En résumé
L'avis de Klaus
En proposant cette compilation, Capcom prouve une fois de plus sa volonté de proposer ses classiques sur des supports modernes, en ajoutant au passage de nouvelles fonctionnalités et améliorations. Ace Attorney Investigations Collection est, à l’instar des autres compilations Ace Attorney, la meilleure façon de découvrir les jeux qui sont inclus. Les nouvelles options, dans la lignée de la trilogie Apollo Justice, sont très pratiques, le mode musée est encore une fois un cadeau pour les fans et les nouvelles localisations sont d'une grande qualité. La traduction française est excellente et permet de savourer encore mieux les histoires de chaque jeu, malgré les erreurs. D’autant plus qu’ici, Ace Attorney Investigations 2 est enfin disponible en dehors du Japon. On aurait bien sûr aimé qu’il soit localisé dès la sortie de sa version d’origine sur DS, mais on a donc bien l’impression que Capcom ait décidé de se rattraper et de répondre aux nombreuses requêtes des fans, du moins en partie, puisqu’il n’y a toujours pas d’édition physique en Europe, et les The Great Ace Attorney ont été traduits uniquement en anglais, sans mise à jour pour d’autres localisations. L'enchaînement de ces compilations, avec une sortie mondiale à chaque fois, est en tout cas rassurant pour l'avenir de la série. On pense évidemment à un septième épisode de la série principale, un remaster de Professeur Layton vs Phoenix Wright et, si l'on rêve un peu plus, un nouvel Ace Attorney Investigations et un troisième The Great Ace Attorney qui permettraient alors d'étoffer davantage la chronologie de la série et le développement de certains personnages.
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par Klaus
le 3 septembre 2024 17:00
Comme cela a été remarqué avec les jeux de combat par le biais des compilations Capcom Fighting Collection mais aussi évidemment avec les Ace Attorney, il est clair que Capcom a l’intention de proposer un large éventail de ses « classiques » sur des plateformes modernes. Depuis Phoenix Wright : Ace Attorney Trilogy en 2019 et sa mise à jour intégrant les traductions en français et en allemand, Capcom a enchaîné les années suivantes avec The Great Ace Attorney Chronicles et Apollo Justice : Ace Attorney Trilogy. On regrette l’absence d’une traduction française pour les The Great Ace Attorney, mais la saga était donc presque complète en 2024 sur consoles et PC. C’est donc sans trop de surprise que nous avons appris en juin dernier l’arrivée d’Ace Attorney Investigations Collection, une duologie regroupant les épisodes mettant en scène le procureur Benjamin Hunter. Sortis à l’origine sur DS, puis portés sur Android/iOS, ces deux jeux ont été remastérisés sur Nintendo Switch, PlayStation 4, Xbox One et PC et garnis de nouvelles traductions en français, allemand, coréen et chinois (simplifié et traditionnel).
Cette compilation s’inscrit dans la lignée de la trilogie Apollo Justice et de la duologie The Great Ace Attorney en termes de contenu, que ce soit au niveau des améliorations, des fonctionnalités supplémentaires ou des extras (illustrations, musiques…). En Occident, elle était d’autant plus attendue que le deuxième jeu inclus dans cette collection n’était jamais sorti officiellement en dehors du Japon. Capcom avait bien pris en compte les demandes répétées des fans, mais il a fallu attendre 13 longues années pour qu’il soit enfin localisé de façon officielle. En jouant en avant-première à cette compilation, nous avons pu voir comment les deux épisodes ont été adaptés pour la Switch et découvrir la traduction française, une nouveauté ô combien attendue, d’autant plus que le premier volet n’avait jamais été traduit officiellement dans la langue de Molière. Après notre preview parue le 1er août, il est temps de rendre notre verdict final.
