Test de Légendes Pokémon : Arceus sur Nintendo Switch

En résumé

  • Sorties :
  • 28 Janvier 2022
  • 28 Janvier 2022
  • 28 Janvier 2022

L'avis de Greg-sHAOlink

Légendes Pokémon : Arceus est l’évolution tant attendue par les joueurs de la série : le monde est (presque) ouvert, les mécaniques de jeu permettent une exploration enfin (quasiment) libre, la capture des Pokémon se fait de manière organique, de même que les combats qui s’opèrent sans transition. De nombreuses améliorations supplémentaires viennent même enrichir ce gameplay déjà proche de la perfection. Malheureusement, l’ensemble est desservi par une qualité technique en deçà des standards auxquels on est en droit de s’attendre de la part d’un studio vraisemblablement très riche, mais qui se refuse à investir les moyens et le personnel nécessaires au développement d’un jeu digne du troisième millénaire. Dès lors, si l’on est fan de Pokémon, on arrive tant bien que mal à fermer les yeux et à profiter d’une expérience de jeu estampillée Game Freak par ailleurs irréprochable, sans doute même la meilleure à ce jour. En revanche, si les skins des monstres de poche ne vous font ni chaud ni froid, le désastre visuel vous forcera à garder les yeux ouverts et à vous demander comment un jeu GameCube peut se vendre aussi bien…

Les plus

  • Hisui, le premier monde semi-ouvert Pokémon
  • L’exploration et la capture, grisantes
  • L’optimisation de mécaniques de jeu anciennes
  • L’ambiance musicale et sonore
  • L’approfondissement du lore
  • Le crafting
  • La complétion du Pokédex, originale et intéressante…

Les moins

  • C’est visuellement inacceptable
  • Une prise en main ardue au départ
  • Peu de nouveaux Pokémon
  • Le scénario qui ne conclut pas certaines trames
  • Les Styles Puissant et Rapide sous-exploités
  • … mais aussi rébarbative
  • Nintendo-Difference

    par Greg-sHAOlink

    le 18 janvier 2023 19:15

Après des remakes de la quatrième génération délégués à un studio tiers et qui ont laissé un arrière-goût amer tant ils étaient fainéants, Game Freak se devait de rattraper le coup pour fêter un peu plus dignement les quinze ans des monstres de Sinnoh. Pour ce faire, quoi de mieux qu’un épisode largement différent afin de redonner de l’allant à une saga en quête de renouveau ? C’est dans ce contexte que Légendes Pokémon : Arceus a vu le jour en janvier 2022, s’inscrivant en parfait trait d’union entre Pokémon Épée et Bouclier et les futurs Pokémon Écarlate et Violet. Toutefois, en dépit d’une modernisation de la licence au niveau de son gameplay, il semblerait que d’autres éléments soient restés bien ancrés dans un certain passéisme…



Hisui et j’y reste !


Cette fois-ci, le joueur ne commence pas son aventure par une conversation avec sa maman, mais carrément avec Arceus. En effet, le Dieu Pokémon créateur va, par des procédés inexpliqués et inexplicables, utiliser le téléphone du personnage principal pour le téléporter quelques centaines d’années en arrière, dans une région de Sinnoh qui était alors connue sous le nom de Hisui. Toujours aussi benêt, celui-ci ne s’émeut pas très longtemps d’avoir atterri dans un endroit n’ayant pas encore l’électricité. Il rencontre très rapidement un excentrique professeur du nom de Lavande et va faire montre de ses talents de Dresseur pour gagner sa confiance. Le choc culturel est là : alors que pour le héros la cohabitation avec les Pokémon, y compris leur capture dans des Poké Ball, va de soi, il semblerait qu’il n’en soit pas de même pour tout le monde durant l’ère Hisui.

En effet, après quelques discussions dans le village de Rusti-Cité (ancêtre de Féli-Cité), on se rend compte que les habitants de la région ne vivent pas en harmonie avec les Pokémon comme cela a toujours été le cas dans les jeux précédents, mais qu’ils les considèrent au contraire comme des monstres dangereux, entêtés et fougueux. Qui plus est, certains Pokémon vénérés par les clans indigènes, les Pokémon monarques, paraissent avoir échappé au contrôle de leur Gardiens et sont devenus une source d’inquiétude supplémentaire pour la population.

