My Memory of Us

En résumé

  • Sorties :
  • 24 Janvier 2019
  • 24 Janvier 2019
  • Non prévue

L'avis de Chozo

Absolument magnifique dans sa forme, notamment dans sa direction artistique, ses animations, sa bande-son, ses métaphores et le ton de sa narration, My Memory of Us pèche cependant dans son fond. En effet, à force de multiplier les phases différentes de gameplay dans un jeu aussi vite expédié, aucune session bénéficie d'un rendu réellement réussi. Énigmes trop aisées, infiltration bancale, mini-jeux trop rares et trop courts, l'ensemble demeure agréable à parcourir, touchant dans son propos, mais malheureusement oubliable dans son intérêt vidéoludique. Reste une œuvre de commémoration soignée, avec une histoire idéalement conçue pour tout parent souhaitant narrer les évènements à ses jeunes enfants sans les noyer dans l'horreur de leur réalité. Ce pari-là est réussi haut la main.

Les plus

  • Visuellement somptueux
  • Les musiques parfaites
  • Une histoire émouvante revisitée avec intelligence et soin
  • Patrick Stewart à la narration, toujours juste dans son interprétation

Les moins

  • Bien trop facile
  • Bien trop court
  • Trop de phases de gameplay peu approfondies
  • Trop cher
  • Nintendo-Difference

    par Chozo

    le 12 février 2019 23:00

Depuis 74 ans et la fin de la Seconde Guerre Mondiale, les horreurs du conflit et ses génocides programmés ont engendré le devoir de mémoire toujours le plus proéminent de notre époque, se matérialisant de diverses manières. Commémorations annuelles, documentaires dans le sillage de Shoah de Claude Lanzmann, sites historiques transformés en musées pédagogiques, rééditions de témoignages d’époque, et bien entendu cinéma, toutes ces initiatives ont apporté leur pierre à l’édifice, permettant de relater les évènements dont les souvenirs de survivants s’éteignent lentement. Et c’est bien ce dernier média qui a largement influencé My Memory of Us, jeu d’aventure de type point ‘n’ click du studio Polonais Juggler Games, sorte de revisite allégorique des événements survenus à Varsovie et son immense ghetto. Loin de la comédie à la Vie est Belle ou de l’horreur immersive du Fils de Saul, le titre reprend le graphisme de la scène poignante de la petite fille en rouge de la Liste de Schindler, marchant presque insouciamment au milieu du massacre, dont le corps sans vie réapparaît un peu plus tard. Mais dans My Memory of Us, il s’agit de survivre et de fuir, coute que coute.

Au revoir les enfants

Juggler Games choisit de raconter l’histoire de la capitale polonaise au travers des souvenirs actuels d’un vieux grand-père gérant d’une bibliothèque, remontant à la surface grâce à la visite de son petit-fils et d’une nouvelle amie rencontrée il y a peu, dont le visage lui rappelle étrangement ses périples. La voix du vieillard vous dira certainement quelque chose, puisqu’il est doublé par l’acteur Patrick Stewart, l’évident Professeur Xavier de la première trilogie X-Men et des films Wolverine (et du second opus de la seconde trilogie, Days of Future Past, enfin le vieux Professeur Xavier du film… c’est le bordel cette saga), une touche de plus-value bienvenue, la voix de l’acteur étant toujours dans le ton, sans en faire de trop. Comme tout grand-père narrant une histoire, aussi troublante soit-elle, celle-ci sera racontée de manière fictive et imagée, en noir et blanc, évitant les horreurs réalistes de la déportation des populations. Ainsi, l’aventure commence avec la rencontre amicale de deux enfants dans un Varsovie encore paisible, une sorte d’introduction permettant de comprendre le gameplay simple du jeu.

Point ‘n’ click très (trop ?) accessible et (trop ?) réduit à ses plus simples fonctionnalités, il s’agira de comprendre qu’il suffit d’appuyer sur A pour interagir avec les objets et les personnages, sur B pour que les deux enfants se prennent la main pour avancer, et Y pour switcher entre les deux marmots. Chacun bénéficie de capacités particulières, entre courir vite et tirer au lance-pierre pour la fille, et marcher discrètement à pas légers, ou utiliser un miroir pour éblouir et refléter la lumière pour le garçon. Restant sur le thème de l’insouciance, le papy enchaîne son histoire avec l’invasion de robots venus de l’espace, remplaçant métaphoriquement les nazis, bombardant la ville et marquant une partie de la population de vêtements rouges, dont la petite fille. Témoins des évènements et voyant une foule de gens expulsés de leurs habitations et déplacés dans des camps, les deux enfants se donnent pour mission de fuir, tout en tentant régulièrement de venir en aide aux personnes si injustement enfermées et maltraités par ces machines sans pitié. S’enchaînent donc des sessions de casse-têtes, de labyrinthes, d’infiltration au milieu d’un environnement s’enfonçant peu à peu dans les ténèbres.

En Rouge et Noir

Cet environnement regorge de vie et de détails grâce à la direction artistique monochrome saisissante, reprenant le travail sur plusieurs plans déjà vu dans Soldats Inconnus d’Ubisoft, dans un ton sublimé par des graphismes soignés en 2,5D, ressemblant aux vieux cartoons réalisés à l’époque. Un grand oui aussi pour la bande-son, composée par Patrick Scelina, très proche des musiques des pays de l’Est, entre cordes, vents (clarinettes et flutes) et accordéon, tout à fait en raccord avec le cadre des aventures (au passage, gros coup de cœur pour la musique des Tiny Toons audible via la radio que les enfants transportent un temps dans le ghetto). Avec une animation toujours fluide et une lisibilité des éléments à actionner (eux aussi teintés de rouge), le jeu permet de prendre le contrôle de chacun des deux personnages, soit séparément, soit ensemble, en fonction des énigmes à résoudre. Les enfants traversent les dix-huit chapitres à la difficulté aléatoire, demandant parfois quelques minutes de réflexion, sans qu’aucun casse-tête ne nécessite réellement beaucoup d’effort.

Et c’est peut-être le point noir du jeu, tant l’aventure est aisée et raccourcie, malgré les efforts de diversité du gameplay, proposant çà et là des phases de shoot them up, de danse à la Dance Dance Revolution ou de poursuite. Le problème est qu’en alternant à ce point la jouabilité, certaines sessions se révèlent plutôt oubliables, notamment les passages d’infiltration mal calibrés (avec des robots voyant parfois au travers des murs, ou d’autres fois ne remarquant pas notre présence juste devant eux) et sans intérêt. Les phases d’exploration dans le ghetto, certes magnifiquement retranscrit et passionnant à parcourir, s’avèrent malheureusement assez courtes, les énigmes étant bien trop faciles. Et c’est en environ sept heures de jeu, en ayant rempli les petites missions annexes, comme recueillir tous les souvenirs sur les murs des tableaux traversés, que l’écran de fin s’affiche. Cette fin laisse le joueur à la fois touché par le propos de l’aventure et son aboutissement, mais aussi quelque peu frustré de ne pas en avoir eu plus. Reste à savoir si l’utilisateur accepte de lâcher quinze euros pour une narration certes intelligemment allégorique, mais surtout courte et dénuée de véritable moment fort ou de passages nécessitant un effort de concentration.

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