En 2007, la série Ace Attorney commençait déjà à écarter Phoenix Wright du feu des projecteurs avec un quatrième volet sur DS, mettant en avant un nouveau protagoniste, Apollo Justice. Capcom poursuit cette lancée trois ans plus tard en proposant un épisode dérivé de la série principale, Ace Attorney Investigations : Miles Edgeworth, toujours sur DS. Cependant, Shu Takumi réalisait Ghost Trick : Détective fantôme au même momen, laissant ainsi la réalisation à Takeshi Yamazaki, qui avait déjà collaboré avec lui sur la planification du premier Phoenix Wright : Ace Attorney sur DS et sur Apollo Justice. Yamazaki s’était aussi chargé du scénario, aux côtés de deux autres scénaristes, Sou Mayumi et Yuichiro Kitaoka. Choisir de mettre en avant Benjamin Hunter (Miles Edgeworth dans la version anglaise) semblait une évidence, compte tenu de la popularité du personnage et de son importance dans la série. Pourtant, ce n’était pas l’idée initiale de l’équipe. Le producteur Motohide Eshiro voulait créer un nouveau jeu avec des personnages d’Ace Attorney, se concentrant sur les scènes de crime et apportant de nouveaux éléments. Quant à Yamazaki, il a eu l’idée de pouvoir faire des déductions en repérant des anomalies et de participer aux investigations. L’équipe comptait alors très tôt inclure Ema Skye, apparue dans la nouvelle affaire du premier Ace Attorney sur DS, puis dans Apollo Justice, puisqu’elle est une experte médico-légale. Yamazaki voulait même qu’elle devienne l’héroïne d’Ace Attorney Investigations. Toutefois, ils ont préféré choisir de mettre en lumière Benjamin Hunter, en pensant aux fans et à la popularité du personnage.
Avec autant de nouveautés et le changement de cadre, le développement de ce premier Ace Attorney Investigations a duré plus longtemps que pour les autres épisodes. C’était aussi le premier jeu de la série où Shu Takumi n’était pas impliqué, ce qui devait représenter un défi supplémentaire. Ce n’était pas le cas du deuxième Ace Attorney Investigations, sorti seulement deux ans après son prédécesseur au Japon. L’équipe n’était sensiblement plus la même, puisqu’aux côtés de Yamazaki au scénario, il y avait Yuki Nakamura, Teruhiro Shimogawa, Kouki Fuse et Saeko Hirotsu.
Bien que l’on puisse regretter que les personnages les plus connus soient souvent mis en avant, au risque de ne pas laisser plus de place à la créativité des développeurs, on ne peut qu’apprécier cette volonté de proposer un peu de « fraîcheur » et de nouveautés dans la série en écartant Phoenix Wright pour faire briller Benjamin Hunter. Capcom avait tout intérêt à le faire, non seulement pour répondre à la popularité du personnage, mais aussi pour le développer davantage et revenir sur la fameuse affaire DL-6. Contrairement à Apollo Justice, il n’était pas question de faire revenir Phoenix Wright : ici, la star, c’est bien Benjamin Hunter.
Tatsuro Iwamoto était en charge du character design pour les Ace Attorney Investigations, mais il est important de se souvenir que pour Benjamin Hunter, c’est l’artiste Kumiko Suekane qui avait réalisé son design pour le tout premier Ace Attorney. C’est même elle qui avait suggéré de le rendre moins âgé, puisqu’à l’origine, il devait avoir 36 ans. Cela a également permis de renforcer sa rivalité avec Phoenix Wright et de dépeindre encore plus le lien d’amitié intense que deux hommes pouvaient partager. Kumiko Suekane, en tant que mangaka, a publié des doujinshi yaoi sous le pseudonyme Ryo Mutobe, ainsi que d’autres doujinshi sous d’autres pseudonymes, dans lesquels elle joue avec des personnages historiques et les univers de Final Fantasy XII, Tiger & Bunny ou encore Haikyu!!. Pour Capcom, elle a aussi été character designer de Viewtiful Joe, créé des personnages pour Resident Evil 2 et 3, et plus récemment, illustré de nombreux personnages masculins pour Fire Emblem Heroes. Les Ace Attorney Investigations rendent très clairement hommage au travail de Suekane sur Benjamin Hunter. Les jeux sont souvent accompagnés d’illustrations mettant en scène le procureur (réalisées par Takuro Fuse pour le deuxième jeu, qui est ensuite devenu character designer et directeur artistique de la série), et cette compilation vient les sublimer.
