Test de Balatro sur Nintendo Switch

Développé par une seule personne, un développeur canadien du nom de LocalThunk, Balatro marque un tournant pour son créateur, après avoir partagé ses premiers jeux uniquement avec ses proches. Cette fois-ci, il se lance dans un projet d’une toute autre envergure : un jeu inspiré du Big Two, un jeu de cartes chinois qui est un mélange entre le 8 américain et le poker. Au bout de deux ans de développement, une démo de Balatro sort sur Steam. Une bonne idée, car en plus de profiter des nombreux retours de la communauté, permettant au jeu de s’enrichir et de s’ajuster, Balatro s’est offert un bon coup de pub sur Twitch. En effet, Balatro est devenu un véritable phénomène, s’imposant comme le jeu du moment chez de nombreux streamers. Littéralement catapulté par cet élan assez inattendu, c’est en février 2024 que Balatro sort enfin en version complète sur PC et consoles.

Non, ce n’est pas du poker !

Balatro est un deckbuilder, c’est-à-dire un jeu de cartes dans lequel on part d’un jeu de base, ici un jeu de 52 cartes classiques, que l’on va pouvoir renforcer et modifier au fur et à mesure de la partie. Sous ses airs trompeurs, Balatro n’a en réalité pas grand-chose à voir avec le poker, ce dernier servant davantage de thématique visuelle que de véritable mécanique de jeu. Tout comme Slay the Spire, Balatro intègre des composantes de rogue-lite. En effet, chaque partie offre des choix d’optimisation du deck ainsi que des éléments de gameplay qui s’ajoutent de façon permanente à l’issue de chaque session. Les plus impatients peuvent activer une option pour déverrouiller tout le contenu immédiatement, bien que cela soit déconseillé, l’idéal étant d’apprendre progressivement les différentes règles du jeu.

Balatro est structuré en huit manches, chacune constituée de trois phases : la petite blinde, la grosse blinde et le boss. Dans chacune de ces phases, il est demandé de réaliser un nombre de points en jouant une main de poker. Plus la main est forte, plus le nombre de points gagnés est important. Une double paire, par exemple, rapporte forcément moins qu’un carré. Au départ, on dispose d’une main composée de huit cartes, de trois défausses et de trois mains jouables. Par exemple, on peut jouer une paire, marquer les points, piocher pour compléter sa main, défausser quelques cartes pour tenter d’améliorer une nouvelle main, puis rejouer jusqu’à atteindre le score demandé. Et ce, jusqu’à ce que l’on n’ait plus de main à jouer, ce qui mène au fatidique Game Over si le nombre de points requis n’est pas atteint.

L’accro du shopping

Jusqu’ici, le jeu semble proche du poker, mais la grande différence réside dans la boutique qui s’ouvre à chaque phase remportée. Moyennant de l’argent gagné au cours des phases décrites précédemment, la boutique propose de nombreuses améliorations : acheter des cartes supplémentaires pour son deck, acquérir des cartes spéciales de tarot qui ont des effets permanents (comme épurer son deck, gagner de l’argent, ajouter des points à certaines cartes, ou transformer la couleur d’une carte en une autre). Oui, il est possible dans Balatro de modifier son deck initial pour en faire ce que l’on veut, comme un jeu composé uniquement d’as de pique, par exemple. À la boutique, on peut également acheter des jokers, qui offrent des effets permanents tout au long de la partie. Limités à cinq, ce sont eux qui vont orienter le type de partie que l’on va jouer. Par exemple, certains jokers donnent des points en jouant une suite, d’autres permettent de gagner plus d’argent, ou encore d’autres permettent de jouer des couleurs ou des suites avec seulement quatre cartes. Balatro propose 105 jokers différents, ainsi que 45 jokers supplémentaires à débloquer progressivement dans le jeu, offrant une infinité de combinaisons.

Il serait trop long de détailler toutes les subtilités de gameplay qu’offre Balatro. En plus des cartes de tarot et des jokers, de nombreux autres mécanismes permettent au joueur d’optimiser son deck pour atteindre des scores élevés. Cette richesse en termes de gameplay se dévoile assez rapidement et peut déstabiliser les non-initiés à ce type de jeu. Plus complet et complexe que d’autres deckbuilders, Balatro s’adresse davantage aux habitués du genre, car il offre une grande liberté dans la conception et l’optimisation du deck, nécessitant une certaine maîtrise des mécaniques de deckbuilding.

L’as de trèfle qui pique ton cœur, Caroline…

Techniquement, le jeu est très simpliste, baignant dans une ambiance old-school en 2D, agrémentée de petits effets graphiques agréables sur les cartes. Tout est fait dans Balatro pour offrir une expérience des plus chill. Concernant la localisation du jeu en français, aucun souci à signaler. La première traduction en version française sortie au tout début sur PC qui comprenait de nombreuses erreurs n’est désormais plus qu’un lointain souvenir. Cependant, un bug assez gênant persiste dans le jeu et n’a pas encore été résolu. Ce bug provoque des ralentissements au bout d’une dizaine de minutes, rendant le jeu beaucoup moins fluide, voire à peine jouable. Une technique existe néanmoins pour y remédier : quitter le jeu puis le relancer, la sauvegarde automatique permettant de conserver la progression. Espérons que ce problème, encore plus perceptible sur Switch que sur les autres plateformes, soit corrigé rapidement via une mise à jour. Mais hormis ce souci technique, Balatro est clairement un must-have, pour peu qu’on apprécie un tant soit peu le genre.