Trine 2 : Director’s Cut

En résumé

  • Sorties :
  • 30 Novembre 2012
  • 18 Novembre 2012
  • Non renseignée

L'avis de Mr Godjira

Courir de gauche à droite sans raison, se faire éclater la rétine, faire semblant de réfléchir... Qu'est-ce qu’un joueur pourrait demander de plus ? Un prix abordable ? Ça tombe bien, c'est le cas. Un jeu à posséder absolument !

Les plus

  • ambiance féerique qui illumine les pupilles
  • faire voler des cubes
  • trancher des Gobelins
  • mode TV off
  • le multi en drop-in/drop-off

Les moins

  • Kevin en multi
  • qui joue le magicien qui fait voler des cubes
  • qui tape partout en jouant le guerrier
  • Nintendo-Difference

    par Mr Godjira

    le 7 mars 2013 23:00

Tout le monde le sait : Nintendo et le dématérialisé font deux, certains diront même trois. Pour autant Iwata n’aura pas attendu la sortie de la WiiU pour faire son mea-culpa sur certaines pratiques jugées intolérables par les développeurs indépendants. Ce moment de félicité avait eu lieu durant la conférence du GDC en 2011 où il déclarait de ses propres lèvres, sans numéro d’hypnose : « Je dois admettre que dans le domaine de la communication sans fil et des téléchargements numériques, Nintendo peut mieux faire. » À cet instant magique, tout était devenu possible, Iwata devenu magicien avait alors profité de ce grand moment de béatitude pour dresser un pont d’or à tous les créatifs talentueux en leur promettant LA plateforme de vente de jeux dématérialisés que chacun rêvait de voir sur une console Nintendo. Fier de son petit numéro d’esbroufe le PDG, désormais surnommé Iwata le gris, brandit aux yeux de tous le line-up éclatant de mille feux.

Parmi ces éclats, les petits joueurs attentifs avaient pu apercevoir un joyau ancien, un jeu forgé quelques années auparavant par des hommes dits « du nord » ou plus exactement par les Finlandais de Frozenbyte. Ce jeu, c’était le Trine dans sa deuxième version et visiblement augmentée d’une pincée de DLC. Pour autant, le petit gamer dans sa tanière n’en demeure pas moins attentif. Pourquoi diable dépenser quelques rubis dans un jeu existant sur d’autres plates-formes, de plus, il se pourrait qu’il ne soit qu’une simple copie !! À défaut de pouvoir interroger Iwata le gris, c’est l’équipe de Nintendo Différence qui est partie en quête afin de répondre aux questions que les petits « guémeures » aux pieds poilus se posent tranquillement derrière leurs écrans plasma. C’est cette histoire que nous allons vous conter.

Il était une fois…

Tout a commencé en 2001, à Helsinki, lors de la création d’un studio de développement indépendant nommé Frozenbyte. Le jeune studio décida en 2009 de laisser le monde de la science-fiction derrière lui après avoir réalisé deux opus du jeu Shadowground. Et dans la logique des choses, il a donc décidé de passer d’un scénario ridleyscottien à un scénario prenant place dans un univers médiéval fantastique afin probablement de se ressourcer plus aisément.

Ils en auront fait de même avec le gameplay, passant d’un jeu d’action façon Alien Breed ou encore Gauntlet pour créer un système de jeu mettant en avant des qualités d’agilité et de réflexion. Ce jeu était bien évidemment Trine, premier du nom, initialement sorti sur PC et PSN. Présenté comme un jeu de plateforme en 2D avec sa traditionnelle vision panoramique latérale, le jeu nous proposait d’évoluer dans de magnifiques décors à l’aide de 3 personnages unis par la force d’une relique brisée en trois : le Trine. Afin de recomposer la relique et de délivrer les 3 héros du sortilège, il convenait d’utiliser les capacités respectives de nos héros pour pouvoir en découdre avec les énigmes réparties ici et là par un level design des plus inspiré. Au final le Trine reconstitué, le monde était sauvé, le joueur était heureux, la presse aussi et Frozenbyte gagnait un véritable succès d’estime.