Lors de sa sortie sur DS, Ace Attorney Investigations : Miles Edgeworth a été largement apprécié, mais dans le cœur des fans, c’est souvent le deuxième épisode qui est le plus estimé, malgré l’absence de localisation officielle. Il faut noter que la communauté étant très active, des traductions effectuées par les fans ont vu le jour, allant jusqu’à proposer un doublage (bien que limité, puisque les voix se résument à des interjections, ce qui facilitait le processus). Malgré les demandes répétées, Capcom n’avait jamais localisé Ace Attorney Investigations 2 en Occident, même lors de sa réédition sur Android et iOS. Les fans, majoritairement anglophones et francophones, étaient donc très curieux et curieuses de découvrir les traductions pour la compilation sur consoles et PC, surtout en ce qui concerne Ace Attorney Investigations 2. Dès l’annonce, on ne pouvait que constater le soin apporté à la localisation des deux titres, dans la lignée de la trilogie d’Apollo Justice. On ne pouvait pas en dire autant de la trilogie Phoenix Wright, pour laquelle il avait fallu attendre une mise à jour ajoutant les traductions en français et en allemand (basées sur les versions DS et Wii), et The Great Ace Attorney Chronicles, traduit uniquement en anglais. Dans le cas des Ace Attorney Investigations, même les sous-titres ont été traduits en français. Pour le premier épisode, Ace Attorney Investigations : Benjamin Hunter reprend simplement le nom de Reiji Mitsurugi adapté en français, comme pour la version anglaise qui utilisait à l’époque Miles Edgeworth comme sous-titre, et pour le deuxième, il s’agit d’Ace Attorney Investigations 2 : Le Pari du Procureur. En japonais, les deux titres se nomment simplement Gyakuten Kenji et Gyakuten Kenji 2. En effet, les titres occidentaux de la série sont « complexifiés », alors qu’au Japon, ils sont simplement numérotés, hormis pour les The Great Ace Attorney.
Les Ace Attorney Investigations sont chacun dotés de cinq épisodes au total. Dans la collection sur consoles et PC, il est possible de choisir l’épisode que l’on veut ou commencer simplement une nouvelle partie en suivant la progression dans l’ordre. Lors de la sélection des épisodes, tout est accessible : commencer directement l’épisode ou choisir les chapitres. La collection donne un avertissement indiquant que la section des chapitres contient des spoilers (effectivement présents dès l’épisode 1 du premier jeu). En plus des chapitres, chaque épisode est divisé en plusieurs parties. Comme on le soulignait dans la preview, l’épisode 1 de chaque jeu est plus court que les autres et comporte seulement deux parties, comme on a pu le voir dans les autres Ace Attorney. C’est aussi ce qui caractérise la série, puisqu’à chaque fois, le premier épisode permet d’introduire le personnage principal (ou les personnages principaux, dans le cas des Ace Attorney Investigations nous avons le duo Benjamin Hunter & Dick Tektiv) et aussi les bases du gameplay. D’autres éléments viennent s’ajouter dans les épisodes suivants, mais le principal est souvent là dès le départ.
Bien que tout ait été repensé pour le premier Ace Attorney Investigations après Apollo Justice, quelques éléments clés de la série ont été conservés. Les dialogues restent nombreux, avec des sujets à sélectionner pour progresser durant les phases d’enquête. D’autres phases nécessitent de faire des choix, pouvant entraîner des pénalités en cas d’erreur. L’aspect enquête est en tout cas largement renforcé dans les Ace Attorney Investigations, comme le suggère le titre de cette « petite » saga dérivée. Dès le premier jeu, les interactions sont plus poussées que dans les autres Ace Attorney, grâce à l’incarnation de Benjamin Hunter et à l’introduction de Clé Faradet. En plus de cette nouvelle héroïne très appréciée des fans, le premier Ace Attorney Investigations introduisait un nouvel élément de gameplay : le Mini-faussaire, une arme de Cléa servant d’appareil de simulation. Cet objet futuriste permet de reproduire la scène au moment d’un crime, puis d’interagir avec les éléments pour obtenir de nouveaux indices cruciaux pour la suite de l’enquête.
