Test Nintendo Switch de Furi

En résumé

  • Sorties :
  • 11 Janvier 2018
  • 11 Janvier 2018
  • 31 Mai 2018

L'avis de Chozo

Survolté, dérangeant, explosif, Furi est une bombe atomique dans le monde du die and retry. Bénéficiant d'un travail de design incroyable, d'une bande-son aux petits oignons et d'un gameplay absolument génial, ce jeu fait plaisir même dans la frustration et la douleur, tant il motive le joueur à surpasser ses compétences pour venir à bout des impitoyables ennemis. Shadow of the Colossus a ses titans et sa poésie, Furi, avec lequel il est aisé de trouver plusieurs points communs, a ses gardiens et sa folie. Malgré quelques textures ratées, des Joy-Con assez peu adaptés à de longs combats et la disparition du classement mondial, l'utilisateur en aura bien assez pour son argent, surtout que le contenu supplémentaire s'avère bienvenu. Courage. Force. Honneur.

Les plus

  • Une direction artistique complètement folle
  • De l'action frénétique riche et passionnante
  • La bande-son parfaite
  • Une envie insurpassable de retourner au combat, même après quinze échecs
  • Une adaptation Switch soignée, avec un DLC intégré

Les moins

  • Techniquement et graphiquement en retrait
  • Un léger flou en mode portable
  • Les mains auront mal, l'amour-propre aussi
  • Le classement en ligne passé à la trappe
  • La manette Pro plutôt conseillée
  • Nintendo-Difference

    par Chozo

    le 19 février 2018 23:00

Dans l’univers du sport et de la compétition, il y a deux manières de pratiquer le trash-talking, qui scindent parfaitement la personnalité et le caractère de chaque personne. La première, comme le terme l’indique, c’est la parlote. Nombre d’adversaires ne cessent de bourrer les oreilles de leurs opposants directs avec moult moqueries et insultes dans le but de les déstabiliser. John McEnroe au tennis, Muhammad Ali en boxe, Larry Bird au basket, tous trois représentent certainement les meilleurs élèves en la matière. La seconde manière se caractérise plutôt dans les actes de réponse silencieuse à un chambreur, avec une grosse performance sur le terrain. On ne reviendra pas sur le coup de boule de Zidane, toujours un traumatisme pour nombre de supporters, mais plutôt sur un joueur de la trempe de Kobe Bryant, qui, tout au long de sa carrière, a mangé du trash-talking tous les soirs de match. Sa réponse habituelle de guerrier du basket ? Un gros trois points sur la tête de son agresseur ou un dunk à l’humiliation bien ressentie. Furi parle de ces combattants-là. Plutôt que de se balancer des courtoisies pendant des plombes à la manière d’un shonen, le ninja du titre des Français de The Game Bakers préfère répondre par le sabre, en silence, avec une classe folle. Mais attention, il va falloir s’accrocher, Furi, c’est aussi du masochisme en boîte.


Shadow of the guardians

L’introduction de Furi nous présente un mystérieux ninja à la chevelure blanche et volatile, emprisonné et torturé sur ce qui semble être un débris de planète flottant dans le cosmos. Son geôlier ne cesse de le provoquer et de l’insulter à longueur de journée, et s’assure à ce que le héros ne puisse pas s’échapper. C’est sans compter sur un étrange inconnu au masque de lapin sous acide qui apparaît soudain, délivre le prisonnier pendant que son bourreau a le dos tourné et lui dit discrètement à l’oreille : « le gardien est la clef. Pour être libre, il faut le tuer. » Le ninja se lance donc dans sa quête de délivrance, qui passera par l’élimination non pas d’un, mais de dix gardiens, chacun proposant un duel au sommet. Le joueur parcourra des arènes implantées dans diverses contrées, entre une prison ultra sécurisée, un désert jonché de ruines, une grotte, un jardin paradisiaque ou encore une plage. Et c’est peu dire que la tâche sera ultra retorse, tant Furi est exigeant et demandera au joueur de dépasser ses limites en permanence.

Premier constat, le jeu bénéficie d’une direction artistique absolument folle, psychédélique, steam-punk et travaillée, contrebalançant le rendu technique bridé et même parfois un peu douteux. La philosophie du jeu d’Emeric Thoa et son équipe se pose là : privilégier la fluidité des combats, quitte à réduire les performances graphiques. Et le design de Takashi Okazaki, connu mondialement pour son œuvre Afro Samurai, va en parfaite adéquation avec cette vision. Pour ce jeu déjà sorti en 2016 sur PlayStation 4 et PC, les petites retouches de performance apportées à cette version Switch se remarquent cependant assez facilement. Bien que la fluidité soit quasi-parfaitement au rendez-vous sur télévision comme sur portable, le joueur notera ponctuellement de petites chutes de framerate, essentiellement lorsque l’ennemi lancera ses attaques combinant une multitude de projectiles. Les ombres, quant à elles, ont totalement disparu, ce qui représente la plus grosse coupe sur cette version pour sauvegarder coûte que coûte la sacro-sainte fluidité. Par ailleurs, le traditionnel léger flou sur la configuration portable est également présent ici, sans que cela n’atteigne la buée constatée sur d’autres portages. Sur grand écran, un léger aliasing apparaît sur les personnages. Mais que tout le monde se rassure, ces quelques compromis n’entachent en rien l’incroyable magnétisme de Furi, qui pousse le joueur à recommencer encore et encore son combat. Idem pour la bande-son, très électro, à la limite de l’indus, dérangeante, mais idéalement adaptée à l’ambiance générale de Furi, à un tel point qu’on la penserait composée en temps réel en fonction des événements du jeu. Enfin, il faut souligner que l’utilisateur aura le choix entre les voix anglaise ou japonaise sous-titrées en français, une véritable bonne nouvelle, d’autant plus que la version japonaise est particulièrement badass.

