Test de Légendes Pokémon : Z-A – Nintendo Switch 2 Edition

En résumé

  • Sorties :
  • 16 Octobre 2025
  • 16 Octobre 2025
  • 16 Octobre 2025

L'avis de Greg-sHAOlink

Légendes Pokémon : Z-A est un jeu de paradoxes qui fascine autant qu'il déçoit. Le passage au combat en temps réel constitue une réussite indéniable, offrant des affrontements dynamiques et nerveux qui renouvellent véritablement la formule, tandis que le retour de la Méga-Évolution avec ses nouvelles formes ravira les nostalgiques de cette mécanique. Les combats contre les Pokémon Méga-Ferox apportent un véritable challenge, et les progrès techniques sont notables (pour Game Freak…) avec des performances stables, particulièrement sur Switch 2, ainsi qu'une bande-son jazz-orchestrale magnifique. L'exploration verticale des toits d'Illumis offre des moments agréables, et les facilités pour préparer des équipes compétitives sont bienvenues. Malheureusement, ces qualités ne suffisent pas à compenser des défauts majeurs qui ternissent sérieusement l'expérience. L'enfermement total dans une seule ville sacrifie toute l'âme exploratoire qui faisait le charme d'Arceus, les Zones Sauvages microscopiques ressemblent davantage à des enclos qu'à de véritables écosystèmes, et la métropole elle-même reste techniquement datée et désespérément vide de vie, avec ses façades copiées-collées et ses PNJ immobiles. Le scénario plus mature, les personnages attachants, les dialogues souvent drôles et les références qui font mouche ne compensent qu’à moitié la monotonie d'un monde urbain claustrophobe où l'exploration perd tout son sens. Game Freak prouve qu'il sait innover avec audace sur les combats, mais régresse paradoxalement sur tout ce qui touche à l'aventure et à la découverte. Z-A séduira les amateurs de combats tactiques en temps réel et les nostalgiques de Kalos, mais décevra ceux qui espéraient une vraie aventure digne de ce nom. C'est un titre solide, techniquement enfin abouti, dont les ambitions de monde ouvert brisées par son cadre urbain étriqué l'empêchent d'atteindre les sommets. Un pas en avant considérable pour les combats, un pas en arrière pour l'exploration : voilà le dilemme de ce Légendes Pokémon : Z-A qui demeure très bon, alors qu’il aurait pu être exceptionnel.

Les plus

  • Le système de combat en temps réel, dynamique et addictif
  • Les combats contre les Pokémon Méga-Ferox, exigeants et stimulants
  • Le retour de la Méga-Évolution avec 25 nouvelles formes
  • Les performances techniques enfin stables, surtout sur Switch 2
  • La bande-son jazz-orchestrale magnifique
  • L'exploration verticale des toits d'Illumis
  • Le scénario plus mature avec des dialogues drôles
  • Les personnages attachants et leurs interactions réussies
  • Les références et clins d'Å“il savoureux aux anciens épisodes
  • Le Club de Combat Z-A en ligne, surprenant et stratégique

Les moins

  • L'enfermement total dans Illumis, sans possibilité d'en sortir
  • Les Zones Sauvages ridiculement petites et peu nombreuses
  • La ville graphiquement datée avec des façades copiées-collées
  • L'absence quasi-totale de vie urbaine (PNJ statiques, aucune circulation)
  • La disparition des outils d'infiltration d'Arceus
  • Aucun nouveau Pokémon ni forme régionale proposé
  • Le retour des échanges obligatoires pour compléter le Pokédex
  • Les combats du Royale Z-A un peu trop répétitifs
  • Les Pokémon légendaires relégués au second plan
  • Une sensation d'exploration sacrifiée au profit du cadre urbain
  • Nintendo-Difference

    par Greg-sHAOlink

    le 28 octobre 2025 7:00

Quasiment treize ans jour pour jour après la première sortie mondiale d’un jeu Pokémon avec les épisodes X et Y, arrive enfin la version Z dont la parution semblait couler de source à l’époque. Enfin, pas tout à fait. Entre-temps, la série a connu de profonds bouleversements, dont le passage sur console de salon et la naissance d’une nouvelle déclinaison des jeux principaux baptisée Légendes. C’est précisément sous cette formule qu’arrive cette suite spirituelle des aventures en Kalos (la version Pokémon de la France) : Légendes Pokémon : Z-A.