À l’époque, certains ont reproché que ces ajouts ne renouvelaient pas suffisamment le gameplay de la série, mais force est de constater qu’ils apportent un peu de fraîcheur à une formule qui en avait bien besoin. Ces éléments étendent les mécaniques de jeu, permettent plus d’interactions entre les personnages et renforcent l’immersion. En participant directement aux phases d’enquête, on agit davantage que dans les autres Ace Attorney, et ces épisodes adoptent une approche plus « réaliste ». C’est l’impression que l’on a lorsqu’on voit sur la scène de crime du tout premier épisode de véritables experts, avec lesquels on peut converser. On note aussi le retour de l’inspecteur Dick Tektiv, plus présent que dans les autres Ace Attorney – l’une des nombreuses qualités des Ace Attorney Investigations –, ce qui donne lieu à des événements et interactions que l’on ne peut pas trouver dans les Ace Attorney de la série principale.
Proposer cette compilation a permis à Capcom de réaliser tout un travail au niveau de la remastérisation. Ce que l’on remarque évidemment tout de suite, c’est l’aspect visuel. Les décors ont été élargis et sont désormais plus détaillés, et la qualité des portraits des personnages a été améliorée et adaptée pour les graphismes en haute définition. Une fonction importante à aborder est le choix du style visuel pour les sprites des personnages durant les phases d’enquête. Révélé dès l’annonce du jeu et déjà détaillé dans notre preview, ce choix permet d’opter entre un nouveau style visuel « chibi » pour l’ensemble des personnages, appelé simplement HD, ou de reproduire le pixel art des personnages que l’on retrouvait sur DS, Android et iOS. Le choix du style visuel s’applique uniquement aux personnages. Par contre, même après avoir joué plus longtemps à la compilation, il est toujours difficile de dire quel est le meilleur style visuel. Le style HD offre certes un rendu plus net, plus lisse, permettant de mieux voir les réactions, les animations ou encore les tenues des personnages (venant renforcer ainsi la vision des artistes), mais on perd le charme du pixel art des jeux sur DS. Cependant, ce dernier style ne plaira pas à tout le monde, car le rendu à l’écran est, forcément, moins agréable. Permettre ce choix était important et logique, d’autant plus qu’à chaque lancement de la compilation, Capcom précise que les jeux sont présentés avec un minimum de modifications pour préserver l’expérience de leur version d’origine. Il paraissait donc logique de conserver le pixel art des personnages. Par exemple, les fans qui avaient déjà joué au premier épisode devraient apprécier ce choix pour poursuivre l’aventure après toutes ces années avec le deuxième jeu. Cependant, le nouveau style visuel a l’avantage de mieux montrer les visages des personnages et donc de voir plus de réactions et d’animation, ce qui permet de s’attacher un peu plus à eux. En tout cas, pour changer de style visuel, il faut obligatoirement revenir à l’écran-titre. Ce n’est peut-être pas très pratique, mais avoir cette possibilité reste un atout de cette collection.
Au niveau visuel, le choix du style pour les sprites des personnages est la seule option. Ainsi, par défaut, comme indiqué plus haut, les décors ont été élargis et garnis de plus de détails. De même, les sprites des personnages durant les dialogues sont logiquement plus grands et plus détaillés. Mais c’est comme pour la trilogie Phoenix Wright et Apollo Justice : Ace Attorney : on perd le charme des sprites des jeux sur DS. Mais de toute manière, il aurait été difficile de le retrouver sur grand écran, à moins de proposer par exemple des filtres. C’est ce que l’on peut d’ailleurs reprocher à cette compilation, on constate assez tôt que le travail de remastérisation est assez timide. Les décors ont été retouchés, mais on ne peut que remarquer que les jeux sont d’un autre temps. L’aspect visuel est plus travaillé dans le deuxième Ace Attorney, mais cela reste assez minime. Quand on sort de la trilogie Apollo Justice, on peut donc ressentir un peu de frustration. Toutefois, Capcom assume en ayant cette volonté de proposer les mêmes jeux, sans que l’histoire soit changée, et avec un minimum de modifications au niveau du gameplay et de l’aspect visuel.