Le joueur se retrouve ainsi embrigadé par le Groupe Galaxie, et plus particulièrement son Corps des Chercheurs, dédié à l’exploration de la région et à l’étude des Pokémon sauvages, afin de tenter de rétablir l’ordre et de participer à la compréhension du monde qui l’entoure. C’est d’ailleurs la principale mission de Légendes Pokémon : Arceus : découvrir, étudier et capturer un maximum de Pokémon, afin d’écrire le tout premier Pokédex de l’histoire. Ce contexte scénaristique et historique est des plus rafraichissants.

Bien entendu, une autre trame de fond va consister à tenter de découvrir exactement pourquoi et comment le héros s’est retrouvé engouffré dans une faille spatio-temporelle, et le scénario, bien que léger, va entremêler plus ou moins habilement les intrigues liées au protagoniste, aux différents personnages hauts en couleur qui habitent la région de Hisui, ainsi qu’aux phénomènes étranges qui accablent certains Pokémon. Sans trop en dire, on regrettera que quelques pans de l’histoire restent ouverts en l’état actuel des choses ; peut-être qu’un éventuel DLC ou une suite pourraient apporter certaines conclusions. En revanche, on apprécie beaucoup l’approfondissement du lore de la région, et notamment les différents clins d’œil intergénérationnel entre Hisui et Sinnoh.


C’est dans les vieilles Poké Balls qu’on sert les meilleures soupes


L’idée d’amener le joueur dans le passé est certes intéressante, mais ce qui l’est d’autant plus, c’est la manière dont le gameplay a été modifié pour renforcer son immersion. Les premiers tutoriels aux abords de Rusti-Cité donnent déjà le ton en ce qui concerne la capture : on n’a plus besoin d’entrer en combat avec le Pokémon-cible, il suffit de le viser et de lancer une Poké Ball pour l’attraper. Cela permet d’explorer le monde assez librement et rend la capture beaucoup plus organique qu’auparavant. À cette nouvelle approche s’ajoute l’utilisation de l’environnement pour être encore plus efficace. Les hautes herbes ne servent désormais plus à rencontrer les Pokémon (qui se baladent dans leur habitat naturel, un peu partout), mais à se cacher, en s’accroupissant, pour devenir plus furtif et ainsi tenter de capturer les Pokémon sans se faire remarquer.

Toujours au rayon des nouveautés, le personnage contrôlé peut donc s’accroupir, mais aussi faire des roulades pour esquiver les attaques adverses. Car oui, dans Légendes Pokémon : Arceus, les Pokémon sauvages peuvent blesser le protagoniste ! Il n’y a pas de barre de vie, mais il suffira de quelques attaques bien placées pour que le héros s’évanouisse et soit rapatrié au bivouac le plus proche (les bivouacs servent de point de repos, de boutique, de gestion des Pokémon et du cycle jour/nuit, etc. en plein milieu de la nature). Il est donc important de rester discret face à des Pokémon agressifs, ou en tout cas de bien gérer les roulades pour éviter les coups. Pour rendre le gameplay encore plus complet, on trouvera divers objets qui auront pour effet de masquer notre présence sans passer par les hautes herbes, des baies à jeter au loin pour attirer les Pokémon dans des directions opposées et ainsi les prendre à revers pour faciliter la capture, voire des objets à lancer directement sur les Pokémon pour les étourdir et se ménager une échappée ou une contre-attaque. Le comportement de chaque Pokémon sauvage, tantôt craintif et fuyard, tantôt beaucoup plus querelleur, détermine souvent la façon d’aborder les rencontres ; elles sont donc multiples, allant du plus bourrin au plus feutré, en passant par la manière classique d’attraper un Pokémon, c’est à dire le combattre et l’affaiblir.


