Test Nintendo Switch de The Outer Worlds

En résumé

  • Sorties :
  • 5 Juin 2020
  • 5 Juin 2020
  • 5 Juin 2020

L'avis de Kayle Joriin

Loin d’être parfait dans sa proposition vidéoludique, le dernier bébé d’Obsidian Entertainment demeure néanmoins une expérience fort agréable et finalement assez rare sur console Nintendo. Si le portage réalisé par Virtuos avait été un peu plus au point côté technique, nous aurions donc été ravis de le recommander sans réserve aux amateurs d’action-RPG occidentaux et d’univers de science-fiction décalés. Malheureusement, ce n’est pas franchement le cas ici, et le résultat s’avère même parfois assez catastrophique d’un point de visuel, malgré les améliorations notables apportées par le dernier patch (1.0.2). Est-ce suffisant pour disqualifier totalement cette version hybride ? Difficile d’être catégorique. Mais force est de reconnaître que malgré tous ses problèmes, il reste possible de prendre pas mal de plaisir en jouant à The Outer Worlds sur Switch.

Les plus

  • Univers drôle et décalé
  • Gameplay efficace
  • Une vraie liberté de choix
  • La personnalisation de l’avatar
  • Durée de vie et rejouabilité
  • On devine encore certaines qualités esthétiques initiales
  • Un patch 1.0.2 qui va dans le bon sens

Les moins

  • Réalisation qui oscille entre le correct et l’immonde
  • Pas toujours très fluide…
  • … ni très stable
  • Certaines mécaniques moins convaincantes
  • Manque parfois de clarté
  • Nintendo-Difference

    par Kayle Joriin

    le 29 novembre 2020 18:20

Annoncée durant l’été 2019, l’adaptation Switch de The Outer Worlds, action-RPG spatial développé par les Californiens d’Obsidian Entertainment, s’est ensuite faite étonnamment discrète, et ce, jusqu’à sa parution, le 5 juin dernier. Des bandes-annonces officielles ont certes été diffusées, néanmoins, les séquences de jeu présentées semblaient un peu trop belles pour être issues de la console de Nintendo. Quant aux trois pauvres images illustrant la fiche eShop, elles ne permettaient pas vraiment de se faire une opinion vu leur cadrage serré. Du coup, il a fallu attendre de se retrouver à quelques jours de la sortie du titre afin de découvrir enfin le travail effectué par le studio Virtuos, en charge du portage, et les critiques furent alors plutôt acerbes devant un downgrade graphique assez stupéfiant. De quoi disqualifier définitivement cette version hybride ? Eh bien, tout dépend de son degré de tolérance et de son envie d’y jouer en portable.


The Ugly Worlds

Histoire de commencer par les choses qui fâchent, parlons donc de la réalisation. On ne va pas y aller par quatre chemins, d’un point de vue visuel, la version Switch de The Outer World est extrêmement décevante. On ne s’attendait évidemment pas au même rendu que sur PlayStation 4, Xbox One ou PC, mais le résultat atteint ici régulièrement des sommets de laideur, en particulier dans les environnements ouverts. Au-delà de reliefs très anguleux et d’une végétation éparse, se résumant parfois à de simples sprites 2D enfoncés aléatoirement dans le sol, un des points les plus problématiques concerne sans doute les textures. Si certaines tentent (vainement) de donner une impression de volume aux surfaces, d’autres sont tellement baveuses et peu détaillées qu’elles nous ramènent presque vingt ans en arrière. Autant dire que la juxtaposition des deux peut légèrement filer la nausée, a fortiori sur des planètes aux teintes un peu « exotiques ».

Pour ne rien arranger, le jeu souffre d’un clipping omniprésent et d’effets de flou assez désagréables, notamment dus à une définition d’image dynamique descendant jusqu’à 384p en mode portable. Et le pire, c’est que malgré ces concessions techniques, le framerate ne réussit pas toujours à tenir l’objectif des trente images par seconde, surtout lors des scènes un peu chargées. On n’ira pas jusqu’à dire que cela gêne réellement le gameplay, néanmoins, à défaut d’être beau, le portage aurait au moins pu offrir une fluidité constante. Or, ce n’est clairement pas le cas et cette nouvelle inconsistance vient s’ajouter à une liste déjà longue de problèmes, incluant de vilains bugs sonores, voire un ou deux plantages.

