Test de Bō : Path of the Teal Lotus sur Nintendo Switch

Une campagne Kickstarter réussie (près de 175 000 $ sur 35 000 $ nécessaires) qui débouche sur un Metroidvania teinté de folklore japonais, des graphismes en 2,5D dessinés à la main et une liberté de mouvements offerte par une feature originale du gameplay, le tout inspiré, de l’aveu des développeurs, par des titres comme Hollow Knight, Paper Mario, Okami ou des films d’animation de Studio Ghibli, c’est une infusion qui a de quoi faire mouche. Prenons quelques minutes, le temps d’un thé, pour discuter de Bō : Path of the Teal Lotus, le premier jeu des Taiwaïnais de Squid Shock Studios à arriver sur Nintendo Switch. En complément, un article revenant notamment sur le développement et les musiques du titre se trouve à cette adresse.

Petite fleur deviendra grande

Une étoile filante vient faire éclore une fleur qui n’est autre que Bô, un tentaihana, un remarquable mélange entre un renard blanc et une fleur de lotus. Sitôt éveillée, notre jeune pousse fait la rencontre d’Asahi qui remarque la nature céleste de la boucle d’oreille de Bô. Une petite tasse de thé plus tard et voilà que la boucle d’oreille se transforme en bâton d’équinoxe, l’arme qui suivra Bō jusqu’à la fin. Pendant ce temps, au loin, une ombre menaçante plane sur le monde. Charge à Bō de parcourir le territoire pour rétablir la paix !

Bō : Path of the Teal Lotus s’inscrit dans le genre du Metroidvania. Bien que les différents protagonistes proposent des quêtes secondaires qui forceront un peu à l’exploration et que chaque zone s’achève sur un combat de boss, la tendance globale du jeu s’oriente vers la plateforme, notamment par cette particularité de gameplay qu’est le « reset » des sauts. Dès lors que l’on frappe un ennemi ou un objet, Bō est capable de sauter à nouveau. Inutile de préciser que le level design s’en donne à cœur joie pour mettre en pratique cette capacité. Ainsi, avec un peu de dextérité, il devient possible de s’élever dans les airs et de parcourir de longues distances sans jamais toucher le sol. C’est très fluide, dynamique et vraiment bien exploité. Comme dans tout Metroidvania, les pouvoirs de Bō se développent au fil de l’aventure, permettant d’explorer des zones restées inaccessibles. Dash, frappe au sol, petites ailes pour profiter des courants d’air sont quelques exemples des capacités qui viendront enrichir la panoplie de mouvements, toujours avec douceur et subtilité.

Bō peut également s’équiper d’Omamori. Ce sont des talismans à dénicher ou à acheter qui améliorent certains effets. Par exemple, augmenter la puissance ou la vitesse de l’attaque de base, augmenter la barre de vie, être soigné à condition d’éliminer plusieurs ennemis sans se faire toucher, faire apparaître les secrets sur la carte, etc. Évidemment, notre fleur céleste ne peut pas tous les équiper, et, s’ils ne sont pas indispensables, ils offrent tout de même de bons coups de main, il faut donc faire des choix au moment des points de sauvegarde. En parallèle des capacités propres à Bô, il y a les Daruma. Au nombre de huit, ils permettent d’activer un pouvoir spécial en échange d’un peu de thé et dégagent leur puissance maximale lorsque la bouilloire est remplie. De plus, ils sont améliorables chez le marchand.

L’autre point de gameplay qui a son importance est le fameux thé tant apprécié des divinités de ce monde. Il faut comprendre qu’à chaque ennemi vaincu, un combo commence et fait progresser la jauge bleue sur la gauche de l’écran. Plus les coups s’enchaînent et plus la barre progresse jusqu’à arriver à son maximum afin de déclencher la grosse attaque d’un Daruma. Mais c’est aussi en échange d’un certain nombre de points de combos que l’on peut se régénérer d’un point de santé. Et, à moins d’avoir un certain talisman équipé, il est impossible de boire son thé en mouvement.

Autant dire que la récupération de points de vie en combat de boss est assez stratégique à placer. En effet, si le monde de Bō est essentiellement axé plateformes, la jeune pousse affrontera plusieurs adversaires très coriaces. Mais, pour ceux qui n’arriveraient pas à venir à bout de ces ennemis, les développeurs ont pensé à ajouter une option rendant Bō invulnérable. Une option, qui, on l’avoue, nous a fait de l’œil sur certains combats, mais que nous n’avons pas utilisée par pure fierté mal placée… Forcément, la durée de vie est facilement impactée par l’utilisation ou non de cette option. Il faut tout de même compter une bonne dizaine d’heures pour voir le dénouement final.

Le folklore jaBônais

S’il y a bien un point qui mettra tout le monde d’accord, et qui lui vaudra ce jeu de mot téléphoné, c’est que Bō est vraiment beau, quoique cet adjectif s’avère au final bien un cran en dessous de ce qu’il est réellement. Admirez les screenshots, délectez vous des vidéos, Bō : Path of the Teal Lotus est simplement magnifique et peut aisément prétendre être dans le top des plus beaux jeux sur Switch. Dessins à la main, character design séduisant, même l’iconographie de l’inventaire est superbement travaillée. Alors que l’ensemble parle d’un monde unique, l’aventure parvient à nous faire traverser des zones bien différentes avec chacune leur spécificité de level design.

L’ambiance japonaise jusque dans les moindres détails avec une véritable histoire et un background développés sur cette culture est excellente. A cela s’ajoute la partie sonore qui sait transmettre la zénitude d’une tasse de thé et le dynamisme de l’action, on obtient un titre qui est techniquement et artistiquement somptueux. On regrettera peut-être le manque d’indications claires sur le chemin à prendre vers la fin de l’aventure, poussant parfois à errer sans trop savoir vraiment où aller pour valider la quête principale, la faute à un registre des quêtes un peu laissé de côté au début du jeu que l’on ne consulte pas si souvent au final.