Hélas, les trois derniers épisodes majeurs parus sur Nintendo Switch ont laissé un arrière-goût amer, plaçant les attentes pour cet opus moins sous le signe d’une nostalgie attendrie que sous celui d’une suspicion légitime quant à un énième désastre technique. Game Freak semble s’être forgé malgré lui cette malheureuse réputation ces dernières années. Alors, retour en grâce ou poursuite de la chute ? C’est tout l’objet de ce test.


Test réalisé sur Nintendo Switch 2 à partir d’un code fourni par l’éditeur.



Retour à Illumis


Le protagoniste, dont le passé demeure totalement mystérieux, entre dans Illumis à bord d’un train approchant de la gare. À peine arrivé dans la capitale kalosienne, il est accosté par le personnage rival avant de se faire dérober son sac de touriste. Bienvenue à Pari-llumis. Après avoir récupéré ses affaires et surmonté quelques péripéties, le héros se retrouve à l’Hôtel Z, un établissement tenu par nul autre qu’A.Z., figure centrale de X et Y il y a cinq ans de cela. L’hôtel est presque désert, habité seulement par un groupe de jeunes Dresseurs formant la Team MZ (dont fait partie le rival) et dont les histoires personnelles se dévoilent progressivement. Tous ont en commun l’envie d’épauler A.Z., qui les héberge gracieusement. Le héros rejoint naturellement cette équipe et s’engage à ses côtés pour sauver Illumis d’une mystérieuse menace.



La ville traverse effectivement une période trouble. Quelque temps avant le début de l’aventure, un phénomène baptisé Méga-Évolution Ferox a frappé : des Pokémon subissent spontanément une Méga-Évolution sans l’intervention d’un Dresseur, se transformant en créatures incontrôlables. Pour endiguer ce fléau, la société Quazar mène un ambitieux plan de réaménagement urbain visant à faire d’Illumis un lieu de coexistence harmonieuse entre humains et Pokémon. Sur les conseils d’A.Z., Quazar met en place le Royale Z-A, un tournoi destiné à identifier le Dresseur le plus apte à protéger la ville. C’est dans ce contexte que débute l’aventure : un simple touriste devenu malgré lui acteur d’une lutte pour la survie de la capitale.
Dans l’ensemble, le scénario adopte un ton légèrement plus mature qu’à l’accoutumée, agrémenté d’un humour auto-référentiel savoureux et d’une écriture maîtrisée, sans pour autant atteindre des sommets dramatiques ni réserver de véritables surprises, malgré des clins d’Å“il appuyés aux joueurs des précédents épisodes. Les personnages sont attachants, leur variété et leurs interactions étant généralement réussies.



Après un tutoriel un peu longuet détaillant l’ensemble des mécaniques et boucles de gameplay, le joueur peut enfin explorer librement toute la ville d’Illumis. L’aventure alterne entre phases diurnes et nocturnes, chaque cycle étant indiqué en haut à gauche de l’écran par une barre entourant la carte et signalant le temps restant avant la transition. Le jour est consacré aux activités classiques : capture de Pokémon, exploration, progression scénaristique, accomplissement de quêtes annexes. La nuit, place au Royale Z-A, sorte de tournoi underground officiel où s’enchaînent les combats. C’est le cÅ“ur de cet opus, et les mécaniques traditionnelles ont été profondément remaniées pour l’occasion.



Une nuit je serai le meilleur Dresseur


La révolution majeure pour les habitués de la série réside dans l’abandon pur et simple du tour par tour. Fini le temps de la stratégie longuement mûrie, où l’on anticipait les attaques adverses et les changements de Pokémon : tout se déroule désormais en temps réel. Pour engager le combat, il faut sortir son Pokémon de sa Ball via un menu intuitif accessible par la croix directionnelle (gauche/droite pour naviguer entre les Pokémon, haut pour l’envoyer au combat, bas pour le rappeler), puis cibler un adversaire avec ZL avant d’appuyer sur A, B, X ou Y, chaque bouton correspondant à une capacité. Il s’agit d’un prolongement logique de ce qu’avaient amorcé Pokémon Écarlate et Violet, où l’on pouvait déjà envoyer son compagnon frapper automatiquement les Pokémon sauvages pour engranger de l’expérience, sauf qu’ici, chaque instruction doit être donnée manuellement. Pour la première fois, Dresseurs et Pokémon évoluent donc de concert sur le terrain et agissent simultanément pendant les affrontements.