Un jour j’ai été le meilleur Dresseur…


Les combats de Pokémon n’ont d’ailleurs bien sûr pas disparu. De la même manière qu’il est possible de leur envoyer des Poké Balls dessus pour tenter de les capturer, on peut aussi leur envoyer un Pokémon pour les combattre. Cela se fait dans le même environnement, quasiment sans transition, de manière très fluide. Les mécaniques sont simplifiées par rapport à la série principale (pas d’objet à équiper sur les Pokémon, pas de talent, les IV et EV sont remplacés par des Niveaux d’effort, beaucoup plus simplistes), ce qui enlève beaucoup à l’aspect stratégique, mais ne dérange pas tant que cela, dans la mesure où l’importance est davantage portée sur l’exploration et la capture que sur les combats. Il n’y a d’ailleurs aucun match possible en ligne contre d’autres joueurs, et les combats contre les autres Dresseurs in-game restent relativement rares, compte tenu du contexte où peu sont ceux ayant bravé les terres sauvages pour dresser leurs propres monstres de poche. Exit donc les Arènes et la Ligue Pokémon. On notera au passage que certains effets en combat, comme le sommeil ou le gel, de même que les climats, n’ont pas exactement les mêmes effets qu’à leur habitude.

En revanche, Game Freak a jugé bon d’ajouter une nouvelle mécanique de priorité : on note dans le coin supérieur droit l’ordre dans lequel chaque Pokémon va pouvoir attaquer. En fonction de divers critères, un Pokémon pourra attaquer plus vite qu’un autre, mais également plusieurs fois de suite dans certains cas. Pour rajouter du piment à ce nouveau système, après avoir monté suffisamment de niveau, chaque attaque pourra dès lors être portée de manière classique, ou bien alors avec le Style Puissant ou avec le Style Rapide. Dans le premier cas, la précision ainsi que la puissance de l’attaque augmentent, mais la priorité baisse, ce qui peut laisser le champ libre au Pokémon adversaire pour taper plusieurs fois d’affilée ; inversement, dans le second cas, le Pokémon pourra attaquer plus vite, et donc potentiellement plus souvent, mais infligera moins de dégâts. Même si le concept est intéressant, les situations dans lesquelles il est véritablement opportun d’utiliser un Style plutôt qu’un autre sont relativement rares, et l’issue des combats ne se décidera que très peu ainsi.


Pokécraft


Légendes Pokémon : Arceus introduit dans la série Pokémon une réelle mécanique de crafting, plutôt sobre mais particulièrement bien conçue. Durant l’exploration des différentes régions de Hisui, le joueur est amené à ramasser différentes plantes, baies, objets directement sur le sol, ou en envoyant un Pokémon de son équipe les récolter, par exemple en allant secouer un arbre ou casser un rocher. Ces ingrédients pourront être ensuite utilisés pour créer d’autres items, comme différents types de Poké Balls (dont des nouvelles bien utiles, comme celles permettant de capturer des Pokémon volant au loin) ou de multiples outils qui serviront à se dissimuler plus efficacement durant les séquences de capture. Il est toujours possible d’acheter différents objets dans les échoppes de Rusti-Cité, mais il est agréable de pouvoir les crafter soi-même sans dépenser d’argent. La gestion des objets et des ingrédients devient néanmoins délicate lorsque la sacoche du joueur est pleine, ce qui arrive très vite au début du jeu. Il faut alors déposer certains objets dans un coffre, accessible seulement dans les bivouacs ou à Rusti-Cité, ou bien s’en débarrasser définitivement dans la nature.

Heureusement, un PNJ permet d’augmenter le nombre de slots de la sacoche, ce qui est recommandé, tant cela rend les phases d’exploration et de collecte plus plaisantes. En revanche, ce n’est pas donné, et il va falloir payer de plus en plus cher pour chaque nouvel emplacement débloqué… Comme indiqué précédemment, il arrive qu’on s’évanouisse après que le héros a subi trop de dégâts. Il faut noter qu’à ce moment-là on perd certains des objets qui étaient dans la sacoche, ce qui est parfois fort contraignant quand on a passé beaucoup de temps à les ramasser. On peut néanmoins les récupérer en retournant sur les lieux du drame. Par ailleurs, en se connectant à Internet, on peut apercevoir sur la carte les sacoches perdues par d’autres joueurs. En les récupérant, on obtient des Points de bonne action, qui seront utilisables auprès d’un PNJ de Rusti-Cité pour obtenir des objets rares, voire uniquement obtenables par ce biais (dont des objets d’évolution de Pokémon). C’est une fonctionnalité simple et bien pensée.