Hormis le style visuel et la langue du jeu, tous les autres paramètres peuvent être changés en cours de partie. Concernant le gameplay, on peut activer ou désactiver la vibration de l’écran, les flashs, la vibration de la manette, le défilement des textes non lus, l’affichage/masquage de l’IU (texte et guide de commandes) et les notifications de distinctions. On peut aussi régler la transparence des fenêtres de textes principales pour les dialogues et la narration. Niveau audio, on peut choisir entre les pistes d’origine et des musiques réarrangées. Cependant, il n’y a que cinq réarrangements dans le premier jeu. Pour le deuxième volet, c’est aussi le cas, mais attention : les cinq réarrangements sont uniquement disponibles en bonus d’achat anticipé. Capcom n’a donc pas voulu les intégrer d’emblée dans le jeu pour tout le monde, un choix discutable, puisqu’il ne s’agit pas d’un simple bonus cosmétique. Non, on parle de musiques, ce qui est donc bien plus important et peut permettre de changer l’ambiance de certaines scènes. On a d’ailleurs pu découvrir les arrangements pour le premier jeu qui sont, comme on pouvait s’y attendre, de qualité. D’après les crédits de la compilation, ce sont Yasumasa Kitagawa et Yuna Hiranuma qui étaient en charge de ces arrangements. Kitagawa est un contributeur de longue date pour la série, depuis le crossover avec Layton. Quant à Hiranuma, il semblerait que ce soit une nouvelle recrue.
Les options permettent bien sûr de choisir la langue pour les textes du jeu et les voix, mais pour les changer, il faut obligatoirement le faire via l’écran-titre. Les textes et les voix sont entièrement en français. Cependant, en ce qui concerne le doublage, il n’y a, le plus souvent, que des interjections (« Objection ! », « Un instant ! », « Eurêka ! », « Rejeté ! »…), le travail à ce niveau n’est donc pas aussi poussé que pour la trilogie Apollo Justice, mais il est tout à fait bienvenu. La collection offre la possibilité de choisir séparément la langue des textes et des voix. Ainsi, on peut jouer en français avec les voix japonaises. Les traductions en français pour les deux jeux, effectuées par Matthieu Falletti, Anaïs Bonino, Clémentine Rayer, Pauline Aracil et Dylan Vega Ceccon, sont très soignées et cohérentes par rapport aux autres jeux, malgré quelques fautes. Du côté du doublage, il est difficile de juger de simples interjections, mais la compilation ne se moque pas des fans. La cohérence est aussi respectée pour Benjamin Hunter, qui est doublé par Yann Guillemot, comme dans Dual Destinies et Spirit of Justice en français. Pour les autres personnages, tout est nouveau : on trouve les voix de Max Jemes Patton, Michaël Maïno, Emilie Charbonnier, Laurent Pasquier, Julien Rampon, Angélique Heller, Romain Bressy, Thibault Berthon et Hyppolit Audouy. Par contre, hormis Hunter, nous ne savons pas qui a doublé qui.
Les nouveautés de cette compilation ne s’arrêtent pas là. Elle propose également des modes de lecture, dans la lignée des deux collections précédentes. On peut choisir entre le mode Jeu automatique, qui fait avancer les dialogues automatiquement, et le mode histoire, qui fait progresser tout le jeu automatiquement, y compris les réponses aux questions et la présentation des preuves. En appuyant sur le bouton -, le jeu se met donc à carrément jouer notre place ; c’est comme si on regardait donc un let’s play ou un bon feuilleton, sans intervenir. On a la liberté d’activer ou de désactiver les deux modes à tout moment. Cependant, le mode histoire a un petit défaut qui peut être assez agaçant. Durant les phases d’investigation, si on choisit de désactiver le mode en cours de route et de le réactiver, il faudra tout revisionner depuis le début de la phase d’enquête. S’il y a juste un moment de l’enquête qui nous pose problème, cela peut être légèrement pénible, d’autant plus qu’en mode histoire, les dialogues peuvent avancer plus lentement, même si l’on choisit l’option rapide dans « Vitesse de jeu automatique ». Ce n’est pas vraiment un défaut, mais choisir le mode histoire empêche aussi d’obtenir les distinctions (des trophées ou des succès qui s’obtiennent sous certaines conditions). Pour les obtenir, il faudra donc tout refaire, sans aucune aide directe. C’est aussi l’atout de cette compilation : les distinctions peuvent motiver à faire ou refaire chaque jeu sans avoir l’aide du mode histoire ou sans chercher la solution dans des guides sur internet. Tout le monde n’a pas le temps ou la patience de résoudre les énigmes dans les Ace Attorney, mais réussir à progresser sans aide reste toujours gratifiant.
