Test de It Takes Two sur Nintendo Switch

Amoureux des jeux de coopération, le jeu d’Hazelight Studios, It Takes Two, débarque sur Nintendo Switch après un an d’existence sur les consoles concurrentes. Comme son nom l’indique, il faut absolument être deux pour y jouer. Un parti pris assez osé mais pas totalement fou, vu la tendance des dernières années à proposer des jeux ouverts à un maximum de joueurs en même temps. Sauf qu’ici, on parle d’un jeu de plate-forme/action où la collaboration est poussée à son paroxysme. Il n’y a plus qu’à voir si le mariage avec la console hybride tient la route !

Un couple au bord de la rupture

It Takes Two est donc l’histoire de Cody et May, un couple sous tension pris dans les méandres de la vie qui amènent inéluctablement les deux parents à réfléchir sur le devenir de leur relation. Mais, quand la communication est rompue, que les points de vue s’entrechoquent et que, le nez dans le guidon, aucun des deux ne parvient à faire d’efforts, il devient difficile d’entrevoir une autre solution que le divorce. Sauf que derrière ce duo, il y a la petite Rose qui vit terriblement mal cette décision. Se réfugiant dans sa chambre avec tous ses jouets, dont deux figurines en argile à l’effigie de son père et sa mère, il ne lui reste que ses yeux pour pleurer et chercher désespérément une alternative à la situation. Elle se plonge alors dans le livre expert de l’amour et invoque les pouvoirs du Dr. Hakim. Presqu’à l’image d’un Gepetto qui redonne vie à Pinocchio, les larmes de la gamine vont avoir un effet magique sur les deux pantins de glaise en leur donnant vie. Les âmes de Cody et May semblent avoir été transférées vers les statuettes ; il leur faut donc trouver le moyen de retrouver leur enveloppe charnelle. C’est à ce moment précis que le jeu demande à chacun des participants de choisir son avatar avant de se lancer dans l’aventure ! Au cas où vous manqueriez de compagnie physique, sachez qu’Hazelight Studios a tout prévu. Il est possible de faire profiter un ami de son jeu. Nul besoin donc de posséder deux cartouches, il suffit d’envoyer une invitation pour rejoindre la partie.

Des compétences différentes pour une entraide obligatoire

Outre leur apparence physique, les deux avatars ont réellement des compétences très différentes, bien souvent calées sur leur profil humain. Bien évidemment, les actions de base telles que le double saut, la course, les glissades et les impulsions sont communes au couple, mais, à chaque chapitre, une mécanique spécifique à chacun fait son apparition. Cody et May doivent alors progresser individuellement en profitant de leur singularité, mais se trouvent toujours, à un moment ou un autre, dans l’incapacité d’avancer sans le coup de main respectif du conjoint. It Takes Two prend alors toute son ampleur grâce à ces combinaisons ingénieuses et amusantes. Par exemple, pendant que Cody lance des clous au mur, May profite des petites tiges de métal fraîchement plantées pour se frayer un chemin vers une plate-forme sur laquelle se trouve le bouton à frapper, libérant la porte à son homme. Une autre fois, alors que May se dote de chaussures spéciales lui permettant de marcher sur des parois vertigineuses, Cody se faufile en mode miniature dans les plus petits interstices pour débloquer des accès à May.

Les sept gros univers que vont parcourir les deux héros sont donc à chaque fois un prétexte à aborder de nouvelles mécaniques, tout ceci contribuant donc naturellement et facilement à éviter l’ennui et à donner le sourire du début à la fin de l’aventure. Mieux encore, le jeu s’offre le luxe de varier les genres : hack ‘n’ slash, courses, énigmes, TPS, etc. Il y en a pour tous les goûts, et, qui plus est, le tout réalisé avec brio. Si ce n’était même pas assez suffisant, des défis sont à dénicher un peu partout dans les couloirs des niveaux. Ces mini-jeux, là encore extrêmement variés, sont alors l’occasion de voir qui est le plus adroit, rapide, précis manette en main. Tout le monde y trouvera son compte et les références à différents univers déposées un peu partout sont très appréciables.

Pâte à modeler sans complexe

Mettons tout de suite les choses au clair : oui, la version Switch est moins « belle » que les autres versions. Les textures mettent parfois du temps à s’afficher, le clipping est bien présent, les cut-scenes avec Rose sont clairement en dessous du reste, avec une modélisation baveuse, presque affligeante parfois. Oui, tout ceci est vrai. Mais comment rester indifférent face à tant de fourmillements de détails, de volonté d’en mettre plein les yeux, d’offrir une direction artistique riche, un level design astucieux ?

De l’atelier à la chambre de Rose et ses jouets, de la neige au monde marin, de l’espace au jardin, les aires de jeux sont nombreuses, et les personnages que l’on croise sont à la fois loufoques et dans le ton (à part peut-être Dr. Hakim qui sait être agaçant !). Certes, malgré les apparences, It Takes Two reste un peu en mode couloir, mais tout est fluide, rapide, vraiment soigné. On reste happé par l’univers, sa diversité, la malice et la créativité à toute épreuve. On profite aussi d’un excellent doublage en français qui, l’air de rien, ajoute énormément au confort et au plaisir du jeu. Entre Cody et ses remarques parfois idiotes, May et ses réflexions piquantes, le joueur qui, attendant désespérément sur le canapé que son partenaire parvienne à évoluer de son côté pour faire avancer la situation, entend alors son avatar lâcher un « bon alors May, tu fais quoi, je t’attends ! », tous ces moments de taquineries, de bienveillance et d’humour ajoutent un réel plus à l’ambiance conviviale et bon enfant qui s’installe indubitablement derrière l’écran télé. Évidemment, la bande-son en arrière-plan remet une couche et participe pleinement à l’action.