Test de NeverAwake sur Nintendo Switch

En résumé

  • Sorties :
  • 19 Janvier 2023
  • 19 Janvier 2023
  • 19 Janvier 2023

L'avis de Kayle Joriin

Difficile de savoir ce qu'en penseront les puristes, mais pour l'auteur de ces lignes, novice éclairé du shmup depuis ses premiers émois vidéoludiques sur Fantasy Zone au début des années 90, NeverAwake a sonné comme une petite révélation. Un jeu explorant les cauchemars d'une fillette dans le coma, ce n'est a priori pas très gai, mais le mauvais rêve s'est transformé en joli songe durant quelques heures grâce à une superbe réalisation, un gameplay accrocheur, un level design varié et une histoire étonnamment développée. Même si le rapport prix/durée de vie pourra rebuter les plus économes, il n'est d'ailleurs pas si mauvais que cela quand on voit que certains représentants du genre atteignent facilement les trente ou quarante euros, tout en comptant essentiellement sur leur dimension scoring. Au final, le titre du studio japonais Neotro Inc. est donc une belle surprise qu'on recommande chaudement, en particulier aux néophytes.

Les plus

  • Level design intelligent et varié
  • Direction artistique réussie
  • Graphismes 2D fins et détaillés
  • Bande-son de qualité
  • Histoire touchante
  • Gameplay modulable
  • Durée de vie honorable
  • Accessible aux novices

Les moins

  • Parfois un peu trop chargé visuellement
  • Le modèle 3D de Rem, moins joli
  • Avec les bons objets, le bourrinage paye
  • On en aurait voulu encore plus
  • Trop facile pour les hardcore shooters ?
  • Pas de traduction française
  • Nintendo-Difference

    par Kayle Joriin

    le 19 janvier 2023 15:00

Tirant son nom de la contraction de « Neo » et « Retro », le studio japonais Neotro Inc. s’est fait connaître dans le domaine du shoot them up grâce à la série VRITRA, dont la version la plus accessible pour nous autres Européens est sans doute VRITRA COMPLETE EDITION, disponible depuis août 2018 sur Steam. Après avoir œuvré sur VRITRA HEXA, paru en 2020 sur le système d’arcade exA-Arcadia, la petite équipe de Yokohama s’est lancée dans une nouvelle aventure avec NeverAwake, un twin-stick shooter nous proposant d’explorer les cauchemars de la jeune Rem, plongée dans un profond coma à la suite d’un accident. Déjà sorti sur PC depuis le 28 septembre 2022, sous la houlette de l’éditeur Phoenixx, le titre débarque aujourd’hui sur l’eShop de la Nintendo Switch, ainsi que sur PlayStation 4 et PlayStation 5 – des éditions physiques étant également prévues au Japon et aux États-Unis. L’occasion de dézinguer, à coups de blaster et d’attaques spéciales, tout un tas des bestioles inspirées des angoisses de la fillette, comme de vils légumes, des chiens hargneux ou des seringues de dentiste.


Artwork de NeverAwake


Faites de beaux cauchemars


Première constatation : l’univers onirique dans lequel on évolue est superbement représenté par des décors et des sprites en 2D particulièrement travaillés, seule l’héroïne étant modélisée dans une 3D assez simple, sans doute afin de mieux la distinguer au milieu des créatures de ses cauchemars. Porté par une direction artistique burtonesque, assurée par Hiroshi Sawatari, et des illustrations signées Yuiko Tsugawa, NeverAwake est donc un véritable régal pour les yeux, et ce, tout au long de ses quatre-vingts niveaux, réunis en huit mondes thématiques basés sur les différentes peurs de Rem. On peut même donner une mention spéciale aux énormes boss, à l’apparence difforme bourrée de détails, qui prennent parfois les deux-tiers de l’écran. Quant à la bande-son composée par Fumihito Uekusa, elle accompagne parfaitement l’action et l’ambiance semi-horrifique du jeu, tout en étant rehaussée par de très bons bruitages.

Image de NeverAwake
S’il propose une réalisation d’excellente facture, le plus étonnant reste pourtant la qualité, la diversité et l’intelligence de son level design. Les choses commencent certes calmement avec des environnements plutôt sobres, une progression de la gauche vers la droite, et des ennemis au comportement prévisible. On se rend alors vite compte que les stages ne sont pas spécialement longs et finissent par boucler sur eux-même, montant le challenge d’un cran à chaque fois. L’objectif n’est d’ailleurs pas ici de faire un maximum de victimes ou de survivre jusqu’à la fin du niveau, mais bien de récupérer un certain nombre d’âmes lâchées par les ennemis. On peut alors soit optimiser ses tirs et ses mouvements pour y arriver dès le premier passage, soit prendre son temps, au risque de voir la difficulté augmenter.