Dans ce tableau peu reluisant, tout n’est cependant pas à jeter et il y a quelques motifs, sinon de satisfaction, du moins de consolation. La modélisation des personnages et des visages n’est ainsi pas forcément mauvaise. En outre, si les environnements extérieurs piquent méchamment les yeux, ceux en intérieur sont plus acceptables, et mine de rien, ils constituent une part non-négligeable des zones visitées. Ce n’est certes pas spécialement beau et le downgrade graphique saute aux yeux, mais on a déjà vu pire sur Switch. Il n’en reste pas moins qu’en termes de réalisation, nous sommes incontestablement devant la pire version de The Outer Worlds et les personnes souhaitant découvrir le titre dans de bonnes conditions auront donc meilleur compte de passer leur chemin, à moins de ne vraiment pas avoir le choix.

Car finalement, face à un résultat visuel oscillant entre le correct et l’immonde (oui, carrément), la seule raison valable de se procurer le jeu d’Obsidian Entertainment sur la console de Nintendo est sans doute de ne posséder que cette dernière. Même l’argument de la portabilité prend un peu de plomb dans l’aile vu les concessions supplémentaires demandées, notamment au niveau de la définition d’image et du flou qu’elle entraîne. Pourtant, ce serait mentir que de prétendre qu’il est impossible de prendre du plaisir sur ce portage, et si on a parfois envie de se crever les yeux tellement c’est moche, force est de constater que le gameplay et le scénario restent suffisamment qualitatifs pour compenser une partie des désagréments rétiniens.

Système Choc

Qualifié dès son annonce de « Fallout dans l’espace », The Outer Worlds possède effectivement un certain nombre de points communs avec la fameuse franchise post-apocalyptique créée en 1997 par Black Isle Studios (et reprise par Bethesda Softworks depuis le troisième volet). Une ressemblance pas franchement étonnante dans la mesure où Obsidian Entertainment a justement été fondé par des anciens de la prestigieuse ex-division RPG d’Interplay. En termes d’ambiance, on retrouve donc le côté à la fois sérieux et décalé des Fallout originaux, également présent dans l’épisode New Vegas, justement développé par Obsidian. L’histoire se déroule dans le système solaire d’Halcyon, colonisé par l’humanité depuis quelques décennies et dirigé par de puissantes corporations, ce qui a fatalement entraîné son lot de dérives, tellement caricaturales d’ailleurs qu’elles en deviennent drôles (tout en faisant un peu froid dans le dos).

Malheureusement, l’état de la colonie n’est pas vraiment au beau fixe et on va pouvoir le constater à travers les yeux d’un protagoniste étranger à la situation, puisqu’il a passé soixante-dix ans en cryostase à bord de l’Espoir, un vaisseau à la dérive. Transportant plusieurs centaines de milliers de colons surgelés, celui-ci a été éjecté de l’hyperespace à la suite d’une avarie moteur et a dû finir sa course à vitesse normale. Du coup, lorsque les autorités l’ont retrouvé, trente-cinq ans s’étaient écoulés depuis son départ de la Terre. La réanimation des passagers étant jugée trop risquée, le conseil d’Halcyon a alors préféré taire sa découverte et laisser les ex-disparus pourrir dans le cosmos. Mais c’était sans compter sur le professeur Phinéas Vernon Welles, un « savant fou » ayant mis au point un procédé de décongélation efficace. Seul souci, ses ressources ne lui permettaient de réveiller qu’une seule personne – nous – et il va falloir lui filer un coup de main pour aider le reste des colons. Enfin, si on le souhaite…

À l’instar des Fallout, The Outer Worlds laisse en effet une certaine liberté morale. On pourra donc tout aussi bien suivre le plan de notre sauveur que décider de vendre sa loyauté au plus offrant, voire se la jouer psychopathe en massacrant gratuitement du PNJ, quitte à perdre d’éventuels pourvoyeurs de missions et se mettre à dos les factions locales. En accord avec ces principes, de nombreuses quêtes peuvent être terminées de plusieurs manières et offrent régulièrement des sous-objectifs plus ou moins optionnels apportant une richesse supplémentaire aux intrigues. Il en résulte un scénario d’autant plus plaisant à suivre qu’il nous place régulièrement face à des choix pas forcément évidents, car loin d’être manichéens. De plus, de nombreuses notes et documents viennent enrichir l’univers du jeu, offrant souvent au passage une petite touche d’humour noir.