En dehors des options et de la sélection des titres, Ace Attorney Investigations Collection comporte également un mode Musée, comme dans les collections de la trilogie Apollo Justice et de la duologie The Great Ace Attorney. Ce mode regroupe les distinctions, un album photo avec les illustrations vues dans chaque épisode, une galerie des personnages avec les sprites chibi et pixel art (débloqués au fur et à mesure des épisodes terminés), des archives contenant des illustrations de référence et une galerie spéciale avec divers visuels et illustrations, ainsi qu’une liste de 106 pistes audio composées par Noriyuki Iwadare, Yasuko Yamada et Yasufumi Fukuda, 23 pistes orchestrales, une création originale et cinq morceaux arrangés du CD original Ace Attorney Investigations. Ce sont évidemment des bonus, mais les fans apprécieront de pouvoir réécouter les musiques et de visionner toutes sortes d’illustrations. D’autant plus qu’il est possible de zoomer sur chacune d’elles pour mieux voir les détails.
Dans les Ace Attorney Investigations, on suit donc les aventures de Benjamin Hunter, très souvent accompagné de Dick Tektiv. Dans le premier jeu, on retrouve aussi Ema Skye et Franziska von Karma. En développant cette duologie, Capcom a aussi pu introduire des personnages complètement inédits. Dans le premier volet, on rencontre Cléa Faradet, prétendant être la « Grande escamoteuse » et qui permet donc d’introduire au passage un tout nouvel élément de gameplay que nous décrivions plus haut, l’agent d’Interpol Shi-Long Lang et son assistante Shih-na. C’est sans compter divers personnages secondaires apparus auparavant dans les premiers Ace Attorney. Dans le deuxième jeu, on trouve aussi de nouvelles têtes, comme Eustache Victor, tout jeune procureur dont les apparitions et interventions donnent lieu à des moments hilarants, la juge élégante et impitoyable Justine Delcour et Freddie Lapointe, jeune avocat dont on découvrira l’histoire, reliée à celle d’Hunter, tout au long du jeu. On n’en dit pas plus pour ne pas gâcher la surprise, mais c’est aussi ce qui a permis à Ace Attorney Investigations 2 de devenir l’un des épisodes les plus appréciés de la saga. Le retrouver dans cette compilation, enfin localisé officiellement (et tout en français qui plus est), est un véritable plaisir.
Pour profiter pleinement des Ace Attorney Investigations, il est conseillé d’avoir joué aux volets 1 à 3 (voire 4) de la série principale. Il n’y a pas de spoilers directs, mais des personnages secondaires introduits dans les précédents Ace Attorney y font leur retour, et plusieurs références valent mieux être comprises pour apprécier la duologie. Cependant, les deux titres réintroduisent progressivement les personnages de retour. Il est aussi conseillé de jouer d’abord à Ace Attorney Investigations : Benjamin Hunter, puis à Ace Attorney Investigations 2 : Le Pari du Procureur.
Que l’on ait déjà joué aux Ace Attorney Investigations ou qu’on les découvre aujourd’hui, chaque premier épisode introduit des mystères que l’on pense résoudre tout au long de l’aventure, incitant à continuer. Les épisodes sont effectivement reliés entre eux, mais conservent le côté « épisodique » de la saga, avec des cadres et des personnages variés au fil des épisodes. Les Ace Attorney Investigations pourraient être considérés comme des jeux dérivés de la série principale, sans grande importance, mais ce serait une erreur de le penser. Chaque jeu permet de développer l’histoire de Hunter et de découvrir des éléments importants de son passé. Avoir deux œuvres entières pour cela, tout en découvrant de nouvelles histoires et personnages, est un privilège rare pour une série centrée sur son intrigue.
Au niveau du gameplay, les phases d’investigation ne se déroulent pas de la même façon que dans les autres Ace Attorney. En tant que spin-off, le gameplay alterne entre des phases à la troisième personne où l’on dirige Hunter pour changer de lieu, parler aux personnages et aller examiner des éléments (indices, cadavres…), et à la première personne (pour analyser des preuves ou des éléments sur les scènes de crime par exemple). Les Ace Attorney Investigations sont donc des jeux d’enquête et d’aventure avec des interactions plus poussées que dans les autres épisodes de la série. Cependant, comme mentionné précédemment, le dépaysement n’est pas total, puisqu’au-delà des personnages de retour et de l’ambiance générale, il y a beaucoup de scènes de dialogue qui rappellent les procès.
