En résumé
L'avis de Skyward
Rose & Camellia Collection est une compilation originale et décalée qui parvient à captiver grâce à son humour absurde, ses visuels soignés et sa bande-son mémorable. Toutefois, son contenu limité, sa répétitivité et son prix un peu élevé en font une expérience plaisante mais non essentielle. Idéal pour les amateurs de curiosités ou les nostalgiques des shoujo, il séduira surtout les joueurs à la recherche d’un délire atypique.
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par Skyward
le 28 janvier 2025 17:30
Il arrive qu’entre deux Metroidvania sympas et quelques blockbusters bien calibrés, on tombe sur des ovnis vidéoludiques si décalés qu’ils captent immédiatement l’attention. Rose & Camellia fait partie de ces curiosités. Ce jeu, à la croisée du visual novel et du duel de baffes, s’inspire des shoujo des années 80. Développé par Nigoro, davantage connu pour son exigeant metroidvania La-Mulana (le test de la compilation La-Mulana 1 & 2 est d’ailleurs disponible à cette adresse), Rose & Camellia Collection regroupe plusieurs opus : les deux premiers volets sortis en 2007 et 2009 sur navigateur, un crossover improbable avec La-Mulana, initialement proposé sur navigateur en 2013 et porté sur mobile en 2020, ainsi que deux épisodes totalement inédits. Mais si l’idée d’un jeu aussi loufoque intrigue, cela suffit-il à garantir une expérience mémorable ?
Test réalisé à partir d’un code fourni par l’éditeur.
Rose & Camellia est une parodie exubérante des drames shoujo qui ont marqué les années 80, tels que La Rose de Versailles ou Laura ou la passion du théâtre. Chaque épisode propose de suivre une héroïne évoluant dans les cercles de la noblesse et devant, littéralement, se frayer un chemin vers le sommet à coups de baffes.
Dans le premier opus, on incarne Reiko, une roturière récemment mariée à un noble et déterminée à devenir la matriarche de la maison. Pour y parvenir, elle doit affronter en duel les autres femmes de la famille. Les épisodes suivants, toujours plus absurdes, mettent en scène d’autres protagonistes, comme une domestique cherchant à prouver sa valeur lors d’une compétition internationale de baffes, ou encore la sœur aînée, chargée de repousser des colporteurs persistants. L’humour repose sur un second degré bien dosé, oscillant entre l’absurde et la caricature.
Visuellement, Rose & Camellia Collection brille par son style artistique rappelant les plus beaux mangas classiques. Les illustrations sont détaillées et élégantes, dans un hommage évident aux codes esthétiques des shoujo. L’aspect sonore n’est pas en reste : la bande originale, et notamment le générique spécialement composé pour cette compilation, est une vraie réussite. Interprété par Cristina « Vee » Valenzuela et composé par Takumi Naramura, il donne une identité musicale forte au jeu. La localisation a également été travaillée, avec des doublages en anglais ou en japonais et des textes traduits en huit langues, dont le français. Cependant, la traduction française, bien qu’agréable dans l’ensemble, souffre de quelques coquilles et maladresses.
Le jeu propose une structure divisée en chapitres, chacun étant constitué d’affrontements successifs avec différentes dames de la noblesse. Les combats se déroulent en deux phases. Les phases « rose » permettent à l’héroïne de frapper son adversaire, les dégâts dépendant de l’angle, de la force ou des feintes utilisées. Les phases « camélia », en revanche, obligent à esquiver les attaques adverses tout en saisissant les opportunités de contre-attaques. La progression repose sur des ennemies aux styles variés, chacune laissant entrevoir des indices subtils sur ses mouvements. Sur Switch, il est par ailleurs possible d’opter pour des commandes tactiles, où l’on trace des gestes directement sur l’écran, ou pour les Joy-Con, avec des mouvements simulés dans les airs. Le mode tactile s’est avéré plus intuitif, mais l’alternative des Joy-Con est appréciable, notamment en multijoueur local, une nouveauté introduite dans cette compilation. Ce mode, jouable à deux, permet d’incarner à la fois l’une des héroïnes et sa rivale. Les mécanismes sont toutefois strictement les mêmes qu’en solo et bien que cela soit amusant durant quelques minutes, cette option ne prolonge pas, ni n’enrichit sensiblement l’expérience.
Malgré ses qualités, Rose & Camellia Collection montre malheureusement vite ses limites en termes de contenu. La durée de vie est ainsi très courte, puisqu’il ne faut guère plus d’une heure ou deux pour boucler l’ensemble des chapitres, ce qui peut sembler léger pour un titre proposé à 19,99 € sur l’eShop. De plus, la simplicité du gameplay finit par engendrer une certaine monotonie, les mécaniques restant similaires d’un combat à l’autre une fois les bases maîtrisées. Enfin, l’obligation de jouer en tactile ou avec les Joy-Con, en l’absence de commandes analogiques, peut rapidement être pénible.