En résumé
L'avis de Skyward
Symphonia est une superbe création, un jeu de plateforme conçu avec l’amour de la musique en tête et la volonté d’utiliser des visuels pour la mettre en avant tout en utilisant la structure mélodique pour rendre ce monde si beau plus vivant. C’est un jeu esthétiquement splendide sous tous ses aspects. En ce qui concerne le gameplay, c’est un jeu amusant et exigeant, la plateforme étant relativement classique mais variée, s’accordant particulièrement avec les univers que l’on traverse. On regrette une durée de vie un peu courte de cinq ou six heures, simplement parce qu’on en redemande encore, ainsi que quelques bugs malheureux sur Switch.
Les plus
Les moins
par Skyward
le 15 mai 2025 8:00
Il n’est pas rare de trouver des jeux salués pour leur bande originale. Il y a en revanche très peu d’expériences conçues exclusivement autour de leur musique. C’est pourtant le cas de Symphonia, jeu de plateforme français, développé par le studio Sunny Peak, et arrivé en janvier 2025 sur Switch. Créé sur la base d’un projet initialement sorti gratuitement en 2020 sur itch.io, développé par 13 étudiants de l’école ISART Digital pour leur projet de fin d’études, c’est une expérience musicale toute particulière qui a nécessité un enregistrement par le Scoring Orchestra Paris. En plus des considérations classiques sur l’histoire et le gameplay, on s’intéressera donc particulièrement pour ce test à la dimension musicale du jeu.
Test réalisé à partir d’un code fourni par l’éditeur.
Symphonia est un royaume complètement mécanique construit par quatre instrumentistes légendaires sur le thème de la musique. Malheureusement, des années après leur disparition, ce monde est en voie de totale décomposition, la musique ne résonne plus dans les couloirs et les habitants semblent s’être assoupis pour l’éternité. C’est alors qu’un mystérieux chef d’orchestre retrouve le masque de Philémon, le grand fondateur violoniste, et le ressuscite en lui donnant pour mission de trouver trois autres compagnons afin de reconstituer le quatuor et ramener ce monde à la vie. L’univers de Symphonia est mystérieux et poétique, le lore développe juste ce qu’il faut pour permettre d’avancer. D’une certaine façon, Symphonia fait parfois penser à une version plus moderne et mécanique du niveau musical du tout premier Rayman, ce qui amène une bouffée nostalgique.
Les mondes et biomes de Symphonia sont superbes, chacun étant inspiré d’une famille d’instruments de l’orchestre symphonique. Simon Larguier (directeur créatif, scénariste et game & level designer) et Olivier Esman (directeur musical, compositeur et sound designer), aiment décrire en détail dans les interviews le processus créatif qui a mené à la conception de ces biomes. Pour chaque famille d’instruments, ils ont réfléchi à ce qu’elle leur évoque en termes d’images, émotions. Au final, ce sont trois biomes qui sont nés, avec des esprits et concepts très distincts. Le monde des bois est une serre tropicale de type art nouveau où le vent souffle fort. Les plantes semblent malheureusement y dépérir et il faut rendre la fraîcheur et l’espoir à ce microcosme. Les cordes sont représentées par des champs et une manufacture luthière, où l’environnement évolue en fonction du moment de la journée. Plus on avance, plus des instruments s’ajoutent à la musique d’ambiance, débutant par un simple piano pour finir sur l’intégralité des instruments à cordes d’un orchestre. Enfin, les cuivres prennent la forme d’un palace très sobre de prime abord, mais dont les machineries, accessibles via de longs tuyaux, recèlent mystères et challenges cachés aux yeux de l’aristocratie.
Les visuels de chacun de ces univers sont non seulement superbes mais aussi très évolutifs, l’arrière-plan réagit à la progression de Philémon, et il se passe toujours quelque chose dans le décor. Dans le monde des bois, les plantes reprennent vie au fur et à mesure de son avancée, tandis qu’on voit des artisans automates s’affairer partout dans le palace des cuivres et la manufacture des cordes pour faire vivre Symphonia. Chaque niveau se termine par un petit concerto entre Philémon et le maître des lieux, avec bien entendu un travail tout particulier qui a été fait pour faire de ces moments des dialogues musicaux de qualité. Chaque composition musicale de Symphonia est réfléchie pour retranscrire des émotions et pour s’accorder avec ce qu’il se passe en arrière-plan. Lorsque Philémon fait de l’improvisation pour activer un mécanisme, il joue toujours quelque chose de différent, et une violoniste d’improvisation a participé à la conception de cette section du jeu.
Le gameplay de Symphonia est relativement classique mais exigeant. C’est clairement un die and retry où l’on doit recommencer les passages complexes un bon nombre de fois pour s’en sortir. Philémon peut utiliser son archet pour se planter dans des surfaces molles et s’en servir pour se projeter loin en avant. Chacun des mondes de Symphonia comporte ses propres spécificités de gameplay : la serre des bois comporte beaucoup de zones avec des courants d’air qu’il est nécessaire de traverser avec habileté, le monde des cordes comporte beaucoup de… cordes sur lesquelles on peut glisser comme sur une surface savonneuse, et le palais des cuivres comporte un grand nombre de sections labyrinthiques faites de tuyaux métalliques entremêlés.
En plus de devoir traverser les mondes pour terminer son aventure, Philémon peut aussi ramasser un certain nombre d’éléments collectables qui permettent de débloquer des éléments de lore et des compétences. Parmi ces items, on retrouve notamment les fragments de mémoire, qui permettent de débloquer des challenges ou capacités via le menu principal (dont la possibilité de pouvoir utiliser le double saut ou d’accélérer la vitesse du jeu) ou les notes de musique qui permettent d’augmenter le champ d’action de sa capacité d’improvisation. Philémon débloque au cours de son exploration quelques capacités spéciales obligatoires pour progresser permettant également d’atteindre des zones précédemment inaccessibles. Le jeu offre la possibilité de se téléporter dans différentes zones des niveaux afin de les traverser de nouveau et ramasser les éléments à collecter que l’on a pu omettre. En plus de ça, Symphonia offre un certain nombre de défis lorsque l’on termine l’aventure, dont un mode course poursuite infernal où Philémon est poursuivi par un double maléfique qui imite ses mouvements et le tue s’il le touche (encore un clin d’œil à Rayman).
Malheureusement, notre expérience a été légèrement teintée par quelques bugs et soucis techniques sur Switch, dont des ralentissements, heureusement assez rares. Un des soucis les plus pénibles étant un bug où Philémon ne meurt pas suite à une chute, ce qui peut mener à un softlock.