Test Nintendo Switch de Ghosts ‘n Goblins Resurrection

En résumé

  • Sorties :
  • 25 Février 2021
  • 25 Février 2021
  • 25 Février 2021

L'avis de Goonpay

Ghosts 'n Goblins Resurrection est frustrant, ignoble, traître, agaçant, il est surtout incroyablement prenant, terriblement fun, stimulant et gratifiant. C’est un reboot de grande qualité qui va plus loin que ses prédécesseurs, leur rend hommage et les sublime. Il fait passer le joueur par toute une phase de sensation, allant de la concentration profonde au ras-le-bol, en passant par la jouissance et la fierté du chemin accompli. Il ne conviendra clairement pas à tous car sa difficulté peut en rebuter, et en rebutera assurément plus d’un, malgré les différents niveaux de difficulté proposés. Il n’en reste pas moins un excellent titre qui reprend les codes de la série. Pour les hésitants, les réfractaires ou les râleurs qui critiqueront les 30 € à débourser, il suffit peut-être de se conditionner et de se préparer mentalement à souffrir, mais il serait dommage de passer à côté de cette pépite qui mériterait bien une version physique !

Les plus

  • Le retour du roi Arthur
  • Die and Retry and Retry and Retry and Retry…
  • À la fois fidèle à l’origine et au goût du jour
  • La fourberie malicieuse
  • Le caleçon à fraises toujours saillant (ce ne sont pas des cœurs !)

Les moins

  • Ne plaira pas à tout le monde
  • Pas de version physique (à l'heure ou ce test est écrit)
  • Nintendo-Difference

    par Goonpay

    le 16 mars 2021 12:00

En 1985, les amateurs d’arcade lâchaient leurs écus pour tenter désespérément de sauver la princesse Prin Prin (ou Guinevere, ou « Princess » tout court) en endossant le rôle du légendaire roi Arthur. Nombreux sont ceux qui n’ont jamais connu la gloire, se sont arrachés les cheveux, ou peut-être même, explosés les mains à force de taper du poing sur la borne en lâchant un fulminant « vas-y, ce coup-ci, je le défonce… » avant de repartir bredouille trente secondes plus tard. Ghosts’n Goblins (Makaimaru) a toujours eu la réputation d’être un jeu d’une extrême difficulté. Sa renommée faisant, de nombreux portages, des suites et des spins-off ont vu le jour mais cela faisait déjà une décennie que le preux chevalier n’avait pas repointé le bout de son caleçon. Et, comme ce fut le cas pour Mega Man 11, avec Ghosts ‘n Goblins Resurrection, Capcom ne se contente pas de ressortir une simple compilation, c’est un véritable dépoussiérage d’outre-tombe !


Quand la légende entre dans l’histoire

« Princess is in an another castle… » Non, ce n’est pas Mario mais le scénario s’en rapproche fortement puisque, alors qu’Arthur se la coulait douce au pied d’un arbre avec sa damoiselle, probablement prêt à consommer le fruit défendu, le terrible Lucifer débarque et l’embarque. Le chevalier enfile son armure en quatrième vitesse et part à sa rescousse. Réinterprétation du mythe du roi Arthur, Ghosts ‘n Goblins Resurrection ne cherche pas à raconter une histoire incroyable et ce n’est absolument pas là où on l’attend.

Si la licence de Capcom a su se hisser au panthéon des jeux inoubliables, c’est donc grâce à son image de jeu très difficile, et peut-être aussi, grâce à sa touche d’humour et de fourberie. Que les fans se rassurent tout de suite, G ‘n G R n’a rien à envier à ses prédécesseurs, bien au contraire. Toutefois, 2021 oblige, et le jeu vidéo n’étant plus un loisir de marginaux, des modes de difficulté ont fait leur apparition. Sacrilège crieront les uns, soulagement pour les autres… Pas vraiment.

Les flammes de l’enfer

Le mode le plus facile, intitulé « Laquais » donne droit à une forme d’invincibilité. En contrepartie, tous les secrets du jeu ne seront pas accessibles. Il faut donc, au minimum, s’attaquer au mode Chevalier pour connaître un peu plus de gloire, ce qui n’est déjà pas une sinécure. Autant dire qu’en « Paladin », l’aventure s’avère être d’une difficulté extrême (ennemis plus nombreux, moins de checkpoints, armure qui se délabre plus vite), et c’est peu dire. Parvenir à boucler un niveau revient à faire preuve d’une dextérité, d’une mémorisation (qui ne veut pas dire que les ennemis apparaissent toujours au même endroit) et d’une capacité d’adaptation hors pair.

