En résumé
L'avis de Kalimari
Vous l'aurez peut-être compris à la lecture de ces quelques paragraphes : sous ses airs gentillets, Loddlenaut a su nous charmer comme avait pu le faire A Short Hike. Moins sombre et effrayant qu'un Subnautica dans son exploration sous-marine, l'œuvre de Moon Lagoon ne parvient toutefois pas à aller plus loin que la simple expérience reposante qu'il souhaite être. Ce n'est pas un mal donc, mais au prix auquel il s'affiche, les joueurs et joueuses sont en droit de s'attendre à plus ; plus de matière, plus de contenu, mais aussi plus de profondeur dans son game design. Sans jamais atteindre la maîtrise respective des trois titres de référence cités plus haut, Loddlenaut est loin d'être un titre marquant, mais plaira certainement au public – aisé – qu'il vise ; on vous recommande tout de même d'attendre une promotion généreuse.
Les plus
Les moins
par Kalimari
le 21 novembre 2024 6:30
S’il fallait décrire grossièrement Loddlenaut, on le qualifierait de croisement entre PowerWash Simulator, Subnautica et A Short Hike. Le titre de Loddlenaut pioche en effet – volontairement ou non – dans ces trois jeux, tant dans la forme que dans le fond. De l’aspect visuel et l’orientation détente de A Short Hike au cadre spatial et à l’exploration insufflée par Subnautica, on y retrouve également une boucle de gameplay tout droit tirée de PowerWash Simulator. Toutefois, l’œuvre des Texans de Moon Lagoon n’a pas vocation à marcher sur leurs plates-bandes respectives : ses différents aspects, évoqués plus tôt, ne vont jamais plus loin que la surface. Un comble pour un jeu sous-marin ? Peut-être bien, mais il n’empêche qu’au cours de nos cinq heures de jeu en sa compagnie, Loddlenaut a su nous faire plonger dans un tourbillon de satisfaction. Disponible sur le Nintendo eShop depuis le 19 septembre dernier, il faudra tout de même s’acquitter de vingt pépettes ou presque pour y piquer une tête ; ça vaut vraiment le coup ?
La mondialisation, ça n’a décidément pas grand-chose de bon. GUPPI, une multinationale, embauche le joueur dans le cadre d’une mission bien spécifique : nettoyer de fond en comble l’océan de GUP-14, une planète extraterrestre ayant autrefois servi de terre d’accueil pour l’entreprise. Installé dans une petite crique sous-marine, le joueur possède d’entrée de jeu de multiples outils et installations qui l’aideront dans son travail. Outre sa fidèle combinaison de plongée, celui-ci pourra également compter sur un pistolet à bulles capable d’encapsuler des déchets. Au cours de ses pérégrinations aquatiques, le joueur ne tardera pas à mettre la main sur de multiples détritus, tous catalogués entre cinq catégories : le verre, le plastique, la ferraille, l’électronique et les déchets organiques. Cette classification est importante, puisqu’entre deux expéditions, il faudra se délester de ses trésors pour les recycler dans des machines prévues à cet effet. Un code couleur permet de faciliter le tri, comme le bleu pour le plastique, le rouge pour la ferraille ou encore le vert pour… le verre.
Rien ne se perd, tout se transforme. Ainsi, les détritus obtenus et balancés dans les dispositifs prévus à cet effet se métamorphosent en de nouvelles ressources, lesquelles peuvent être stockées dans le vaisseau de l’employé ou échangées contre de nouvelles fonctionnalités et améliorations. Qu’il s’agisse d’un aspirateur à microplastiques, d’un radar à déchets, d’un épurateur de flaques ou d’une augmentation de volume de la bouteille d’oxygène, il sera nécessaire de passer par cette étape pour progresser dans la récolte d’immondices, mais aussi et surtout dans l’histoire. Nager en totale immersion dans des profondeurs rarement explorées, ça n’est pas facile, et malgré l’équipement de plongée mis à notre disposition, il faudra en effet recharger la bombonne d’air sur notre dos ; une action possible en s’en retournant dans la crique de départ, en traversant des bulles d’air formées dans l’océan ou encore en pénétrant des installations en forme d’anneau conçues à cet effet.
En plus de la chasse aux détritus, Loddlenaut demandera au joueur d’exploser sacs poubelles et containers, de décrasser récifs et bâtiments de GUPPI immergés, de nettoyer des flaques d’huile, mais aussi de venir en aide à de nombreux Loddles, des espèces animales semblables à de petits axolotls. En gardant la touche de récolte enfoncée, notre avatar se met à lasériser les couches de pollution violâtres. À l’inverse de PowerWash Simulator, le ciblage est automatique, comme pour ne jamais ennuyer le joueur dans une tâche qui peut rapidement se révéler barbante. Il ne faut pas non plus hésiter à user du propulseur à hélices installé sur la combinaison (tant qu’elle possède encore un minimum de réserve), histoire de se mouvoir plus vite dans les eaux contaminées de GUP-14. Car plus la zone est souillée, plus vite la bouteille d’oxygène se vide. Les Loddles eux, une fois bien savonnés, peuvent être adoptés, nourris et chouchoutés ; avec le temps et un tant soit peu d’attention, leur forme évoluera selon leur régime alimentaire et les activités auxquelles on les soumet.
L’ensemble fonctionne plutôt bien, même si la boucle de gameplay se montre assez régressive. On y joue davantage pour se détendre que pour remplir un but bien précis, quand bien même il nous incombe de nettoyer à 100 % chacune des six zones de l’océan mises à notre disposition. On ne se voit jamais frustré par un certain manque de précision ou une quelconque lourdeur dans la peau de notre personnage. Le petit monde ouvert proposé est quant à lui maîtrisé dans sa conception, un exploit quand on sait à quel point les fonds marins peuvent vite sembler répétitifs. Les amoureux de lore pourront même y récolter des badges appartenant aux employés de GUPPI, toujours assez drôles, à l’image de l’ambiance générale. Un choix bienvenu qui ne va jamais à l’encontre du message écologique que véhicule le titre de Moon Lagoon. Quelques succès en jeu permettront d’allonger légèrement la durée de vie de Loddlenaut, lequel a été bouclé en moins de quatre heures en ligne droite, et plus de cinq pour la complétion totale.
Techniquement, rien à redire là non plus, le jeu étant finalement assez peu gourmand. Un véritable plaisir en mode portable, tant sa direction artistique se marie parfaitement au jeu en nomade et à son écran plus restreint. A Short Hike, parmi d’autres avant lui, a su faire des émules avec sa volonté de retranscrire l’ère PlayStation et son esthétique low poly pixelisé. Pour les allergiques de cette nouvelle mode, les options permettent de lisser les modèles du jeu ; pour ceux qui en veulent plus, on peut aussi accroître la pixélisation des graphismes. On s’avoue en revanche moins complaisants vis-à-vis de la bande-son, forcément plus discrète pour coller à l’ambiance sereine des fonds marins, mais aussi davantage oubliable. Malgré notre grosse session de jeu, impossible pour nous de retenir ne serait-ce qu’une seule mélodie. Finalement, le plus gros point noir du titre réside dans son prix : vingt euros pour cinq heures de jeu, c’est déjà beaucoup, mais la note est encore plus salée lorsqu’on prend en compte le scope du titre, loin d’être massif, tant dans le contenu que dans la forme.