S’agiter est inutile, mesure tes mouvements.

Mais Furi n’est pas qu’un délire artistique. Mélangeant allègrement shooter, beat them all et combat, ce titre est surtout un die and retry intransigeant, pour peu que le joueur pose ses attributs sur la table et choisisse le mode Furi au démarrage de sa partie. Un mode Furieux est également déblocable une fois le jeu terminé en Furi, mais celui-ci s’adresse aux acharnés du pad les plus doués et les plus motivés. Le menu principal propose également un mode Promenade (un mot affiché à côté de la barre de vie, comme un cachet de la honte), sans aucun challenge pour un utilisateur un tant soit peu hardcore. Sans grand intérêt autre que de pouvoir profiter au maximum du traitement soigné des décors, le mode facile permet de combattre chaque gardien de la manière la plus simple et rapide, ramenant la durée de vie du jeu à seulement deux ou trois heures de combat. Quant au mode Furi, il fait rentrer dans la cour des grands. Il n’y aura que les passages contemplatifs entre chaque combat qui permettront de souffler, surtout que ces passages sont composés de sessions de marche entre les portails menant aux arènes. Le joueur pourra les vivre soit en faisant avancer lui-même le personnage dans un sentiment de mollesse qui casse littéralement le rythme, soit en faisant appel à la marche automatique, lui permettant de réellement reposer ses mains et observer les environnements. C’est aussi pendant ces pauses étonnamment oniriques où le temps suspend son vol que le mystérieux étranger réapparaît, évoquant avec le héros son lourd passé, mais aussi et surtout présentant le prochain ennemi à abattre.

Ces phases de détente s’avèrent rapidement indispensables tant les combats font mal, que ce soit psychologiquement ou physiquement et particulièrement sur Switch. Chaque opposition est composée de plusieurs phases de joute dont la difficulté augmentera de façon exponentielle. Ces sessions alternent entre combat à distance, avec des tirs lasers classiques qui se déclenchent en inclinant le stick droit ainsi que des tirs chargés qui se lancent avec la gâchette Zr, et des combats rapprochés avec des coups d’épée en appuyant brièvement sur Y ou X  et des coups d’épée chargés en restant appuyé sur l’un de ces deux boutons. Le personnage pourra également esquiver l’attaque ennemie en appuyant sur B et le bloquer avec A. Si toutes ces fonctionnalités sont rapidement intégrées par le joueur, il se rendra rapidement compte qu’il va devoir faire preuve de rapidité et surtout de réactivité à tout moment. Car l’ensemble de ces actions ne peuvent être réussies que si elles respectent un timing diaboliquement serré. Ainsi, si le ninja parvient à bloquer une attaque dans la demi-seconde qui lui aura été accordée pour réagir, l’ennemi sera très furtivement déséquilibré, ce qui lui permettra de lancer une phase de contre-attaque dévastatrice. Certaines de ces attaques se déroulent en respectant un gameplay basé sur le QTE, qui demandera d’appuyer dans les temps sur tel ou tel bouton. Comme si cela ne suffisait pas, le côté impitoyable du gameplay est gonflé par l’humiliation permanente à laquelle le ninja aura droit de la part de ses opposants. Ils n’hésiteront pas à constamment chambrer le personnage avec des textes très bien écrits et souvent drôles, le traîner au sol ou lui infliger de véritables punitions mentales à chaque barre de vie ramenée à son minimum.

One step at a time. One punch at a time. One round at a time.

Si l’action demeure ultra rapide, les combats de manière générale sont quant à eux très longs, avec ces différentes étapes de lutte, entre lesquelles les barres de vie reprennent leur niveau maximum. Plusieurs jauges de santé sont accréditées au héros comme à l’ennemi, qui retrouvera aussi le maximum de son énergie vitale à chaque barre de vie du ninja réduite à zéro. Ainsi, certains combats deviendront de véritables défis d’endurance, surtout qu’il faudra recommencer plusieurs fois chaque combat. Car, comme évoqué dans l’introduction, le trash-talking motive malgré tout. Et tout le masochisme du titre se trouve là. Oui, le joueur aimera prendre des raclées pour revenir plus fort. Oui, il aura mal et sera épuisé, mais l’objectif de terrasser l’ennemi se trouvant face à lui sera plus puissant que tout. Tout cela dans le seul but de dépasser ses propres limites, même si les petits boutons des Joy-Con rajoutent encore une difficulté et une douleur supplémentaires à l’aventure. En effet, force est de constater que même s’ils font le job, les manettes de la Switch donneront plus rapidement des crampes aux mains que sur d’autres supports. Une manette Pro sera donc vivement conseillée, sauf si l’envie d’avoir mal pour réussir constitue une partie du but recherché par un joueur, qui voudra trouver dans ce jeu les sources de ses forces de résistance et de caractère les plus enfouies. Furi n’est pas une drogue, mais un véritable révélateur de personnalité.

Concernant cette version Switch, elle est identique aux autres consoles, mis à part le classement mondial en ligne. Le jeu propose en sus un mode Speedrun qui permet de combattre les gardiens, l’un après l’autre, sans aucune cinématique et aucun dialogue. Mais, surtout, cette version Switch bénéficie de la disponibilité directe du DLC One More Fight, ajoutant le gardien appelé « La Flamme » et une nouvelle arène. Avec les nombreuses heures nécessaires pour comprendre les mécanismes d’attaque et de défense de chaque gardien et ce contenu inédit, les 20 euros à dépenser sur l’eShop sont largement justifiés, au vu du travail accordé à la direction artistique et les musiques.

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