L’Aventure, avec un grand A


Tout cela est bien beau, mais si on est habitué aux aventures Pokémon classiques, on est en droit de se demander si toutes ces nouveautés ne vont pas être bridées par des routes-couloirs. Eh bien non, il n’en est rien. Légendes Pokémon : Arceus a appris des Terres Sauvages d’Épée et Bouclier et les a développées davantage. Rusti-Cité sert de hub, où l’on revient pour faire ses emplettes, changer l’apparence de son personnage, faire progresser le scénario, prendre un peu de repos… À partir de là, on peut se diriger vers cinq grandes régions, qui font office de monde semi-ouvert. Elles ne sont malheureusement pas directement connectées entre elles et il faudra forcément repasser par Rusti-Cité avant de repartir pour une autre. En revanche, chaque zone offre une grandeur et une liberté de déplacements complètement inédites dans la série ; les Terres Sauvages ressemblent à des bacs à sable en comparaison. On peut en effet passer de nombreuses heures à les parcourir sans pour autant avoir encore tout vu et on se plait à découvrir encore de nouveaux recoins après des dizaines d’heures de jeu.

Les différentes régions se débloquent au fur et à mesure du scénario, et il en est de même pour les montures Pokémon, assez similaires à celles de Pokémon Soleil et Lune, qui accroissent le plaisir de l’exploration en la rendant de plus en plus confortable, mais permettent aussi d’atteindre des endroits autrement inaccessibles. On pourra tout d’abord courir, puis découvrir des trésors enfouis en flairant le sol, nager, escalader et enfin planer au-dessus de grands espaces. Une fois toutes les montures débloquées, notamment la dernière, les balades en pleine nature sauvage deviennent vraiment grisantes. On regrettera toutefois que la possibilité de planer n’apparaisse qu’assez tard dans le jeu, après avoir déjà fait le tour de tout le reste…

Toutes les nouvelles mécaniques susmentionnées engendrent nécessairement un réapprentissage des contrôles. En effet, chaque bouton de la manette est utilisé pour une action, un menu, une monture, une Poké Ball, un objet… C’est assez déstabilisant au début, surtout quand on est accoutumé à la simplicité des commandes typiques de Pokémon, mais petit à petit on s’y fait et l’ensemble est au final plutôt bien conçu pour que toutes les actions puissent s’enchaîner de manière fluide et consistante, même s’il arrive de s’emmêler les pinceaux dans des moments de panique.

Pour en revenir aux différentes zones, il faudra progresser dans le scénario pour les débloquer une à une, et spécifiquement réussir à calmer le Pokémon monarque de chacune avant de passer à la suivante. Ces derniers, au nombre de cinq, représentent des boss de fin de niveau qu’il faudra affronter lors de combats assez différents des batailles traditionnelles. On se rapproche ici davantage d’un action RPG, où le personnage doit avant tout éviter les coups du Pokémon monarque basés sur plusieurs patterns prédéterminés, et l’attaquer en retour, en lui jetant des « boules pacifiantes », confectionnées à partir de nourriture appréciée des monstres par différents personnages appartenant à des clans autochtones. Après de nombreux lancers, l’adversaire sera momentanément étourdi, ce qui permet alors d’envoyer un Pokémon de son équipe au combat. À noter que c’est optionnel, et qu’on peut achever le Pokémon monarque simplement à coups de boules pacifiantes. Autrement, en répétant plusieurs fois l’enchaînement boules/combat, on parvient à apaiser le Pokémon enragé et à « compléter » la zone, ce qui permet au gré du scénario d’accéder à la région suivante.


Le Pokédex avant le Minitel


À vrai dire, il existe aussi une autre condition pour progresser dans l’histoire : la complétion du Pokédex. Nous l’avons évoqué précédemment, l’un des enjeux majeurs pour le Groupe Galaxie, c’est la création du tout premier Pokédex. Toutefois, comme il n’existe pas encore tout à fait, sa complétion se déroule d’une manière un peu différente des Pokédex modernes. En effet, si voir un Pokémon compte toujours de la même manière pour « voir » le Pokémon dans son encyclopédie, il ne suffit plus d’en capturer un pour que la page de ce Pokémon soit considérée comme remplie. Le but n’est pas seulement la capture, mais aussi l’étude et la découverte des comportements des différents monstres. Ainsi, il faudra pour chaque Pokémon remplir différents mini-objectifs afin de compléter leur page. Certains seront clairement indiqués dans la page du Pokémon, d’autres resteront masqués tant qu’ils n’auront pas été accomplis une première fois.