…Et ils eurent beaucoup d’enfants, enfin…

Car c’est dans les vieux pots que l’on fait les meilleures potions que nos chers développeurs helsinkiens auront donc décidé de rempiler en 2012 avec Trine 2. Et ici rien de nouveau. Le jeu ne remet rien en cause. Nos trois héros restent les mêmes, Amadeus le magicien, Pontius le Chevalier et Zoya la voleuse, incarnent dans l’ordre l’intelligence, la force et l’agilité. Ces trois profils de joueurs aussi déterminants qu’ils soient dans le gameplay, nous ramènent surtout à la source du médiéval fantastique. Et ce qui n’a l’air de rien est peut-être une des plus belles réussites du jeu, puisque celui-ci s’assume pleinement comme une parodie et donc, par extension, comme un hommage à l’univers fantasy.

Avec son trio de protagonistes ultra-clichés aussi vieux qu’une partie papier de Dungeon&Dragon ou qu’une bonne vieille partie d’arcade de Gauntlet, il conviendra de suivre un scénario des plus linéaires, du bien contre le mal. Que cela ne tienne, le célèbre cuistot Miyamoto n’a-t-il pas dit qu’il fallait une bonne dose de gameplay pour une pincée de scénario ? C’est en tout cas ce qu’a dû raconter le scénariste de Frozenbyte avant de reprendre des billets pour les Îles Canaries. Cependant, notre scénariste aux apparences fainéantes n’en demeure pas moins un véritable petit malin qui à l’aide d’un petit tour de prestidigitation aura réussi à s’accaparer et posséder le Trine, rien que cela. Le Trine c’est non seulement cette relique lumineuse qui a le pouvoir d’unir les âmes des trois héros, mais c’est aussi ce qui nous guide aveuglement de la gauche vers la droite et qui nous fait avancer par la simple force de ce qu’il a à nous montrer, la quête vers laquelle il souhaite simplement nous emmener. Le scénariste transformé en relique volante nous tient bel et bien par le bout du nez.

Tout aussi limpide qu’est l’histoire qui nous est racontée, le jeu se déroule de la même manière, en allant de la gauche vers la droite, sens quasi-institutionnel du jeu de plate forme. Réellement ancré dans ces références, Trine2 nous est raconté à la manière d’un conte divisé en chapitres. Les niveaux sont alors un peu comme des fresques immenses que l’on parcourt à l’aide de nos héros, mais surtout avec nos yeux. Car si Pontius, Amadeus et Zoya semblent pouvoir parcourir leur univers avec une indifférence plutôt logique, nos yeux écoutent ce récit avec bonheur au risque parfois d’en pleurer. Chaque niveau est un régal visuel, non pas que le jeu dispose d’un moteur graphique ultra-performant qui fait que tout est plus que photo-réaliste que le réalisme, mais mise sur la variété de mise en scène, sur la profusion de détails et la surenchère colorimétrique. Au-delà du baroque et du rococo, il y aurait donc le Trine, style caractérisé par la compilation de végétaux, de ruines et de jeux de lumières enchevêtrées avec outrance et profondément inspirés par tous les clichés du médiéval fantastique.

Jouer à Trine, c’est aussi parfois regretter de ne pouvoir y jouer en 3D relief, tant les paysages de fond sont au moins aussi soignés, voire plus détaillés que les premiers plans. Ils offrent une véritable profondeur de champ qui transformera votre écran panoramique en véritable cadre numérique pour le plus gros mash-up féerique de l’histoire du jeu vidéo. À cela nos trois compères afficheront le plus grand des stoïcismes, rien ne les étonnera vraiment dans leur environnement si ce n’est la bêtise caractéristique de leurs coéquipiers.

