Layers of Fear : Legacy

En résumé

  • Sorties :
  • 21 Février 2018
  • 21 Février 2018
  • 29 Mars 2018

L'avis de Chozo

Rarement la peur et l’angoisse n'auront aussi bien été retranscrites dans un jeu vidéo, la maestria de la mise en scène et le travail sonore regardant droit dans les yeux les superproductions du genre. Avec sa capacité à raconter une histoire totalement subie par le joueur, qui ne fait qu’observer sans agir directement sur les événements, Layers of Fear : Legacy propose une expérience effectivement plutôt courte pour 20 €, mais terriblement prenante et efficace. Ben sûr, la rejouabilité de ce type de jeu semble faible en dehors d’une volonté d’explorer le manoir à 100 %, mais cette aventure marquera inévitablement les esprits après ces quelques heures d’angoisse passées en apnée. Ça y est, c’est fini, vous pouvez cligner des yeux à présent.

Les plus

  • Une immersion incroyable
  • La mise en scène qui tient le joueur en halène
  • Le manoir, véritable personnage vivant du jeu
  • Le DLC inclus dans cette version
  • La jouabilité en mode tactile
  • La traduction française

Les moins

  • Quelques soucis techniques
  • Visuellement un chouia moins riche
  • Des énigmes trop faciles
  • La jouabilité gyroscopique peu pertinente
  • Un peu court et un peu cher
  • Nintendo-Difference

    par Chozo

    le 9 mai 2018 22:00

À l’instar des forêts sombres, des cimetières ou des villages cachés dans la brume, le manoir représente l’un des cadres les plus ouverts aux histoires horrifiques, les fantasmes de l’esprit humain et ses capacités d’abstraction faisant le reste. Mais lorsque cet environnement se mêle à la symbolique de la folie humaine et que celle-ci est représentée par une atmosphère glauque et étouffante, l’œuvre qui en découle peut immerger le spectateur dans une expérience saisissante, et c’est bien ce que le studio polonais Bloober Team réussit haut la main avec Layers of Fear : Legacy. Déjà sorti en 2016 sur PC, PlayStation 4 et Xbox One, ce titre vient hanter l’eShop de la Switch, complété de son DLC nommé « Inhéritance », en prenant le soin de s’adapter aux fonctionnalités de la plateforme. En reprenant à peu de choses près le pitch de Shining et en l’intégrant dans un univers proche du Resident Evil originel, le jeu propose une exploration au gameplay certes limité, mais maîtrisé de bout en bout, faisant littéralement subir à l’utilisateur l’ensemble de ses choix, puisque chaque porte ouverte aura ses conséquences sur l’aventure. Ou plutôt, c’est ce qu’il croit.


We all go a little mad sometimes

Layers of Fear : Legacy propose d’incarner une sorte d’enquêteur, chargé d’explorer le passé tourmenté et tragique d’un artiste peintre à l’esprit totalement obnubilé par ses créations, en visitant les moindres recoins de son énorme demeure dont chaque pièce représente une métaphore de son basculement vers la folie. Labyrinthique et hypnotisant, le manoir frappe dès le départ par son rendu visuel très réussi, aux détails multiples et effrayants, en témoignent les peintures macabres et les jeux d’ombre et de lumière accentués par l’orage qui sévit à l’extérieur. Le tout donne un sacré cachet à l’exploration du bâtiment, d’autant plus que chaque porte poussée, chaque tiroir ouvert, chaque élément au sol sur lequel peut marcher le protagoniste, chaque murmure, sanglot, cri au loin bénéficient d’un travail sonore exceptionnel et inquiétant. Il faut tout de même noter quelques rares problèmes de framerate et d’aliasing, particulièrement dans les pièces les plus vastes, mais rien qui ne puisse empêcher le joueur de tomber dans le panneau de cette peur et de cette tension permanentes. Car oui, nous sommes ici dans un jeu faisant avant tout la part belle au travail sur l’ambiance, plus que sur les événements faisant sursauter sur le canapé. En dehors de quelques jump-scares à l’américaine subtils et efficaces, Layers of Fear : Legacy trouve plutôt son influence sur le film d’épouvante à la japonaise, avec cette atmosphère étouffante, appuyée par la musique et ses jeux sur le silence, empêchant l’utilisateur ne serait-ce que de cligner des yeux.