Bilan de compétences

Quelle que soit l’approche privilégiée, il faudra toutefois commencer par se donner les moyens de ses ambitions en créant un personnage adapté, et la première étape consiste à définir ses attributs de base : Force, Dextérité, Intelligence, Perspicacité, Charme et Tempérament. Si par défaut, ils sont à un niveau « standard », il est possible de les augmenter jusqu’à trois fois en dépensant des points dédiés, voire de les diminuer d’un cran pour récupérer un point à réinvestir autre part. Logiquement, plus un attribut a une valeur élevée, plus on bénéficie de bonus associés, et une faiblesse dans un domaine particulier s’accompagne de malus similaires. Dans la mesure où ces valeurs ne peuvent être modifiées par la suite, hormis de manière temporaire grâce à l’utilisation de consommables, il est par conséquent préférable de réfléchir d’emblée à l’orientation souhaitée, histoire d’optimiser les choses. Sachant que les attributs influent également sur le niveau initial des compétences de l’avatar.

Réparties en sept grandes catégories, celles-ci ont un rôle capital dans la progression puisqu’elles orientent de manière assez significative les options de jeu disponibles. On trouve d’abord celles relatives au combat portant respectivement sur le maniement des armes au corps-à-corps (à une ou deux mains), des armes à distance (de poing, longues ou lourdes) et les techniques de défense (esquive et parade). Viennent ensuite les talents oratoires (persuasion, mensonge et intimidation), les capacités liées à furtivité (discrétion, piratage et crochetage), les connaissances technologiques (médecine, science et ingénierie), et enfin les qualités de leadership (inspiration et détermination) permettant de tirer le meilleur des compagnons qui vont se joindre à nous.

Si l’impact des facultés martiales est facile à appréhender, celui des autres catégories n’est pas non plus à négliger, notamment grâce aux options de dialogue ou d’interaction auxquelles elles donnent accès. Foncer dans le tas, convaincre ses interlocuteurs ou user de malice sont alors autant de méthodes valables d’arriver à ses fins. Il faut cependant faire des choix dans le développement de son personnage, car les points nécessaires sont évidemment en quantité limitée. Dans un premier temps, on les attribue ainsi au niveau des différentes catégories, afin d’augmenter simultanément l’ensemble des compétences associées. En revanche, lorsque ces dernières atteignent le niveau 50, elles doivent être améliorées directement. Du coup, se perfectionner dans un domaine finit par coûter cher, mais cela en vaut la peine.

Pour revenir rapidement à la création du personnage, notons qu’avant de fignoler son look, il est possible de choisir une « aptitude » s’accompagnant d’un background humoristique et d’un petit bonus permanent, n’ayant toutefois pas un gros impact. À l’inverse, les « avantages » régulièrement obtenus lors de la montée de niveau constituent sans doute le système le plus important après les compétences. Ils peuvent par exemple augmenter la vitesse de déplacement ou la capacité de charge, de diminuer l’usure de l’équipement ou de faciliter la détection des objets à proximité. En outre, bien que leur nombre soit, là encore, restreint, il est possible d’en acquérir d’autres en acceptant des malus, ou « défauts », illustrant certaines phobies développées au cours de l’aventure. Cela reste néanmoins optionnel et on peut de toute manière réinitialiser leur attribution, ainsi que celle des compétences, contre rémunération.

Amasseur de balles

Aussi compétent et « avantagé » que puisse être l’avatar, il n’ira malheureusement pas forcément loin avec sa combinaison de base et le pauvre flingue offert par le premier garde rencontré. Il lui faudra donc acquérir un équipement un peu plus avancé, ce qui ne sera pas trop compliqué vu la quantité de butin disponible. Comme souvent dans les action-RPG occidentaux, on passe en effet un temps non-négligeable à ramasser la moindre babiole avant de foncer chez le marchand du coin lorsqu’on a atteint le poids maximum autorisé. Cela inclut notamment un bon paquet d’armes – à équiper sur quatre emplacements –, de nombreux casques et armures se déclinant en trois catégories (léger, moyen et lourd), divers consommables permettant de se soigner ou d’améliorer temporairement ses attributs, des pièces de rechange afin d’entretenir son matériel, mais également une vaste panoplie de modules destinés à améliorer l’arsenal.

