Test de Dragon’s Dogma : Dark Arisen sur Nintendo Switch

En résumé

  • Sorties :
  • 23 Avril 2019
  • 23 Avril 2019
  • 25 Avril 2019

L'avis de Chozo

D'une durée de vie monumentale, avec un rendu fidèle aux autres versions, ce Dragon's Dogma : Dark Arisen vient remplir de belle manière la case RPG en monde ouvert sur Switch. Même si les défauts de vieillesse se font ressentir, qu'aucune nouveauté ne pointe le bout de son nez et que le mode portable s'en sort moins bien, nous avons ici droit à un jeu plutôt inédit dans son approche, dont l'orientation plus poussée vers l'action donne un coup de patate à un genre manquant parfois de mordant dans ce domaine. Très joli en général, bien rythmé et vendu à un prix tout à fait abordable pour l'expérience vécue, les seuls à pouvoir s'en priver sont ceux ayant déjà connu l'expérience sur une autre plateforme. Dans ses qualités, le pari est réussi. Reste à savoir si les ventes suivront, pour espérer voir débarquer Devil May Cry 5 sur Switch, sauf s'il s'agit, comme cela est probable, d'une bonne grosse carotte de la part de Capcom.

Les plus

  • Portage propre sur téléviseur
  • Une durée de vie exponentielle
  • Le système de Pions malin
  • Les combats plus que passionnants
  • Visuellement agréable
  • Un prix cool

Les moins

  • Aucun ajout, ni amélioration
  • Les Pions, bavards et parfois finis au pipi
  • Un monde finalement un peu vide
  • Certaines fonctionnalités de 2012
  • Techniquement plus faible en portable
  • Nintendo-Difference

    par Chozo

    le 5 mai 2019 22:00

Bien que Capcom adopte une politique de distribution assez discutable sur la dernière-née de Nintendo, avec des portages aux tarifs problématiques ou des éditions physiques ne voyant jamais le jour en Europe, force est de constater qu’en matière de quantité de jeux, le studio ne rechigne pas à fournir aux Switchosexuels de nombreux épisodes de ses sagas phares. Après Resident Evil, Monster Hunter, Mega Man, Phoenix Wright ou encore Onimusha, voici la licence un peu moins clinquante de 2012, Dragon’s Dogma et son extension Dark Arisen, sur laquelle Capcom semble miser sur Switch, et même un peu plus que d’habitude. Car on se souvient tous des récentes déclarations de Hideaki Itsuno, qui évoquait une autre grosse figure vidéoludique en la personne de Dante de Devil May Cry 5, envisageable sur la console hybride si, et seulement si, cette quête du Dragon sous forme de jeu de rôle en monde ouvert trouvait largement preneur auprès du public de Nintendo. Bullshit ou non, la condition ne peut évidemment se remplir que si le portage de ce Dragon’s Dogma : Dark Arisen est satisfaisant. Spoiler, le job est fait.


Artwork de Dragon's Dogma : Dark Arisen

Kâli Maaaaaaa

Rassemblant de grands noms dans son équipe de développement avec Hideaki Itsuno (Devil May Cry) et Hiroyuki Kobayashi (Resident Evil), Dragon’s Dogma : Dark Arisen sent le projet ambitieux, sorte de Skyrim à la sauce nippone, avec cette touche de folie et ces fonctionnalités de gameplay inédites pour un tel jeu de rôle médiéval-fantastique, aux mécanismes a priori déjà bien éprouvés. Première étape et non des moindres, après la scène d’introduction, la création de l’avatar se montre déjà plus complète que la moyenne, avec un côté permissif ouvert à tous les délires. Corpulence, taille, visage, expression, un chevalier atteint de nanisme sur des jambes longues comme des échasses, une vieille mage obèse, ou un personnage aux mensurations et aspects très proches de son utilisateur, la liberté est totale. Trois classes sont d’emblée disponibles, le guerrier, l’archer et le mage, avec une possibilité d’évolution une fois l’aventure bien entamée.

Déjà riche en possibilités, cet outil de création révèle également la qualité graphique et l’importance donnée aux détails sur les armures, capes, armes et casques, donnant à l’ensemble un style plus que classieux, d’autant plus que ces éléments se voient très bien animés en pleine action. L’ambiance générale du titre, très réaliste dans sa direction artistique est d’ailleurs un gros point fort au travers des montagnes, châteaux, carrières ou autres cavernes visitées, surtout dans son cycle jour/nuit splendide. Une fois le soleil couché, le personnage ne pourra s’orienter qu’au travers de sa lanterne éclairant simplement quelques mètres en périphérie de l’avatar, accentuant l’immersion et l’effet de surprise, avec des effets de lumière particulièrement ressuis que ce soit en extérieur ou dans les donjons.