De Trine à Trine 2 peu de choses auront évolué. Que ce soit le Q.I de Pontius, ou encore le courage d’Amadeus, aucun de nos héros n’aura franchement retenu les leçons de leur première quête. Il appartiendra donc au même joueur de reprendre les choses en main. Il faudra reprendre son courage et sa patience pour parcourir les moindres recoins de cet univers et y dénicher les nombreux trésors disséminés ici et là. Si ceux-ci peuvent être de simples artworks à collectionner, ou encore des morceaux de cartes pour débloquer un nouveau monde, il sera plus intéressant dans un premier temps de se concentrer sur la collecte de fioles. Car plus le joueur aura la chance d’en collecter, plus le niveau de compétence de ses larrons amnésiques pourra augmenter. Rappelons que si dans un premier temps pour sortir Pontius de son champ de Citrouille infesté de plantes vivaces, il faudra seulement quelques coups d’épée, il faudra bien plus que cela pour pouvoir l’aider à survivre dans les contrées magnifiquement hostiles qui l’attendent.

Ainsi, le joueur – représentant de la malédiction qui unit les trois héros – pourra à loisir octroyer les points de compétences pour pouvoir faire face à chaque situation que le level design lui réservera. Il sera effectivement fréquent de se retrouver coincé. Il faudra alors faire preuve de patience et d’observation afin de pouvoir débloquer un mécanisme, ou encore de franchir un ravin. Un des gros avantages de Trine est aussi de proposer plusieurs solutions à un problème, et le fait de pouvoir redistribuer à loisir les points de compétences, permettra aux joueurs de pouvoir expérimenter plusieurs solutions, comme se balancer au-dessus d’une fosse avec le grappin de Zoya ou de le franchir en ayant construit une passerelle grâce au pouvoir d’Amadeus.

Cet aspect réflexif du jeu prend une autre dimension lorsqu’il se joue en multijoueur, que ce soit en local ou en ligne. Ce mode de jeu coopératif – qui vient un peu broyer les bases scénaristiques – donnera plus de latitude aux joueurs pour résoudre les différentes énigmes. Pour autant cela ne simplifiera par forcément la tache puisqu’il faudra aussi parfois prendre le temps de couvrir, d’aider ou d’assister les autres joueurs. Comme tout mode coopératif, l’efficacité viendra donc de la faculté des joueurs à communiquer entre eux. Et si cela semble être plutôt évident en local, nous saluerons la récente mise à jour qui permet d’utiliser un micro pour jouer en ligne. Car jusqu’à présent on vivait parfois de grands moments de solitude, pris entre un joueur qui s’évertuait à frapper un mur avec son marteau, pendant que l’autre générait un feu d’artifice de plaque et de cube sans rien en faire d’autre. Ou tout simplement de se retrouver avec un joueur qui veut absolument avancer alors que l’on souhaite récupérer la toute petite fiole, qu’il nous manque, délicatement posée sur la petite corniche inaccessible.

Trine 2: Director’s Cut, véritable tapisserie de Bayeux vidéoludique, est donc la version la plus complète du jeu disponible à ce jour, incluant Goblin’s Menace ainsi qu’un niveau bonus. Le jeu se terminera en une petite dizaine d’heures, mais se rejouera avec plaisir afin de compléter le jeu à 100%. Seul ou en ligne, Trine 2 reste toujours plaisant à jouer, non seulement pour ses passages et énigmes retorses, mais aussi pour sa réalisation, son ambiance et son humour. Le fait de pouvoir jouer sur l’écran TV ou simplement sur le GamePad est un véritable plus. Sans compter que ce dernier propose d’utiliser les contrôles tactiles pour certaines actions qui peuvent apporter un véritable confort de prise main. Autant dire que le jeu est donc un portage réussi et serait sûrement l’un des meilleurs jeux du lancement de la console.

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