Ghosts ‘n Goblins Resurrection se transforme en une sorte de jeu de rythme où chaque mouvement, chaque temporisation, chaque pression sur une touche se doit d’être prévue, millimétrée, pensée au plus efficace pour éviter les fourberies d’un level design savamment conçu. Les vagues d’ennemis non-stop ne laissent aucun répit, leur position, les placements des plates-formes environnantes et les contraintes de déplacement sont tout autant perfides. En effet, il est facile de croire que la difficulté provient uniquement de la quantité d’ennemis qui arrivent à l’écran, alors qu’il faut aussi mettre en cause la perfidie des développeurs. Régulièrement, votre arme heurtera une paroi ou un objet du décor, en apparence quelconque. À l’impact, un son bien distinct se fait entendre et délivre un secret s’il est frappé plusieurs fois. Sauf que l’on est plus proche du Trick or Treat d’Halloween que du véritable bonus, puisqu’un vilain sorcier, par exemple, peut apparaître et attaquer, voire même toute une série d’ennemis qui vont envahir la portion suivante. Heureusement, parfois, c’est un trésor, alors on se précipite pour l’ouvrir. Pas de bol, un monstre attendait dedans sagement… Et quand il s’agit d’un vrai bonus, comme une nouvelle arme, cette dernière peut devenir un vrai mauvais plan en étant bien moins appropriée au chemin qui attend ce cher Arthur !

Les pièges liés aux environnements sont aussi légion. Une série de blocs de pierre disposés à égale distance pour enchaîner des sauts et, tout à coup, le petit dernier est plus court, alors c’est la chute dans le vide, une plate-forme qui, contrairement aux autres jeux du genre, ne fait pas des allers-retours classiques mais se stoppent en plein milieu du chemin pour repartir dans l’autre sens, faisant irrémédiablement rater l’atterrissage d’Arthur… Voici quelques exemples de mesquineries qui sollicitent les nerfs !

Présenté de la sorte, Ghosts ‘n Goblins Resurrection passe pour une véritable torture et il n’est pas recommandé pour toutes les mains. Malgré tout, il y a une courbe de progression évidente qui s’en dégage. On apprend de ses erreurs, évite les pièges, réfléchit à la meilleure façon de procéder et la mémorisation des patterns entre en action. On souffre, on meurt (et pas qu’un peu), on rit jaune de cette crasse faite par les développeurs quelques secondes avant la bannière du check-point, on recommence des dizaines et des dizaines de fois la même section et on jubile de ce sentiment de puissance et de fierté à la suite d’une réussite… avant de retomber en enfer !

Comme un air d’art roman

Comme il est à la mode actuellement de ressortir du placard des vieux titres en leur mettant un petit coup de polish, ou pas, force est de constater que Capcom ne s’est pas moqué des fans en offrant une véritable nouvelle aventure.

Annoncé comme un reboot par Capcom, Ghosts ‘n Goblins Resurrection a tout de même été réalisé en collaboration avec Tokuro Fujiwara, l’homme à l’origine de la série. Résultat, cette nouvelle mouture reprend avec brio les codes d’origine, se permet de réinterpréter les références, d’apporter de nouvelles choses et parvient à inscrire un platformer on ne peut plus classique dans une modernité évidente.

Exit les pixels, bienvenue aux artworks dessinés tout en 2D et animés tels des pantins articulés ! On retrouve avec grand plaisir tous les fondements de la série, comme la gestuelle si spécifique d’Arthur et ses sauts rigides, son armure qui se délabre au fur et à mesure des contacts pour laisser apparaître un magnifique caleçon à fraises, et aussi la ribambelle d’ennemis piochés çà et là dans les différents épisodes. Zombies, squelettes, chauves-souris, Woody Pig, Blue Demon, cyclopes, dragons, Astaroth, tous se sont réunis dans une même cartouche (pas encore, snif…) et ont bénéficié d’un lifting de qualité et respectueux des origines. Les boss ne sont pas en reste puisqu’ils en imposent autant qu’ils sont retors.

Pourtant inscrit dans un univers lugubre, mélange d’histoire et de fantastique, la palette de couleurs sait manier avec dextérité la vivacité des couleurs et des effets lumineux pour donner l’impression de jouer à un conte de cape et d’épée animé. En fait, avec l’anatomie si particulière des personnages, on a presque l’impression de voir une tapisserie du Moyen-Âge prendre vie. Les animations, les décors et les textures sont très soignés, fourmillant de détails et donnant cette impression de fait main, en couches de papier superposées. Loin d’être un remake au rabais, Ghosts ‘n Goblins Resurrection se paie même le luxe d’ajouter des interactions avec l’environnement pour parfois offrir des chemins différents. Le vice est poussé jusqu’à la perte d’armure d’Arthur qui se fait en fonction de l’endroit de l’impact et non pas selon un ordre préétabli, faisant que le noble chevalier peut perdre son heaume avant son cuissard ou inversement, un joli souci du détail.

