Test Nintendo Switch de 198X

En résumé

  • Sorties :
  • 23 Janvier 2020
  • 23 Janvier 2020
  • 23 Janvier 2020

L'avis de Kalimari

À dire vrai, il est difficile d'avoir un avis tranché sur 198X. Que vous soyez attiré par le pitch alléchant du titre ou que vous soyez nostalgique de ces années pleines de synthés, de néons, d'insouciance et de trucs cools (parait-il), le soft possède tout autant de qualités que de défauts. Il est beau, mais creux. Il est scénaristiquement intéressant, mais narrativement cliché. D'un côté, 198X est une lettre d'amour au monde de l'arcade. De l'autre, impossible de ne pas penser que Hi-Bits aurait pu faire plus et mieux, quand bien même le résultat final reste sympathique. En fait, ce qui fait réellement mal au titre, c'est bel et bien sa durée de vie : il suffira d'une seule petite heure pour faire le tour du jeu. Un jeu qui, comme indiqué plus haut, ne propose aucune replay value. À dix euros l'addition, on ne peut que recommander aux plus regardants sur leur bourse d'attendre une promotion agressive. Surtout quand, à la fin de l'aventure, un irritant « To be continued » apparait à l'écran ; simple outil narratif, ou véritable volonté de proposer une suite à un jeu affreusement trop court ? Dans l'optique du second cas, les amoureux des salles de jeux ne seront pas dépaysés : la pratique de l'arcade, c'est un peu comme du racket consenti.

Les plus

  • Visuellement magnifique
  • La bande-son, absolument fantastique
  • La thématique narrative parlera à certains
  • Soigné, le voyage se révèle agréable
  • Techniquement parfait

Les moins

  • Comme un crédit à l'arcade ; c'est cher, c'est court
  • Aucune rejouabilité
  • Un manque de profondeur et de twists sur les cinq jeux
  • Les segments OutRunesque et Shinobiesque, trop en deçà du reste
  • Aucun challenge sur les cinq jeux
  • Pas de localisation française
  • Nintendo-Difference

    par Kalimari

    le 16 mai 2021 13:06

Vous n’y étiez certainement pas, mais vous en rêvez peut-être avec une certaine nostalgie. Les années 80 – cette énième époque du « c’était mieux avant » – revient en force, pour le meilleur comme pour le pire. Suites ou remakes de films, genres musicaux et même modes vestimentaires n’hésitent pas à faire un petit coucou du côté de la nouvelle génération, près de quarante ans après leur apparition. Côté jeux vidéo, les années 80, c’est avant tout l’âge d’or de l’arcade. Véritables cavernes d’Ali Baba pour les plus jeunes d’alors, certaines des plus grandes icônes du média y sont nées, comme Pac-Man ou Donkey Kong. Alors forcément, avec un tel titre, 198X s’adresse comme une lettre d’amour à cet univers où le scoring départage les forts des faibles, mais où tous sont soumis à la même règle : celle du porte-monnaie et des crédits qui s’évertuaient à les vider. Développé par Hi-Bit Studios et édité par 8-4, 198X est disponible depuis le 23 janvier 2020 sur le Nintendo eShop, au prix de 9,99 €. Et, à l’image des salles d’arcade, l’addition s’est révélée salée ; la faute, là aussi, de la passion du « jeu vidéal » ?


C’était en 198X, une génération qui n’attendait rien

198X nous plonge dans l’histoire de « The Kid », une adolescente déchirée par une vie de famille brisée et un passage à l’âge adulte compliqué. C’est donc perdu au milieu de toutes ses pensées que la fille trouvera refuge dans sa salle d’arcade locale, prête à se laisser happer par une horde de machines lumineuses et bruyantes. Autant de vies que de bornes disponibles, dans lesquelles elle et le joueur s’imagineront tour à tour combattant, astronaute, pilote automobile, ninja ou encore chevalier. Cinq jeux qu’il sera possible de parcourir, chaque borne étant entrecoupée de cinématiques mettant l’accent sur la narration. Une narration certes très morose, mais qui saura peut-être parler aux joueurs et joueuses. Devenir un adulte doit-il forcément justifier l’abandon de pratiques dites « infantiles » ? Doit-on absolument faire une croix sur nos rêves et notre cœur d’enfant ? Faut-il fatalement devenir ce que la société attend de nous ? Autant de sujets – parfois traités de manière un peu superficielle ou clichée – qui peuvent trouver écho chez son public, pour peu qu’il maîtrise l’anglais ou le japonais.

