En résumé
L'avis de Kayle Joriin
En reprenant les règles éprouvées de Sokoban et en y apportant sa petite touche personnelle, Sokomage offre une expérience classique, mais pas forcément désagréable si on reste purement au niveau du gameplay. Malheureusement, entre ses graphismes sans éclats, ses musiques répétitives et sa technique défaillante sur Switch, le jeu d'Afil Games perd pratiquement toute chance de sortir la tête de la mêlée. Bien qu'on puisse donc y passer quelques heures à se creuser les méninges, il y a sans doute mieux à faire sur l'eShop avec cinq euros.
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par Kayle Joriin
le 22 mai 2025 8:00
Conçu par Hiroyuki Imabayashi, le célèbre Sokoban est un jeu de réflexion sorti initialement en 1982 sur micro-ordinateur NEC PC-8801 et dont le gameplay simple, mais addictif, a donné naissance à un sous-genre à part entière. Dans la peau d’un gardien d’entrepôt, l’objectif était de ranger des caisses sur des cases précises en les poussant dans les quatre directions. En revanche, il n’était pas possible de les tirer, ni de déplacer plusieurs caisses à la fois. Au fil des années, ce concept a été porté, adapté et enrichi sur de nombreux supports, donnant lieu à une multitude de productions dédiées, mais également à des mini-jeux plus ou moins optionnels dans des jeux de rôle japonais ou des jeux d’action-aventure (par exemple).
Test réalisé à partir d’un code fourni par l’éditeur.
Une recherche rapide sur l’eShop avec le terme « Soko » montre d’ailleurs bien à quel point le principe a été décliné à toutes les sauces et permet de sortir des titres aussi improbables que Sokobalien, SokoFrog, Sokocrab ou encore Sokomage, qui nous intéresse aujourd’hui. Développé par le studio brésilien Afil Games et disponible depuis le 8 août 2024 sur Nintendo Switch, après être sorti sur PC, PlayStation 4, PlayStation 5, Xbox One et Xbox Series X|S, le titre nous met dans la peau d’un apprenti magicien qui va devoir user de son astuce et de son bâton pour traverser une trentaine de niveaux de plus en plus complexes.
Côté gameplay, on retrouve les deux règles historiques de Sokoban, mentionnées précédemment, auxquelles s’ajoutent quelques petites subtilités, comme la mécanique de la glissade, assez répandue dans le genre. Lorsqu’on pousse un élément dans une direction, celui-ci va ainsi poursuivre sa route tout droit jusqu’à rencontrer un obstacle. Dans la mesure où certains de ces obstacles sont destructibles, on voit donc tout de suite quel impact cela peut avoir sur la stratégie de résolution des énigmes et sur l’ordre des actions à entreprendre. D’autant qu’au bout d’une dizaine de niveaux environ, de nouvelles cases spéciales, affublées d’une croix ou d’une flèche, apparaissent pour enrichir encore les choses. Les premières permettent d’arrêter un élément en mouvement, tandis que les secondes le réorientent dans la direction indiquée.
Le plus intéressant dans Sokomage reste néanmoins son level design, qui flirte parfois légèrement avec le jeu d’aventure. Tout d’abord, il faut préciser que les éléments à déplacer ici ne sont pas des caisses, mais des blocs de glace, et que ces derniers doivent être utilisés pour boucher des trous qui bloquent la progression de notre petit mage, l’empêchant d’atteindre le cristal de fin de niveau. Mais là où une petite dimension exploration commence à naître, c’est lorsqu’on constate que certains stages s’étalent sur plusieurs écrans, nous offrant des successions de casse-têtes aux logiques souvent différentes ou nous demandant au contraire de réfléchir à plus grande échelle pour faire transiter un bloc d’une zone à l’autre. Or, si l’ensemble n’a rien de fondamentalement original ou inédit, force est de constater qu’on se prend assez facilement au jeu.
Malheureusement, bien que le titre d’Afil Games fasse plutôt bien son boulot côté gameplay, il reste trop quelconque, et même plutôt décevant, sur le reste. Les graphismes n’ont rien de flamboyant et les trois décors proposés s’avèrent particulièrement banals, n’offrant même pas une ambiance visuelle en lien avec la thématique abordée. Quant aux musiques, elles sont aussi répétitives qu’agaçantes et on aura donc tôt fait de couper le son pour se concentrer sur les énigmes. Le pire reste néanmoins que cette version Switch n’est même pas au point techniquement, malgré la simplicité de sa réalisation, et souffre de ralentissements considérables dans les environnements les plus « chargés », le personnage se déplaçant alors avec une lenteur exaspérante. Et on ne parle même pas du magnifique plantage, suivi d’un retour à l’écran d’accueil de la console, qui nous récompense après avoir complété le trentième et dernier niveau. Si nous étions taquins, nous pourrions d’ailleurs penser que les développeurs ne croyaient tellement pas que quelqu’un allait finir leur jeu qu’ils ont tout simplement oublié de mettre un écran de fin…