Test Nintendo Switch de Layers of Fear 2

En résumé

  • Sorties :
  • 20 Mai 2021
  • 20 Mai 2021
  • Non renseignée

L'avis de Chozo

S'il demeure un excellent titre de walking simulator psychologiquement horrifique avec son ambiance et sa mise en scène, Layers of Fear 2 se révèle pourtant bien trop proche de son aîné pour estimer qu'il le dépasse qualitativement. Outre un effet dirigiste bien trop important, certains rajouts censés rajouter des boosts de stress ne font que sortir un peu plus le joueur du délire, la faute d'un rendu technique problématique et une structure laissant peu de place à l'exploration libre. Reste une œuvre à la narration et au ton plus qu'intéressants à découvrir, peut-être plutôt en promotion. Trente euros pour un roller coaster un peu mal optimisé de sept heures, on a vu mieux.

Les plus

  • Une mise en scène et un univers largement réussis
  • Une horreur et des sensations de flippe qui fonctionnent
  • Une direction artistique aux expérimentations qui font mouche
  • La variété des environnements plus riche
  • Les différentes fins à découvrir

Les moins

  • Bien trop dirigiste
  • Bien trop proche du premier épisode dans ses mécaniques et sa structure
  • Des énigmes et des indices parfois trop barrés
  • Les passages de poursuite un peu loupés
  • La technique qui tousse
  • Plutôt cher
  • Nintendo-Difference

    par Chozo

    le 25 août 2021 7:00

Les Polonais de Bloober Team nous avaient fait le coup en 2018 sur Switch avec Layers of Fear Legacy et son manoir métaphorique matérialisant la folie de son occupant, avec une aventure en mode promenade dans l’horreur en vue à la première personne fort réussie. Le rythme, la mise en scène, les énigmes, la narration et, forcément, l’ambiance, l’ensemble tenait la promesse si complexe à respecter d’une œuvre prenante de bout en bout. Voici que voilà le second opus de la licence qui se pointe avec un changement de cadre radical : exit la demeure géante et labyrinthique, bienvenue au paquebot « titaniquesque », aux décors et au rendu plus cinématique et presque poisseux, pas si éloignés de la cité sous-marine maudite de Rapture.



De la musique pour se noyer, c’est là que l’on voit que l’on est en première classe


C’est justement l’univers du cinéma qui est cette fois au centre du ton et de l’ambiance générale. Çà et là, de multiples références au septième art (notamment au cinéma de genre, parfois peu subtilement placées) sont disséminées dans les couloirs et les pièces inquiétantes du paquebot. Le joueur incarne un acteur qui se réveille dans ce navire. Une voix de méchant de dessin animé lui souffle à l’oreille qu’il est censé jouer le rôle élaboré par un réalisateur de long-métrage, prenant comme cadre ce fameux bateau transatlantique.

Le long des cinq chapitres découpant l’histoire de Layers of Fear 2, le joueur mène l’acteur un peu perdu dans une structure narrative et des mécaniques finalement très (trop) proches du premier épisode où la salle de projection, à l’instar de l’atelier de peinture dans Legacy, fait office de hub central permettant de passer d’une zone à une autre et d’avancer dans les chapitres.

L’objectif reste également le même, charge au joueur de fouiller de fond en comble le paquebot et ses nombreuses pièces, afin de dénicher les objets et énigmes dévoilant un peu plus le pourquoi du comment de tout ce mystère. Notes écrites et déchirées, indices trouvés sur des éléments de décor, le tout fonctionne très bien, mais ne se détache vraiment jamais du premier jeu, devenant à certains moments même lourdement complexes avec des indications capillotractées. Cela se ressent au point où les passages demandant des choix influant sur les différentes fins disponibles ne se fassent pas vraiment par le biais d’une réflexion construite, mais plutôt presque par hasard.

Il est souvent de bon ton de laisser une part de mystère dans les intrigues et de ne pas tout expliquer, mais avouons qu’ici, les dénouements sont quand même bien perchés. Heureusement, un New Game + permet de revenir dans chaque chapitre et de sélectionner les choix non pris dans la première run, histoire d’étoffer la compréhension de la narration. Cela gonfle également un temps de jeu estimé à environ sept heures pour une aventure unique, à laquelle il faut ajouter une heure ou deux afin de tout voir.


Si tu sautes, moi je saute, pas vrai ?


Là où Layers of Fear 2 réussit son pari, c’est bien dans son ambiance, à la diversité bien plus perceptible que son aîné. Le labyrinthe d’une demeure dont les pièces changent dans le dos du personnage après avoir passé une porte, efficace, mais limité dans son architecture générale, laisse ici place à un bateau aux multiples cadres, dont les environnements changent parfois du tout au tout, nous faisant souvent oublier que nous sommes sur un bâtiment en pleine mer.

Bloober Team s’est ainsi fait plaisir en proposant de nombreuses trouvailles d’imagination et de mise en scène plus que plaisantes, amenant à des énigmes certes un peu folles, mais bien plus originales que dans le premier opus, avec son lot de surprises pour accompagner cette impression malaisante et inquiétante. Layers of Fear 2 fait sursauter, fait flipper, et c’est déjà une prouesse en soi, tant il est difficile d’engendrer ce genre de réaction dans un jeu vidéo, sans grands moyens de réalisation.

Les mécaniques de gameplay restent significativement les mêmes que pour le premier épisode, avec des mouvements de stick sollicités pour ouvrir des portes, des tiroirs, retourner des objets et actionner des leviers autour d’une avancée lente en vue à la troisième personne. Même si Layers of Fear 2 s’avère moins complexe dans les cheminements au travers des couloirs du bateau avec une grosse impression de rail à suivre et très dirigiste, les développeurs ont pensé à introduire cette fois une bonne dose d’adrénaline dans certaines séquences de poursuite avec des chimères bien flippantes.

Le joueur n’aura pas d’autre solution que de fuir le plus vite possible à la vue de ces créatures, en prenant le soin de refermer les portes derrière lui, afin de pénaliser leur progression. Ici aussi, malgré cette montée en tension bienvenue, on peut pester sur l’impression de rail prédéfini, puisqu’un seul chemin élaboré par l’équipe de développement permet d’échapper aux chimères. Après plusieurs échecs, le joueur apprend par cœur le parcours à emprunter, le sortant malheureusement trop facilement de l’ambiance voulue pour ce type de séquence et dévoilant un peu trop les ficelles techniques.

C’est surtout dans ces moments-là où l’action s’emballe que les problèmes d’optimisation sur Switch se constatent le plus. Sans n’être jamais vraiment dérangeantes, les chutes de framerate sont tout de même nombreuses, coupant d’autant plus l’immersion dans un rendu visuel et auditif pourtant très qualitatif, notamment via les jeux de lumière plus que réussis et une bande-son diégétique assez peu présente, l’aventure faisant la part belle au silence, mais avec des accents cabaret/jazzy d’avant-guerre toujours agréables.

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