Ces « missions » sont diverses et multiples : il faudra en capturer ou en battre un certain nombre, leur faire utiliser une attaque spécifique ou les éliminer avec, les nourrir plusieurs fois, les capturer sous certaines conditions (de nuit, sans se faire repérer, etc.), et ainsi de suite. Les prérequis varient en fonction des espèces, et certains nécessiteront de remplir plusieurs conditions avant de pouvoir achever leur page de Pokédex. Cela donne une dimension plus intéressante au Pokédex, l’élevant ainsi au rang d’encyclopédie, mais dans certains cas cela devient rébarbatif. Quand bien même les différentes méthodes sont suffisamment variées, on doit quand même répéter ces mêmes méthodes encore et encore, ce qui, à la longue, peut devenir lassant. Il est important de bien ménager les différentes phases de grind afin de ne pas faire une overdose.

À chaque fois que l’on rentre à Rusti-Cité, le Professeur Lavande évalue notre périple en fonction du nombre de Pokémon identiques attrapés, du nombre d’espèces différentes capturées, de missions Pokédex remplies… Cela rapporte non seulement de l’argent, mais surtout des points d’expérience au sein du Corps des Chercheurs. Une fois retourné au village et après avoir fait son rapport à la Cheffe, si l’on a acquis suffisamment d’expérience, on peut alors passer au rang supérieur, souvent synonyme de progression dans le scénario. Par ailleurs, les rangs débloquent de nouveaux objets qui seront dès lors disponibles dans les ateliers de crafting.


Un bestiaire limité mais revisité


L’aventure se déroulant dans un cadre déjà visité par le passé (mais du coup dans le futur…), les Pokémon rencontrés sont pour la grande majorité des visages connus, maintenant une certaine cohérence dans l’évolution du biome à travers le temps. D’ailleurs, pour justifier la présence de certains Pokémon un peu étrangers à la région (comme Porygon), il faudra trouver des failles spatio-temporelles qui apparaissent à intervalles réguliers dans différents endroits de la carte et pour une durée limitée. À l’intérieur de ces failles, on distingue des monstres d’assez haut niveau, certains complètement évolués et dont une bonne partie n’est trouvable qu’ainsi. Ces espaces hors du temps et de l’espace sont aussi l’occasion de farmer des objets rares. Dans un ordre d’idées similaire, on débloque à un certain stade dans le jeu les apparitions massives. Semblables à des alertes météo, elles sont indiquées sur la carte : on voit alors une icône correspondante s’afficher dans un endroit spécifique de la map. Une fois rendu sur place, de très nombreux Pokémon de la même espèce feront leur apparition… en masse, d’où le nom. Dans le post-game, on débloque même des Mégapparitions, des apparitions massives boostées aux hormones. Une aubaine pour les « shiny hunters ».

Quelques nouvelles versions « régionales » de Pokémon viennent pointer le bout de leur museau pour satisfaire les amateurs, mais en nombres restreints. On s’en contentera, même si quelques bestioles originales supplémentaires n’auraient pas été de trop. En outre, pour coller au thème des Pokémon vraiment sauvages et dangereux, Game Freak introduit pour la première fois les Pokémon Barons. Ce sont les mêmes Pokémon, mais plus gros, plus forts et avec les yeux rouges (pour bien montrer qu’ils sont costauds). Les collectionneurs se rattraperont avec ceux-ci, puisqu’à part les Légendaires et quelques autres exceptions, chaque Pokémon peut être capturé en version Baron, dont certains sont évidemment bien plus difficiles à trouver que d’autres.