Malgré la profusion d’objet à récolter, le chemin de l’opulence n’en demeure pas moins long et sinueux. Il requiert pas mal de curiosité, un minimum de vice – lorsqu’on décide de s’octroyer la propriété d’autrui – et une sacrée dose d’agressivité, car une large part de l’inventaire s’obtient en pillant sans vergogne les cadavres des ennemis abattus. Or, si explorer le système d’Halcyon s’avère globalement très plaisant, l’équilibrage n’est pas toujours parfait. Les joueurs respectueux de la loi pourront par exemple regretter que la kleptomanie soit finalement peu pénalisée ; le principe du « pas vu, pas pris » étant ici facilement généralisable et incitant au larcin, sauf pour quelques coffres réservés aux experts du crochetage. D’ailleurs, la discrétion n’est pas une approche particulièrement mise en avant, le jeu proposant des phases de camouflage pas franchement intéressantes lorsqu’on tente d’accéder à des zones « privées ».

Côté baston, en revanche, l’ensemble fonctionne plutôt bien avec un gameplay efficace typé FPS enrichi de petites subtilités. On peut ainsi se faire accompagner d’un ou deux compagnons d’armes (parmi un équipage de six membres maximum) dont les comportements sont grossièrement paramétrables, mais qui possèdent surtout chacun une attaque spéciale, utilisable manuellement et soumise à un principe de cooldown. De quoi faire le ménage autour de soi ou achever un adversaire un brin récalcitrant. Néanmoins, l’outil principal pour gérer les affrontements tendus reste la faculté de Dilatation Temporelle – cousine éloignée du V.A.T.S. des derniers Fallout – donnant la possibilité de ralentir le temps afin de mieux ajuster ses cibles et de réaliser des coups critiques en visant la tête ou les membres. En revanche, elle n’est évidemment pas activable de manière continue et la jauge correspondante se vide assez rapidement.

La perfection n’est pas de ces mondes

Là encore, le résultat n’est toutefois pas sans reproche. Outre une IA un tantinet molle du bulbe, on note par exemple un certain flou concernant les capacités des alliés. Quelques statistiques globales sont certes indiquées, de même que les trois compétences principales venant renforcer directement celles de l’avatar. En revanche, le reste des informations est étrangement masqué. Du coup, sans connaître réellement les forces et faiblesses de ses partenaires, on a du mal à savoir quel équipement leur attribuer pour en tirer le meilleur ; l’expérimentation à l’ancienne étant alors la seule solution. Et ce n’est pas la seule illustration du manque de clarté dont fait parfois preuve le titre, ce dernier pouvant balancer une impressionnante liste de spécificités techniques sur une arme, tout en étant guère explicite sur son efficacité réelle.

Honnêtement, cela ne rend pas l’expérience déplaisante pour autant. On a juste un peu l’impression que certains éléments ont été intégrés pour remplir une checklist et qu’ils n’ont pas toujours été parfaitement réfléchis. Au-delà de sa réalisation indigne, The Outer Worlds demeure donc globalement un bon jeu, et pour ne rien gâcher, il propose une durée de vie plutôt conséquente. En effet, bien qu’une vingtaine d’heures soit suffisante pour le parcourir en ligne droite, on peut facilement y investir le double, voire le triple. Et c’est sans compter sur la rejouabilité offerte par les choix moraux ou les différentes fins, ainsi que par les quatre niveaux de difficulté disponibles. Notamment un mode Supernova ajoutant des règles supplémentaires un peu sorties de nulle part, comme l’obligation de devoir régulièrement boire, manger et dormir, ou le fait de ne pouvoir se reposer et sauvegarder qu’à bord de son vaisseau. Mais au moins, il y a un vrai challenge.

Un patch salutaire, mais pas salvateur

Hasard du calendrier, une nouvelle mise à jour du titre (1.0.2) est sortie à la fin du mois d’octobre, alors que la rédaction de la présente critique était déjà terminée. Plutôt que de revoir l’ensemble du texte, nous avons donc préféré rendre compte, via un chapitre dédié, des éventuels ajouts apportés. Or, si le patch 1.0.1, disponible au lancement, était loin de corriger toutes les errances techniques de ce portage Switch, les développeurs de Virtuos se sont depuis retroussés les manches afin de revoir un minimum leur copie. On remarque donc ici plusieurs améliorations bienvenues, comme une densité de végétation accrue, des détails supplémentaires sur les bâtiments et surtout des textures de meilleure qualité. Malheureusement, certaines zones demeurent toujours particulièrement laides et on a un peu le sentiment que le travail d’affinage n’est pas encore terminé. Visuellement plus agréable qu’à sa sortie, cette version hybride est donc sur la bonne voie, mais elle reste à ce jour clairement à traine par rapport à ses consœurs.

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