Test de PictoQuest sur Nintendo Switch

En résumé

  • Sorties :
  • 8 Aout 2019
  • 8 Aout 2019
  • 7 Novembre 2019

L'avis de Kayle Joriin

Doté d’une réalisation colorée et d’un gameplay efficace, avec l’intégration réussie d’éléments de RPG, PictoQuest est un titre plutôt plaisant dans l’absolu, qui peut constituer une porte d’entrée pertinente dans le monde du picross. Malheureusement, sa grande linéarité, son manque d’options et son challenge peu relevé risquent de laisser indifférents les habitués du genre qui préféreront s’orienter vers des titres plus copieux. La formule n’est néanmoins pas dénuée d’intérêt et gagnerait clairement à être développée dans un deuxième volet plus ambitieux.

Les plus

  • Le principe du picross toujours aussi efficace
  • Éléments RPG qui fonctionnent plutôt bien
  • Ambiance mignonne et colorée
  • Parfaitement lisible
  • Les images typées Heroic Fantasy
  • Les règles des quêtes annexes
  • Un brin d’humour gentillet

Les moins

  • Linéarité assez frustrante
  • Certains automatismes perturbants
  • Histoire guère passionnante
  • Globalement trop facile
  • Durée de vie assez faible pour le genre
  • Pas de tactile
  • Nintendo-Difference

    par Kayle Joriin

    le 7 novembre 2022 15:00

Est-il encore nécessaire de présenter le picross ? Ce jeu de réflexion, également nommé logigraphe, hanjie ou nonogram, qui demande de reconstituer une image en noircissant les cases d’une grille grâce à des indices situés sur les bords de celle-ci. Initialement proposé dans les magazines japonais à la fin des années 80, ce type de casse-tête s’est en particulier fait connaître sous sa forme vidéoludique avec le célèbre Mario’s Picross, paru sur Game Boy en 1995. Et depuis, d’innombrables titres ont repris le principe – la série Picross, développée par Jupiter pour le compte de Nintendo, restant sans doute la plus connue malgré son relatif classicisme. Certains tentent toutefois régulièrement de se distinguer en intégrant des éléments d’autres genres ou en travaillant un minimum leur univers. C’est le cas du très bon Murder by Numbers, que nous avions eu l’occasion de tester dans nos colonnes en 2020. Mais avant cela, les Français de NanoPiko avaient également tenté leur chance en développant PictoQuest. Un jeu de picross doté une ambiance d’Heroic Fantasy très mignonne, associée à quelques mécaniques de RPG.


Artwork de PictoQuest

[Le jeu est en promotion sur l’eShop jusqu’au 13/11/2022 – 4,49 € au lieu de 9,99 €]


French Touch


Derrière cette aventure colorée se trouvent trois habitués du paysage vidéoludique tricolore ayant décidé de créer leur propre studio en 2018, avec l’étonnante philosophie d’annoncer leurs jeux le jour de leur sortie – PictoQuest étant cela dit leur seule production pour le moment. Graphiste et animateur 2D, Hervé Barbaresi est un ancien de Pastagames, ayant notamment œuvré sur Maestro! Jump in Music, Pang Adventures ou Pix the Cat. Florian Sciberras est quant à lui programmeur. Il a également travaillé chez Pastagames (Rayman : Jungle Run), ainsi que chez Ubisoft (City of love : Paris) ou Arkane Studios (Dishonored : La Mort de l’Outsider). Enfin, Aurélien Regard est un homme aux multiples talents, co-fondateur du défunt studio Arkedo, qui s’est notamment fait remarquer en développant seul le très bon The Next Penelope, disponible sur Switch depuis fin 2017. En revanche, son titre suivant, AWAY : Journey to the Unexpected, a eu plus de mal à convaincre.

PictoQuest part donc sur des bases solides et il faut reconnaître que ses abords sont assez séduisants. La direction artistique, très colorée, n’est certes pas d’une incroyable originalité. Et le scénario, nous narrant la quête de Flöh et Arvel pour récupérer les peintures du pays de Pictoria volées par le vilain sorcier Moonface, ne surprendra pas grand monde. Cela dit, la lisibilité est exemplaire, la bande-son s’avère plutôt plaisante, et les dialogues bénéficient d’un humour gentillet qui relève un poil l’intérêt. C’est toutefois évidemment en termes de gameplay, que le jeu de NanoPiko sait se montrer convaincant. La formule classique du picross étant ici enrichie par des mécaniques sympathiques tirées du RPG. On se retrouve en effet affublé d’une barre de vie – initialement composée de trois cœurs, mais qu’on peut améliorer –, d’une bourse de pièces d’or à dépenser à la boutique du coin, et d’un inventaire accueillant jusqu’à cinq objets, des potions de soin ou des orbes magiques permettant de faciliter le remplissage des grilles.


