En résumé
L'avis de MisterAnderson
Pionnier du survival horror, Clock Tower : Rewind a principalement une valeur historique. Se lancer dans ce jeu vieux de trois décennies est à faire essentiellement pour la culture. Du contenu additionnel, ainsi que le jeu original en bonus, rendent cette version Rewind plutôt complète, mais à cause de ses soucis de gameplay archaïque et de sa maniabilité rigide, cela n’en fait pas pour autant une expérience plaisante ni mémorable.
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par MisterAnderson
le 1 juin 2025 23:35
Clock Tower, premier du nom, est un jeu qui a sa place dans l’histoire vidéoludique comme étant l’un des précurseurs du survival horror, bien avant que Resident Evil n’impose un genre. Trois ans après Alone in the Dark de Frédérick Raynal et un an avant le jeu de Shinji Mikami, Clock Tower de Human Entertainment sort sur Super Famicom et lance une franchise déclinée par la suite sur consoles PlayStation. Le Clock Tower original est sorti deux fois : une première fois en 1995 sur la 16 bits de Nintendo, puis dans une mise à jour appelée Clock Tower : The First Fear sur la première PlayStation deux ans plus tard, mais uniquement au Japon. Le jeu est disponible depuis le 29 octobre 2024 au prix de 19,99 € sur le Nintendo eShop et en éditions physiques chez Limited Run Games (désormais en rupture de stock) et SUPERDELUXE GAMES.
Test réalisé à partir d’un code fourni par l’éditeur.
L’histoire du jeu est introduite via un dessin animé et une mélodie lancinante provenant d’une excellente chanson de Mary Elizabeth McGlynn. Le jeu commence sur une note positive ; hélas, ce sentiment de satisfaction va être éphémère… On incarne dans ce jeu Jennifer Simpson, une adolescente orpheline qui vient d’être adoptée avec trois de ses amis. Malheureusement, elle ne sait pas que sa nouvelle maison, un mystérieux manoir appartenant à la famille Barrows, cache de terribles secrets ainsi que l’antagoniste principal du jeu : le terrifiant Scissorman, un psychopathe armé d’une longue paire de ciseaux qui poursuivra Jennifer sans relâche.
Clock Tower est un point and click en 2D où Jennifer explore le manoir, découvre des objets et résout des énigmes qui se résument à associer le bon objet de l’inventaire au problème devant soi : on a trouvé du pesticide dans une pièce et il y a des insectes dans une autre pièce. Le Scissorman intervient de façon régulière et l’éviter est impossible. On est limité à courir et à se cacher. On peut s’amuser à l’éviter, mais des apparitions scriptées s’interposent. Cette version Rewind comprend d’ailleurs de nouvelles fonctionnalités, dont un nouveau système de poursuite dans lequel l’antagoniste poursuit Jennifer sans relâche dans plus de salles et peut se cacher dans davantage de lieux. Les contrôles de Jennifer ont été améliorés : elle peut désormais courir dans les escaliers, trouver de nouvelles cachettes sous un lit ou dans une voiture, et même utiliser quelques armes. Malgré cela, Clock Tower : Rewind est un jeu dans son jus, légèrement dépoussiéré par ce portage vaguement amélioré dont la valeur intrinsèque est de découvrir une œuvre jusqu’ici jamais traduite.
Dans ce jeu, les actions en point & click sont fastidieuses et d’une rigidité incroyable. Dans des moments où la réactivité est nécessaire, il faut attendre qu’une action comme escalader une caisse en bois ou attraper un drap soit complétée pour pouvoir faire autre chose. Le gameplay montre vite ses limites : avancer, ramasser des objets, explorer des pièces vides. La lassitude s’installe rapidement, et la monotonie du bruit des pas ainsi que la frustration due à la lenteur des déplacements contribuent à une expérience exténuante. La consternation est amplifiée par le Scissorman qui apparaît un peu partout, et la fonction de rembobinage ne nous met pas forcément à l’abri du danger. Jennifer est sans défense ; tout au plus, elle le repousse ou va le frapper avec une massue… massue que l’on laisse derrière soi, parce que c’est tout à fait logique de poursuivre l’exploration d’un manoir sans défense.
Clock Tower est basé sur une ambiance qui pouvait créer un sentiment de peur il y a 30 ans, mais qui paraît désuète aujourd’hui : des jumpscares convenus et une histoire servant de prétexte. Visuellement, cette version Rewind n’offre aucune amélioration notable par rapport au jeu original. Le moteur Carbon Engine de Limited Run Games, qui développe et édite le jeu, est exploité au minimum. La bande-son est efficace et inspirée du groupe Goblin, connu pour sa collaboration avec Dario Argento, dont l’œuvre est fréquemment citée par Clock Tower. Le jeu se finit rapidement, et les complétistes auront loisir d’explorer le manoir pour obtenir les huit fins différentes, et pourront découvrir les nombreux suppléments, dont une interview sous-titrée du réalisateur Hifumi Kono, mais aussi une galerie et la bande originale dans son intégralité.
Clock Tower : Rewind est un jeu à découvrir lorsque l’on souhaite explorer les titres méconnus qui ont posé les bases des références d’aujourd’hui. Attention cependant : compte tenu de sa maniabilité très rigide entraînant un gameplay des plus frustrants, Clock Tower : Rewind est un jeu qu’il vaut mieux éviter en l’état.