En résumé
L'avis de Skyward
Reynatis est un JRPG décent, avec une histoire très prenante et un casting de personnages charmants qui portent beaucoup le jeu. Le système de combat original est un peu difficile à prendre en main mais devient plaisant sur la durée. En revanche, c’est une expérience assez basique en ce qui concerne l’exploration, les quêtes secondaires, et l’interaction avec les PNJ et l’environnement. Les possibilités d’amélioration des personnages sont également assez limitées. Les performances sur Switch sont correctes mais loin d’être incroyables. C’est donc au final un RPG qui fait le taff sans cependant être révolutionnaire ou passionnant d’un point de vue vidéoludique. On lui reprochera aussi une durée de vie un peu chiche d'une vingtaine d'heures au total pour un prix de 59,99 euros sur l'eShop.
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Les moins
par Skyward
le 28 septembre 2024 20:40
Annoncé en février 2024 au cours d’un Nintendo Direct : Partner Showcase japonais, Reynatis est le nouveau bébé de FuRyu dont le développement a été confié cette fois-ci à Natsume Atari. Les visuels alléchants laissaient alors présager une pépite JRPG dans l’univers urbain intense de Shibuya. Cependant, il en faut beaucoup pour se distinguer dans le monde ultra-compétitif et saturé des jeux de rôle japonais. Reynatis dispose-t-il de suffisamment d’atouts pour y trouver sa place, que ce soit du point de vue du gameplay, de l’histoire ou de l’esthétique ?
Comme tout bon JRPG, Reynatis comporte une grande quantité de lore qu’il est nécessaire d’appréhender avant de comprendre ce qu’il se passe. Dans Reynatis, la magie existe dans un univers contemporain similaire au nôtre, et ses usagers se divisent en plusieurs factions qui s’opposent. D’une part, l’organisation gouvernementale M.E.A., qui a officiellement pour objectif de réguler l’usage de la magie et d’empêcher les criminels d’en abuser. Face à eux, on trouve la Guilde, une organisation mystérieuse qui recrute des magiciens à tour de bras, et dont les objectifs sont assez peu clairs au début de l’histoire. La Guilde est notamment connue pour répandre dans les rues une drogue magique nommée le Rubrum, mettant en danger les civils non magiciens qui en consomment et pouvant à terme les transformer en monstres, prestement éliminés par la M.E.A. Enfin, on trouve les magiciens indépendants, qui ne sont affiliés à aucune des deux organisations, et qui essaient de se débrouiller dans ce monde chaotique où les magiciens sont en général discriminés.
Au début du jeu, on incarne tour à tour deux équipes de héros. D’un côté, une équipe menée par Sari, combattante de haut niveau de la M.E.A., qui souhaite à tout prix éradiquer la Guilde en raison de leur diffusion du Rubrum. D’un autre côté, l’équipe de Marin, jeune mage indépendant qui souhaite simplement devenir le plus fort et qui s’associe pour son bénéfice personnel à quelques autres magiciens. La première partie du jeu consiste à alterner entre les deux groupes de héros, chapitre après chapitre, avec des enjeux différents. L’équipe de Sari peut notamment pratiquer la magie de combat à volonté car elle fait partie de la M.E.A., tandis que Marin doit se cacher après chaque baston pour ne pas être signalé aux autorités par des citoyens vigilants.
Concernant le gameplay, Reynatis comporte une dimension exploration et une dimension combat. On notera que c’est un jeu qui n’a pas nécessairement la main lourde avec les explications et qu’il faut bien souvent chercher par soi-même dans les menus et tâtonner pour comprendre tout ce qu’il est possible de faire. En ce qui concerne l’exploration, il y a deux mondes différents à explorer : d’une part, le Shibuya contemporain, quartier de Tokyo reproduit avec fidélité, avec même la présence de marques alimentaires existant dans la vie réelle. Ce qui est dommage, c’est que beaucoup de lieux ne servent pas à grand-chose. Il est possible d’acheter des plats qui servent d’objets de soin dans beaucoup de boutiques et de restaurants, mais ces derniers sont souvent plus chers et moins efficaces que les items de soin basiques disponibles dans les distributeurs de boissons. L’environnement est donc joli, mais malheureusement assez creux en termes de contenu. D’autre part, on peut voyager via des portails de brume étranges vers le monde mystérieux d’Another, qui est en grande partie composé d’une forêt labyrinthique franchement monotone, bien que cette section de l’univers du jeu s’enrichisse avec le temps.