Naturellement, les affinités de types demeurent, mais d’autres paramètres entrent désormais en jeu. Le Pokémon n’est pas contrôlé directement : il suit le joueur, qui continue de se déplacer librement. Il faut donc gérer non seulement la distance par rapport à l’adversaire, ce qui permet parfois d’esquiver les attaques ennemies, mais aussi adapter ses propres attaques en fonction de multiples critères : puissance brute, zone d’effet (une attaque ciblée ou une attaque de zone, comme Surf), distinction entre corps-à-corps et attaques à distance, et surtout temps de recharge. Les PP ont disparu, et chaque capacité peut ainsi être utilisée à volonté, mais avec un cooldown variable. Les attaques dévastatrices nécessitent un temps de rechargement plus long, tandis que les coups légers se réarment rapidement. La statistique de Vitesse, qui déterminait jadis l’ordre d’action en tour par tour, influe désormais sur la vitesse de rechargement des capacités. L’utilisation des objets est également sujette à un cooldown, afin de ne pas abuser des soins en plein combat. De plus, il est possible de changer de Pokémon instantanément, permettant des substitutions opportunes pour esquiver complètement une attaque ennemie.



Comme dans Légendes Pokémon : Arceus, le Dresseur lui-même peut devenir la cible des assauts adverses. Encaisser trop de coups provoque un retour forcé au dernier Centre Pokémon visité ; il faut donc manier habilement les esquives (Y) et la course (B) lorsqu’aucun adversaire n’est ciblé avec ZL. Le gameplay repose ainsi sur un va-et-vient constant entre le ciblage actif (ZL + ABXY) et le déplacement libre (Y et B sans ciblage). Enfin, l’action en temps réel modifie les effets de certains statuts : le sommeil allonge les délais de rechargement des attaques, la paralysie ralentit les déplacements du Pokémon, et la confusion rend ses mouvements erratiques, compromettant parfois l’exécution des capacités. À noter que contrairement à Arceus, mais dans la lignée des épisodes traditionnels, il est à nouveau possible d’équiper des objets aux Pokémon pour leur conférer des bonus passifs, tout comme de travailler leurs IV et EV pour optimiser leurs statistiques. Les talents, en revanche, restent aux abonnés absents.



De Z à A…ttaque !


Revenons-en au tournoi Royale Z-A. Une fois la nuit tombée, des zones délimitées par des barrières rouges s’ouvrent dans la ville, et croiser le regard d’un adversaire signifie déclaration de combat. S’ensuivent alors des batailles utilisant les nouvelles mécaniques en temps réel, dont la victoire octroie argent et expérience, ainsi qu’un certain nombre de points ticket. Ces mêmes points permettent d’obtenir un ticket défi, afin d’aller combattre un Dresseur de même rang lors d’un match qualificatif : le vainqueur pourra ainsi passer au rang supérieur, l’objectif étant de grimper les échelons jusqu’au rang A.



Il faut généralement combattre plusieurs Dresseurs afin d’accumuler suffisamment de points pour l’obtention d’un ticket, et donc se déplacer au sein de l’arène délimitée par les barrières rouges à la recherche de potentiels adversaires, aussi bien au sol que sur les toits des bâtiments. S’ils repèrent le joueur (en entrant dans leur champ de vision) et le voient un certain laps de temps, le combat est déclenché et ils ont l’avantage de la surprise. À l’inverse, se faufiler derrière eux ou se cacher derrière des éléments de décor et attaquer furtivement un Pokémon adversaire permet d’infliger des dégâts supplémentaires avant même le début du combat (parfois même de le mettre K.O. en un coup).



En parcourant la zone de combat, le joueur trouve des médailles (qui correspondent à des Poké Pièces) et des Cartes bonus. Ces dernières sont des défis à accomplir en combat qui offrent des points ticket et des médailles supplémentaires. Cela consiste généralement en des contraintes forçant à utiliser des attaques d’un certain type, ou à attaquer les Pokémon ennemis par surprise. Au bout d’un certain nombre, la mission est remplie et les bonus sont octroyés. Généralement, plus la mission est longue, plus les bonus en valent la peine. Il est possible d’en détenir trois au maximum à chaque instant ; récupérer une quatrième carte donne l’option d’en remplacer une.



Le joueur peut entrer et sortir de la zone de combat à volonté, notamment pour aller se soigner dans un Centre Pokémon s’il est à court d’objets de soin. Toutefois, les phases de tournoi Royale Z-A sont limitées à la nuit, donc en temps. Dès que le jour se lève, le tournoi s’arrête, les médailles sont converties en argent (et si le joueur a été mis K.O., il en perd une grande quantité) avec un multiplicateur correspondant au nombre de victoires remportées. En revanche, les points ticket sont conservés pour la nuit suivante si le ticket défi n’a pas été obtenu.