Le tour des mondes en quatre-vingts nuits


Cette approche, déjà assez atypique, se couple toutefois rapidement à l’ajout de petites subtilités qui viennent régulièrement enrichir l’expérience. Le scrolling passe par exemple à la verticale ou change de sens. Des obstacles, mobiles ou non, viennent contraindre nos déplacements. Les environnements se transforment sur notre passage et il faut veiller à ce que Rem n’y reste pas coincée, que ce soit en se frayant un chemin par la force ou en utilisant des téléporteurs. Quant au bestiaire, il se complexifie grâce à l’apparition de créatures plus variées, disposant de techniques destinées à mieux nous occire, et la multiplication des combats de boss (trois par monde), certains étant franchement originaux dans leur approche. On parcourt donc l’aventure en profitant de chaque instant et s’émerveillant devant l’inventivité dont les développeurs ont fait preuve afin de casser la routine avant qu’elle ne s’installe.

Image de NeverAwake
Cette inventivité passe d’ailleurs également par les nombreuses possibilités offertes pour dézinguer les ennemis rencontrés. Par défaut, Rem dispose d’un tir orientable via le stick droit, d’une technique spéciale dont l’utilisation est limitée par une jauge dédiée et d’un dash permettant de passer à travers les tirs plutôt que de les esquiver. Au fil des niveaux et des âmes récupérées, il sera toutefois possible d’acheter, voire d’améliorer, une douzaine d’attaques spéciales différentes et plus d’une trentaine d’accessoires aux effets variés. De quoi influer de manière significative sur les capacités de l’héroïne et sur notre manière de jouer, que ce soit pour varier les plaisirs, réussir à passer un stage un peu compliqué ou tenter de remplir les objectifs annexes – les Omoide Challenge – proposés dans certains d’entre eux.

Image de NeverAwake


J’aurais bien dormi encore quelques heures, moi


Des objectifs loin d’être anodins puisqu’ils donnent non seulement accès à des illustrations et des informations supplémentaires sur la vie de Rem, mais débloquent également, à terme, un huitième monde qui casse littéralement les codes et nous amène à la véritable fin du jeu. Parce qu’en plus d’être beau, varié et plaisant à jouer, NeverAwake se débrouille pour nous proposer une histoire touchante, se dévoilant au gré des entrées du journal intime de l’héroïne par le biais desquelles elle nous fait partager ses angoisses, ses espoirs, ses contrariétés et ses moments de joie, notamment ceux passés auprès de sa grand-mère. Or, si l’ensemble peut paraître un tantinet décousu et souffre occasionnellement de quelques longueurs, il contribue à créer un véritable attachement envers la fillette que l’on tente de réveiller tout en expliquant l’origine des situations rencontrées dans ses cauchemars.

Image de NeverAwake
Hormis l’absence de traduction française regrettable vu les développements scénaristiques proposés, il n’y a donc pas grand-chose à reprocher au titre de Neotro. Il arrive certes parfois que la lisibilité souffre un peu de l’abondance d’ennemis, de projectiles et d’effets spéciaux à l’écran, néanmoins, cela fait aussi partie du challenge d’arriver à survivre à ces situations et les collisions restent relativement généreuses. On peut en outre trouver dommage que certaines combinaisons d’objets particulièrement efficaces permettent de réussir pas mal de niveaux en bourrinant. Cela dit, il faut déjà obtenir les objets en question et de manière générale, l’expérience ne cherche de toute manière pas à être spécialement élitiste. En témoigne l’existence d’une option de visée automatique et d’un mode OVERSOUL facilitant la traversée d’un stage après un échec (généralement contre quelques âmes).

Image de NeverAwake
Du coup, l’ultime regret qu’on puisse avoir est que tout cela ne dure pas plus longtemps. Et pourtant, la durée de vie de NeverAwake est loin d’être ridicule pour un shoot them up. Dans notre partie test, il nous a ainsi fallu environ huit heures pour finir l’intégralité des niveaux, avec un dernier monde plus résistant que les autres. Si on ajoute à cela la dimension scoring et la possibilité d’uploader ses exploits en ligne pour connaître son classement, il y a donc de quoi de faire, même pour le tarif demandé de 24,99 € sur l’eShop. Un prix finalement assez raisonnable quand on le compare à celui pratiqué par d’autres représentants du genre sur Nintendo Switch, sans doute moins bien lotis en contenu.

Image de NeverAwake

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