Grille de bataille


Allant du 5×5 au 20×20, la centaine de grilles proposées se subdivise d’ailleurs en deux catégories. La première consiste simplement à gagner quelques piécettes en ouvrant des coffres. Sachant que remplir les mauvaises cases se traduit par une perte de liquidités. La seconde catégorie correspond quant à elle à des affrontements contre diverses bestioles représentées en haut à droite de l’écran – ces dernières prenant un malin plaisir à nous taper à chaque fois que leur jauge d’attaque est pleine. Pour les vaincre, et accessoirement limiter leurs actions en faisant baisser ladite jauge, il suffira de compléter des lignes afin de leur porter des coups. La créature visée pouvant être sélectionnée via les gâchettes L et R. En revanche, les erreurs se paient là encore cash avec des assauts bonus de la part des ennemis. Tous ne faisant heureusement pas mouche.

Bien entendu, en cas de soucis, il est toujours possible de boire une potion pour se requinquer ; la difficulté demeurant néanmoins extrêmement abordable. La jauge des ennemis augmente en effet assez lentement et notre barre de vie se recharge à chaque retour sur la carte, permettant d’économiser les fioles de soin. Du coup, à moins d’enchaîner les erreurs ou de vraiment trop prendre son temps, les combats sont rarement dangereux. Cela dit, le principe de devoir compléter des grilles en gérant les ennemis en parallèle donne au titre un côté tactique très sympathique et incite à mettre en place de petites stratégies, comme conserver des lignes presque terminées de manière à les utiliser au bon moment ou bien réduire rapidement les rangs adverses en se concentrant sur une bestiole en particulier. Des choses simples, mais qui ne sont guère habituelles dans un jeu de picross.

Image de PictoQuest


Walk the line


Malheureusement, si PictoQuest s’avère plutôt frais grâce à ses mécaniques RPG, certains choix risquent de gêner quelque peu les habitués. Le fait de pénaliser systématiquement les erreurs, et de valider donc d’emblée les cases correctes, retire par exemple toute incertitude au remplissage. Sachant que l’option n’est pas désactivable. On peut ainsi « tenter des coups » et avoir immédiatement la réponse, au lieu de devoir faire des hypothèses. De plus, le grisage automatique des indices situés sur le bord de la grille peut perturber lorsqu’on a l’habitude de le faire manuellement. Enfin, l’obligation de compléter une ligne pour pouvoir attaquer les ennemis implique de prendre pas mal de coups dans la tronche sans pouvoir réagir, notamment sur les grilles de grande taille nécessitant un minimum de préparation. Pas forcément risqué lorsqu’on dispose de l’inventaire adéquat. Juste un tantinet agaçant.

Le plus regrettable est cependant l’extrême linéarité dont fait preuve l’aventure en nous imposant les puzzles dans un ordre prédéfini, la carte sur laquelle on peut se déplacer « librement » étant en réalité un chemin quasi-unidirectionnel. Les seuls embranchements disponibles permettent en effet soit d’accéder à des téléporteurs, afin de revenir facilement en arrière (ce qui concrètement ne sert pas à grand-chose), soit à de petites quêtes optionnelles données par divers PNJ. Ces dernières demandant de refaire certaines grilles avec des règles spéciales, comme un temps limité, des ennemis renforcés ou l’obligation de ne faire aucune erreur. Des variantes certes bienvenues, mais qu’on aurait aimé plus nombreuses, puisqu’il n’y en a qu’une vingtaine. Soit deux dans chaque « région » traversée.

Image de PictoQuest
Du coup, il faut avouer que le jeu de NanoPiko se retrouve un peu le cul entre deux chaises. D’un côté, la dimension RPG est trop limitée pour attirer les fans du genre, même si son intégration est efficace et que les images reconstituées sont souvent très chouettes avec leur inspiration Heroic Fantasy. De l’autre, il offre un contenu assez léger, puisqu’il faudra moins d’une dizaine d’heures pour en voir l’intégralité, sans réelle difficulté, ni rejouabilité. Bien que ce ne soit pas forcément aberrant vu le prix de vente de 9,99 €, on est loin de ce que propose la concurrence à des tarifs équivalents, voire moindres. PictoQuest reste donc une petite expérience hybride dont les bases, intéressantes, mériteraient d’être approfondies dans un second épisode plus touffu, et incluant tant qu’à faire des contrôles tactiles. En attendant, on le conseillera surtout aux curieux et aux jeunes néophytes qui pourraient être séduits par l’ambiance de cette mignonne production française.

Artwork de PictoQuest

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