Cette boucle se répète en gravissant les échelons jusqu’au rang A, bien que le scénario fasse sauter une dizaine de rangs d’un seul coup en cours de jeu, évitant ainsi une certaine lassitude. Les combats dans ces tournois sont globalement très faciles et n’apportent pas suffisamment de challenge, malgré les Cartes bonus qui permettent tout de même de varier un peu le procédé.



Méga-Ferox, Méga-Évolution, Méga-Méganium


En parallèle du Royale Z-A, les Pokémon Méga-Ferox continuent de faire rage dans la ville, et le scénario conduit naturellement à aller les apaiser. Pour ce faire, le joueur entre dans des arènes complètement fermées et démarre alors une phase de combat proche des raids de MMORPG. Tout se déroule également en temps réel face à un Pokémon surdimensionné, méga-évolué et dont les attaques dévastatrices couvrent de larges portions de l’arène. Il faut souvent apprendre leurs patterns (uniques à chaque créature) afin d’esquiver et de contre-attaquer au bon moment, alternant phases de repli et offensives. Ces combats sont exigeants et constituent la principale source de difficulté dans un jeu par ailleurs très accessible. Pour les connaisseurs de Légendes Pokémon : Arceus, ils correspondent peu ou prou aux Pokémon monarques. Toujours aussi punitifs, le nombre de ces affrontements est cependant bien plus conséquent. De plus, pas question de leur jeter de la nourriture pour les affaiblir, il faut utiliser la Méga-Évolution.



La mécanique introduite par X et Y et mise au repos depuis Épée et Bouclier fait enfin son retour. Les mécaniques de combat ayant changé, il en va de même pour la Méga-Évolution. Il faut toujours équiper la Méga-Gemme correspondante pour pouvoir méga-évoluer, mais le système n’est plus limité à une seule Méga-Évolution par combat ; il est possible de passer de l’une à l’autre en fonction des besoins. En revanche, cela nécessite de remplir son Méga-Anneau de Méga-Force, situé en bas à droite de l’écran, qui se remplit au fur et à mesure des attaques portées à l’adversaire. Une fois rempli, il suffit d’appuyer sur le stick analogique droit pour méga-évoluer. Contre les Méga-Ferox, c’est quasiment obligatoire afin d’infliger des dégâts significatifs ; autrement, la barre de vie descend beaucoup trop lentement. Une fois vaincu, le joueur obtient la Méga-Gemme du Pokémon Méga-Ferox correspondant.



Alternativement, et cela vaut également dans les combats contre d’autres Dresseurs, cette Méga-Force peut être utilisée pour déclencher des Capacités Plus. Ces dernières sont des versions améliorées des attaques classiques qui consomment un segment de Méga-Force à chaque utilisation en appuyant sur le bouton +. Pour transformer une capacité normale en Capacité Plus, deux méthodes existent : soit le Pokémon l’apprend naturellement en montant de niveau (auquel cas elle devient automatiquement une Capacité Plus à un niveau ultérieur), soit il faut échanger une Graine Maîtrise auprès d’un PNJ spécifique pour améliorer une capacité apprise par CT. Les Capacités Plus infligent des dégâts considérablement supérieurs aux Pokémon Méga-Ferox, peuvent traverser les protections et bénéficient d’un bonus de dégâts supplémentaire.



C’est un vrai plaisir de retrouver cette mécanique plébiscitée, après les Dynamax et Téracristal récents qui ont beaucoup divisé. D’ailleurs, le jeu propose pas moins de 25 nouvelles Méga-Évolutions, de quoi apporter beaucoup de choix dans la composition des équipes, tout en profitant de nouveaux designs globalement très réussis, avec quelques exceptions un peu douteuses. En revanche, aucun nouveau Pokémon ni aucune nouvelle forme régionale n’est proposé dans le jeu, ce qui est somme toute regrettable. Arceus avait au moins eu la politesse de le faire ; il faudra ici se contenter des nouvelles Méga-Évolutions.



Monstres de poche et Zones Sauvages… ou l’inverse ?