En effet, le titre ne dispose malheureusement pas de sous-titres français, quand bien même le niveau d’anglais requis semble accessible. C’est dommage, mais pas forcément injouable tant le titre est assez linéaire et le gameplay très basique, d’autant plus que le rythme est relativement bon et la mise en scène agréable. Le tout est accompagné d’un pixel art absolument sublime, qu’il s’agisse là encore des cinématiques ou des cinq jeux qui composent l’aventure. C’est coloré, généreux en détails et bien fichu dans ses animations. On apprécie également beaucoup la bande-son orientée synthwave et chiptune (respectivement pour les cinématiques et les jeux d’arcade), composée notamment par U.F.L, Anton Dromberg, Daniel Rosenqvist ou encore le légendaire Yuzo Koshiro (Streets of Rage, Act Raiser, Ys, Shinobi et bien d’autres encore). Techniquement parfait, 198X peut aussi bien se parcourir en mode portable – où il resplendit de beauté – qu’en mode téléviseur sans qu’aucun accroc ou bug ne vienne entacher l’expérience du joueur.

Déjà en 198X, sans illusion et sans lendemain

Comme indiqué plus haut, 198X est un jeu dans le jeu. Ou plutôt, des jeux dans le jeu, avec une sélection de cinq titres représentant tout autant de genres vidéoludiques. Le premier titre, Beating Heart, s’inspire clairement des Streets of Rage. On y contrôle un bagarreur des rues bien déterminé à fracasser la petite racaille qui gangrène sa ville ; les coups y sont limités, mais il est possible d’effectuer des choppes, des coups aériens, des jabs ou encore de ramasser des objets contendants pour latter avec grâce ses adversaires. Très plaisant visuellement et assez sympathique dans ce qu’il propose, il pose d’excellentes bases qu’Out of Void, un erzats de Axelay, confirmera. Impressionnant dans son pixel-art, il place le joueur dans un shoot’em up où les flottes ennemies laisseront parfois tomber des pouvoirs pour mieux exploser les quelques boss placés ici et là. Très agréable à parcourir, il reste malheureusement lui aussi assez peu novateur dans ce qu’il propose, et ne cherche pas à prolonger l’expérience en y distillant un twist ou deux dans son gameplay.

Le troisième titre, The Runaway, est clairement le plus décevant du lot. Puisant ses inspirations du côté de Out Run, il sert davantage à soutenir – autrement qu’avec une énième cinématique – la narration de 198X. En résulte un moment un peu flottant, presque soporifique, qui tranche radicalement avec les autres softs. Un coup dur qui ne sera pas contrebalancé avec Shadowplay, un runner empruntant les codes de Shinobi ; beaucoup trop long et basé sur du die and retry, il brise à lui seul le rythme jusqu’alors maîtrisé de 198X. Enfin, l’aventure s’achèvera avec Kill Screen, un dungeon-crawler, sympathique à parcourir et important vis-à-vis de l’histoire contée dans le titre de Hi-Bit Studios. Pour autant, on s’étonne de la présence d’un tel mini-jeu, puisque le genre du dungeon-crawler est bien plus lié aux ordinateurs personnels qu’aux salles d’arcade. Et, surprise, lui aussi souffre du défaut commun aux quatre autres jeux : aucun ne possède suffisamment de profondeur dans son game design pour relancer une partie ou deux, ne serait-ce que pour s’amuser. C’est dommage, surtout qu’il est possible de jouer indépendamment à chacune des bornes d’arcade une fois l’histoire finie.

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