Test d’ICEY sur Nintendo Switch

En résumé

  • Sorties :
  • 31 Mai 2018
  • 31 Mai 2018
  • 31 Mai 2018

L'avis de Kayle Joriin

Déjà assez jouissif en tant que jeu d’action débridé, ICEY brille réellement dans la relation conflictuelle qu’il instaure entre le joueur et un narrateur brisant allégrement le quatrième mur. Si tout n’est pas parfait, avec quelques petites lacunes techniques, une durée de vie un peu courte et un scénario qui manque parfois de clarté, le jeu de FantaBlade Network Technology reste néanmoins un joli petit OVNI dont on recommande sans problème l’achat. Surtout à moins de 9 €.

Les plus

  • Combats plaisants et dynamiques
  • Un trip méta franchement jouissif
  • Réalisation convaincante

Les moins

  • Un peu court
  • Scénario pas toujours très clair
  • Quelques saccades
  • Nintendo-Difference

    par Kayle Joriin

    le 12 mars 2019 23:00

Formulé en 1758 par Denis Diderot dans le Discours sur la poésie dramatique, le concept du « quatrième mur » désigne la séparation imaginaire qui existe, au théâtre, entre la scène et les spectateurs. Afin de préserver la vraisemblance du récit, les acteurs doivent ainsi considérer qu’un mur les sépare du public, qui est alors témoin d’une histoire se déroulant indépendamment de lui. Au cours du temps, le principe a logiquement été étendu à d’autres médias pour lesquels cette séparation est un peu plus concrète, que ce soit par le truchement d’un écran ou d’une feuille de papier. Quant à l’expression « briser le quatrième mur », elle désigne le fait pour un acteur ou un personnage de fiction de s’adresser directement au spectateur, lecteur ou joueur, liant donc deux univers censés être distincts. Or, si une telle transgression peut rompre le contrat narratif sur lequel se basent les œuvres réalistes, elle est également souvent utilisée comme ressort humoristique ou élément de surprise. En particulier dans le jeu vidéo, qui offre un quatrième mur perméable, puisqu’il est par définition possible d’influer sur l’histoire sans en faire partie. Certains titres vont cependant encore plus loin et intègrent directement le joueur dans l’aventure, que ce soit de manière ponctuelle, comme lors de l’affrontement avec Psycho Mantis dans Metal Gear Solid, ou de façon plus systémique, comme dans l’excellent Doki Doki Litterature Club! ou l’intriguant ICEY, dont il est question dans la présente critique.


Artwork d'ICEY


Slashing Queen


Sans aller aussi loin dans le méta-game que le visual novel de Team Salvato, le jeu du studio chinois FantaBlade Network Technology ne se contente d’ailleurs pas de briser un simple mur conceptuel. Il le démantèle brique par brique, réduit ces dernières en poussière et crache dessus tout en nous insultant en Mandarin. Ce qui, avouons-le, peut surprendre. Et explique au passage l’avertissement de l’écran d’accueil sur la nécessité de ne pas prendre trop à cœur ce qu’on pourra lire et entendre au cours de sa partie. À première vue, ICEY ne paye pourtant pas de mine, bien que sa jolie 2D et son positionnement tarifaire inhabituel (8,39 €) puissent attirer l’attention lorsqu’on se balade sur l’eShop. Manette en mains, on découvre en revanche un titre fun et nerveux, qui met aux commandes d’une héroïne robotique plutôt classe censée sauver le monde du maléfique Judas et de ses maudites machines à grands coups de lame. Une mission rondement menée, puisqu’il ne faudra guère plus de deux ou trois heures pour finir le jeu en ligne droite, guidé par un narrateur un brin autoritaire et par une multitude de flèches nous indiquant la direction à suivre, sans aucun risque de se perdre.

Image d'ICEY

Cela ne veut toutefois pas dire qu’on ne s’amuse pas, au contraire. Le challenge a beau ne pas être spécialement relevé, le gameplay typé beat them all en vue de côté est pour sa part un véritable régal. Et entre les différents combos, les esquives, les parades, les techniques spéciales ou les exécutions contextuelles, il y a vraiment de quoi s’amuser. Tout cela pouvant être débloqué et amélioré au fil de l’aventure, grâce aux crédits largués par nos victimes. On pourra éventuellement regretter que le titre ne varie pas un peu plus son approche, restant fermement ancré dans l’action pure et dure, alors qu’il aurait pu se diversifier avec un peu de plates-formes, quelques énigmes ou un minimum d’exploration.

Néanmoins, ce qu’il fait, il le fait de manière très satisfaisante et c’est également valable pour sa réalisation. Les décors fixes manquent certes de vie, mais ils restent fort jolis, de même que les sprites, bien détaillés et correctement animés. On notera quelques petites saccades, ici ou là. Cependant, elles n’ont pas vraiment d’impact sur le gameplay, se produisant surtout lors des changements d’écrans. Quant à la bande-son, elle s’avère tout à fait dans le ton, avec notamment des morceaux électro qui soutiennent à merveille certaines phases d’action frénétiques.

Artwork d'ICEY


Respectez mon autorité !


Ne voir dans ICEY qu’un simple jeu d’action 2D serait toutefois une grave erreur, car s’il peut paraître très court et linéaire à première vue, c’est pour mieux nous surprendre lorsqu’on commence à gratter la surface. Comme évoqué précédemment, la progression est en effet rythmée par les instructions d’un narrateur qui semble prendre un malin plaisir à diriger le joueur à la baguette et à brider toute initiative. Bien que le principe d’entendre nos actions commentées par une voix off puisse rappeler le célèbre Bastion (lui-aussi disponible sur Switch), la particularité ici, c’est que les mots précèdent les actes avec des tournures de phrases qui ne laissent pas de place à d’éventuelles alternatives. On ne s’en rend d’ailleurs pas vraiment compte au début, mettant cela sur le compte d’un tutoriel un peu appuyé. Toutefois, lorsqu’on nous explique qu’il n’y a strictement aucun intérêt à aller explorer une bâtisse aperçue en arrière-plan, les premiers soupçons commencent à poindre sur l’honnêteté de notre guide. C’est alors le début d’une véritable guerre psychologique avec un narrateur qui ne comprend tout simplement pas pourquoi on ne veut pas suivre ses conseils, lui qui se présente rapidement comme le créateur principal du jeu.

Dans les faits, on va donc prendre un plaisir non-dissimulé à remettre en cause toutes ses indications, quitte à le faire partir dans des monologues souvent très drôles, parfois un peu longs, mais qui étonnent régulièrement par leur inventivité. Et c’est dans cette bataille d’ego que va se révéler toute la partie exploration du jeu, puisqu’en faisant du hors-piste, on découvrira de nombreux secrets qui donneront notamment un éclairage particulier sur le scénario. Ce dernier n’étant malheureusement pas toujours très clair, même avec ces ajouts. Mine de rien, cela permettra également de doubler la durée vie, surtout si on souhaite obtenir l’intégralité des succès et débloquer la véritable fin, qui retourne la tête. Cela ne constitue certes que cinq ou six heures de jeu maximum, avec en plus pas mal de séquences à recommencer plusieurs fois pour tout voir.

Cela dit, ICEY en vaut la peine, que ce soit pour ses combats stylés ou ses délires méta. Et pour ne rien gâcher, le jeu est accessible au plus grand nombre avec une traduction française et des doublages en anglais, japonais et chinois (voir plus haut). À moins d’être totalement allergique au jeu d’action, il n’y a donc aucune raison ne pas tenter le coup.

Artwork d'ICEY

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