Si le vent de fraîcheur qui souffle sur ce système de combat renouvelé est étonnamment agréable, il en va tout autrement pour les phases de capture. Rappelons les évolutions récentes : Épée et Bouclier avait proposé une ébauche depuis les combats aléatoires vers des biomes davantage réalistes, les Terres Sauvages, où les Pokémon vivaient en liberté dans leur environnement naturel, malgré une envergure assez restreinte ; Légendes Pokémon : Arceus avait poussé la formule plus loin avec un monde semi-ouvert, où chaque zone proposait un biome et un environnement unique, vaste, cohérent et varié, où la chasse aux Pokémon avait pris une toute autre ampleur, malgré de grandes zones vides ; enfin, Écarlate et Violet proposait le véritable premier monde ouvert Pokémon, où le joueur pouvait virtuellement traverser tous les lieux à la recherche de créatures dans des environnements relativement variés et où les Pokémon étaient vraiment à l’état sauvage (malgré des incuries techniques qui brisaient rapidement l’immersion). Selon toute vraisemblance, il était légitime de s’attendre à une progression dans la courbe amorcée il y a trois épisodes. Eh bien, c’est tout le contraire.



Retour à des zones sauvages encore plus petites que les Terres Sauvages (mais plus nombreuses), chacune peuplée de seulement quelques variétés de Pokémon. Certes, étant en ville, il serait difficile de s’attendre à autre chose qu’à des parcs confinés, mais le jeu perd également en logique avec des écosystèmes un peu forcés pour s’intégrer dans ce Paris imaginaire, où un parc enneigé aurait pignon sur rue au sein d’un quartier au climat tempéré. C’est une vraie déception.

Qui plus est, Arceus avait introduit des outils pour varier les méthodes de capture, en se cachant discrètement dans les hautes herbes, en attirant l’attention à l’aide d’appâts, ou encore grâce à des bombes fumigènes pour se dissimuler. Ici, il ne reste plus que quelques hautes herbes pour se cacher, et rien d’autre. Cela simplifie grandement la capture, mais enlève surtout une dimension tactique qui enrichissait le gameplay. De même, il n’y a plus de craft, ni de Poké Balls spécialisées pour capturer des Pokémon au loin, par exemple.



En revanche, la complétion du Pokédex est moins rébarbative que dans le premier épisode Légendes. Là où il fallait capturer un Pokémon un nombre incalculable de fois, ou lui faire répéter une même attaque des dizaines de fois, ici le système revient à la capture unique pour débloquer une entrée du Pokédex. Il est d’ailleurs possible de mettre un Pokémon K.O. avant d’essayer de le capturer, ce qui augmente énormément son taux de capture (plus besoin d’avoir peur d’achever un Pokémon convoité, c’est même recommandé). À noter aussi le retour des Pokémon Barons, des monstres d’une même espèce mais aux dimensions démesurées, dotés d’une puissance bien supérieure aux Pokémon de la zone et arborant de remarquables yeux rouges. Une marque indique dans le Pokédex qu’il s’agit d’un Baron. Il est bon de savoir qu’ils possèdent d’office trois statistiques (IV) aléatoirement au maximum (sur six en tout), ainsi que des EV de points de vie également au maximum. Cela facilite d’autant l’entraînement d’un Pokémon compétitif.



Illumimétisme


Outre les Zones Sauvages, l’exploration se poursuit dans la ville d’Illumis. Certes, l’évolution du décor par rapport à la version 3DS de X et Y est flagrante, mais elle n’est malheureusement toujours pas au niveau des standards actuels. Tous les bâtiments arborent des fenêtres qui semblent peintes sur les murs, sans aucun relief et très fréquemment copiées-collées les unes à côté des autres. Les textures de la végétation et des sols restent plates et datées, les quelques modèles de PNJ sont également réutilisés un peu partout, mais surtout ils sont incroyablement statiques : la ville se traverse de long en large sans croiser beaucoup de passants en mouvement, la plupart restant plantés comme des piquets, de jour comme de nuit. Par ailleurs, aucune voiture ne circule (bien que des taxis soient disponibles pour se déplacer vers un endroit inexploré ; fonctionnalité jamais utilisée durant notre partie… et qui de toute manière consiste en un écran noir avec des dialogues). Même la météo, quitte à ne suivre aucune logique géographique, aurait gagné à proposer de la neige, du vent ou autre, mais se contente finalement d’être ensoleillée la plupart du temps, avec de temps à autre un peu de pluie ou de brouillard. Bref, voilà une ville monotone, sans vie, sans charme d’un quartier à l’autre, malgré quelques endroits qui diffèrent, comme les quais, quelques places ou les égouts (qui font office de catacombes édulcorées), mais c’est bien trop peu pour un soi-disant monde ouvert.