Et voici notre création intégrée dans la cinématique qui la voit littéralement se faire démolir par le Dragon venu, en mode Johnny Hallyday, allumer le feu dans le village natal de l’avatar, en prenant le soin au passage de lui confisquer son cœur. Comme ce pauvre esclave du cultissime Temple Maudit d’Indiana Jones, le personnage vit toujours malgré cet emprunt déconcertant, charge à lui de parcourir l’étendue du monde de Dragon’s Dogma pour récupérer ses ventricules et son aorte. Étant le seul membre de la bourgade à avoir eu le cran de se mesurer au Dragon, voici que l’avatar se voit renommé l’Insurgé, sorte D’Élu divin auquel d’autres combattants vont prêter allégeance. Avec ce but relativement nébuleux, il faut avouer que le jeu ne brille pas scénaristiquement parlant, un manque heureusement comblé par la richesse de ses fonctionnalités.

Image de Dragon's Dogma : Dark Arisen

Tête de Pion

Mais cette quête, notre Insurgé ne la fera pas seul, car même si le jeu ne dispose pas de mode multijoueur, il sera effectivement accompagné d’acolytes ayant leur rôle à jouer, tant dans l’aventure elle-même que dans son script. Ces compagnons, appelés très justement Pions, sont exactement ce que leur nom peut évoquer, puisqu’ils obéiront (via les ordres « En avant », « Par ici » et « Aidez-moi ») et protègeront l’avatar autant que faire se peut, tout en gagnant de l’expérience et en évoluant le long de la partie. Le Pion principal, celui qui suivra le joueur pendant toute l’aventure, pourra lui aussi bénéficier de la personnalisation de ses traits et de son caractère, le rendant plus ou moins efficace en fonction du contexte. Ce pan de la création a une importance capitale, puisque cela façonnera les réactions face à l’ennemi, pouvant aller du bourrin de service mettant la tête là où personne n’y mettrait un pied, au pragmatique et prudent préférant rester en retrait pour observer la scène avec un certain recul, souvent salutaire.

Image de Dragon's Dogma : Dark Arisen

En plus de ce Pion principal, deux autres accompagnateurs au maximum peuvent être recrutés, à l’utilité bien plus limitée dans le temps. Dépourvus de gain d’expérience, ces pions secondaires sont là pour ne remplir que des missions ponctuelles, et c’est au joueur d’opérer au turnover de ces personnages pour en dénicher de toujours plus efficaces. Ce mécanisme fait toute la richesse de Dragon’s Dogma, puisque outre les Pions créés aléatoirement par le jeu et qu’il faudra recruter soit en discutant avec eux dans les rues et chemins du territoire, soit en pénétrant dans une dimension parallèle appelée la Faille via des pierres/portails, il sera également possible de prendre attache de Pions des joueurs en ligne. Cette dernière option amène son lot d’avantages, car si l’autre joueur a déjà rempli la quête en cours, son Pion, une fois recruté, aura enregistré les indications et astuces de cette même quête pour l’utilisateur suivant, lui donnant une bonne dose d’assistance. Cela fonctionne autant pour les missions amenant à rejoindre un lieu ou un personnage-clé, que pour les combats contre les boss, dévoilant des stratégies pour les vaincre.

Même s’il faudra régulièrement changer d’équipe, le joueur devra sans cesse veiller à l’homogénéité de l’escouade, en proposant des combattants spécialistes du corps-à-corps, des pros de l’attaque à distance, mais aussi des soigneurs. Le mage utilise ainsi des sorts d’attaque (glace, foudre, feu…), peut affecter les armes de l’Insurgé (pouvoirs élémentaires) et soigne l’équipe. Le guerrier, quant à lui, est à l’aise en joute directe et peut propulser à la manière d’un tremplin l’avatar dans les airs, alors que l’archer, plus limité au corps-à-corps, peut multiplier les tirs de flèches tout en ripostant avec deux dagues. Charge au joueur d’attribuer à son personnage et au Pion principal les compétences les mieux adaptées, au moyen de points d’expérience, entre capacités actives d’attaque et de défense, et passives, jouant sur la vitesse, l’agilité, la barre de vie ou encore l’endurance.

Image de Dragon's Dogma : Dark Arisen

Shadow of the Cyclopus

En plein combat, les actions particulières des Pions sont d’ailleurs multiples, entre celui qui saisit et maintient un ennemi pour que l’Insurgé l’achève, celui qui attire les monstres en frappant son bouclier, ou celui qui sert de trampoline à l’avatar pour qu’il puisse s’envoler et s’agripper au dos d’un cyclope, afin d’atteindre ses points faibles. Toutes ces petites spécificités donnent un cachet très particulier à l’ensemble, avec des combats très épiques et stratégiques. Le design des monstres, à défaut d’être vraiment original, s’avère impressionnant dans sa taille et ses textures léchées, avec leurs membres à trancher, donnant un côté toujours plus réaliste à l’ensemble. Il n’est pas rare qu’un saurien perde sa queue en combat ou qu’une chimère un tiers lion, un tiers chèvre et un tiers serpent se fasse trancher le cou de sa partie reptilienne, réduisant son champ d’action et sa défense. Pareil pour le cyclope, qui tombera dès que son œil sera atteint par une flèche bien placée, permettant à l’équipe de l’achever en enchaînant les coups d’épée puissants. Dommage que les incessants dialogues avec les Pions viennent un peu pourrir l’écran avec des échanges répétitifs et peu intéressants, au milieu des indications pourtant cruciales.