Le système de gestion de tous ces Pokémon améliore certaines fonctionnalités passées pour les rendre plus pratiques et rapides. Tout d’abord, les Pokémon n’évoluent plus d’eux-mêmes une fois un certain niveau atteint ; il faut en effet passer par le menu une fois les conditions d’évolution remplies et les faire évoluer à l’intérieur de ce menu. Cela permet de ne pas interrompre l’exploration à chaque évolution, ce qui apporte davantage de fluidité dans le gameplay. Les bénéfices de cette façon de procéder deviennent extrêmement clairs lorsque l’on considère le nombre important de Pokémon à capturer et à faire évoluer pour remplir toutes les pages du Pokédex. Dans la même veine, il en est de même pour les attaques et capacités des Pokémon, qui ne s’apprennent plus dès qu’un Pokémon monte de niveau, mais encore une fois par le biais du menu. On peut ainsi opter pour une attaque plutôt qu’une autre pour combattre un boss, puis repasser à une autre attaque, le tout sans avoir à passer par un Maître de capacités (même s’il y en a un à Rusti-Cité pour certaines attaques uniques). Très pratique.


Jusqu’ici tout va bien


En effet, jusqu’ici tout va bien. Game Freak a apporté de nombreuses améliorations à sa série, le gameplay novateur laisse entrevoir les portes d’un monde ouvert dont tout fan de Pokémon rêve depuis la première génération, et on ne peut que se satisfaire de tous ces changements. Mais bien sûr, il y a un hic. Et comme toujours dans la série Pokémon, il s’agit de la réalisation technique. Sans y aller par quatre chemins, c’est tout simplement décevant. Extrêmement décevant. Alors que la direction artistique est plutôt bonne, avec un style un peu plus mature et retranscrivant bien l’époque préindustrielle dépeinte par l’histoire, le rendu visuel semble être retourné dans le passé, à l’instar du personnage principal. Il y a du clipping de partout, ça scintille comme un feu de paille, l’aliasing nous rappelle les plus belles heures de la génération 128 bits, certains Pokémon au loin sont animés en FPS négatif et les textures des environnements sont très baveuses. On a beau reconnaître les paysages habituels, des plaines aux marais, puis de la mer à la montagne enneigée, grâce aux couleurs et à la présence de Pokémon dont les types correspondent, mais certainement pas grâce à la variété des décors ou à la richesse de la nature environnante, qui s’affiche de manière incrémentale et saccadée. C’est insuffisant, encore une fois. Mention positive tout de même pour la modélisation de la plupart des personnages humains et des Pokémon, ainsi qu’à l’animation de leurs attaques, qui atteignent un niveau jamais atteint jusqu’alors, sans pour autant toucher au génie.

Mais encore une fois, quand bien même on peste pendant les premières heures de jeu devant cette incurie, on finit par accrocher à l’univers et à l’ambiance, soutenus à bout de bras par un gameplay quasi-irréprochable et par une atmosphère sonore somme toute très réussie. Dans un style similaire à The Legend of Zelda : Breath of the Wild, la musique reste minimaliste, laisse entendre quelques notes ponctuellement, avant de s’emballer avec des envolées symphoniques lors de combats acharnés, pour nous mettre en alerte lorsqu’on a été repéré par un Pokémon agressif ou lors de certaines cut-scenes. On apprécie aussi les changements de tonalité suivant les cycles jour/nuit, ainsi que les bruitages de la nature environnante et les cris des Pokémon alentours. C’est la première fois qu’on ressent vraiment un monde organique et vivant dans l’univers des monstres de poche. De ce point de vue-là, c’est franchement convaincant. Dommage qu’on en soit sorti si fréquemment à chaque déficience visuelle…

Bon gré mal gré, on avance dans cette aventure composée d’une série de quêtes principales, qui dure une petite trentaine d’heures en ligne droite, et de multiples missions annexes, permettant de débloquer des accessoires, des objets et mêmes des Pokémon autrement introuvables. Pour tout finir, il faudra compter au bas mot une trentaine d’heures supplémentaires, tant il y a à faire. Le jeu propose un contenu gourmand, allant des regrettables tâches Fedex, jusqu’aux quêtes scénarisées approfondissant le lore de Pokémon, et plus particulièrement de la région de Hisui/Sinnoh, ou encore certaines requêtes de villageois qui permettent de renforcer le lien encore ténu à cette époque entre les humains et les Pokémon sauvages. La division entre missions principales et missions annexes dans le menu permet de garder une trace de là où on en est et de placer des repères pour indiquer la direction à suivre. Pratique.

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