C’est là où le bât blesse : l’exploration s’en trouve restreinte, perd énormément du charme dont bénéficiait Arceus, et surtout, impossible de sortir de la ville ! Tout le jeu, toutes les quêtes annexes se déroulent au sein d’Illumis. C’est un grand pas en arrière en termes de sensations d’exploration, par rapport à Arceus ou même à Écarlate et Violet. Certes, ces derniers n’étaient déjà pas la panacée, avec de grandes zones désertes et inutiles, mais au lieu de faire un pas en avant, le jeu en fait un en arrière.

Ceci étant dit, la bonne idée de Z-A a été d’introduire les toits accessibles, ce qui augmente la surface de jeu de manière habile. Qui plus est, l’accès aux toits n’est pas toujours aussi aisé que de grimper une échelle ou utiliser un téléporteur : il faut parfois accéder aux toits d’un bloc de bâtiments voisin, avant de s’adonner à des séances de parkour plutôt sympathiques, malgré des sauts flottants parfois un peu capricieux effectués à l’aide d’une fonctionnalité de son téléphone-Motisma, ce qui constitue des puzzles environnementaux simples mais bienvenus. Une fois sur les toits, le joueur trouve généralement d’autres Pokémon à l’état sauvage, souvent uniques et impossibles à rencontrer dans les zones sauvages.



Par ailleurs, des échafaudages parsèment la ville, permettant de grimper et d’effectuer des parcours d’obstacles menant généralement aux toits, à des CT ou à des objets importants. Parmi ces parcours et cette exploration toute en verticalité, se cachent parfois des Vis Colorées, au nombre total de cent, échangeables auprès d’un PNJ au Sud-Est de la carte contre des bonus passifs liés à l’exploration et aux combats en général (plus d’XP, plus d’argent reçu, meilleure défense du Dresseur pour ne pas être mis hors-jeu trop rapidement lorsqu’il est touché par des attaques de Pokémon, une capture facilitée et enfin des Méga-Fragments plus nombreux — nous y reviendrons). Ces Vis s’échangent contre des Naricâlines (peluches aux couleurs d’une Dresseuse rencontrée en cours de jeu) de couleurs différentes, chacune correspondant à l’un des bonus susmentionnés. Chaque bonus peut lui-même être amélioré trois fois, pour encore plus d’effet.



Tout au long de l’exploration en ville et sur les toits, le joueur trouve des Méga-Cristaux roses. Ces derniers peuvent être brisés grâce aux attaques de ses Pokémon, ce qui permet de récupérer des Méga-Fragments. Avec ceux-ci, il est possible d’acheter au siège de la société Quazar des Méga-Gemmes pour faire méga-évoluer ses Pokémon, ainsi que d’autres objets utiles à l’optimisation des capacités de ses créatures. À noter que d’autres Méga-Gemmes sont achetables en magasin, tout comme certains fossiles ou même les classiques accélérateurs de statistiques (comme les Protéines, Calcium, etc.) et les Aromates. Cela facilite également la préparation de Pokémon compétitifs.



Il n’y a pas que le physique qui compte, la technique est tout aussi importante


Les derniers jeux Pokémon ont beaucoup trop fait parler d’eux en raison de leur incurie graphique et technique. Si côté graphismes, le constat reste mitigé, côté technique en revanche, Game Freak a franchi un bond de géant. Sur Switch 2, le jeu propose 60 fps constants, des chargements quasiment instantanés et des performances globalement impeccables. Encore plus impressionnant, le titre affiche également une très bonne tenue sur la Switch première génération. Après les catastrophes industrielles récentes, envisager de pouvoir jouer à un jeu Pokémon en 3D à 30 fps quasi-constants semblait un rêve bien lointain il y a encore peu. Malheureusement, quelques chutes de framerate subsistent par moments, ainsi que du clipping d’éléments du décor ou de personnages, nettement plus prononcé sur Switch que sur Switch 2, et de manière générale une image moins nette sur la console de première génération. Le contraste reste néanmoins saisissant avec les dernières productions, et quand bien même la version Switch est beaucoup moins agréable que sa cadette, elle reste recommandable pour ceux n’ayant pas encore franchi le pas de la nouvelle génération, au moins sur ce point technique, que ce soit en mode téléviseur ou en mode portable. Dans tous les cas, le jeu est enfin fluide, sans problèmes majeurs, et c’est tant mieux pour un titre qui mise tout sur les combats en temps réel.



