilles des vieux rôlistes qui ont eu l’occasion de le pratiquer sur Atari ST ou l’un des nombreux autres supports l’ayant accueilli (dont la Super Nintendo). Il faut dire qu’à sa sortie en 1987, le jeu de FTL Games révolutionne tout bonnement le genre du dungeon crawler en introduisant nombre de concepts inédits comme des combats temps réel en vue subjective, une maniabilité à la souris plus interactive, un système de magie à base de runes laissant une grande liberté d’expérimentation, ainsi qu’un univers en 3D très immersif malgré des décors répétitifs. Le succès fut évidemment au rendez-vous, inspirant par la suite de nombreux clones et autres suites spirituelles, tout en donnant naissance à une série achevée en 1998 avec le pseudo-remake Dungeon Master Nexus sur Saturn. Plus récemment, le studio finlandais Almost Human a également rendu un vibrant hommage au maître avec l’excellente série des Legend of Grimrock, disponible sur PC et iOS (du moins en ce qui concerne le premier épisode). Autant de références et d’influences que le développeur parisien Cédric Maussion semble avoir parfaitement assimilées afin de nous proposer sa propre vision du genre avec le sympathique Heroes of the Monkey Tavern, greenlighté sur Steam l’an dernier avant d’être porté sur PS4 en mars, et désormais disponible sur Switch pour une petite dizaine d’euros.

 

Eye of the Beerholder

 

Si la plupart des jeux de rôle nous content la quête de gloire et de fortune de courageux aventuriers, rares sont ceux qui s’intéressent à ce qui se passe ensuite, lorsque lesdits aventuriers, fourbus et assoiffés, font halte à l’auberge du coin. Or, c’est précisément là que démarre notre récit, alors que quatre puissants héros vident sans vergogne le contenu de leurs bourses pour se payer tournée sur tournée. À tel point que la fine équipe, se retrouvant à poil après avoir revendu jusqu’à la dernière pièce d’équipement, doit repartir à la conquête d’une mystérieuse tour, obligeamment indiquée par un quidam lambda, afin de refaire le plein d’or et de matériel. Une introduction plutôt originale, bien que narrée dans un anglais un peu mécanique, dont il faudra se contenter puisque Heroes of the Monkey Tavern n’a quasiment rien à proposer d’autre en guise de scénario. Cela dit, on ne lui demandait pas forcément davantage.

 

Avant d’explorer le dédale de salles et de couloirs, il faut toutefois personnaliser son groupe en choisissant le portrait et la classe de chaque membre, puis en boostant leurs attributs (Force, Dextérité, Intelligence et Constitution) avec quelques points bonus. Très classiques, les huit classes proposées offrent heureusement une certaine variété avec des aptitudes spécifiques qui ont leur importance une fois sur le terrain. Le guerrier maîtrise ainsi toutes les armes, peut porter une armure lourde et bloquer les coups avec son bouclier. Le barbare préfère miser sur la puissance de frappe avec une hache dans chaque main et un bonus de dégâts lorsqu’il est aux portes de la mort. Le voleur use de ses doubles dagues à merveille et sait détecter les pièges ou les passages secrets. L’archer s’avère particulièrement mortel à distance tout en étant habile à l’épée. Le moine enchaîne les coups de poing à une vitesse folle. Le prêtre peut soigner ses compagnons ou balancer des coups de masse dans la trogne des ennemis. L’élémentaliste possède un panel de sorts élémentaires puissants qui compense sa faiblesse physique. Quant au paladin, il cumule la défense du guerrier et les talents de guérisseur du prêtre.

 

Bref, il y a tout ce qu’il faut pour se constituer une équipe de vainqueurs et le jeu laisse même une certaine marge de manoeuvre dans l’évolution des personnages, puisque si chaque classe possède des limitations au niveau du type d’armure qu’elle peut revêtir, il n’en existe aucune pour les armes. Bien que cela ne serve pas forcément à grand-chose, un mage peut donc parfaitement s’équiper d’un bouclier ou d’une hache à deux mains. Il faudra juste penser à équilibrer un minimum le groupe pour ne pas qu’il se fasse décimer au premier boss venu, surtout en mode difficile.

 

La guerre des boutons

 

Commence alors la véritable aventure, celle qui emmènera notre groupe d’étage en étage, alternant entre des combats contre un bestiaire assez varié, la résolution d’énigmes impliquant souvent des pièges vicelards et le pillage en règle des richesses de la tour. Les situations rencontrées ont beau ne pas être très originales, l’expérience proposée reste convaincante, avec un level design efficace, une bande-son plaisante et une réalisation de bonne facture, en dépit de quelques modèles 3D un peu grossiers. Les graphismes ne sont pas forcément flamboyants, mais l’ensemble reste très propre, sans bug ni ralentissement, et se sent parfaitement à son aise sur l’écran de la Switch. On regrette juste de ne pas pouvoir régler le gamma afin d’améliorer la lisibilité de certains passages lorsqu’on se trouve dans un environnement trop lumineux. Reste alors la solution de brancher ses écouteurs et d’éteindre toutes les lumières pour s’immerger totalement dans l’exploration du vaste donjon.