Dans son architecture, il faut bien comprendre que ce titre propose avant tout une aventure interactive et narrative, dans laquelle le joueur se positionne à la fois en tant qu’acteur et spectateur, et subira le jeu bien plus qu’il ne le contrôlera. Layers of Fear : Legacy se trouve ainsi à mi-chemin entre les œuvres de Quantic Dream (Fahrenheit, Heavy Rain, Beyond : Two Souls) et l’historique premier épisode de Resident Evil. L’utilisateur peut déplacer le personnage, ouvrir les portes, les meubles, les boîtes, inspecter les objets ou lire les messages inquiétants apparaissant sur les murs du manoir, mais il sera limité aux choix que lui imposera la structure narrative, qui influenceront le déroulement de l’exploration. Il s’agira donc de récolter, pièce après pièce, les informations sur le passé de l’artiste, de sa femme et de leur enfant, essentiellement au travers d’objets forts en symboles, de lettres et d’articles de journaux. Seuls les objets/outils (clefs, éléments de peinture) utiles à l’exploration viendront remplir l’inventaire, qui apparaît en toute discrétion dans le coin en bas à droite de l’écran, celui-ci étant dénué de toute autre indication pour une immersion encore plus marquée.

Un tiens vaut mieux que deux tu l’auras

Et c’est cette immersion qui représente le plus gros point fort du jeu, puisque la narration et la mise en scène, tout en faisant en sorte qu’elles mènent l’utilisateur là où le titre veut l’amener, parviennent qu’à aucun moment ce côté dirigiste puisse se ressentir d’un point de vue négatif. Avec une transformation continuelle des pièces visitées, symbolisant encore ici la folie de l’esprit de l’artiste, le joueur ne peut jamais réellement revenir en arrière, puisque chaque porte refermée ne donne plus ensuite sur la même pièce une fois rouverte. Et à cela se rajoutent les couloirs et passages dans lesquels l’espace et le temps semblent manipuler l’utilisateur dans ses perceptions et ses craintes de se retourner, la peur d’une vision d’horreur étant constante. Soit dit en passant, l’expérience étant majoritairement sensorielle, il est évidemment conseillé d’arpenter le manoir dans une pièce peu éclairée et avec un casque. Certaines énigmes, malheureusement très simples, sont tout de même de la partie, avec entre autres des codes de cadenas à découvrir ou des éléments de la peinture en cours dans l’atelier de l’artiste, qu’il faudra dénicher pour dévoiler cette œuvre centrale de l’ensemble de l’exploration. Celle-ci se terminera d’ailleurs en environ quatre à cinq heures en fonction du temps passé à observer chaque pièce. C’est court pour 19,99 € sur l’eShop, mais c’est bon.

Surtout que ce portage Switch bénéficie d’un traitement particulier quant à ses possibilités de gameplay hybride. Même si un très léger downgrade peut se remarquer sur les textures et les décors par rapport aux versions antérieures, l’expérience n’en pâtit absolument pas. Pour équilibrer cette perte de qualité visuelle, les développeurs ont su adapter le jeu à l’interface tactile de la console, permettant de sélectionner les objets du bout du doigt. Par ailleurs, même les Joy-Con sont mis à l’honneur, puisque leurs possibilités gyroscopiques sont exploitées pour ouvrir les portes et tiroirs en mimant le mouvement. Le jeu conseille justement dès le début d’adopter la configuration des deux Joy-Con séparés dans les mains, mais force est de constater que cela n’apporte finalement pas grand-chose, les sticks en position manette avec le grip faisant largement le job. Autre effort apporté dans cette version, l’ensemble des messages à lire, que ce soit les lettres, coupures de journaux ou écritures sur les murs, sont ici traduites en français via le bouton X, une fonctionnalité inexistante jusqu’alors. Enfin, techniquement parlant, Layers of Fear : Legacy propose exactement le même rendu en mode téléviseur qu’en mode portable, les toussotements de framerate étant identiques.

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