Cela permet en outre d’apprécier la direction artistique mise en place pour les personnages, ainsi que pour les différents Pokémon, toujours aussi bien modélisés et bénéficiant d’animations plus que convaincantes. Si la ville reste clairement en dessous, comme évoqué précédemment, le confinement imposé par les nombreux bâtiments semble aussi être un choix astucieux des développeurs pour éviter d’avoir à afficher un horizon lointain, ce qui masque artificiellement les problèmes des précédents opus : en limitant les éléments à afficher sur une plus courte distance, les capacités de calcul se concentrent davantage sur ce qui reste visible près de l’action. C’est malin et efficace.



En tout cas, s’il y a bien un élément exempt de tout reproche depuis déjà très longtemps, c’est la bande-son, et celle de Z-A ne fait pas entorse à la règle. Le jeu propose de nombreux remix de l’épisode X/Y, avec un mélange orchestral et jazzy du plus bel effet. L’ambiance urbaine est magnifiée par des thèmes mémorables, gardant un élément de musique environnementale suivant les différentes actions : discrète en phase d’approche, elle s’emballe en cours de combat, avant de prendre des tons plus enjoués en ville et en journée, ou des tonalités un peu plus intimidantes dans le Royale Z-A la nuit, tout en conservant toujours ce style jazz-orchestral qui fait mouche. La bande-son est à mettre au crédit de Go Ichinose, vétéran de Game Freak et déjà notamment aux commandes pour les deux derniers épisodes, qui a dirigé avec maestria toute une équipe de compositeurs et d’arrangeurs talentueux, dont les détails figurent dans cet article.



Pas de trottinettes dans Illumis


Cet épisode conserve de nombreux ajouts récents en termes de qualité de vie : les boîtes de Pokémon sont accessibles depuis le menu, tout comme le changement des capacités par le biais d’une liste de compétences disponibles naturellement ou via CT, ainsi que les évolutions des Pokémon une fois les conditions remplies, ce qui évite qu’elles ne surviennent automatiquement en cours de partie et ne cassent le rythme. Autre nouveauté appréciable en revanche, un PNJ permet de remettre les EV d’un Pokémon à zéro contre cinq maigres Méga-Fragments. Une aubaine pour faciliter l’utilisation compétitive des Pokémon de l’aventure, en resetant les EV éparpillés et en les spécialisant comme souhaité par la suite. Un autre PNJ, positionné à l’entrée de chaque Centre Pokémon récupère toutes les Poké Balls jetées malencontreusement dans le vide et les rend au joueur gracieusement. Les lancers accidentels de Poké Balls ne sont donc absolument pas pénalisants.



De manière générale, l’interface reste claire, aussi bien dans les menus que durant les combats, et le passage du tour par tour au temps réel se fait assez aisément grâce à cette clarté et à des contrôles relativement intuitifs, moins complexes et déstabilisants que dans Arceus, qui proposait davantage d’actions pour un résultat plus fouilli de prime abord. Ici, le jeu reste sobre et efficace. Il est également possible de personnaliser aisément l’apparence du protagoniste, après avoir acheté de nouveaux vêtements dans les nombreuses boutiques illumisiennes, depuis le menu et à tout moment.

À noter également que cet épisode ne propose pas de monture Pokémon (et donc pas de recherche de trésors par ce biais non plus), mais le héros peut en revanche courir automatiquement d’une simple pression sur B, sans avoir à maintenir le bouton enfoncé. Cela s’explique par le fait que ce bouton doit rester disponible en combat, correspondant à l’une des quatre capacités du Pokémon.



Un café par ici, un combat par là, et plein de captures tout le temps


Se déplacer dans la ville n’est cependant pas désagréable, de nombreux points de téléportation étant disponibles assez fréquemment. Ce n’est pas de trop pour accomplir les quelque 119 quêtes secondaires que comprend l’aventure, allant des simples quêtes FedEx à celles approfondissant le lore de l’univers Pokémon, en passant par des missions complètement loufoques, mais aussi beaucoup de simples combats. La qualité est donc assez inégale et les récompenses le sont tout autant.