Concernant les quêtes, il est possible à tout moment de décider si l’on avance sur la quête principale ou si l’on souhaite résoudre une des nombreuses quêtes secondaires reçues sur son téléphone. Une fois une quête sélectionnée, on peut la suivre aisément à l’aide d’un curseur. On notera que les quêtes secondaires sont franchement ennuyeuses, consistant à 90 % de missions où il faut se rendre d’un point A à un point B pour combattre des monstres ou transporter des objets, avec peu de développement de lore passionnant. L’histoire principale, écrite par Kazushige Nojima (dont le travail a longuement été abordé dans nos précédents articles) est, en revanche, très prenante et donne continuellement envie d’aller de l’avant. Il est possible de se téléporter dans n’importe quel lieu de Shibuya que l’on a déjà visité tant que l’on ne se trouve pas dans Another.
Les combats de Reynatis sont assez originaux. Chaque combattant a la possibilité d’activer sa forme libérée ou de rester sous forme réprimée. Sous sa forme réprimée, un combattant n’a pas la possibilité d’attaquer. En revanche, il peut contrer les ennemis avec le bon timing, et ainsi absorber de la magie pour pouvoir attaquer à nouveau. Il est impossible d’activer la forme libérée et d’attaquer tant que la barre de magie est vide. Sous sa forme libérée, un héros peut attaquer les ennemis mais ne peut pas se défendre ou contrer les attaques, seulement esquiver. Il peut utiliser des attaques basiques qui consomment peu de magie, ou des attaques plus puissantes qu’il peut modifier et qui sont plus gourmandes en énergie magique. Enfin, il est possible, lorsque la jauge est remplie, d’activer des super attaques faisant énormément de dégâts. Les combats sont rarement très difficiles, notamment si l’on a pris le temps de faire les quêtes secondaires au fur et à mesure de leur apparition et que l’on a donc bien monté en niveau. Il est possible de vaincre la plupart des boss en bourrinant et en récupérant de la vie avec des items disponibles en quantité quasiment infinie. Certains boss, notamment plus tard dans l’histoire, nécessitent de réfléchir un peu plus et de comprendre leur spécificité pour les vaincre.
Reynatis comporte un système d’optimisation relativement simple bien qu’original. La ville est parsemée de tags magiques nommés les Wizarts, que les magiciens peuvent collecter pour devenir plus forts. Plus on avance dans les quêtes, et plus un compteur nommé « malice », correspondant à la réticence des habitants de Shibuya envers la magie, diminue. Plus le compteur est bas, plus le nombre de Wizarts absorbables par les héros augmente. Lorsque les Wizarts ont été observés et donc consommés, il est possible de les équiper. Il existe des Wizarts correspondant à des attaques spéciales, et d’autres à des compétences passives. Il n’est pas possible d’équiper plus de deux attaques Wizart à la fois. En revanche, il est possible au fur et à mesure du jeu d’équiper de plus en plus de Wizarts passifs en débloquant des emplacements pour chaque héros en échange de matériaux trouvés dans Another. Il est possible de faire cela pour tous les personnages actifs du jeu. On précise que le jeu laisse parfois le choix, selon les chapitres, dans la composition de l’équipe active de héros, parfois non, il est donc intéressant de régulièrement optimiser tout le monde pour être tranquille.
Visuellement, Reynatis est plaisant, et on apprécie surtout l’immense quartier de Shibuya, reproduit de façon fidèle. Certains designs de personnages sont superbes, tandis que d’autres sont franchement ratés et rigides au cours des cinématiques. Les musiques sont composées avec brio par Yoko Shimomura, même si elles ont tendance à devenir très répétitives au fur et à mesure que l’on retourne aux mêmes endroits. Les sous-titres anglais sont globalement de qualité, tout comme les voix japonaises, avec notamment la participation des seiyuu Chiyaki Kobayashi (pour Marin) et Akari Kito (pour Sari). On regrette qu’il n’y ait aucune autre option linguistique.
La performance sur Switch est correcte, mais il existe quelques faiblesses, notamment en mode portable, avec des ralentissements notables après chaque temps de chargement et de l’aliasing. Mais on apprécie le fait que les équipes de Reynatis semblent motivées à faire vivre le jeu sur la durée, avec de nombreuses mises à jour prévues, certaines prêtes à partir avant même la sortie du jeu. Ces mises à jour sont assez riches, apportant notamment des quêtes additionnelles pour développer l’histoire de certains personnages clés. Cela permet de compenser un peu la durée de vie assez courte d’une vingtaine d’heures pour un jeu qui coûte tout de même 59,99 euros sur l’eShop, avec une rejouabilité assez limitée.