Outre ces éléments coopératifs, le gameplay s’avère également technique dans les actions individuellement attitrées à L’Insurgée, des actions également personnalisables en les renforçant ou en en apprenant de nouvelles via les points de compétence à investir. Outre les attaques faibles et attaques fortes, les compétences permettent des actions puissantes aux objectifs précis en termes d’impact et de direction donnée. Coups d’épée en l’air, riposte puissante au bouclier enchaînée avec une suite de coups à l’épée, ces actions spéciales réduisent cependant la barre d’endurance qu’il va falloir gérer. Cette dernière s’épuise également en cas de course rapide, de protection au bouclier ou d’escalade des monstres les plus imposants.

Le tout donne encore plus de dimension tactique aux combats, surtout qu’à la manière d’un Skyrim, l’inventaire sera également primordial. Il sera ainsi nécessaire de vérifier régulièrement le poids des équipements, outils, remèdes et matériaux, au risque de ralentir drastiquement le personnage et de réduire d’autant plus sa barre d’endurance. La préparation au combat aura donc un impact primordial, il sera judicieux de partager les objets de l’inventaire entre les Pions ou de vendre le superflu aux marchands sillonnant la contrée. Cependant, cet inventaire se montre rapidement peu ergonomique et témoigne d’un premier signe que Dragon’s Dogma souffre de son grand âge. La gestion des objets oblige systématiquement à arrêter la partie pour ouvrir le menu de l’inventaire, sélectionner un objet et cliquer sur l’option « utiliser », ne serait-ce que pour se soigner. Aucun raccourci n’est ici disponible, une option qu’il aurait pourtant été judicieux d’ajouter à l’occasion du portage next-gen du titre, en même temps que son DLC Dark Arisen.

Image de Dragon's Dogma : Dark Arisen

Dragon’s Grandpa

Oui, Dragon’s Dogma accuse le poids de ses années, notamment dans l’intelligence artificielle des Pions. Même en cherchant de manière approfondie les personnages aux caractères les plus adaptés, ces derniers risquent régulièrement d’agir de manière totalement déconnectée de la situation, entre ceux qui ne suivent pas le groupe dans les voyages entre les territoires, ceux qui soignent au mauvais moment, ceux qui attaquent le mauvais monstre, ou ceux, les pires, qui restent bêtement sur les énormes pieds des Cyclopes, attendant patiemment de se faire transformer en pâte à tarte feuilletée. La difficulté du titre étant déjà assez prononcée, ce problème en rajoute davantage, cassant parfois un peu le côté épique des batailles, puisqu’il faudra régulièrement réanimer les Pions un peu trop téméraires (ou trop cons). Il faudra également faire avec une caméra parfois d’un autre âge, venant quelques fois se coincer entre les rochers et les arbres, ou devenant totalement folle et tremblante à de rares occasions.

En outre, bien que l’ensemble soit visuellement plaisant, l’univers vaste de Dragon’s Dogma demeure assez pauvre en lieux différents à visiter. En dehors de la grande cité centrale, quelques camps et ruines de châteaux, le tout reste bien moins densément peuplé qu’a pu l’être un Skyrim, laissant plutôt le joueur déambuler au milieu de verdures, de collines et de bords de mer très semblables, uniquement habités par des ennemis ou des Pions à recruter. De plus, et c’est un problème rencontré dans toutes les éditions du jeu, la technique semble avoir privilégié grandement la fluidité (toussotant à quelques occasions, notamment les gains de niveaux, les sorts magiques les plus puissants ou les combats contre un grand nombre d’ennemis), puisque l’aliasing fera poper des éléments de décor ou des personnages à quelques mètres à peine de L’Insurgé. Dommage, d’autant plus que malgré tout, la contrée de Dragon’s Dogma fait preuve d’une belle cohérence et de lieux particulièrement agréables à contempler.

Pour cette version Switch, les efforts de contenu supplémentaire se limitent au DLC Dark Arisen sans changement, outre son évidente aventure à parcourir en mode portable. Disponible dès le début de l’aventure et accompagné de son mode Speedrun, cet ajout vient se greffer à une aventure nécessitant au moins une cinquantaine d’heures pour en voir le bout et faire une partie seulement des nombreuses quêtes annexes disponibles un peu partout. Point d’amélioration technique, ni de l’intelligence des Pions. Pas non plus de nouvelles classes à choisir pour son personnage, ni de retouche de gameplay, si ce n’est le fruit de ce crossover chelou avec l’univers No More Heroes, le fantasque Travis étant récupérable en tant que Pion. En mode téléviseur, le rendu est parfaitement identique aux autres versions, permettant de profiter pleinement des environnements et lieux à visiter, en ville, dans les donjons ou en pleine nature. Le mode portable, bien que moins optimisé avec un vrai downgrade au niveau des textures, de l’aliasing un peu plus visible et un framerate parfois plus en difficulté, permet tout de même de vivre une expérience riche en déplacements, donnant l’occasion de profiter d’un autre jeu en monde ouvert particulièrement prenant, et le tout pour moins de 30 euros.

Artwork de Dragon's Dogma : Dark Arisen

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