Hyrule Warriors : Legends

En résumé

  • Sorties :
  • 24 Mars 2016
  • 25 Mars 2016
  • 21 Janvier 2016

L'avis de mrgodjira

Tout comme le fut son aîné, Hyrule Warriors : Legends est un joyeux remix de la série. Les équipes d’Omega Force ont bien ciblé ce qui fait un Zelda, entre ses gimmicks scénaristiques et ses éléments récurrents. Ils nous livrent une version quasiment parodique, qui a le mérite, d’une certaine façon, de briser quelques carcans de la série. Linkle en serait le meilleur exemple. Cependant, Hyrule Warriors : Legends joue peut-être aussi un peu trop avec le temps et le portefeuille des fans en ne leur proposant qu’un jeu « bis ». Quand bien même le contenu est d’entrée plutôt généreux, il n’est pas suffisamment différent pour pouvoir l’acquérir les yeux fermés. Au final, ceux qui possèdent une New 3DS et qui n’ont pas joué sur Wii U, trouveront un joli snack composé de plein d’ingrédients au goût sympathique, même si l’on sait que ce dernier est bourré de cochonnerie et de glucose cherchant à capter notre dépendance. Par contre, on conseillera aux possesseurs de 3DS classiques de s’abstenir.

Les plus

  • Linkle
  • Le mode aventure
  • L’ambiance Zelda
  • Des heures de jeu en perspective

Les moins

  • Les DLC
  • Le pass saisonnier
  • Pas de véritable cross buy
  • La version 3DS classique
  • Nintendo-Difference

    par mrgodjira

    le 20 mars 2016 23:00

Cela fait quelques années que de nombreux joueurs accusent Nintendo d’aller à la facilité et de resservir toujours le même plat, alors que, généralement, il ne s’agit que de la forme puisque le fond change au fur et à mesure des différentes itérations de chaque licence.

La série des The Legend of Zelda en serait le parfait exemple. Un peu comme un éternel reboot, la légende se raconte et se transmet, de façon quasi identique, épisode après épisode. Alors que le gameplay profite d’un univers différent pour apporter les changements que suscite la sortie d’un nouvel opus dans l’industrie du jeu vidéo, et tout cela bien évidemment sans en bouleverser les codes. Et c’est à force de ne décalquer que les contours de la série que de nombreux joueurs, Occidentaux pour la plupart, ont demandé à avoir une chronologie, afin de redonner du sens à la désignation de série à laquelle Zelda s’est inscrite. Il faut reconnaître qu’en trente années, ladite série aura su accumuler suffisamment de fans pour que tout cela puisse être considéré, un minimum, comme sérieux aux yeux des banquiers de Nintendo.

Pourtant, l’annonce d’Hyrule Warriors sur Wii U aura surpris plus d’un fan. Car à l’inverse des Mario, la série des Zelda n’est pas spécialement coutumière des épisodes dérivés et encore moins de l’ambiance « beat them all » de masse auxquels appartiennent les jeux estampillés « Warriors », relativement impopulaires en dehors du Japon. Un peu plus d’un million d’exemplaires et quelques DLC vendus plus tard, Hyrule Warriors : Legends est annoncé sur 3DS. Afin de combler le fossé technique qui sépare la Wii U de la 3DS, les producteurs ont chargé la charrette en annonçant une pelletée de contenus exclusifs pour la portable, est-ce suffisant ?

Hey! Listen!

Le scénario d’Hyrule Warriors : Legends, constitué des 18 chapitres de base de la version Wii U, reprend avec humour les fameux contours de la série. En passant de la révélation d’un jeune chevalier, par la disparition d’une princesse, de l’infâme manipulation d’un personnage maléfique par Ganondorf, jusqu’à la transformation de ce dernier en Ganon avant qu’il ne soit défait par le pouvoir de la Triforce porté par l’impétueux chevalier, le jeu reprend au pied de la lettre les canons scénaristiques de la série. À la différence que celui-ci se moque éperdument de ladite chronologie des Zelda parue dans Hyrule Historia. En utilisant toutes les cordes possibles qu’un scénariste aurait pour courber suffisamment l’espace-temps, HW servait aux joueurs un véritable millefeuille de légende dans lequel s’entrechoquaient les univers et autres occupants de la série. Si l’on pouvait constater qu’au final ces univers étaient très proches, en appartenant aux épisodes dits « réalistes », c’est-à-dire ceux où Link est proportionné de façon quasiment normale, HWL ajoute un brin de folie en incluant des chapitres exclusifs à la version 3DS dans l’univers de The Wind Waker, mais aussi en incluant un nouveau personnage dans le monde très étroit d’Hyrule : Linkle.

Enfant improbable de Team Ninja et de Nintendo EAD, Linkle avec son allure de petit chaperon vert est un personnage vif, volontaire, taillé pour l’action faisant passer le lutin Link pour un empoté. Alors que Link n’entre en action qu’une fois qu’un tiers le désigne comme étant un héros, Linkle décide qu’il est temps d’agir et de lier son destin à celui d’Hyrule par elle-même. On ne peut donc qu’espérer pouvoir retrouver ce personnage résolument moderne dans de futures productions, même si cela ne tient probablement que du rêve.

Avec ses 32 chapitres, ses 24 personnages jouables (dont 5 exclusifs), HWL se présente un peu comme une version dite GOTY. Et même si les nouveaux personnages pourront être transférés sur la version Wii U, leurs scénarios respectifs resteront exclusifs à la 3DS, probablement pour garder un minimum d’intérêt à cette version sachant que le mode coopératif a disparu et que celui-ci est remplacé par des fonctionnalités StreetPass. Finalement, il faut admettre qu’en termes de contenu, la version 3DS n’a pas à rougir par rapport à son aînée, à qui on lui reconnaissait déjà un contenu massif. Avec ses 3 modes de jeu et ses 4 niveaux de difficulté, il faudra plusieurs dizaines d’heures pour faire le tour du  jeu. Et cela sans compter le temps que certains prendront pour son élevage de teigne dans le Jardin des fées afin de s’octroyer quelques facilités durant les missions.