Les Recherches de Myosotis, ancienne scientifique de la Team Flare dans X et Y reconvertie en directrice adjointe du Laboratoire Pokémon de la ville, correspondent en quelque sorte aux tâches nécessaires à la complétion du Pokédex dans Légendes Pokémon : Arceus… mais en bien moins rébarbatif. Il faudra principalement capturer un certain nombre de Pokémon d’un même type, en faire évoluer, réaliser des échanges, et dans l’ensemble rien de très compliqué, tout se complète assez naturellement en cours d’aventure, pour peu que toutes les quêtes annexes soient accomplies. En revanche, une tâche en particulier, sans doute la dernière à compléter pour la plupart des joueurs et celle nécessaire à l’obtention du Charme Chroma (qui augmente le taux d’apparition de Pokémon chromatiques), demandera pas moins de mille combats. Pour donner un ordre d’idée, en ayant accompli toutes les quêtes principales et annexes, le compteur n’atteint même pas cinq cents.



De fait, la durée de vie d’une trentaine d’heures pour l’histoire principale se voit au moins doublée pour les complétionnistes. Le post-game permet de poursuivre toutes les quêtes secondaires et finit de débloquer l’accès à toutes les zones sauvages disponibles, ainsi qu’à des missions pour capturer les Pokémon légendaires Xerneas, Yveltal et Zygarde. Si ce dernier fait des apparitions assez marquées tout au long de l’aventure principale et s’inscrit parfaitement dans le lore, la mise en retrait des deux autres est regrettable, relégués au rang de simples Pokémon uniques ne requérant qu’à peine plus que quelques lignes de dialogue. Pour des raisons d’accessibilité certes compréhensibles, les Pokémon légendaires reviennent un peu comme des cheveux sur la soupe, sans logique scénaristique particulière ni dramaturgie, alors que c’est ce qui contribue à la mystique de cet univers.



Illumis, Kalos, et puis le Monde !


Terminons sur le mode en ligne, qui propose quelques fonctionnalités et modes de jeu intéressants. Là où Arceus ne proposait qu’une fonctionnalité somme toute optionnelle pour récupérer les sacoches de Dresseurs tombés au combat et des traditionnels échanges, faisant fi de tout combat, Z-A rapatrie les combats mais force aussi les échanges de Pokémon. En effet, si ces derniers étaient rendus optionnels dans Arceus grâce au Fil de Liaison (qui permet à des Pokémon nécessitant traditionnellement d’être échangés pour évoluer de ne plus avoir à le faire), Z-A ne propose pas d’objet équivalent et l’échange de certains Pokémon devient donc obligatoire pour compléter son Pokédex. C’est certes contraignant, supprimant une fonctionnalité pourtant utile, mais c’est également dans la nature des jeux Pokémon que de se connecter à d’autres pour faire des échanges.



Des échanges, mais aussi des combats. Alors qu’ils étaient complètement absents d’Arceus, et alors que le système traditionnel au tour par tour a disparu, Game Freak aurait pu faire l’impasse cette fois-ci aussi. Que nenni. Le Club de Combat Z-A permet à quatre joueurs de s’affronter en 1 contre 1 contre 1 contre 1, chacun pour soi, un peu comme la Bataille Royale de Pokémon Lune et Soleil. Chaque joueur vient avec trois Pokémon et doit mettre K.O. autant de créatures adverses que possible. Si le Dresseur est lui-même mis K.O., toute l’équipe est soignée et peut repartir de plus belle dans la mêlée, d’une durée totale de trois minutes. C’est un joyeux bordel, assez confus de prime abord, mais qui au fil des parties prend une tournure bien plus stratégique, avec une méta qui se dégage de manière assez significative, rendant le tout bien plus fin qu’il n’y paraît de prime abord.



Comme pour le Royale Z-A en solo, le joueur progresse du rang Z jusqu’au rang A, afin d’obtenir en fin de saison des objets utiles à la préparation de Pokémon compétitifs. À noter que certaines Méga-Gemmes ne seront distribuées que par ce biais, et qu’il faudra au moins atteindre le rang K. Ce n’est pas très compliqué, et quand bien même le joueur finirait dernier à chaque partie, il gagne tout de même toujours un certain nombre de points pour progresser dans les rangs. D’ailleurs, outre les K.O., toute une série d’actions permet d’engranger des points : la première attaque, la dernière attaque, méga-évoluer, ramasser des bonus sur le terrain (qui donnent des boosts offensifs ou défensifs, ou soignent l’équipe), etc. Une fois le jeu complété à 100 %, nul doute que beaucoup de joueurs se rabattront sur ce mode afin de continuer à s’amuser, d’ici la sortie du DLC Méga-Dimension, prévu pour février 2026 et dont le contenu reste pour l’instant largement inconnu.



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