Test Nintendo Switch de Shady Part of Me

En résumé

  • Sorties :
  • 11 Decembre 2020
  • 11 Decembre 2020
  • 25 Février 2021

L'avis de Chozo

Touchant, sans en faire trop, Shady Part of Me s'adresse à nous tous, à nos doutes, nos craintes et nos déceptions d'enfance. Avec ses casse-têtes plutôt malins jouant sur les rapports d'échelle, les perspectives et la lumière, le jeu pousse l'expérience plus loin encore avec une approche émotionnelle qui touche le joueur, bien soutenue par la direction artistique et les compositions musicales. Ce gameplay en duo 3D/2D est également très bien exploité pour une aventure courte, mais certainement marquante. Douze Dixième, encore un nouveau studio frenchie à suivre de très près.

Les plus

  • Cette direction artistique qui touche au cœur
  • Le jeu des doubleuses au poil
  • Les interactions entre les deux personnages souvent touchantes
  • Les musiques, merveilleuses
  • Des énigmes intelligentes et jamais insurmontables
  • La possibilité de revenir en arrière

Les moins

  • Court si l'on ignore les origamis
  • Quelques petits hoquets techniques sur Switch
  • Nintendo-Difference

    par Chozo

    le 5 septembre 2021 15:00

Quand on parle de peur, chacun peut y associer un élément qui lui est propre. Mais chez les enfants, le noir demeure un ennemi commun bien terrifiant. Première œuvre des Parisiens de Douze Dixième, le puzzle/platformer Shady Part of Me évoque cette frayeur en la prenant à contre-pied, avec une fillette sortant de la pénombre et ne supportant pas la lumière. Seule, visiblement perdue, la gamine trouve un soutien là où on ne l’attend pas, auprès de sa propre ombre. Obscurité/lumière, toutes sortes de mécaniques d’énigmes et de casse-têtes nous viennent automatiquement à l’esprit. Mais ici, outre ces sessions de réflexion façon Inside ou Little Nightmares, et une direction artistique donnant de foutus frissons, la vraie star reste cette relation entre l’héroïne et son « moi sombre ». Séquence émotion.


Dancer in the Dark

C’est peu dire que la petite noname semble sortir d’évènements plutôt désagréables. Dès les premières minutes d’avancée dans les niveaux, elle se souvient progressivement des remarques sévères, dures et injustes qu’elle a dernièrement dû encaisser, qui apparaissent entièrement (ou en onomatopées) et habillent les décors du jeu. Résultat, elle trouve refuge dans sa bulle, au fin fond de son esprit matérialisé par les pièces déformées de son lieu de vie et au-delà, fuyant la lumière, métaphore du regard désormais insoutenable des personnes extérieures. Elle va donc rapidement s’allier à son ombre qui, à l’inverse, ne peut s’exposer à l’obscurité au risque de disparaître.

Ce personnage binaire, dont les deux variations sont d’ailleurs très qualitativement doublées par deux excellentes actrices, devra avancer de pair dans cette aventure où chacune veillera à ce que l’autre ne soit pas exposée à la luminosité ou à la pénombre, au moyen de casse-têtes à appréhender sur deux plans parallèles, l’un en 3D du côté de l’ombre, l’autre en 2D du côté lumineux. On se rend vite compte qu’une relation grande/petite sœur s’instaure naturellement, avec un personnage plus téméraire qui pousse l’autre, souvent plus prudent.

Pour contrôler les gamines, le gameplay se sépare en deux. Le joueur doit alterner sans cesse de l’une à l’autre pour avancer au milieu des tableaux d’énigmes, en manipulant objets, plateformes ou autres leviers qui influeront sur l’avancée de chacune. Au moyen des ombres projetées aux murs, lumières à cacher ou à orienter, piliers à approcher ou à éloigner des sources luminescentes, différents puzzles bien trouvés se présentent pour à la fois préserver les fillettes du danger et débloquer des passages, tout en gardant à l’esprit la mécanique asymétrique faisant avancer des héroïnes.

Les Promesses de l’Ombre

Certains casse-têtes s’avèrent plutôt ardus, même si, de manière générale, l’ensemble demeure accessible. Il va cependant parfois être nécessaire de tenter plusieurs tactiques au risque de faire disparaitre l’une ou l’autre protagoniste, jusqu’à trouver la solution pour que chacune arrive au point de contrôle suivant, condition sine qua non pour continuer l’aventure. Avec une alternance de cadres et de level design bien diversifiée, outre quelques exceptions, le joueur n’a jamais vraiment l’impression de se répéter. Chacun d’entre eux joue avec la perspective, le timing, la gravité et, forcément, les ombres. Pour pallier quelques passages plus retors, le jeu permet un léger rewind en pressant sur les gâchettes de tranche de la manette pour revenir en arrière, façon Sables du Temps.

En outre, en plus du simple accomplissement de tableaux à énigmes, l’aventure s’étoffe et gagne en durée de vie grâce aux 98 origamis en forme d’oiseau à récupérer ici et là dans les tableaux, parfois côté fillette de lumière, parfois coté copie de l’ombre, demandant encore un peu plus de dextérité et de réflexion pour les atteindre. Parvenir à collecter l’ensemble de ces oiseaux rajoute bien deux à trois bonnes heures aux cinq heures nécessaires pour venir à bout de l’aventure. Cela peut paraître court, mais rappelons que nous sommes face à un premier jeu d’un petit studio, qui a déjà mis énormément d’énergie dans l’élaboration des puzzles et, surtout, dans une direction artistique et une bande-son tout simplement admirables.

Et la lumière fut

Visuellement, l’aspect noir et blanc et le style buvard parsemé d’encre s’écoulant librement répond parfaitement au thème de l’enfance, ainsi qu’à ce sentiment de remise en question et de doute habitant le personnage principal. En ressort une beauté mélancolique proche de ce qu’on connaît dans les productions Playdead. Shady Part of Me propose en plus cette montée en crescendo des décors, partant de pièces reconnaissables d’une maison traditionnelle pour aller vers des cadres plus abstraits, mettant l’accent sur des rapports d’échelle démesurés, pour traduire ce monde extérieur qui écrase cette petite fille et l’immense doute qui la hante. On y trouve des passages oniriques, un peu plus stressants ou inquiétants, avec toujours ce point de vue très innocent propre à l’enfance. En revanche, on pestera par-ci par-là contre un framerate parfois un peu faiblard sur Switch, même si cela ne gâche en rien l’expérience.

Encore plus fort, la bande-son magnifique composée par Nicolas Gueguen, entre piano mélancolique, discrète basse apportant un peu de noirceur (Sylvain Daniel), un soupçon de synthé, le tout parfois accompagné de chants envoutants (Dynah), permet de transcender les séquences de complicité entre les deux facettes de la fillette, les moments plus oniriques des premières pièces du jeu rappelant sa chambre, jusqu’aux cadres plus nébuleux et plus inquiétants. Du grand art.

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