Look!

Au-delà du contenu, la version 3DS n’a malheureusement plus beaucoup d’arguments pour elle, souffrant forcément de la comparaison avec son aînée. Si nous sommes d’accord pour dire que la technique ne fait pas tout dans un jeu, certains gameplay obligent forcément un rendu impeccable pour conserver les meilleures sensations de jeu. Or, HWL ne souffre pas seulement de la comparaison avec HW, mais souffre aussi de la comparaison entre les différents modèles de 3DS. Lorsque la New 3DS était annoncée avec ses exclusivités, beaucoup de joueurs avaient alors décrié la fragmentation des sorties à venir. Au regard du rendu calamiteux sur 3DS classique, on aurait pourtant aimé que celle-ci ne voie jamais le jour. On ressent quasiment une trahison de la part de Nintendo qui, au-delà de la question du jeu, est connue pour délivrer une expérience technique de qualité, quel qu’en soit le type de gameplay. Ce grand écart entre la version Wii U et 3DS classique fausse également l’appréciation de la version New 3DS, sans être aussi fluide que l’on pourrait espérer et sans pour autant être une purge technique, le résultat se contente de délivrer l’expérience minimum envisageable.

Cette carence technique qui se manifeste essentiellement par l’apparition tardive des ennemis sur l’écran est d’autant plus regrettable que le gameplay de HWL est basé sur l’action et la rapidité d’exécution. La série des Warriors est, de base, un curieux mélange de « beat them all » et de « hack’n slash ». On y incarne un personnage devant explorer une carte en terrassant de nombreux ennemis de la façon la plus expéditive que possible, afin de prendre différentes places fortes et de gagner un avantage tactique. Cette exploration amènera le joueur à ramasser de nombreux items qui l’aideront à forger d’autres armes afin de gagner toujours en efficacité. HWL intègre en plus dans son gameplay une petite nouveauté qui induit quasiment une dimension RTS au jeu. La possibilité de passer instantanément d’un personnage à l’autre, en utilisant l’écran tactile, ou encore de donner des ordres de mission à ceux-ci. Cette nouveauté permet non seulement d’avoir moins la sensation de faire constamment des allers et retours, mais aussi de mieux planifier ses stratégies afin de pouvoir compléter l’intégralité des objectifs. L’intelligence artificielle de nos alliés étant aussi engourdie que celle de nos ennemis, on se retrouve alors à faire de nombreux swaps entre les personnages. Cela rend l’expérience plus nerveuse, mais tend aussi à confirmer que l’on n’est jamais mieux servi que par soi-même.

Sans être un « beat them all » de finesse comme peut l’être un Bayonetta, HWL repose donc tout son gameplay sur cette gestion du temps et de l’espace. Il faudra savoir conquérir au mieux et dans les plus brefs délais chaque parcelle de la carte pour s’assurer de la victoire. Et c’est malheureusement là que les problèmes techniques d’apparitions tardives mettront en défaut le plaisir de jeu. On se retrouvera fréquemment à attendre que les ennemis veuillent bien apparaître afin de lancer des combos plus efficaces et donc de façon contradictoire, essayer de gagner du temps. Car si le jeu semble répétitif de par son faible nombre d’ennemis différents, c’est bien par le nombre de situations et de scénarios différents que le gameplay tire son épingle du jeu, avec une mention toute particulière pour le mode Aventure.

Watch out!

Cette version 3DS pose donc la question de sa légitimité. En proposant un titre de niveau inférieur à son aînée dans son expérience de jeu et au prix fort sous le couvert de quelques ajouts exclusifs, nous sommes en droit de nous demander si Nintendo n’aurait pas un peu trop tendance à tirer sur la corde sensible des fans. Les possesseurs de la version Wii U, s’ils n’ont pas la version 3DS qui contient un code de téléchargement pour obtenir le roi d’Hyrule, Tetra, Skull Kid, Link Cartoon et Linkle sur Wii U, devront effectivement payer plein pot pour pouvoir jouer avec les nouveaux personnages jouables sur leurs écrans HD, ce qui fait de HWL un DLC au prix d’entrée plutôt désagréable, d’autant plus que le jeu ne propose pas de sauvegarde partagée. Ce qui est d’autant plus ironique, car Nintendo a annoncé récemment l’arrivée d’un pass saisonnier compatible pour les deux versions au prix forcément un peu plus salé. Toutes les informations se trouvent à cette adresse.

Le plus gros problème d’Hyrule Warriors : Legends, finalement, ce n’est d’être qu’une copie de la version Wii U avec du contenu supplémentaire qui ne justifie pas son absence sur la version d’origine. Ce qui donne forcément le sentiment in fine d’avoir une version inférieure. Le jeu aurait sûrement eu à gagner d’avoir sa propre identité avec son histoire, son gameplay et ses options, quitte à utiliser les DLC en achat partagé dans des buts différents.

Il est vrai que la série des Zelda propose toujours la même histoire, avec de très nombreuses récurrences dans le gameplay. Mais Zelda, c’est aussi de la variété sur le même motif. La marque de fabrique de cette série étant de nous proposer redécouvrir indéfiniment cette légende dans un autre contexte et de servir de nouvelles expériences. Alors, en proposant au joueur de repasser à la caisse pour refaire le jeu dans une version moins pertinente, Nintendo trahit en peu une part de notre confiance.

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