Décrire un gameplay plus poussé pourrait effrayer les personnes peu à l’aise avec les jeux d’aventure et d’enquête, qui avaient déjà du mal à résoudre les affaires dans les autres jeux. C’est aussi l’un des défauts de cette duologie. Pourtant, leur gameplay n’est pas une révolution ; les nouvelles mécaniques ajoutent simplement de la fraîcheur, et dans le deuxième épisode, un nouvel élément apporte plus d’intensité. Dans le premier, on doit faire des déductions en repérant des anomalies et en reliant logiquement les informations obtenues durant l’enquête. Une fois reliées, ces pistes permettent d’en obtenir de nouvelles. En cas de mauvaise combinaison, le jeu inflige une pénalité. Réussir les déductions permet généralement d’enchaîner avec les confrontations, où l’on doit contrer les allégations des témoins pour obtenir plus d’informations et atteindre la vérité. C’est donc ce qui se rapproche le plus des autres Ace Attorney.
Tous ces éléments, y compris le Mini-faussaire, sont de retour dans la suite, avec une autre nouveauté : l’échiquier mental. Cette phase ressemble aux interrogatoires, mais en moins passif, car le temps est limité. L’échiquier mental inclut une jauge de temps, qui diminue lorsqu’on doit faire un choix en parlant avec un personnage. Il faut soit attendre une ouverture, soit mettre le témoin en difficulté pour obtenir un avantage, remplir la jauge et faire avancer l’enquête. Ne pas faire les bons choix peut entraîner des pénalités et mener à un game over. Cette nouveauté, ajoutant plus d’intensité, est l’un des atouts d’Ace Attorney Investigations 2.
Malgré une remastérisation que l’on peut qualifier de timide, Ace Attorney Investigations Collection permet de jouer à la duologie du procureur Hunter dans les meilleures conditions. Les deux jeux sont fluides en toutes circonstances, ce qui était aussi le cas des autres compilations, et les nouvelles options sont très pratiques. Toutefois, en dehors des problèmes soulignés précédemment (le mode histoire qui n’est pas très au point durant les phases d’enquête, les musiques réarrangées pour le deuxième jeu uniquement en bonus de précommande), la version Switch a un petit défaut que nous n’avons pas pu nous empêcher de remarquer : il n’y a tout simplement pas de contrôles tactiles. Cela peut paraître étonnant, surtout quand on sait que les jeux étaient parus sur DS, Android et iOS. On ne comprend pas très bien pourquoi cette version est privée de contrôles tactiles (cela aurait-il un rapport avec l’adaptation plus compliquée sur de nouveaux supports et le fait que les interactions soient plus poussées ?). En plus de cela, les précédentes collections permettaient bien de jouer entièrement avec l’écran tactile de la Switch en mode portable, ce qui paraissait tout à fait logique étant donné que les jeux avaient été eux-mêmes pensés pour le double écran de la DS et de la 3DS (et cela n’avait d’ailleurs pas posé problème pour les adaptations sur Android et iOS). Aucune explication n’a été donnée, et aucune annonce concernant une éventuelle mise à jour pour ajouter la compatibilité tactile sur Switch n’a été faite.
Pour finir, l’absence d’autres traductions, notamment en espagnol, et d’une édition physique sur Nintendo Switch en Europe est regrettable, mais au fil des années, Capcom a amélioré considérablement l’accessibilité de la série en répondant aux requêtes répétées des fans. Pour la suite, il n’y a plus qu’à espérer que la société continue sur cette voie. En effet, même s’il manque le crossover Professeur Layton vs Phoenix Wright : Ace Attorney, toujours exclusif à la 3DS (et désormais encore moins accessible avec l’arrêt des achats sur l’eShop), la série Ace Attorney est désormais complète sur Switch. On peut donc se dire qu’un tout nouveau volet est en préparation et qu’il pourrait sortir bientôt. Si c’est le cas, on espère vraiment que Capcom fera en sorte qu’il soit au moins traduit en plusieurs langues. L’idéal serait aussi de proposer une version physique partout, y compris en Europe, garantissant ainsi une meilleure accessibilité à la série. La demande est de toute évidence bien là.