Les niveaux sont du même acabit que le bestiaire et reprennent des décors bien connus de la série. L’écran prend même vie dans certains royaumes en tentant par exemple d’avaler le pauvre chevalier (inutile de préciser qu’il y arrive régulièrement), en faisant tomber le déluge à l’écran, ou en obligeant à frapper le décor pour se frayer un passage entre les ailes des moulins à vent… Toutes les mécaniques des platformers en side scrolling sont sur le terrain, c’est un régal autant pour les yeux que pour le plaisir de jouer.

La bande son a aussi un impact sur l’ambiance générale. Elle est teintée de mélodies sombres, gothiques, orchestrales façon orgue avec des tonalités médiévales, des cris démoniaques… Les notes sont basses, se mêlent aux environnements, créent une tension. Parallèlement, on tend l’oreille pour déceler le moindre secret et les « splashs » qui confirment la disparition de l’ennemi, synonyme de possible avancée. Ghosts’n Goblins se joue au doigt, à l’œil et à l’oreille !

Le plus surprenant est de constater qu’avec finalement si peu de possibilités de mouvements, le jeu offre une palette de situations variées. Le noble héros ne sait que sauter et lancer ses armes dans les quatre directions primaires (haut, droite, bas et gauche) ce qui n’est pas le cas de tous les ennemis. Fort heureusement pour lui, les armes dont il peut s’équiper peuvent l’aider à se sortir de situations délicates. Sauf qu’il faut bien garder en tête qu’Arthur ne peut (théoriquement) porter qu’une seule arme à la fois. Cependant, après avoir fait connaissance avec l’ensemble, on a très vite tendance à conserver la même (qui a dit les dagues ?), pour gagner en efficacité. On notera quand même quelques petites erreurs techniques, des armes qui terminent dans des murs invisibles à certains endroits, mais vraiment rien de très grave.

La pomme de discorde

N’en déplaise aux fans du classicisme, peut-être sous l’influence des tendances actuelles, et aussi pour apporter de la fraîcheur à la série, Ghosts ‘n Goblins Resurrection met à disposition des aventuriers des pouvoirs magiques et un arbre des talents. Des petites fées sont à attraper tout le long des niveaux et servent de monnaie d’échange contre des techniques spéciales. Ainsi, Arthur peut augmenter sa palette de compétences en faisant par exemple appel à un double de lui, à des feux de protection, à se transformer en boules de pierre, à métamorphoser tous les ennemis présents à l’écran, déchaîner la foudre, obtenir une armure d’or, ressusciter après sa mort, etc. Une fois de plus, l’arbre est bien fourni, et en corrélation avec la quantité de fées à récupérer dans le jeu. Faut-il une fois de plus préciser que tout attraper sera synonyme de morts évidentes ?

Une fois le jeu terminé, un NG+ est disponible. En réalité, ce mode est plutôt là pour faire comprendre aux joueurs que la vraie fin n’a pas encore été atteinte. En effet, après le premier run, les royaumes deviennent jouables en mode crépuscule. Ils sont donc un peu différents, pas forcément plus compliqués. La carte des stages présente parfois un embranchement vers deux mondes possibles, mais la véritable fin ne se dévoilera qu’aux plus téméraires qui auront récolté les 17 orbes, c’est-à-dire, ceux qui auront fini tous les niveaux classiques et ténèbres au cours du même run (pas que, mais chut, c’est un secret !). Et au cas où on pourrait juger que le défi proposé n’est pas suffisant, des actes de bravoure peuvent être accomplis. Si la plupart se feront chemin faisant, quelques-uns sont plus coriaces à valider.

Ainsi, indiquer une durée de vie à Ghosts ‘n Goblins Resurrection est vraiment très variable et dépendra de plusieurs facteurs : son degré d’affinité et d’acceptation de l’échec, la difficulté choisie, le taux de complétion visé. Il n’y a finalement pas beaucoup de niveaux mais ces derniers sont assez longs, les speedrunners s’en donneront à cœur joie pour définir le record du monde, mais le joueur lambda tablera sur un minimum de sept à huit heures en « Ecuyer » pour affronter une première fois Lucifer. Le compteur peut ensuite très vite monter.

Compagnon de fortune

Bien que destiné avant tout au joueur solo, l’aventure peut se parcourir à deux, en coopération. Le second joueur incarne alors un des trois fantômes au choix (il est possible de switcher via L/R comme pour les pouvoirs d’Arthur). Chacun dispose d’un pouvoir spécial et d’un tir qui lui est propre. Le valet de service peut ainsi protéger Arthur en l’enveloppant dans une bulle, le porter à bout de bras pour le faire voler ou créer des ponts lumineux. Ce mode deux joueurs est sympathique, mais n’a rien de transcendant pour l’accompagnant qui a forcément beaucoup moins d’importance qu’Arthur. Il n’est pas non plus inutile, facilite la vie et, bien géré, peut devenir un allié de taille.

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