 

Dans la droite ligne d’un Dungeon Master ou d’un Legend of Grimrock, Heroes of the Monkey Tavern propose également un gameplay des plus classiques, avec des déplacements case par case en temps réel qui nécessitent une certaine science du placement afin de ne pas se faire encercler et d’utiliser aux mieux les espaces pour affaiblir les ennemis à distance avant d’entamer des corps-à-corps parfois incertains. Si le titre s’avère plutôt accessible, avec quelques raccourcis pratiques, une carte automatique et la possibilité de se reposer ou de sauvegarder pratiquement à tout moment, la maniabilité souffre en effet d’une certaine raideur et l’ergonomie des menus n’est pas toujours optimale, ce qui interfère régulièrement avec certaines mécaniques de jeu. Par exemple, au lieu de proposer une interface dédiée à la magie, Cédric Maussion a opté pour un système plus simple d’accès, mais qui limite la polyvalence des classes magiques. Chaque héros dispose ainsi de deux actions potentielles, utilisables via les boutons A et B, qui dépendent de l’arme ou du sort associé à chaque main. Du coup, les paladins, prêtres et élémentalistes doivent choisir entre le fait d’avoir deux sorts différents à leur disposition et celui de s’équiper une arme qui offre généralement des bonus d’attributs. Dans tous les cas, il faut bien prévoir son coup, car passer par l’inventaire en plein combat pour changer les actions associées à chaque main est la porte ouverte à une bonne raclée, étant donné que le jeu ne se met pas en pause et que la navigation n’est pas des plus souples.

 

Même sans cela, il faut avouer que la gestion des combats peut devenir un peu répétitive et mécanique à la longue. Surtout lorsque les affrontements s’éternisent. Le jeu se déroulant en temps réel et ne proposant pas d’IA alliée (ce qui n’a rien d’anormal pour le genre), il faut en permanence alterner entre les différents héros via les gâchettes ZR et ZL pour les faire agir individuellement. Dans la mesure où chaque action est soumise à un temps de recharge qui dépend de la vitesse de l’arme ou du sort concerné, les personnages sont donc tous susceptibles d’agir à leur propre rythme. Et les choses se compliquent encore avec les classes ambidextres, comme le barbare, le voleur ou le moine, puisque ces dernières peuvent se servir de leurs deux actions de manière indépendante, celle associée à la main secondaire possédant toutefois un temps de recharge légèrement plus long. De quoi mettre le boxon dans les enchaînements de touches et perdre un temps précieux, ce qui peut se traduire par la mort d’un ou plusieurs héros (que l’on peut heureusement ressusciter).

 

Hand of lore

 

Dans l’absolu, les petites difficultés que nous venons d’évoquer ne sont cependant pas forcément rédhibitoires et on s’y fait d’autant plus facilement que le reste du gameplay fonctionne bien. On ne peut certes s’empêcher de penser qu’avec quelques raccourcis supplémentaires, une gestion de l’inventaire un peu plus fluide et surtout la possibilité de réattribuer les commandes, le confort de jeu aurait sensiblement été amélioré. Sans compter le fantasme d’une interface tactile, qui aurait été idéale pour gérer au mieux sa petite équipe, que ce soit en combat ou dans les menus. Mais rapporté à l’ambition de Heroes of the Monkey Tavern, premier projet modeste d’un développeur indépendant, ces lacunes restent somme toute acceptables. D’autant que le titre a l’avantage de proposer une expérience accessible, à un prix abordable et sur une machine dont le format portable est tout à fait adapté.

 

Sur le papier, on pourrait d’ailleurs penser que le bébé de Cédric Maussion se destine avant tout aux néophytes du genre qui veulent un dungeon crawler simple à prendre en main, mais au plaisir immédiat. Et dans le fond, c’est en partie vrai. Le petit souci, c’est que l’interface pêche là encore par une relative aridité. En effet, si les informations principales sur les classes ou les attributs nous sont données lors de la création de l’équipe, et qu’on trouve également le descriptif des armes et des sorts dans l’inventaire, certains détails du système de jeu sont étrangement passés sous silence. Quelques précisions nous sont données au détour des écrans de repos, comme le fait que les archers, voleurs, prêtres et élémentalistes se positionnent automatiquement derrière les guerriers, barbares, moines et paladins afin de prendre moins de dégâts. En revanche, l’effet des différentes compétences acquises au fil des niveaux n’est jamais clairement indiqué. On peut souvent réussir à le deviner, du moins en partie, mais pour avoir des explications plus précises, il faut se rapporter à un manuel disponible sur le Net.

 

Un peu cryptique pour les débutants et sans doute trop basique pour les inconditionnels de Legend of Grimrock, Heroes of Monkey Tavern a finalement un peu le cul entre deux tabourets de bar, et vu qu’il fait déjà partie d’un genre de niche, il est difficile de le recommander de manière inconditionnelle. Pour autant, il saura offrir une aventure étonnamment addictive à ceux qui sauront l’accepter avec ses défauts de jeunesse. L’auteur de cette critique a ainsi difficilement décroché de sa Switch avant d’atteindre le sommet de la tour et de vaincre l’ultime boss, au bout de seulement deux petites journées (soit entre cinq et dix heures effectives). Une conclusion peut-être légèrement prématurée, mais qui ne l’a pas empêché de relancer avec plaisir une nouvelle partie, histoire de tester une autre combinaison de personnages. Avouons qu’il y a pire comme expérience.

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